origine : http://www.saphirnews.com/LQR,-la-propagande-du-quotidien_a4142.html
Dans son dernier ouvrage publié aux éditions Raisons
d'agir, Eric Hazan nous décortique les nombreux termes de
propagande diffuse dans la langue française. L'auteur nous
dévoile entre autres les multiples « contournements
» et « évitements » de ce qu'il nomme la
Linguae Quintae Respublica, la langue de la cinquième république,
expression la plus achevée du libéralisme ambiant.
Un livre salutaire à lire sans modération.
Quel est donc le point commun entre les termes de modernité,
gouvernance, exclusion ou diversité ?
C'est à cette question insolite qu'a décidé
de répondre Eric Hazan dans son dernier essai publié
aux éditions Raisons d'agir, LQR, la propagande du quotidien.
Brillamment, il faut le dire.
En relevant et commentant tout un tas de noms commun, d'adjectifs
et de verbe que nous employons couramment, Hazan nous révèles
l'origine idéologique et la fonction de mots pas si neutre
que cela.
Ainsi, il n'y aurait plus de pauvres en France, mais des gens de
condition modeste. Finie l'exploitation, il n'y a plus que de l'exclusion.
Quant aux fameuses classes si chers à Marx, elles s'appellent
dorénavant couches sociales.
Une affaire de mots LQR, la propagande du quotidien
Comment expliquer cette floraison de termes assez récents
sur le marché du vocabulaire médiatique ? Doit-on
la comprendre comme la conséquence d'une évolution
somme toute naturelle de la langue française ? Pour l'auteur
de cet essai, il semble bien que non.
Sans détour, Eric Hazan nous dévoile les stratagèmes
de la nouvelle pensée libérale consistant à
reformuler un problème par l'emploi d'un terme différent,
déclenchant au passage un subtil glissement sémantique.
Finalement, tout est affaire de mots. Cette LQR, langue de domination
par excellence de l'appareil médiatico-politique, recèle
des trésors d'euphémismes propres à orienter
le citoyen-consommateur dans sa compréhension des choses.
L'idée phare étant de contourner, voire de nier, tout
aspect négatif, tout élément de violence inhérent
à l'idéologie mondialiste afin de mieux soumettre
et convaincre la masse de l'opinion publique.
Dans cette perspective, il ne faut plus parler d'agression armée
mais d'offensive militaire. Plus de crimes de guerre mais de bavure
et de dommages collatéraux.
« Titrer « Bavure » (Libération, 7 octobre
2004) un article évoquant le meurtre d'une écolière
palestinienne par des soldats israéliens qui « avaient
pris son cartable pour une charge explosive », c'est transformer
un crime de guerre en une grosse bêtise méritant une
bonne réprimande (p39) ».
« Quand un groupe armé détruit un fortin israélien
à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qualifier cet acte
de résistance d'attaque de terroriste ou d'attentat (France
2, 13 décembre 2004, et France3, même date), c'est
reprendre les termes qu'utilisaient contre la Résistance
Philippe Henriot…du gouvernement de Vichy (ibid). »
Court et incisif, cet ouvrage qu'on peut qualifier d'antibiotique
de la pensée, ne manquera pas de nettoyer nos consciences
de bon nombre d'idées reçues, voire de parasites terminologiques.
A découvrir sans tarder !
Fouad Bahri
|