Date: 13 May 2004
Subject: [infozone_l] La justice coloniale française condamne
des syndicalistes Guadeloupéens
La justice coloniale française condamne des syndicalistes
Guadeloupéens
Une des dernières colonies françaises, la Guadeloupe,
connaît une répression de syndicalistes qui nous rappelle
que la police et la justice coloniales ne sévissent pas seulement
dans les banlieues de la métropole.
Á la face du monde, la France, grande puissance mondiale
apparaît comme le pays des droits de l’homme, défenseur
des libertés fondamentales, terre d’égalité,
de fraternité et de démocratie.
Il n’en est rien de tout cela en Guadeloupe, l’une
des dernières colonies de la France situées dans la
Caraïbe, où des Femmes et des Hommes pensent différemment
que le gouvernement de la grande République Française.
Créée en 1973, l’Union Générale
des Travailleurs de Guadeloupe (UGTG), défend les intérêts
des Travailleurs, milite pour qu’en Guadeloupe, les travailleurs
gagnent en respect et en dignité. Elle défend la culture,
les traditions Guadeloupéennes et lutte pour la libération
du pays. Les gouvernements de la France se suivent et se ressemblent
quand il s’agit de répression antisyndicale.
Le gouvernement CHIRAC-RAFFARIN-SARKOZY, a entrepris une féroce
répression policière, judiciaire se traduisant par
des condamnations pénales contre les Travailleurs et les
responsables syndicaux de l’UGTG.
27 mois de prison ferme, 75 mois de prison avec sursis, 120.159,50
d’euros d’amende soit 787 044 F ont été
retenus à l’encontre de 13 militants et dirigeants
du Syndicat UGTG (liste non exhaustive) :
- Guy SUZANON, Membre du Conseil Syndical de l’UGTG, Secrétaire
Général de l’UTC-UGTG (Union des Travailleurs
des Collectivités) est condamné à 4 mois de
prison avec sursis et 6.000 euros d’amendes pour présence
sur un barrage à l’occasion d’une grève
des Travailleurs Communaux ;
- Eddy PETER, Membre du Conseil Syndical de l’UTC-UGTG, est
condamné à 6 mois de prison avec sursis et 1627,50
euros d’amende pour sa seule présence sur un barrage
;
- Délice PAQUION, Militante gréviste de la commune
du Lamentin, a été condamnée à 3 mois
de prison avec sursis et 300 euros d’amende pour avoir, dans
une bousculade, heurté une urne qui s’est brisée
en tombant au sol ;
- Jocelyn COMUCE, Délégué du Personnel de
la Société Écomax, est condamné à
6 mois de prison avec sursis et 5607 euros d’amende selon
le témoignage d’un chef de magasin qui l’aurait
reconnu parmi les grévistes ayant occupé un magasin
Ecomax ;
- Daniel DICANOT, Délégué du Personnel de
la Société Match, a été licencié
et a été condamné à 12 mois de prison
avec sursis et 5607 euros d’amende selon le témoignage
du même chef de magasin qui l’aurait reconnu parmi les
grévistes ayant occupé un magasin Ecomax ;
- Patrice FERGE, Secrétaire Général Adjoint
de l’UEC-UGTG (Union des Employés du Commerce), a été
condamné à 12 mois de prison avec sursis et 5607 euros
d’amende selon le témoignage toujours du même
chef de magasin qui l’aurait reconnu parmi les grévistes
ayant occupé un magasin Ecomax ;
- Michel MOLIA, Délégué Syndical de la Société
Match, a été licencié et a été
condamné à 12 mois de prison avec sursis et 5607 euros
d’amende selon le témoignage, encore, du même
chef de magasin qui l’aurait reconnu parmi les grévistes
ayant occupé un magasin Ecomax ;
- François MONTANTIN, Délégué du Personnel
de la Société Ecomax, licencié et condamné
à 6 mois de prison avec sursis et 5607 euros d’amende
selon le témoignage de ce même chef de magasin qui
l’aurait reconnu parmi les grévistes ayant occupé
un magasin Ecomax ;
- Louis CARL, Délégué du Personnel de la Société
Ecomax, condamné à 12 mois de prison avec sursis et
5607 euros d’amende selon le témoignage, encore et
toujours, de ce même chef de magasin qui l’aurait reconnu
parmi les grévistes ayant occupé un magasin Ecomax
;
- Elie DOMOTA, Secrétaire Général Adjoint
de l’UGTG, condamné à 2 mois de prison avec
sursis pour avoir participé à une mobilisation suite
à l’arrestation abusive et à la garde à
vue de Raymond GAUTHIEROT, Secrétaire Général
de l’UGTG ;
- Luciano LENDO, Membre du Conseil Syndical de l’UGTG, Membre
du Conseil Syndical de l’UTHTR-UGTG (Union des Travailleurs
de l’Hôtellerie et de la Restauration) a été
condamné à 4 mois de prison ferme suite à une
plainte pour coups et blessures sur la personne du Directeur de
l’Hôtel Créole Beach (dont le PDG Monsieur Patrick
VIAL-COLLET est président du MEDEF).
Le Directeur de l’hôtel avait tenté violemment
de s’opposer à la mise en place d’un piquet de
grève en bousculant les grévistes ;
- Armand TOTO, Membre du Conseil Syndical de l’UGTG, a été
condamné à 6 mois de prison ferme et 8700 euros d’amende,
suite à une grève des Agents de la Sécurité,
qui avaient paralysé l’Hôtel le Club Med ; et
à 4 mois de prison ferme et le paiement de la somme totale
de 9890 euros en dommages et intérêts à 4 gendarmes,
qui ont déclaré avoir été frappés
par le seul Armand TOTO ;
- Michel MADASSAMY, Membre du Conseil Syndical de l’UGTG
et de l’UTPP (Union des Travailleurs des Produits Pétroliers)
est condamné à 3 mois de prison ferme et 7000 euros
de dommages et intérêts : il lui est reproché
d’avoir participé à une manifestation pour la
mémoire et la reconnaissance des 10 000 victimes anti-esclavagistes
tombés en 1802 lors de la guerre de Guadeloupe où
ils s’étaient opposés vaillamment à l’armée
de Napoléon BONAPARTE. Sans aucune preuve, sans aucun témoignage,
il est condamné pour dégradation en réunion
; il est aussi condamné à 10 mois de prison ferme
et 53.000 euros de dommages et intérêts, toujours sans
preuve, accusé d’avoir brisé le pare brise d’un
camion de la Société Texaco. Société
qui par ailleurs a licencié pour faits de grève 3
chauffeurs.
Malgré les absences flagrantes de preuve, les irrégularités
dans la procédure, les chefs d’inculpation bénins,
les militants de l’UGTG sont de toute façon condamnés
à des peines sauvages, à l’issue de simulacre
de procès, précédés de plusieurs dizaines
d’arrestations arbitraires et de passages à tabac.
Nos recours devant la Cour d’Appel, nos pourvois en cassation
son rejetés et les sentences confirmées.
L’appareil judiciaire français sévit.
Ces décisions de justice nous rappellent celles prises par
cette même justice française qui code noir en mains,
ordonnait de trancher poignets et jarrets de nos ancêtres
réduits en esclavage et qui se battaient pour que tout Homme
et Femme de Guadeloupe soit reconnu en tant que tel, quelle que
soit la couleur de sa peau. Ces décisions de justice interviennent
au moment où plus d’une trentaine de militants de l’UGTG,
dont des Délégués, sont licenciés pour
faits de grève, ou pire, sous injonction du Préfet,
Gouverneur de Guadeloupe. Elles font suite aux tentatives d’incendie
de l’UGTG en 1991, à la blessure par arme à
feu de 10 militants de l’UGTG sur un piquet de grève
en 1996. Hier encore, un patron, descendant des esclavagistes, a
frappé à coup de crosse de pistolet un de nos dirigeants,
avant certainement de frapper un syndicaliste d’une balle,
autorisé qu’il se sent par le patronat qui d’ailleurs,
en décembre 2001, s’est engagé avec la bénédiction
du Préfet et de certains politiciens à liquider l’UGTG
et ses dirigeants.
Ces décisions de justice nous remémorent les atteintes
portées au droit d’expression et à la liberté
syndicale et qui en Guadeloupe, comme partout dans le monde, s’est
traduit par un lourd tribut de victimes :
Février 1910 : 3 tués lors d’un mouvement
des ouvriers agricoles et industriels à Saint-François
;
Février 1910 : 1 tué à Capesterre-Belle-Eau
1925 : 6 tués à l’Usine de Duval à
Petit-Canal ;
1931 : une femme tuée à Sainte-Rose lors d’un
mouvement des ouvriers agricoles ;
1952 : 4 tués (dont une femme enceinte) au Moule lors
d’un mouvement des ouvriers agricoles et industriels ;
1967 : 87 tués lors d’une grève des ouvriers
du bâtiment qui revendiquaient 25% d’augmentation, 2%
leur a été accordés suite à cette barbarie.
Tous tués par les militaires de l’Etat français
au service du patronat et des capitalistes.
Licenciement, condamnation et racket perpétrés par
l’état français et sa justice aux ordres, à
l’encontre du syndicaliste de Guadeloupe et particulièrement
celui affilié à l’UGTG. Sous couvert de condamnation
à des amendes, l’état français et sa
justice ne font que répondre à l’objectif qui
est de tenter d’affamer, d’humilier, de briser ce syndicaliste
dans son statut d’Homme ou de Femme afin d’éradiquer
toutes velléités de construction sociale dans notre
pays.
Comme les vaillants hommes et femmes qui ont jalonné notre
histoire, Luciano LENDO, Armand TOTO, Michel MADASSAMY et tous les
militants de l’UGTG sauront faire face aux décisions
iniques de la justice coloniale française, au service du
MEDEF et du capitalisme.
Il ne sera pas fait appel de la décision, du Tribunal Correctionnel
de Pointe-à-Pitre en date du 24 Mars 2004 condamnant Michel
MADASSAMY à 10 mois de prison ferme et 53.000 euros de dommages
intérêts dans le dossier Texaco, ni à celle
du Mercredi 31 Mars 2004 le condamnant à 3 mois de prison
ferme et 7000 euros d’amende dans le dossier du 27 Mai 2001,
jour de commémoration de l’abolition de l’esclavage.
L’UGTG affirme que la justice française en Guadeloupe
n’anéantira pas le droit naturel à la résistance
à l’oppression qui a habité les combattants
de la liberté, hommes et femmes de la période esclavagiste,
et qui anime les travailleurs de Guadeloupe, leurs dignes héritiers.
Fidèle à la lutte de classe et la ligne de masse pratiquées
depuis 30 ans pour l’instauration de rapports de production
nouveaux et l’édification d’une économie
orientée vers la satisfaction des intérêts du
peuple guadeloupéen et en particulier des travailleurs.
L’UGTG affirme qu’elle continue le combat pour le droit
au travail pour tous et par conséquent, la lutte contre le
travail précaire et pour le travail décemment rémunéré.
L’UGTG poursuit son combat pour le droit de reprise des entreprises
par les salariés soucieux de la pérennité de
leur emploi, face à tout patron affairiste, corrompu et maffieux.
L’UGTG fait appel à tous ses adhérents, à
l’ensemble des travailleurs, au peuple de Guadeloupe, aux
organisations éprises de justice, à l’opinion
internationale pour engager sous des formes diverses, une vaste
solidarité contre la répression antisyndicale dont
sont victimes les syndicalistes de Guadeloupe.
L’UGTG invite tous les défenseurs des droits de l’Homme
et les Syndicats des Travailleurs à faire circuler l’information
et à se tenir prêts à apporter leur solidarité.
Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe (UGTG)
Le Secrétaire Général, R. GAUTHIEROT Pointe-à-Pitre,
le 01/04/04
Source : liste Resistons ensemble
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