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Origine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Institution_disciplinaire
Syntagme/concept proposé par le philosophe français
Michel Foucault pour penser un ensemble de lieux analogues (prison,
asile...) et particulièrement travaillé dans son livre
Surveiller et punir (1975). Le modèle « canonique »
est le panoptique de Jeremy Bentham. L'une des thèses les
plus fortes de Foucault est que l'augmentation et la généralisation
des libertés dans la Modernité se sont fondées
sur un régime disciplinaire et une normalisation ( le «
principe d'une homogénéité de la réaction
sociale ») qui sont restés pendant des siècles
presque « invisibles » pour la théorie.
* 1 Foucault/Goffman
* 2 Savoir/pouvoir
* 3 Références et compléments bibliographiques
* 4 Voir aussi
Foucault / Goffman
On peut le mettre en relation avec le concept d'institution totale
(ou totalitaire) proposé par le sociologue américain
Erving Goffman dans son ouvrage Asiles (1961).
L'analyse d'une institution disciplinaire montre à voir
concrétement un « dispositif de pouvoir », soit
un ensemble d'interactions sociales organisées autour d'un
équipement collectif essentiel dans le processus de mise
au travail industriel de la population.
Pour Foucault, le réel est produit : la grammaire, les discours,
la conversation, le langage, le jeu de rôles sont des pratiques
de pouvoir (ou de désir, au sens de Deleuze et Guattari)
et non des universaux communicationnels du rapport humain (comme
chez Habermas). Et ces pratiques renvoient à des «
dispositifs de pouvoir » (l'enseignement – la relation
maître-élève – à l'école,
la clinique – la relation médecin-patient – à
l'hôpital, le châtiment – la relation juge-condamné
– à la prison, etc.) qui ne sont pas seulement locaux,
en situation, particuliers : ces « dispositifs de pouvoir
», au contraire, sont ontologiquement constitutifs.
Il faut bien souligner que la microsociologie de Goffman s'approche
d'une définition du « dispositif ». Selon le
concept de « frame of reference » (Les cadres de l'expérience,
1974), le sens de la structure sociale surgit de la capacité
des acteurs à élaborer, observer ou violer les «
cadres » sociaux donnés. Le sens est donc structuré,
constitutivement, par un agir social. Mais l'action est «
dédramatisée ». Elle n'est pas comprise comme
rencontre/affrontement de différentes stratégies tantôt
de domination, d'assujettissement, de résistance qui constituent
des processus interactifs complexes de subjectivation à travers
des systèmes symboliques, communicatifs et normatifs, comme
nous le montre Foucault.
Savoir / pouvoir
A chaque fois donc, s'agissant de l'hôpital, de l'école,
de la prison, de la famille, le but de Foucault est en somme le
même : sortir d'une analyse centrée sur l'institution,
qu'elle soit définie dans sa matérialité ou
dans sa fonction, pour la réinscrire dans une « économie
générale du pouvoir » qui traverse la société
de part en part, et y configure des lieux où certains phénomènes,
comme la folie ou le crime, acquièrent une certaine objectivité,
deviennent à la fois prise pour un pouvoir et domaine de
savoir.
C'est ainsi que Foucault pouvait dire : pour moi, la folie n'existe
pas, et pourtant elle n'est pas rien. Tout au contraire, restituer
la chose qu'elle est, en tant que chose, suppose qu'on ne l'appréhende
pas comme un donné, comme quelque chose dont l'existence
semble acquise à l'intérieur de l'espace institutonnel
censé l'accueillir.
En ce sens encore, le passage par les disciplines, et donc par
ce « dispositif de pouvoir » qui ne se résorbe
pas dans l'instance de la loi, produit un nouvel effet d'ouverture
et de généralisation.
L'approche diachronique du pouvoir que propose Surveiller et punir
(de la souveraineté aux disciplines) se complexifie dans
le cours que Foucault tient au Collège de France en 1977
sur Sécurité, territoire, population avec l'introduction
du concept synchronique de « gouvernementalité »
(bien d'autres remaniements interviendront par ailleurs encore dans
la pensée de Foucault, qui pourront autoriser certains à
parler d'un « second » Foucault, celui du « Souci
de soi », émancipé du régime disciplinaire)
:
« Par gouvernementalité, j'entends l'ensemble constitué
par les institutions, les procédures, analyses et réflexions,
les calculs et les tactiques qui permettent d'exercer cette forme
bien spécifique, quoique très complexe de pouvoir
qui a pour cible principale la population, pour forme majeure de
savoir l'économie politique, pour instrument essentiel les
dispositifs de sécurité. Deuxièmement, par
"gouvernementalité", j'entends la tendance, la
ligne de force qui, dans tout l'Occident, n'a pas cessé de
conduire, et depuis fort longtemps, vers la prééminence
de ce type de "gouvernement" sur tous les autres : souveraineté,
discipline, et qui a amené, d'une part, le développement
de toute une série d'appareils spécifiques de gouvernement,
et, d'autre part, le développement de tout une série
de savoirs. »
C'était introduire le thème du « pastoralisme
».
Références et compléments bibliographiques
* Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison,
Gallimard, 1975
* Michel Foucault, Sécurité, Territoire, Population.
Cours au Collège de France. 1977-1978, Gallimard / Seuil,
2004
* Gilles Deleuze, « Post-scriptum sur les sociétés
de contrôle », in Pourparlers, Minuit, 1990
* Bruno Karsenti, « Le criminel, le patriote, le citoyen.
Une généalogie de l'idée de discipline »,
L'Inactuel, n°2, 1999
* Jean-François Laé, « La brebis blessée,
le troupeau et l'observation de l'homme », Cités, n°1,
2000
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