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L’auteur se demande « qu’est-ce qui lie les individus
? Pourquoi agissent-ils ensemble ? »
L’analyse du caractère social est la clé, selon
Jan Spurk, de la compréhension du caractère des individus,
de leurs visions du monde et de leurs actions, tout comme celle
de la stabilité de notre société individualisée,
fragmentée et déchirée.
L’analyse des expériences vécues des contradictions
de notre société fait comprendre le lien abstrait
entre les individus, lequel se crée et se reproduit grâce
au caractère social qu’ils partagent : le caractère
autoritaire. L’auteur s’appuie sur les travaux s de
l’École de Francfort pour comprendre pourquoi le caractère
autoritaire de notre société. Il faut partir de la
vie concrète dans notre société, des modes
d’expérience des individus, des médiations sociales
qui les lient pour comprendre le caractère social.
Le caractère social, pour Jan Spurk, est une matrice psychique,
qui opère aux confins de l’individuel et du collectif.
Le caractère autoritaire et l’individualisation sont
le résultat de la domination capitaliste actuelle. La valorisation
de l’entreprise n’y change rien. Les entreprises, pour
exister, doivent mobiliser les subjectivités pour créer
la marchandise. Elles doivent gagner la volonté des sujets
de s’y investir. La marche forcée de la mobilisation
de la subjectivité, demande aux sujets une posture autoréflexive
pour assumer l’hétéronomie de leur existence
en entreprise et le caractère autoritaire de la situation.
Pour Jan Spurk, la subjectivité des individus socialisés,
malgré l’apparence libre et ludique de notre société,
est un ensemble de variations du caractère autoritaire intimement
lié au capitalisme.
Revisiter les analyses de l’École de Francfort, pour
Jan Spurk, est une bonne manière de comprendre le capitalisme
d’aujourd’hui et sa forme mondialisée. Une des
conclusions des travaux de ce courant est que notre liberté
est une illusion. Nous nous croyons libres, alors que nous faisons
presque tous et toutes la même chose au même moment
: travail, consommation, loisirs, … La critique de la raison
instrumentale est une critique de l’annexion de la raison
par le capitalisme.
Cet ouvrage est un livre de sociologie. A noter également
que Jan Spurk travaille dans le sillage de Eugène Enriquez.
Ce qui explique son orientation théorique vers l’articulation
entre la sphère personnelle et la sphère collective.
Ce qui semble intéresser Jan Spurk, c’est moins ce
qu’on fait des sujets, mais ce que les sujets font de ce qu’on
fait d’eux.
Philippe Coutant, Nantes le 16 Juillet 2007
Parue dans la revue Les Temps Maudits n° 26 Décembre
2007 de la CNT Vignoles
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