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La vraie fausse disparition de l’asile

Origine : http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-09-01/2006-09-01-835860

Qu’elle l’appelle alternative thérapeutique ou réhabilitation sociale, la société contemporaine n’en finit pas de bannir ses fous.

La Mort de l’asile. Histoire de l’antipsychiatrie,
par Jacques Lesage de La Haye, Éditions libertaires,
Éditions du Monde libertaire, 2006, 224 pages, 10 euros.

L’Eau du bain, documentaire d’Isabelle Rèbre et Pascal Petitqueux, 52 minutes, produit par Jean Bigot-VLR Productions, en vente sur le site de VLR Productions, 20 euros.

Que faire du fou ? Ce livre et ce film, chacun à sa façon, évoquent cette question à laquelle se sont trouvées confrontées toutes les formes de sociétés depuis la nuit des temps.

Dans son livre, Jacques Lesage de La Haye retrace les différentes étapes qui ont conduit aujourd’hui, en France, à la presque totale fermeture des asiles. Évoquant successivement le bannissement et l’enfermement dont les fous furent initialement l’objet, puis le mouvement de l’antipsychiatrie, son inventivité mais aussi son échec, les alternatives à la psychiatrie et, parallèlement, le développement de ce que l’on a appelé le secteur, il ne manque pas de souligner que, si l’asile est aujourd’hui en voie de disparition, l’État reprenant paradoxalement à son compte le discours antipsychiatrique, ce n’est évidemment pas pour de bonnes raisons, mais bien pour des raisons économiques. Même si l’on peut ne pas partager tous les points de vue de l’auteur, ce livre engagé, vivant, donne voix à la parole du fou, cette parole que l’institution, essentiellement préoccupée de sa propre survie, néglige souvent d’écouter et d’entendre, et que la société actuelle, sous couvert de réhabilitation sociale, continue de craindre et d’exclure, elle qui est en passe de mettre le fou « au diapason du délinquant, du jeune, du vieux, du handicapé, du chômeur »...

C’est d’une autre manière que le film d’Isabelle Rèbre et Pascal Petitqueux évoque la place du fou :

ce documentaire réalisé dans un service de psychiatrie de l’hôpital de Perray-Vaucluse, à Épinay-sur-Orge, montre la vie de ce service dans les quelques semaines qui ont précédé son déménagement vers l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice, dans le Val-de-Marne, dans le cadre des restructurations qui affectent la psychiatrie. Au-delà de ce qui s’y perçoit des difficultés de l’institution psychiatrique à anticiper et accompagner ce qui pour les patients s’apparente à un véritable exil, ce film pose en filigrane, de manière intelligente et sensible, la question de ce que pourrait être une terre d’accueil de la folie, un asile au sens étymologique du terme...Ce documentaire sera présenté à l’espace Confluences (dans le 20e arrondissement, à Paris) dans le cadre de la diffusion de films sur la psychiatrie, les 21 et 22 octobre prochain.

Sophie Aouillé, psychanalyste

Article paru dans l'édition du 1er septembre 2006.



Lesage de La Haye - La mort de l’asile
mercredi 19 avril 2006.

Origine http://www.avoixautre.be/article.php3?id_article=463

- Jacques Lesage de La Haye, « La mort de l’asile », Les éditions Libertaires, 213 p., 2006, 10 euros.

Jacques Lesage de La Haye, après avoir passé onze ans et demi en prison, a été psychologue au CHS de Ville-Evrard et chargé de cours à l’université de Paris VIII. Et ici, là et ailleurs, il n’a cessé de dénoncer toutes les formes d’enfermement. Dans ce livre où se mêlent souvenirs personnels et analyses théoriques il nous raconte l’histoire finalement assez peu connue de l’anti psychiatrie. De sa critique psy et de sa critique sociale de l’asile. De sa volonté de promouvoir, via notamment des pratiques autogestionnaires, la part d’humanité du fou. De sa lutte pour abattre les murs de l’enfermement et réinsérer le fou dans la vie sociale Aujourd’hui, tout en continuant à subsister ici ou là, l’asile a été largement remplacé. Le secteur psychiatrique comprend en effet foyers de jour et de nuit, appartements associatifs, collectifs et thérapeutiques, centres d’accueil thérapeutique à temps partiel, hôpitaux de jour, centres médico-psychologiques, centres de crise et d’accueil d’urgence... Pour autant, et ce livre en témoigne, la bataille est encore loin d’être gagnée. Pire, à l’heure du déferlement d’un véritable délire sécuritaire savamment orchestré par les maîtres du monde, elle s’annonce âpre et si ce livre, qui est un livre de combat, sort aujourd’hui, ce n’est nullement un hasard. Tout juste une nécessité !