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La démission d’une em… d’anarchaféministe

Je n’ai pas envie d’intellectualiser ma démission en faisant preuve de pédagogie parce que, contrairement à ce que m’a dit E du groupe « P B» (orthographe non garantie), je n’ai pas à faire preuve de pédagogie au sein d’une orga où nous sommes tou-te-s à égalité. Un pédagogue, si l’on s’en réfère à l’étymologie était, dans l’antiquité grecque « l’esclave qui amenait l’enfant au temple du savoir ». Je ne suis l’esclave de personne et surtout pas de ceux-celles que je considérais comme des compagnon-gne-s. Je n’ai pendant ces six années que j’ai passées à la FA, fait que défendre mes idées, parfois avec passion voire virulence mais jamais en manquant de respect ou en faisant preuve de violence. Pour moi, je considère qu’il y a une très grande différence entre l’agressivité, partie intégrante de notre personne et la violence : l’agressivité est « l’activité d’un sujet tournée vers l’extérieur et dans laquelle il s’affirme » ; la violence est « une contrainte illégitime, physique ou morale sur une ou des personnes ».

J’ai subi des violences au sein de cette organisation alors que quand j’y ai adhéré, je pensais y connaître la fraternité-sororité, l’entraide, l’anarchisme (c’est-à-dire pas de pouvoir abusif de certaines personnes sur d’autres).

Je ne vais pas continuer sur ce registre mais vous donner directement mon ressenti par rapport au vécu de ce congrès.


Je vais revenir sur l’agression violente qu’a subie A, lors de ce congrès, en écrivant exactement ce que j’ai vu, à charge pour vous de me croire ou non :

A est sortie de la salle du congrès en claquant une porte (pauvre porte qui a subi une violence insupportable !). J, du groupe « L S» de Rennes l’a poursuivie jusque dans les WC et l’a plaquée contre le mur. Moi, j’ai été tétanisée. Deux personnes, A et S se sont précipitées pour le neutraliser. F n’a non seulement rien fait mais a en plus tourné à la dérision l’agression subie par A lui faisant clairement comprendre qu’elle l’avait bien cherché. J n’a présenté aucune excuse à A mais lui a fait savoir qu’elle faisait ch… à claquer les portes et que le fait de claquer une porte justifiait cette agression. F n’a pas bronché. Quand je suis rentrée dans la salle pour demander un point d’ordre et expliquer ce que j’avais vu parce qu’A était encore sous le choc, je nous ai senti-e-s ridiculisé-e-s, dénié-e-s et ai eu la très nette impression que, une fois de plus, nous étions coupables : coupables d’exister, coupables de dénoncer des comportements violents. J’en veux surtout énormément à la majorité silencieuse, à tou-te-s ceux et celles qui n’ont pas bronché, ne sont même pas venu-e-s nous voir pour au moins s’informer.

Il me semblait avoir compris que chez les anars, la fin ne justifiait jamais les moyens ! Quelle belle preuve en a été faite lors de ce congrès ! (c’est ironique, au cas où vous ne l’auriez pas compris).

Je voudrais ajouter ceci : non, je ne serai plus jamais une caution féministe pour qui que ce soit, servant à animer des débats où il y a trois quart de mecs, quand par exemple les femmes sont au fourneau ! Ah, c’est vrai les choses ont évolué lors de ce congrès : les tâches étaient partagées, même si un tableau avec une organisation nous a été imposé, belle preuve d’esprit coopératif. Une garderie a été aussi organisée : en plein hall, dans le bruit, à charge pour les personnes qui l’animaient d’aller chercher les jouets dans une salle dont l’accès était interdit (dixit un des responsables de la maison de quartier que nous avons croisé). Que de progrès en matière d’anarchie quand le prix d’un repas coûtait huit Euros, un café un Euro, un pichet de vin idem, qu’aucun hébergement gratuit n’était proposé, etc. … !

Maintenant, je vais parler de tous les aspects positifs de ce congrès pour moi : la chaleur humaine que j’ai rencontrée auprès de personnes dont j’ai fait connaissance à la fois à « L C» maison de mes parents qu’il/elle nous ont prêtée, pas anars qu’il/elle sont, la douceur et la délicieuse présence de L, le bébé d’A et de N, les discussions passionnées, amicales avec J de l’OSL, M, J, R et celle avec le copain de Lyon dont j’ai oublié le prénom lors du seul repas que j’ai mangé à la maison de quartier ainsi que tous les autres échanges chaleureux avec plein d’autres personnes.

Je vais terminer mon texte de démission par un extrait d’une lettre écrite par mon frère à ses filles avant qu’il mette fin à ses jours : « ….je voudrais que vous… évitiez le piège dans lequel je me suis retrouvé, celui de la soumission aux autres, aux pressions de la société inhumaine dans laquelle il est si facile de se faire bouffer, parce qu’elle oublie l’essentiel : la solidarité, la compassion et l’amour des autres. »

Pour toi, Ch…. et pour tous les êtres que j’aime, je continuerai à militer à être anarchaféministe et je n’accepterai plus jamais d’être utilisée comme porteuse de banderoles porte parole d’une cause qui ne sert qu’à faire gonfler l’ego de certaines personnes, qui sont incapables d’essayer de mettre en actes les pensées qu’il/elle disent défendre.

Is@ anarchaféministe


PS : si vous le souhaitez, relisez le texte que j’avais envoyé dans le ML « Les femmes dans le militantisme »

PS 2 : « Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut rien entendre et pire aveugle que celui qui ne veut rien voir »


Ce texte a été écrit par Isabelle suite à ce qui s'est passé au Congrès Fa de Rennes au mois de Mai 2004