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Origine : Mailing list m u l t i t u d e s - i n f o s
Mail du 25 09 2005
Confirmant les prédictions des analystes les plus lucides
-mais interdits de parole- sur les véritables desseins de
la direction israélienne dans l'opération de «
désengagement » de Gaza, l'armée de l'Etat juif
a repris au grand jour, depuis 48 heures, une offensive destinée
à écraser la résistance palestinienne à
l'occupation.
Les initiatives sanglantes suivantes se sont ainsi succédées
depuis jeudi :
- Jeudi : des militaires israéliens interviennent dans la
région de Tulkarem (nord-ouest de la Cisjordanie) et assassinent
trois membres de l'organisation Djihad Islamique ; il y a un mois
déjà, l'armée israélienne avait froidement
assassiné 5 jeunes (âgés de 16 à 18 ans
pour quatre d'entre eux, et de 26 ans pour le cinquième)
toujours à Tulkarem. De fait, l'armée israélienne,
si elle a par moments atténué ses opérations
depuis le début de l'année, n'a jamais respecté
de cessez-le-feu au cours de cette période, contrairement
aux différents groupes palestiniens, islamistes du Hamas
et du Djihad Islamique compris. Sans parler, bien évidemment,
de la poursuite effrénée de ses opérations
non directement militaires, qu'il s'agisse des expropriations, de
la construction du Mur, des check-points et bouclages redoublés,
des assassinats de paysans palestiniens sans défense par
les colons jouissant d'une totale impunité, des arrestations,
etc, qui sont le socle de son entreprise de destruction de la Palestine.
- Vendredi : en guise de représailles, aussi dérisoires
militairement que condamnables moralement car elles visent des populations
civiles, le Djihad Islamique de la bande de Gaza expédie
des roquettes vers la localité israélienne de Sderot
(à quelques kilomètres à l'est de la bande),
qui font quelques blessés (un blessé modéré,
cinq blessés légers). Il n'est pas inutile de rappeler
que les habitants de Sderot sont majoritairement des immigrants
pauvres (arrivés d'Ethiopie, notamment), que le gouvernement
a délibérément assignés à habiter
en « première ligne », c'est-à-dire à
portée de engins rudimentaires dont dispose la résistance
palestinienne armée dans la bande de Gaza.
- Vendredi toujours : une énorme explosion survient lors
d'une « parade militaire » du Hamas à Djabalyah
(nord de la bande de Gaza). Elle fait près de 20 morts (militants
du Hamas, simples spectateurs) et 80 blessés parmi la foule
de plusieurs milliers de participants. L'armée israélienne
dément toute responsabilité, et dit qu'il s'agit d'une
explosion accidentelle des roquettes brandies par le Hamas à
l'occasion de la parade. Mahmoud Abbas, président de l'Autorité
Palestinienne, propose la même version des faits, et affirme
que le carnage est imputable à l'irresponsabilité
du Hamas, lequel n'aurait jamais dû mettre des matières
aussi volatiles que les roquettes au contact de populations civiles.
Le Hamas déclare au contraire que l'explosion est due à
des tirs de missiles tirés par des drones en coordination
avec un hélicoptère israélien. Le Hamas ajoute
que les roquettes montrées dans ses rassemblements publics
sont factices (dépourvus de la moindre matière explosive),
et il exhibe une puce électronique, retrouvée sur
le corps de l'une des victimes, et qui aurait servi de balise pour
le déclenchement des tirs israéliens sur la foule.
Vrai ou faux ? Nous n'en savons évidemment rien, et on peut
de toutes façons s'interroger sur le bien-fondé, pour
la cause du peuple palestinien, de telles gesticulations militaires.
Mais il est symptômatique que les médias occidentaux
qui ont rendu compte du massacre -sans disposer, eux non plus, de
correspondants témoins de l'événement-, aient
très majoritairement omis de donner à leurs lecteurs
la version du Hamas, à coté des versions avancées
par Israël et Mahmoud Abbas.
- Toujours est-il que l'armée israélienne trouve
dans ces événements matière à poursuivre
l'escalade, avec la reprise des assassinats ciblés par hélicoptère
(contre des militants du Hamas), la multiplication des raids aériens
dans la bande de Gaza depuis samedi, le recours spectaculaire à
l'artillerie lourde contre le territoire de la bande (« dans
un premier temps, uniquement pour tester les canons et ajuster leurs
capacités », déclare cyniquement l'Etat-major),
le tout accompagné d'une vaste opération de ratissage
en Cisjordanie.
- Dans la nuit de samedi à dimanche, pour mieux souligner
aussi l'impuissance de « l'Autorité » palestinienne
à protéger sa propre population, l'armée israélienne
a procédé à des rafles massives en Cisjordanie,
arrêtant 207 « suspects » membres et sympathisants
réels ou supposés du Hamas et du Djihad Islamique.
Figurent parmi ces derniers des responsables du Hamas qui ont jusqu'à
présent fait plus que leur part du chemin en matière
de modération.
C'est notamment le cas de Mohamed Ghazal, professeur d'ingéniérie
à l'Université An-Najjah à Naplouse. Dans une
interview à l'agence Reuters (non reprise par les grands
médias abonnés à cette agence, malgré
son caractère très intéressant), Mohamed Ghazal
y déclare que la Charte du Hamas, texte datant de 1988 et
qui réclame la création d'un Etat islamique sur toute
la Palestine (entraînant, par conséquent, la disparition
de l'Etat d'Israël) n'est « pas le Coran », et
qu'elle est susceptible, elle aussi, d'être abrogée.
« Il est prématuré de parler de la reconnaissance
d'Israël tant qu'Israël ne reconnaît pas les Palestiniens
comme victimes », déclare ainsi Mohamed Ghazal. «
Mais notre Charte n'est pas le Coran, et nous pourrions négocier
avec Israël, à partir du moment où Israël
se retire des territoires conquis en 1967, c'est-à-dire Jérusalem-Est
et la Cisjordanie ». Cela permettrait, ajoute-t-il, la création
d'un Etat palestinien et le droit au retour des Palestiniens réfugiés
de 1948 ainsi que leurs descendants.
Le refus, dans la Charte du Hamas, de la reconnaissance de l'Etat
d'Israël, est le dernier instrument sorti par la propagande
israélienne pour exiger de l'Autorité Palestinienne
qu'elle interdise au Hamas de participer aux élections législatives
palestiniennes, annoncées pour janvier 2006. Rappelons, à
ceux qui seraient tentés de prendre au sérieux la
propagande du gouvernement israélien, que le Likoud, le parti
d'Ariel Sharon, s'est toujours opposé, dans sa propre charte,
à reconnaître le droit des Palestiniens à avoir
leur propre Etat !
Le gouvernement français est parfaitement au courant du
cours des événements, et de l'étranglement
inexorable du peuple palestinien. En fermant les yeux, ou pire,
comme il le fait, en saluant le « courage » des dirigeants
israéliens, il est directement complice des crimes commis
par ce dernier.
Olivia Zemor
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