"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
LQR, la langue de la propagande crise dans les médias

Origine : http://crisedanslesmedias.hautetfort.com/archive/2006/02/index.html

A l’heure où l’on cherche des outils pour décrypter les médias, ausculter la langue de bois des politiques et démasquer les mensonges des communicants de tous poils ou de toutes plumes, un petit livre (petit par la taille) vient à point nommé. LQR, La Propagande du quotidien, d’Eric Hazan, est une critique efficace des tics de langage qui fleurissent dans la bouche et sous le stylo de ceux qui, on ne sait pourquoi, s'obstinent à se nommer « élite ».

LQR : Lingua Quintae Republicae, Langue de la cinquième république en bon français. Cette langue est épurée à souhait. Elle parle de réforme pour signifier que la pilule sera dure à avaler. Elle dénomme modestes ou exclus les pauvres. Sa figure favorite est l’euphémisme.

Autre feinte de la LQR, affirmer l’existence d’une chose qui n’existe pas. Plus on parle de dialogue et de communication, moins on se parle. La solidarité s’affirme mais ne se matérialise pas souvent.

La chute du mur de Berlin a contribué à renforcer les effets lénifiants (rien à voir avec Lénine) de la LQR. Plus de communisme, exit le prolétariat, la lutte des classes, et même les classes tout court.

Le 11 septembre est aussi passé par là. Arabo-musulman, maghrébins, d’origine maghrébine, issus de l’immigration sont des vocables qui n’ont, en principe, aucun rapport avec celui d’islamiste (préféré in extremis à celui d’islamique, qui avait sans doute le défaut de ne pas rimer avec terroriste et extrémiste). Mais l’amalgame n’est jamais loin.

On l’aura compris, la LQR, terme qu’Eric Hazan a forgé à partir de la LTI (Lingua Tertii Imperii), langue du Troisième Reich, a une fonction très forte : elle sert à maintenir la cohérence de nos sociétés. Affirmer l’unité quand il est si difficile de vivre ensemble. Déjà les Grecs avaient besoin d’éviter quelques mots qui fâchent pour faire tenir ensemble leur demokratia. Car, à l’origine de l’unité démocratique, il y a du conflit. A l’origine de tout groupe il y a un deuil, disait Maurice Blanchot (ou le meurtre d’un bouc émissaire, dirait sans doute René Girard). C’est ce genre de vérité en forme de cadavre caché dans le placard qui git au creux de notre langue policée.

Ils en parlent sur Acrimed, le site de critique des médias.