Origine : http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=12507
Les centrifugeuses de l’Iran ont envahi les médias
: un danger, si l’Iran enrichit l’uranium il va pouvoir
faire des bombes à uranium.
C’est un raisonnement aberrant. La France, quand elle a testé
sa première bombe n’avait pas d’usine d’enrichissement.
Sa bombe était une bombe au plutonium. Plus tard quand l’Inde
a fait péter ses bombes elle n’avait pas d’usine
d’enrichissement. Quant à l’Irak lorsque Saddam
Hussein à la fin des années 70 a voulu sa bombe (la
« bombe républicaine » par opposition à
la « bombe islamique » voulue par Ali Bhutto au Pakistan)
il n’a pas cherché à développer l’enrichissement.
Il est évident scientifiquement que le plus facile pour
faire des bombes nucléaires c’est de recourir au plutonium.
Et pour en avoir, l’usine d’enrichissement n’est
pas nécessaire, le nucléaire civil suffit comme l’a
montré l’Inde. Mais il y a une autre possibilité,
celle de produire le plutonium à partir de « réacteurs
de recherche [1] ». Ils produisent des neutrons. Si on les
met en présence d’uranium (voire d’uranium appauvri
qu’on trouve facilement) ils le transformeront en plutonium.
L’extraction sera assez facile car il n’y aura pas beaucoup
de produits de fission à l’origine d’un rayonnement
important. (C’était le but caché d’Osirak,
vendu par la France à l’Irak).
Ce qui est curieux c’est qu’on nous abreuve avec les
centrifugeuses iraniennes alors que ce n’est certainement
pas la voie que les dirigeants iraniens ont choisie (à moins
qu’ils ne soient complètement incompétents ce
dont je doute fort). Ce qui est dangereux en Iran ce ne sont pas
ces centrifugeuses mais les réacteurs de recherche fournis
sans conditions et dont on ne parle guère. Bloquer les centrifugeuses
en Iran ne changera rien à la menace de prolifération.
Bien sûr il est difficile aux nucléocrates qui veulent
se justifier de ne pas être des vecteurs de prolifération,
de condamner les réacteurs civils ou les réacteurs
de recherche (la recherche scientifique c’est sacré
!).
Roger Belbéoch, physiciens,
extrait de la lettre Stop Nogent n°115, octobre/novembre 2007.
Pour l’Iran :
- En 1967 les USA ont fourni un petit réacteur de recherche
(TRR) de 5 MW près de Téhéran, pouvant produire
600 milligrammes de plutonium par an).
- En 1970 l’Allemagne a démarré un réacteur
à Bushehr, arrêté au début de la «
révolution islamique », remis en route avec coopération
russe en 1995.
- En 2004 construction à Arak d’un réacteur
de recherche (IR-40) de 40 MW thermiques qui sera achevé
en 2009. (Il pourra fournir 9 kg de plutonium par an).
Les lettres d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine
sont presque toutes disponibles sur le site :
http://www.dissident-media.org/stop_nogent
http://www.dissident-media.org/infonucleaire
[1] Dans le monde près de 600 réacteurs de recherche
et assemblages critiques ont été construits, il en
reste 255 en service dans 57 pays et environ 70 % de ces réacteurs
ont plus de 25 ans d’âge. (Contrôle n°128,
avril 1999).
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