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MANIFESTE CONTRE LA CULTURE DE L'IRRESPONSABILITE AFFECTIVE

Objet: [grrrville] (sans objet)

Date: Dim 23 Mai 2004 22:32

MANIFESTE CONTRE LA CULTURE DE L'IRRESPONSABILITE AFFECTIVE

Je viens de relire le "Manifeste contre la culture", vraiment s'est bien écrit ! Tu as du y passer du temps, à y réfléchir, à le remanier, à articuler tout ça.
Moi aussi je peux te parler de culture d'un point de vue que tu n'as pas imaginé, que tu n'as jamais ressenti. Que tu ne peux pas imaginer ni ressentir. C'est normal et c'est simpliste, tu es un garçon.
Tu dis que s'est à chacunE d'écrire son manifeste.
J'écris le mien.


La Culture, s'est apprendre aux filles à se dévaloriser sans cesse.

La Culture, s'est apprendre aux filles à ne percevoir leur corps que par la souffrance, la violence, la séduction, le regard des garçons.

La Culture, s'est te rendre schizophrène jusqu'à tout mélanger. Tendresse, affection, sexe, viol, désir, consommation des corps, rapports de pouvoir.

La culture, s'est te clouer dans la tête que ton bien être ne peux pas venir de toi seule mais d'un prince charmant.
Et comme se serait trop simple si s'était juste ça, la culture pseudo subversive du milieu squat libertaire BLABLABLIBLABLABLA en rajoute une couche jusqu'à te faire hurler.

La culture pseudo subversive te fait croire que s'est facile de dépasser les questions de genre. D'en parler, d'abolir les rapports de pouvoir, de les renverser parfois, de les visibiliser, de les conscientiser et de le traduire en actes.

La culture BLABLABLIBLABLABLA te fait croire que le milieu squat est rempli de gens formidables, pas comme les "autres", pas comme à "l'extérieur". C'est vrai dans les squat il n'y a pas de violeurs.

D'ailleurs, la violence entre les gens n'est pas si genrée, il y a même des filles qui agressent des garçons. C'est normal, elles sont hystériques, comme toute bonne féministe qui fait chier son monde et qui appuie là où ça fait mal.

La culture underground bien pensante pseudo queer, elle te fait croire aussi que s'est légitime d'être irresponsable. De faire ce que je veux, quand je veux, parce que c'est cool d'être libre de toute contrainte, c'est subversif.

Moi ces cultures, qu'elles soient institutionnelles ou "subversives" je les vomis et les personnes qui pensent avoir tout compris avec.

Moi ma culture elle a grandi sur une violence intériorisée et subie. Elle ne veut plus se laisser invisibiliser et ridiculiser par des dominants qui ne disent pas leur nom.

"C'est plus compliqué", "c'est pas ça", "tu m'agresses", « démmerde toi », "j'y peux rien", "tu peux partir s'il te plait ?", "c'est trop simpliste", "les choses ont un sens en elles mêmes, pas besoin de les expliquer"....

SOUFFRE DANS TON COIN TOUTE SEULE COMME UNE GRANDE LAISSE MOI ETRE LACHE TRANQUILLE !

Ma culture à moi elle me donne envie de hurler, de dire que le viol est quotidien, que oui j'ai l'air joyeuse quand même et alors? Ma culture s'est être violente sans me laisser culpabiliser une fois de plus.

S'est éclater ma gentillesse et ma docilité à encaisser, si naturelles et tellement féminines.

Je ne suis pas toujours compréhensive. Je ne demande pas le droit de ne pas l'être, je le prends et je ne veux pas avoir à m'en justifier.

Je pête les plombs de trop de souffrance et alors? Je suis violente et alors? Les garçons qui ont l'air le plus doux peuvent aussi être violents sans que ça se voie. C'est insidieux et ça fait mal quand tu t'en rends compte.

Ca fait mal aussi quand "on" ne veut pas le reconnaître.

Pas besoin d'avoir toutes les marques extérieurs et bien visibles du "mâle dominant" pour continuer à se comporter comme un individu garçon construit.
Le nier s'est sauter des étapes.

S'est aussi se croire au dessus de ce que tu peux générer comme souffrance à partir du moment où tu relationnes affectivement avec quelqu'unE.

Je ne veux pas du couple.

Je ne veux pas de l'hétéronormalité.

Mais je ne veux pas me laisser piétiner pour de grandes théories derrières lesquelles on se cache. Dans lesquelles je ne trouve pas ma place si facilement.

Moi, s'est cette culture là que je me prends dans la gueule trop souvent.

Grenoble, fin mai 2004


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