|
Origine : http://carnets.opossum.ca/remolino/archives/2003/07/illich_la_techn.html
En relisant ce soir le quatrième chapitre du célèbre
« Une société sans école » d'Ivan
Illich (dont le nom était plus juste en anglais: Deschooling
Society), je m'émerveille de constater à quel point
ce texte, rédigé en 1970 préfigurait l'apparition
d'Internet et des carnets. Bien sûr, tout n'y était
pas, et l'utilisation que nous faisons actuellement des carnets
ne correspond pas tout à fait à ce que l'auteur souhaitait...
mais on est quand même pas trop loin.
Je note pour réflexion ultérieure cet extrait du
chapitre, intitulé « les réseaux du savoir ».
Il serait particulièrement intéressant de le mettre
rapport avec cette autre lecture au sujet des télévisions
communautaires du Venezuela.
--/ début /--
« Ce faisant, nous mettrons en place une " trame de
possibilités éducatives " par la présence
de ces quatre " réseaux ". Certes, ce dernier mot
prut prêter à confusion, puisqu'il est trop souvent
utilisé avec un sens différent. Il se condond parfois
avec des canaux de distribution que certains utilisent pour l'endoctrinement,
l'instruction et le divertissement, encore que ce thème s'applique
aussi au téléphone ou au service postal qui sont à
la disposition de ceux qui entendent communiquer. Il serait bon
de disposer d'un autre substantif, moins usé et qui ne suggère
pas l'idée d'un piège ou se prendre, mais à
défaut nous nous contenterons de celui-là, nous efforçant
de le rendre synonyme d'une sorte de trame ou de tissu éducatif.
Ce dont nous avons besoin, c'est de nouveaux réseaux, par
lesquels soient agrandies multipliées, les chances de chacun
d'apprendre et d'enseigner. Prenons un exemple pour éclairer
notre propos. Nous constatons qu'avec un même niveau de connaissances
techniques, on peut tout aussi bien fabriquer des postes de télévision
que des magnétophones. Tous les pays d'Amérique latine
disposent maintenant de chaînes de télévision,
bien que le nombre de récepteurs demeure faible. Ainsi, en
Bolivie, le gouvernement a fait construire une station de télévision
il y a six ans; or, le nombre de récepteur s'élève
à sept mille pour quatre millions de citoyens. L'argent dépensé
dans les installation de télévision d'Amérique
latine aurait suffi à mettre un magnétophone la disposition
d'un adulte sur cinq, tout en permettant la circulation d'un ensemble
considérable de bandes enregistrées, la mise en place
de stations d'écoutent et d'enregistrement dans les villages
les plus reculés, l'acquisition d'un nombre important de
bandes vierges.
En quoi, demandera-t-on, ce réseau de magnétophones
différeraient-ils du réseau actuel de télévision?
En cela qu'il rendrait possible la liberté d'expression:
que l'on sache ou non écrire, on pourrait enregistrer, répandre,
faire entendre son opinion. C'est tout le contraire du réseau
existant qui permet aux administrateurs ‹ qu'ils soient hommes
politiques ou enseignants ‹ de répandre sur tout le
continent leurs programmes supervisés par les institutions,
et qu'eux-mêmes ou les bailleurs de fonds jugent bons pour
le peuple.
Cet exemple suffirait à montrer que l'ont peut utiliser
la technique à deux fins opposées: elle servirait
tout aussi bien l'indépendance d'esprit et l'éducation,
au lieu d'être L'instrument de l'emprise bureaucratique et
de l'endoctrinement ».
(pp. 130-131)
|
|