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Origine : http://www.cvm.qc.ca/encephi/CONTENU/articles/existentialismesartrien.htm
Figure de proue du courant de pensée existentialiste, Jean-Paul
Sartre a fourni un effort considérable en vue de définir
précisément son concept fondateur. Dans un premier
temps, la pensée sartrienne s’est définie en
s’opposant aux deux grands courants traditionnels, soit le
matérialisme et l’idéalisme. En s’inspirant
tout d’abord de la phénoménologie puis du marxisme,
Sartre a développé une pensée réaliste.
Dans l’opuscule L’existentialisme est un humanisme,
Sartre déclare que pour la pensée existentialiste
toute vérité et toute action impliquent un milieu
humain et une subjectivité humaine. Cela veut dire que tous
les aspects de cette doctrine se rapportent à l’être
humain et à sa faculté de prendre conscience de sa
situation.
L’en-soi et le pour-soi
On trouve le premier fondement original de l’existentialisme
sartrien dans la distinction entre l’être en-soi et
l’être pour-soi. Ainsi, l’en-soi et le pour-soi
s’opposent.
L’en-soi est la caractéristique de toute chose, de
toute réalité extérieure à la conscience.
Le concept d’en-soi désigne ce qui est totalement soumis
à la contingence, c’est-à-dire tout ce qui est
sans liberté et ce qui n’entretient aucun rapport à
soi. L’existence de tout en-soi est passive en ce sens que,
par exemple, un vélo ne peut décider d’être
autre chose qu’un vélo. Un sapin n’exige jamais
de son jardinier préféré une taille en forme
d'ourson parce qu'il deviendrait sentimental. Sans conscience, le
sapin demeure toujours égal à lui-même. Ce concept
d’en-soi se rapporte donc aux choses matérielles parce
qu’elles existent indépendamment de toute conscience.
Le pour-soi désigne l’être de l'homme. Pourvu
d’une conscience qui fait de lui un être tout à
fait particulier, l’être humain se distingue de l’en-soi.
Étant donné cette conscience capable de se saisir
elle-même, le pour-soi a comme principal attribut une liberté
absolue. Cette liberté n’est pas une absence de contingence
ou de limites, mais une possibilité infinie de choisir.
Contrairement à l’en-soi qui coïncide toujours
avec lui-même, le pour-soi, c’est-à-dire l’être
humain, peut faire varier indéfiniment la conscience qu’il
a de lui-même. Par exemple, mon vélo n’est, précisément,
qu’un vélo. Rien d’autre. Il est absolument incapable
de prendre conscience de ce qu’il est et de sa situation.
Trop abîmé, il sera devenu un déchet. Ce vélo
devenu déchet ne sera rien d’autre qu’un vélo
devenu déchet. Tandis que lorsque je conduis ma bicyclette,
je suis ce que je ne suis pas. C'est-à-dire que, demeurant
un être humain, je suis pourtant devenu cycliste, ce que je
n’étais pas à l’origine, et ce que je
ne serai plus déjà dans quelques instants. De plus,
chevauchant hardiment mon vélo, je puis à tout moment
m’imaginer dans une tout autre situation, par exemple je puis
d’avance me délecter de la baignade vers laquelle je
me dirige.
L’existence précède l’essence
La formule sartrienne la plus célèbre qui permet
de définir ce courant de pensée est sans doute : L'existence
précède l'essence.
En ce qui concerne l’en-soi, la chose peut correspondre à
un schéma, à un plan, à un concept. On parle
alors de l’essence de cette chose. Ainsi, l’essence
du vélo correspond à l’idée générale
qu’on a tous de cet objet, indépendamment de sa couleur,
de sa grosseur, etc. On dit alors que l'essence (ou encore l'idée,
le plan, le concept ...) précède l'existence. Si Jean-Paul
Sartre peut admettre une telle explication pour tous les objets,
il prétend qu’une telle façon de faire ne peut
rendre compte de ce qu’est l’être humain.
Il n'y a pas d'essence humaine antérieure à l'existence
de l'homme. Selon Sartre, il est impossible d’obtenir une
définition théorique totalement satisfaisante qui
permettrait de savoir précisément ce qu’est
l’être humain. Celui-ci existe tout d’abord et
se définit ensuite par rapport aux actions qu’il a
posées. S’inspirant de Karl Marx, Sartre nous invite
donc à définir l’être humain par les action
qu’il produit plutôt que par des idées ou des
croyances.
L’athéisme
L’existentialisme sartrien est athée. Cela signifie
qu’au point de départ on trouve la conviction que Dieu
n’existe pas. Sartre tente de tirer toutes les conclusions
que cette idée entraîne. En conséquence, nulle
divinité n'a pu créer l'humain. Aucune force suprême
ne peut nous sauver du mal, de la souffrance, de l’exploitation,
de l’aliénation ou de la destruction. Aucun Au-delà
non plus pour justifier quelque bien ou quelque vérité
que ce soit. Totalement délaissé, l’être
humain est absolument responsable de son sort. Ainsi, chaque choix
que j’accomplis m’appartient en propre. Ultimement,
puisqu’il n’y a aucun dieu, notre existence se déroule
en une succession de libres choix qui ne sont jamais entièrement
justifiables.
Philosophie de l’action et de l’engagement, l’existentialisme
sartrien ramène tout à l’être humain,
le rendant absolument responsable de son sort. Acculé à
l’action, il doit s’engager dans son existence, prendre
en main le cours de sa vie.
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