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Note de lecture sur le livre de Jan Spurk « Du caractère social »
Editions Parangon, Paris, Mai 2007, 192 pages, 15.00 Euros

L’auteur se demande « qu’est-ce qui lie les individus ? Pourquoi agissent-ils ensemble ? »

L’analyse du caractère social est la clé, selon Jan Spurk, de la compréhension du caractère des individus, de leurs visions du monde et de leurs actions, tout comme celle de la stabilité de notre société individualisée, fragmentée et déchirée.

L’analyse des expériences vécues des contradictions de notre société fait comprendre le lien abstrait entre les individus, lequel se crée et se reproduit grâce au caractère social qu’ils partagent : le caractère autoritaire. L’auteur s’appuie sur les travaux s de l’École de Francfort pour comprendre pourquoi le caractère autoritaire de notre société. Il faut partir de la vie concrète dans notre société, des modes d’expérience des individus, des médiations sociales qui les lient pour comprendre le caractère social.

Le caractère social, pour Jan Spurk, est une matrice psychique, qui opère aux confins de l’individuel et du collectif. Le caractère autoritaire et l’individualisation sont le résultat de la domination capitaliste actuelle. La valorisation de l’entreprise n’y change rien. Les entreprises, pour exister, doivent mobiliser les subjectivités pour créer la marchandise. Elles doivent gagner la volonté des sujets de s’y investir. La marche forcée de la mobilisation de la subjectivité, demande aux sujets une posture autoréflexive pour assumer l’hétéronomie de leur existence en entreprise et le caractère autoritaire de la situation. Pour Jan Spurk, la subjectivité des individus socialisés, malgré l’apparence libre et ludique de notre société, est un ensemble de variations du caractère autoritaire intimement lié au capitalisme.

Revisiter les analyses de l’École de Francfort, pour Jan Spurk, est une bonne manière de comprendre le capitalisme d’aujourd’hui et sa forme mondialisée. Une des conclusions des travaux de ce courant est que notre liberté est une illusion. Nous nous croyons libres, alors que nous faisons presque tous et toutes la même chose au même moment : travail, consommation, loisirs, … La critique de la raison instrumentale est une critique de l’annexion de la raison par le capitalisme.

Cet ouvrage est un livre de sociologie. A noter également que Jan Spurk travaille dans le sillage de Eugène Enriquez. Ce qui explique son orientation théorique vers l’articulation entre la sphère personnelle et la sphère collective. Ce qui semble intéresser Jan Spurk, c’est moins ce qu’on fait des sujets, mais ce que les sujets font de ce qu’on fait d’eux.

Philippe Coutant, Nantes le 16 Juillet 2007

Parue dans la revue Les Temps Maudits n° 26 Décembre 2007 de la CNT Vignoles