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Le sport en général
et les jeux Olympiques en particulier mobilisent des millions de
personnes de par le monde, sature notre espace et notre temps comme
aucune autre activité, mais ils échappent plus facilement
à l'analyse qu'à la censure. Ce qui apparaît
possible dans d'autres domaines à savoir le démantèlement
du consensus, ne l'est pas en sport : le miroir de se brise pas.
Le mouvement sportif, les hommes politiques et la presse rechignent
aux joutes intellectuelles sur cette institution et sur son idéologie.
Or, le sport n'est pas un jeu mais une vision du monde.
Notre devoir est de dire explicitement ce qui a besoin d'être
tû. Il faut défricher les lieux communs de l'idéologie
sportive, désenchanter le monde olympique en critiquant ses
dogmes, ses illusions, et détruire le mythe de l'idéal
sportif.
Nous savons bien que les masses, largement conditionnées,
sont majoritairement du côté des préjugés
et des passions. Mais d’une part, la valeur d'une opinion
ne dépend pas du nombre d'individus qui la partagent, et
d’autre part, majoritairement ne signifie pas unanimement.
La propagande olympique étouffe les voix discordantes et
réduit au silence ceux qui ne croient pas aux « miracles
olympiques » de 2012.
Le clivage est tel entre les idéaux proclamés et l'Olympisme
réel, ses intérêts économiques, ses interventions
politiques et ses valeurs idéologiques, qu'il faut une bonne
dose de cynisme pour affirmer la valeur de l'humanisme olympique.
Qui peut croire un instant que le mouvement olympique contribue
à construire un monde meilleur et plus pacifique ?
Qui peut croire au rapprochement des peuples lorsque les Jeux exacerbent
les affrontements entre prestiges nationaux ? La course aux médailles
menée dans les laboratoires d'entraînement - avec au
bout du compte le décompte de médailles présentées
comme autant de bulletins de victoires - masque les dégâts
de l’entraînement intensif et précoce et du dopage
physique et mental.
Qui peut croire à l'apolitisme olympique alors que les Jeux
et le sport en général sont toujours du côté
de l'ordre établi ? Est-ce donc neutre d’aller «
jouer » à Pékin en 2008 comme on a joué
en 1936 à Berlin ou en 1980 à Moscou ?
Est-il sérieux d'évoquer la fête et la culture
alors que les Jeux Olympiques ne sont que de vastes foires commerciales
? Qui peut penser aujourd’hui, à l’heure de la
régression sociale, qu’une telle organisation va produire
des « retombées en or massif » voire stopper
le déclin de la France et réduire le chômage
?
Quel sera le coût financier, social, et écologique
de la manifestation ? Qui financera ? Quels équipements construira-t-on
et pour qui ? Bref, à qui serviront réellement les
Jeux Olympiques ? Le club des entreprises le sait…
Peut-on enfin dénoncer la conquête des âmes,
l'adhésion aveugle, l'intolérance des mobilisations
partisanes, les identifications collectives mythiques ?
Etre lucide c’est s’inquiéter de cette mobilisation
sportivo-politico-économico- télévisuelle,
de cette propagande et de cette chloroformisation des consciences.
Machine à extases et à émotions, sphère
de croyances, l'Olympisme est, on le voit dès maintenant
avec le projet parisien, un système de manipulation de l'opinion
publique.
Le mythe olympique ne se réclame d'aucune autre légitimité
que celle de sa simple affirmation. Or, le sport n'est pas une sphère
à part, une zone de neutralité mais une institution
sociale complexe imbriquée dans les rouages de la société
globale totalement asservi aux mécanismes économiques,
politiques et idéologiques qui régissent la machinerie
sociale. Il faut donc explorer l'imaginaire olympique qui est aussi
un imaginaire politique.
Pour ces raisons et pour bien d’autres, Le Mouvement Critique
du Sport appelle à dire NON à l’organisation
des Jeux Olympiques de 2012 à Paris.
Débattre de l’idéal olympique, du coût
des Jeux, du façonnement des esprits, et chercher à
« lacérer l’obscurité » qui entoure
la candidature parisienne est la moindre des choses dans un pays
démocratique.
Au terme d’un réel échange de points de vue,
nous verrons si, comme l’affirme péremptoirement Guy
Drut, « le consensus est total » et si le sport reste
toujours le seul sujet tabou et intouchable.
Pour dire NON à la candidature de Paris, écrivez au
Mouvement Critique du Sport, soit par mail à : critique.sport at libertysurf.fr,
soit par courrier au 58 rue de la Bretonnerie, 45 000 Orléans
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