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Ivan Illich, né à Vienne le 4 septembre 1926 et décédé
le 2 novembre 2002, est un penseur original.
Biographie
Il quitte l'Autriche en vertu des lois antisémites qui le
frappent par son ascendance maternelle. Il poursuit son éducation
à Florence puis étudie la théologie et la philosophie
à Rome. Le Vatican le destine à la diplomatie, mais
il choisit de se tourner vers la prêtrise.
Il part en 1951 aux États-Unis dans une paroisse porto-ricaine
de New York. Il devient ensuite, entre 1956 et 1960, vice-recteur
de l'Université catholique de Porto Rico, où il met
sur pied un centre de formation destiné à former les
prêtres à la culture latino-américaine.
Prenant conscience, peu de temps après son arrivée
à New York, des injustices secouant le monde moderne, il
y consacrera sa vie, avec pour thèmes majeurs l'outil («
La convivialité »), l'éducation (« Une
société sans école ») ainsi que la médecine
et l'énergie.
Il est décédé en 2002, suite à une
tumeur qu'il a volontairement choisi d'assumer jusqu'au bout et
de ne pas opérer, refusant aussi le recours à des
sédatifs qui lui auraient fait perdre sa lucidité.
Défiguré par la maladie, il y survécut, dans
la douleur, pendant plus de dix ans.
Théories
Penseur de l'écologie politique, il lutta contre le système
automobile (et tous les moyens de transports trop rapides qu'il
jugeait aliénants et illusoires ; il avait par exemple calculé
qu'en prenant en compte le temps moyen passé à travailler
pour acquérir une automobile et faire face aux frais qui
y sont liés et non seulement le temps passé à
conduire celle-ci, la vitesse du bolide était de 6 km/h)
ainsi que contre nos systèmes de santé et l'école
obligatoire, qu'il considérait comme outils non-conviviaux.
Inventeur du concept de monopole radical (lorsqu'un moyen technique
est ou semble trop efficace, il crée un monopole et empêche
l'accès aux moyens plus lents, comme les autoroutes vis-à-vis
de la marche à pied par exemple), il travailla à créer
des pistes vers d'autres possibilités, à travers la
notion d'outil convivial et de simplicité.
On peut avoir une idée de la convivialité chez Illich
avec la relation autonomie et hétéronomie reliée
aux valeurs d'usage et d'échange marxiennes et à l'idée
de union-au-monde d'Erich Fromm.
On peut le considérer, avec son ami Jacques Ellul comme
l'un des principaux inspirateurs de l'idée de "décroissance"
et de "simplicité volontaire".
La principale notion illichienne est le concept de la contre-productivité,
qui décrit un phénomène embarrassant : lorsqu'elles
atteignent un seuil critique (et sont en situation de monopole)
les grandes institutions de nos sociétés modernes
industrielles s'érigent parfois sans le savoir en obstacles
à leur propre fonctionnement : la médecine nuit à
la santé (tuant la maladie parfois au détriment de
la santé du patient), le transport et la vitesse font perdre
du temps, l'école abêtit, les communications deviennent
si denses et si envahissantes que plus personne n'écoute
ou ne se fait entendre), etc.
Brève bibliographie
* Libérer l’avenir, Seuil, Paris, 1971.
* Une société sans école, Seuil, 1971. (titre
original: Deschooling Society)
* La Convivialité, Seuil, 1973. (titre original: Tools for
conviviality) 2 extraits en français, texte intégral
en anglais
* Energie et Equité, Seuil, 1973. texte intégral en
français
* Némésis médicale, Seuil, 1975
* Le Chômage créateur, Seuil, 1977.
* Le Travail fantôme, Seuil, 1981.
* Le Genre vernaculaire, Seuil, 1983.
* H2O ou les eaux de l’oubli, Lieu commun, 1988.
* ABC, l’alphabétisation de l’esprit populaire,
avec Barry Sanders, La Découverte, Paris, 1990.
* Du lisible au visible, la naissance du texte, Cerf, Paris, 1991.
* Dans le miroir du passé. Conférences et discours
1978-1990, Descartes & Cie, Paris, 1994.
* Œuvres complètes Tome 1, (Libérer l'avenir
- Une société sans école - La convivialité
- Némésis médicale - Énergie et équité),
Fayard, 2004.
* Œuvres complètes Tome 2, (Le Chômage créateur
- Le Travail fantôme - Le Genre vernaculaire - H2O, les eaux
de l'oubli - Du lisible au visible - Dans le miroir du passé),
Fayard, 2005.
* La Perte des sens, Fayard, Paris, 2004.
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