origine : http://www.ufal29.infini.fr/article.php?id_article=554
Non ! Vous ne tombez pas brusquement sur une nouvelle secte qu’il
faut dénoncer et combattre ! La LQR n’est pas un groupuscule
de plus.
En hommage à Victor Klemperer, professeur juif, chassé
de l’université de Dresde qui consacra son journal
à décrypter la langue nouvelle du III ème Reich
appelée la Lingua Tertii Imperii, l’auteur a appelé
la nouvelle langue dominante : la Lingua Quintae Respublicae....
Cette nouvelle façon de s’exprimer et d’exprimer
les idées, cette langue de la 5 ème Républicaine
est dominante :
« Ses « expressions isolées, ses tournures,
ses formes syntaxiques », sans cesse reprise (dans les années
60) par la chaîne unique de télévision, les
radios et les journaux - ensemble qu’on n’appelait pas
encore les médias, pluriel latin alors peu employé
et qui s’écrivait media-, modifièrent en profondeur
une langue publique d’un archaïsme aujourd’hui
frappant, mélange d’une rhétorique héritée
de la IIIème République et du style héroïque
de la Résistance »
Il s’agit là d’une arme terriblement efficace
que cette LQR, elle s’immisce partout pour devenir dominante,
reprise parfois, à leur corps défendant pas ceux-là
même qui disent combattre le régime libéral
( déjà un terme permettant de domestiques les esprits
en remplaçant le mot : capitalisme).
Pour maintenir l’ordre, pour faire accepter l’inacceptable
il suffit d’imprégner tout doucement les esprits et
faire croire que cette LQR constitue un codage moderne.
Les pauvres n’existent pas, ce sont des « gens de condition
modeste », les exploités deviennent des exclus quant
à la lutte de classes, périmée, elle est remplacée
par les « valeurs universelles » qui nous rassembleraient
tous....
Ne dites pas que vous êtes complètement hermétique
à cette langue, elle est partout, elle vous contamine, vous
aussi et moi-même par la même occasion.
Si je ne partage pas l’ensemble de l’analyse de l’auteur
notamment quand il aborde la question des quartiers dits sensibles,
il faut reconnaître que son propos est juste lorsqu’il
établit le constat suivant :
« Ainsi a-t-on vu surgir du magma médiatico-politique
une entité nouvelle, l’ arabo-musulman, qui a gagné
en quelques semaines toute la LQR jusque dans ses variantes les
plus distinguées. Dans un entretien accordé au Monde
(28 août 2004), où chaque mot est pesé, Dominique
de Villepin, à l’époque ministre de l’intérieur,
laisse échapper une ligne révélatrice : parlant
des « actions violentes à caractère antisémite
sur les premiers mois de l’année », il précise
que cinquante (d’entre elles) ont été commises
par des individus d’origine arabo-musulmane ».
C’est quoi un « arabo musulman » ! ? C’est
à la fois un enfermement communautaire qui ne tient pas compte
de la diversité des situations et une stigmatisation d’une
population en fonction de ses origines supposées...Personne
ne parle de jeunes d’origine italienne ou espagnole alors
que les médias ne cessent d’évoquer les populations
d’origine maghrébine !
Voici là quelques exemples parmi d’autres de ces méthodes
qui consistent à essorer les mots y compris les groupes...
Le tout pour faire comprendre et faire croire que nous sommes dans
l’ère de l’unité dans la conformité...
C’est ainsi que, dotés de valeurs communes, les républicains
des deux bords pourraient agir de concert.
Pour le grand bien du système qui pourrait ainsi perdurer
avec un peu de légitimité !
Jean-François CHALOT
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