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Origine : http://ecorev.org/article.php3?id_article=353
Quand dans les années 80/90, l’expulsion des squats
s’est intensifiée outre-Rhin et que les librairies
engagées ont perdu de leur élan, les "Infoladen"
("infokiosques") ont peu à peu fleuri aux coins
des rues. Boutiques aux vitrines militantes, elles sont aujourd’hui
le lieu de constitution de réseaux, de rhizomes, comme dirait
l’autre. S’y rencontrent des groupes "à
gauche de la gauche et non-dogmatiques", tel qu’on peut
le lire sur leur site ([http://www.infoladen.de->http://www.infoladen.de),
qui investissent le kiosque et l’animent. Un peu à
l’image de la Maison des Ensembles, par exemple, qui a existé
quelques années durant dans le quartier d’Aligre à
Paris. Le premier ingrédient indispensable à l’ouverture
d’un infokiosque, c’est un lieu accueillant. L’idéal,
bien sûr, c’est d’en avoir un de libre, prêté
par la mairie, par l’Etat, par un généreux donateur...
L’alternative, c’est de trouver un lieu vacant qui ne
demande qu’à être occupé.
A la recherche d’un lieu...
Tout d’abord, il faut prendre son temps, observer les locaux,
pendant six mois environ, se renseigner au cadastre, auprès
du voisinage - discrètement évidemment - sur l’identité
des propriétaires du lieu. Quant à la situation du
lieu, il est toujours préférable pour un infokiosque
d’avoir pignon sur rue pour accroître sa visibilité.
Lorsque vous aurez acquis la certitude que le lieu retenu est abandonné,
le mieux est d’y aller la nuit et de s’y installer.
Envoyez-vous auparavant une lettre à l’adresse de ce
futur domicile deux jours avant l’occupation (pensez à
mettre un nom sur la boîte aux lettres avant). Il y a une
protection de l’occupant sans droit ni titre, c’est-à-dire
du squatteur, si on peut prouver que celui-ci est dans les lieux
depuis plus de 48 heures. On ne pourra alors l’en déloger
qu’au terme d’une procédure d’expulsion,
qui prendra du temps... Afin de limiter les poursuites auxquelles
vous serez tôt ou tard confrontées, il est préférable
que vous trouviez la porte du bâtiment ouverte pour ne pas
être accusés d’effraction (c’est-à-dire
"le forcement, la dégradation ou la destruction de tout
dispositif de fermeture ou de toute espèce de clôture").
Pour réparer la porte et avoir vos propres clefs du bâtiment,
prévoyez des vis et des clous, un verrou et des loquets par
exemple, à poser sur la porte. Faites un peu de maçonnerie
pour que tout soit bien propre et bien solide, réparez les
fenêtres et veillez ensuite à bien entretenir la maison
pour ne pas être accusés de dégradations ou
destruction de biens privés. Pensez éventuellement
à faire des photos avant et après l’occupation
pour avoir des preuves du respect et de l’entretien des lieux.
Occupation du lieu
Il est important que des personnes logent sur place pour éviter
l’expulsion et la fermeture du lieu (sinon on n’est
pas protégé comme "occupant" sans droit
ni titre), prévoyez donc du matériel de couchage,
des lampes de poches, des bougies, de l’eau, de la nourriture,
etc. Dans les jours qui suivront l’occupation, il peut être
bon d’apporter quelques meubles pour insister sur le fait
que le lieu est habité. Faites ensuite installer une ligne
téléphonique par France Telecom, la réception
des factures facilitera d’autres démarches. Méfiez-vous
des incendies quand l’installation électrique est vétuste
: vérifiez le circuit, les fusibles... Il peut s’avérer
utile de distribuer des tracts dans les boîtes aux lettres
des voisins ou de coller des affiches dans le quartier, annonçant
votre décision d’ouvrir un infokiosque en ces lieux.
Sur la porte de la maison, affichez vos droits à l’attention
des forces de police, l’article 432-8 du code pénal,
par exemple : "Le fait, par une personne dépositaire
de l’autorité publique ou chargée d’une
mission de service public, agissant dans l’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de ses fonctions ou de sa mission,
de s’introduire ou de tenter de s’introduire dans le
domicile d’autrui contre le gré de celui-ci hors les
cas prévus par la loi est puni de deux ans d’emprisonnement
et de 30 000 euros d’amende." (Ordonnance nº 2000-916
du 19 septembre 2000 art. 3, Journal Officiel du 22 septembre 2000,
en vigueur le 1e janvier 2002) et renseignez-vous sur vos droits
en général sur le site http://www.legifrance.gouv.fr.
Les expulsions ne peuvent avoir lieu pendant la trêve hivernale
(1e novembre jusqu’au 15 mars environ), sauf si le préfet
prend un "arrêté de péril imminent"
ou d’"insalubrité". En cas d’intervention
des forces de l’ordre, d’huissiers ou de toute autre
personne souhaitant votre expulsion, évitez autant que possible
de les laisser pénétrer le lieu, en évoquant
l’article 432-8 et en ne leur donnant pas de justification
à une intervention violente. Et n’oubliez pas que vous
avez trouvé la porte ouverte en arrivant.
Ouverture de l’infokiosque
L’infokiosque peut avoir diverses activités : il peut
faire du prêt de livres, de vidéos, mettre à
disposition des tracts, de la documentation, organiser des débats,
des projections, des concerts, mettre à disposition une salle
informatique, proposer des formations, organiser des actions et
des manifestations. Les Infoladen allemands sont aménagés
pour accueillir du monde et proposent du thé et des boissons
à contribution libre. Le mieux est encore de prendre exemple
sur les activités proposées sur leurs sites (le Baobab
ou le Bandito Rosso à Berlin par exemple http://www.infoladen.de/
; ou centre culturel autogéré "Rote Flora"
à Hambourg http://www.roteflora.de), mais aussi sur ceux
des espaces autogérés français. Celui des Tanneries
à Dijon propose une zone de gratuité, un potager collectif,
une carpothèque, un laboratoire photo, un atelier vélos,
un projet éolienne, une salle d’exposition, un centre
d’aide juridico-pratique pour les squats...
Ouebographie
- L’Espace Autogéré des Tanneries, ouvert en
octobre 1998 à Dijon, est un lieu de vie collective et un
espace d’activités sociales, culturelles et politiques
qui s’inscrit dans une démarche anti-autoritaire et
anticapitaliste. Tel : 03 80 66 64 81, tanneries
chez squat.net, http://www.chez.com/maloka.
Ils animent un "atelier d’informatique populaire"
- http://print.squat.net
- L’Ekluserie est apparue à Rennes après l’expulsion
de La Marmite. Ils viennent d’être à nouveau
expulsés, le bâtiment a été détruit.
http://squat.net/fr/gallery/Ekluserie/
- Le site des infokiosques : Infokiosque.net
- Infoladen : http://www.infoladen.de
- Comment monter un squat de A à Z : http://squat.net/fr
- Les "squatteureuses" de Lille : http://lille.squat.net
(pour le matériel et les techniques d’ouverture de
bâtiments notamment).
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