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La haine de la démocratie
de Jacques Rancière
éditions La Fabrique
2005, 112 pages,
Note de Lecture
Origine : http://www.inventaire-invention.com/lectures/kaplan_ranciere.htm
Dans La haine de la démocratie (La Fabrique éditions)
Jacques Rancière analyse les critiques actuelles de la démocratie
et mène avec vigueur et jubilation un travail de réflexion
et de questionnement. Il montre que ce qui pose toujours problème
aux régimes démocratiques, c'est justement l'intensité
de la vie démocratique, “excès” insupportables
aux oligarchies qui détiennent le pouvoir et qui ne peuvent
admettre ce que c'est, la démocratie : ni un type de constitution,
ni une forme de société, c'est-à-dire “ni
cette forme de gouvernement qui permet à l'oligarchie de régner
au nom du peuple, ni cette forme de société que règle
le pouvoir de la marchandise”. Mais “le pouvoir de ceux
qui n'ont pas plus de titre à gouverner qu'à être
gouvernés”. Un pouvoir fondé ni sur la naissance,
ni sur l'argent, ni sur le savoir : le scandale démocratique
c'est le scandale de la politique même, de l'égalité
des hommes.
En somme, indique Rancière, “la démocratie”
on trouve que ça va bien quand l'Occident se bat contre les
régimes totalitaires ou le terrorisme mais à l'intérieur
des pays démocratiques il y a toujours un ressentiment latent
ou explicite contre “trop” de démocratie, contre
les excès de “l'homme démocratique”, ce
“consommateur individuel de masse”, être idiot et
aliéné, toujours prêt à suivre n'importe
quoi, dans n'importe quel domaine, sexualité, école,
santé, culture...
Rancière montre les contradictions d'un pharisianisme mécontent
de l'a-politisme actuel et qui pourtant dès qu'il y a un mouvement,
ne sait pas quoi en penser, juge ce mouvement arriéré,
populiste.
Tension entre une rigueur qui fait revisiter l'histoire de la pensée
politique, depuis Platon jusqu'aux sociologues postmodernes et aux
“graves philosophes à l'antique”, et un désir
concret soucieux d'ouvrir des possibles : par exemple en définissant
le minimum nécessaire pour qu'un système se déclare
démocratique.
C'est un appel à la réflexion et au travail de chacun,
et une façon de combattre le sentiment d'impuissance, le repli
: la démocratie “est l'action qui sans cesse arrache
aux gouvernements oligarchiques le monopole de la vie publique et
à la richesse la toute-puissance sur les vies....La société
égale n'est que l'ensemble des relations égalitaires
qui se tracent ici et maintenant à travers des actes singuliers
et précaires....Elle n'est fondée dans aucune nature
des choses et garantie par aucune forme institutionnelle. Elle n'est
portée par aucune nécessité historique et n'en
porte aucune. Elle n'est confiée qu'à la constance de
ses propres actes. La chose a de quoi susciter de la peur, donc de
la haine, chez ceux qui sont habitués à exercer le magistère
de la pensée. Mais chez ceux qui savent partager avec n'importe
qui le pouvoir égal de l'intelligence, elle peut susciter à
l'inverse du courage, donc de la joie”.
Leslie Kaplan / une lecture du livre La haine de la démocratie
de Jacques Rancière
http://www.inventaire-invention.com/
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