Origine : http://prison.eu.org/article.php3?id_article=802
Parce que par notre silence face à l’absence des personnes
détenues dans les débats publics, rendue plus évidente
encore en ces temps de préparation de la "loi pénitentiaire",
nous participons tous à la violation flagrante et continue
de leur droit à la liberté d’expression - liberté
qu’ils conservent intégralement puisqu’elle n’est
pas un élément constitutif de leur peine.
Parce que cette absence dément le discours politique et
humaniste sur la nécessité de la réinsertion
et de la lutte contre l’exclusion, qui touche à l’imposture
s’il ne reconnaît pas que ce droit justifie l’emploi
des moyens les plus actifs et les plus symboliques du comportement
citoyen, la participation à la réflexion et à
l’expression sur les affaires de la Cité.
Parce que nos démocraties européennes, qui se targuent
de protéger la liberté d’expression, perdent
de fait leur légitimité dès lors qu’elles
tolèrent qu’une seule personne, à plus forte
raison qu’un groupe entier de personnes soit réduit
au silence alors même que les débats portent sur ses
conditions de vie.
Parce que cette exclusion affecte également la liberté
d’expression des médias, qui doivent être conscients
que leurs informations et débats ne peuvent prétendre
à être démocratiques en l’absence des
principaux intéressés, alors même que d’autres
acteurs y sont régulièrement représentés
(surveillants, administration pénitentiaire). Peut-on imaginer
des débats sur la réforme du droit du travail sans
la participation des représentants des travailleurs, sur
les universités sans les représentants des étudiants,
sur le droit de la presse sans les journalistes ?
Parce que face à la privation de la liberté d’expression,
ajoutée à la privation de recours juridiques et des
moyens légaux de protestation collective, les personnes détenues
sont acculées, comme le serait toute personne, à la
désobéissance civique, et combien légitime,
puisque selon la Déclaration universelle des droits de l’homme
: "Il est essentiel que les droits de l’homme soient
protégés par un régime de droit pour que l’homme
ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte
contre la tyrannie et l’oppression."
Nous, citoyens, collectifs et associations, dans une vigilante
attention au respect rigoureux de la liberté et de la dignité
de tout être humain, demandons que la parole des personnes
détenues trouve immédiatement le droit de s’exprimer
par tous moyens :
- qu’elles puissent se réunir pour débattre
;
- qu’elles puissent créer des collectifs ou autres
formes d’associations et désigner en leur sein des
représentants ;
- qu’elles puissent publier des informations ou s’exprimer
librement et sans censure préalable dans les médias
écrits, radiophoniques ou télévisuels.
Les difficultés pratiques ne sont pas insurmontables, mais
tous les Etats européens ont l’obligation de les surpasser
lorsqu’il s’agit de faire respecter les libertés
fondamentales.
A cette fin, nous invitons Monsieur le Garde des Sceaux à
prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires
pour que les personnes détenues puissent, sans délai,
participer par tous les moyens indiqués aux débats
en cours qui les concernent directement, et à tous les débats
d’intérêt public présents et futurs, et
que, si elles le souhaitent, elles puissent signer la présente
pétition en toute légalité.
Et nous invitons leurs familles, les associations et collectifs,
les journalistes et toute personne qui le souhaite à soutenir
cette pétition.
Les signatures peuvent être envoyées :
En ligne : signer via le formulaire dans la colonne de gauche
Par courrier : Ban Public (adresse postale) 12 Villa Laugier, 75017
Paris 06-62-85-62-97.
Par mail : redaction at banpublic.org (en envoyant vos nom, prénom,
email)
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