|
origine : http://agora.qc.ca/textes/illich.html
Le livre n'est plus aujourd'hui la métaphore clef de l'époque:
l'écran a pris sa place. Le texte alphabétique n'est
plus que l'une des nombreuses manières d'encoder quelque
chose que l'on appelle désormais le "message".
Rétrospectivement, la combinaison de ces éléments
qui, de Gutenberg au transistor, avaient nourri la culture du livre
apparaît désormais comme une singularité de
cettte période unique et spécifique d'une société:
la société occidentale. Cela en dépit de la
révolution du livre de poche, du retour solennel à
la lecture publique des poètes, et de la floraison parfois
magnifique de publications alternatives réalisées
chez soi.
Désormais, la lecture livresque peut être clairement
reconnue comme un phénomène daté, et non comme
une étape logiquement nécessaire vers l'usage rationnel
de l'alphabet; comme un mode, parmi d'autres, d'interaction avec
la page écrite; comme une vocation particulière entre
beaucoup, cultivée par certains, d'autres s'orientant différemment.
[...]
Autour de 1150, trois cent ans avant l'usage des caractères
mobiles, se produisit une avancée technologique consistant
dans la combinaison de plus d'une douzaine d'inventions et d'aménagements
techniques par lesquels la page se transforma de partition en texte.
Ce n'est pas l'imprimerie, comme on le prétend souvent, mais
bien ce bouquet d'inventions, douze générations plus
tôt, qui constitue le fondement nécessaire de toutes
les étapes par lesquelles la culture du livre a évolué
depuis lors. Cette collection de techniques et d'usages a permis
d'imaginer le "texte" comme quelque chose d'extrinsèque
à la réalité physique de la page. Elle a reflété,
puis conditionné, une révolution dans l'acte de lire
qu'accomplissent les gens cultivés, et une révolution
dans la signification de la lecture à laquelle ils se livraient.
(pp. 8-10)
Ivan ILLICH, Energie et équité,
Paris, Editions du Seuil, 1973. Seconde édition dans la collection
Ol Techno-Critique dirigée par J.-P. Dupuy, au Seuil, 1975
(traduction de l'allemand par Luce Giard), 69 p., avec une annexe
de J.-P. Dupuy.
1973. Année de la Crise mondiale de l'énergie. Le
petit livre d'Ivan Illich arrive à point nommé.
"(...) il faut reconsidérer la réalité
que dissimulent les lamentations sur la crise: en fait, l'utilisation
de hauts quanta d'énergie a des effets aussi destructeurs
pour la structure sociale que pour le milieu physique. Un tel emploi
de l'énergie viole la société et détruit
la nature."
On le devine déjà, cet ouvrage ne sera pas un précis
d'écologie au sens habituel, qui s'épouvanterait devant
les atteintes portées à la nature par les déchets
trop nombreux et variés. Laissons cette tâche, nécessaire,
à d'autres, puisque les années septante n'en finissent
pas de lancer des cris d'alarme.
La médicalisation de la vie. Médecine et pouvoir
: en hommage à Ivan Illich
DUPUY Jean-Pierre
Article
Thèmes: Figures contemporaines; Santé, corps; Sciences
et techniques
La disparition d’Ivan Illich s’est produite au moment
où l’actualité de ses thèses s’illustre
à nouveau, en particulier dans le domaine médical.
Encore faut-il bien comprendre son refus du pouvoir médical,
qu’il ne faut pas confondre avec une contraignante responsabilisation
de chacun, mais procède d’une défense de la
liberté et de la recherche d’un art de vivre.
Ivan Illich est mort
Prêtre catholique devenu spécialiste des problèmes
éducatifs, Ivan Illich est mort. Il avait été
l'une des grandes figures intellectuelles des années 70.
http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=culture/20021203.OBS3563.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/
Ivan Illich, prêtre catholique devenu un spécialiste
des problèmes éducatifs, vient de décéder
à Brême (Allemagne) à l'âge de 76 ans,
a-t-on appris ce mardi auprès de l'éditeur Fayard,
précisant qu'il souffrait depuis longtemps d'un cancer.
"C'était un grand penseur, un homme d'une culture phénoménale",
a dit Henri Trubert, éditeur chez Fayard, qui publiera fin
2003 un inédit d'Illich, "La perte des sens", et
le début de ses oeuvres complètes en deux volumes.
Homme de toutes les cultures, il combattait toutes nos certitudes,
avait résumé un critique à propos d'Illich,
détenteur d'un passeport américain et auteur notamment
de "Une société sans école", "La
convivialité", "Némésis médicale",
"Le chômage créateur", "Le travail fantôme",
"Le genre vernaculaire", "H20" etc. Plusieurs
de ces ouvrages, épuisés en France, sont parus au
Seuil.
Né à Vienne (Autriche) dans une famille juive d'origine
russe, Ivan Illich a étudié la théologie et
la philosophie à Rome. En 1950, il s'installe comme prêtre
à New York, partageant la vie de la communauté portoricaine.
CIDOC
Il fonde au milieu des années 60 le Centre international
de documentation de Cuernavaca (CIDOC), au Mexique, spécialisé
dans "l'analyse critique de la société industrielle",
creuset de réflexions qui allaient, au tout début
des années 70, lui apporter le succès en France (grâce
à la revue Esprit et au Nouvel Observateur) et dans plusieurs
pays.
En 1968, il se met en congé de l'Eglise. S'il a été
considéré comme un penseur subversif dans les milieux
conservateurs, défendant des prises de position fondées
sur la sociologie et l'économie politique, il n'a toutefois
jamais fait l'objet de blâmes de la part de la hiérarchie
catholique.
Ce globe-trotter parlait une dizaine de langues et était
aussi connu pour des travaux de médiéviste. Il a enseigné
(notamment l'histoire des idées au Moyen-Age) en Allemagne,
au Japon, en Inde et aux Etats-Unis (à Berkeley et à
la Pennsylvania State University où il était chargé
d'un cours intitulé "Science, technologie et société").
Il a aussi été vice-recteur de l'université
catholique de Porto-Rico.
Ces derniers mois, il partageait sa vie entre l'Allemagne et le
Mexique.
|
|