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L'Encyclopédie de L'AGORA Du lisible au visible
Sur L'Art de lire de Hugues de Saint-Victor par Ivan Illich
Paris, Les Éditions du Cerf, 1991
La fin du livre et son origine

origine : http://agora.qc.ca/textes/illich.html

Le livre n'est plus aujourd'hui la métaphore clef de l'époque: l'écran a pris sa place. Le texte alphabétique n'est plus que l'une des nombreuses manières d'encoder quelque chose que l'on appelle désormais le "message". Rétrospectivement, la combinaison de ces éléments qui, de Gutenberg au transistor, avaient nourri la culture du livre apparaît désormais comme une singularité de cettte période unique et spécifique d'une société: la société occidentale. Cela en dépit de la révolution du livre de poche, du retour solennel à la lecture publique des poètes, et de la floraison parfois magnifique de publications alternatives réalisées chez soi.

Désormais, la lecture livresque peut être clairement reconnue comme un phénomène daté, et non comme une étape logiquement nécessaire vers l'usage rationnel de l'alphabet; comme un mode, parmi d'autres, d'interaction avec la page écrite; comme une vocation particulière entre beaucoup, cultivée par certains, d'autres s'orientant différemment. [...]

Autour de 1150, trois cent ans avant l'usage des caractères mobiles, se produisit une avancée technologique consistant dans la combinaison de plus d'une douzaine d'inventions et d'aménagements techniques par lesquels la page se transforma de partition en texte. Ce n'est pas l'imprimerie, comme on le prétend souvent, mais bien ce bouquet d'inventions, douze générations plus tôt, qui constitue le fondement nécessaire de toutes les étapes par lesquelles la culture du livre a évolué depuis lors. Cette collection de techniques et d'usages a permis d'imaginer le "texte" comme quelque chose d'extrinsèque à la réalité physique de la page. Elle a reflété, puis conditionné, une révolution dans l'acte de lire qu'accomplissent les gens cultivés, et une révolution dans la signification de la lecture à laquelle ils se livraient. (pp. 8-10)


Ivan ILLICH, Energie et équité, Paris, Editions du Seuil, 1973. Seconde édition dans la collection Ol Techno-Critique dirigée par J.-P. Dupuy, au Seuil, 1975 (traduction de l'allemand par Luce Giard), 69 p., avec une annexe de J.-P. Dupuy.

1973. Année de la Crise mondiale de l'énergie. Le petit livre d'Ivan Illich arrive à point nommé.
"(...) il faut reconsidérer la réalité que dissimulent les lamentations sur la crise: en fait, l'utilisation de hauts quanta d'énergie a des effets aussi destructeurs pour la structure sociale que pour le milieu physique. Un tel emploi de l'énergie viole la société et détruit la nature."
On le devine déjà, cet ouvrage ne sera pas un précis d'écologie au sens habituel, qui s'épouvanterait devant les atteintes portées à la nature par les déchets trop nombreux et variés. Laissons cette tâche, nécessaire, à d'autres, puisque les années septante n'en finissent pas de lancer des cris d'alarme.



La médicalisation de la vie. Médecine et pouvoir : en hommage à Ivan Illich
DUPUY Jean-Pierre

Article
Thèmes: Figures contemporaines; Santé, corps; Sciences et techniques
La disparition d’Ivan Illich s’est produite au moment où l’actualité de ses thèses s’illustre à nouveau, en particulier dans le domaine médical. Encore faut-il bien comprendre son refus du pouvoir médical, qu’il ne faut pas confondre avec une contraignante responsabilisation de chacun, mais procède d’une défense de la liberté et de la recherche d’un art de vivre.

Ivan Illich est mort

Prêtre catholique devenu spécialiste des problèmes éducatifs, Ivan Illich est mort. Il avait été l'une des grandes figures intellectuelles des années 70.

http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=culture/20021203.OBS3563.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/

Ivan Illich, prêtre catholique devenu un spécialiste des problèmes éducatifs, vient de décéder à Brême (Allemagne) à l'âge de 76 ans, a-t-on appris ce mardi auprès de l'éditeur Fayard, précisant qu'il souffrait depuis longtemps d'un cancer.
"C'était un grand penseur, un homme d'une culture phénoménale", a dit Henri Trubert, éditeur chez Fayard, qui publiera fin 2003 un inédit d'Illich, "La perte des sens", et le début de ses oeuvres complètes en deux volumes.
Homme de toutes les cultures, il combattait toutes nos certitudes, avait résumé un critique à propos d'Illich, détenteur d'un passeport américain et auteur notamment de "Une société sans école", "La convivialité", "Némésis médicale", "Le chômage créateur", "Le travail fantôme", "Le genre vernaculaire", "H20" etc. Plusieurs de ces ouvrages, épuisés en France, sont parus au Seuil.
Né à Vienne (Autriche) dans une famille juive d'origine russe, Ivan Illich a étudié la théologie et la philosophie à Rome. En 1950, il s'installe comme prêtre à New York, partageant la vie de la communauté portoricaine.

CIDOC

Il fonde au milieu des années 60 le Centre international de documentation de Cuernavaca (CIDOC), au Mexique, spécialisé dans "l'analyse critique de la société industrielle", creuset de réflexions qui allaient, au tout début des années 70, lui apporter le succès en France (grâce à la revue Esprit et au Nouvel Observateur) et dans plusieurs pays.
En 1968, il se met en congé de l'Eglise. S'il a été considéré comme un penseur subversif dans les milieux conservateurs, défendant des prises de position fondées sur la sociologie et l'économie politique, il n'a toutefois jamais fait l'objet de blâmes de la part de la hiérarchie catholique.
Ce globe-trotter parlait une dizaine de langues et était aussi connu pour des travaux de médiéviste. Il a enseigné (notamment l'histoire des idées au Moyen-Age) en Allemagne, au Japon, en Inde et aux Etats-Unis (à Berkeley et à la Pennsylvania State University où il était chargé d'un cours intitulé "Science, technologie et société"). Il a aussi été vice-recteur de l'université catholique de Porto-Rico.

Ces derniers mois, il partageait sa vie entre l'Allemagne et le Mexique.