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Origine http://confluences.ifrance.com/textes/14withol.htm
Depuis une douzaine d'années, l'immigration est devenue
un thème central du débat politique, à l'échelon
national et local en France, mais aussi chez nos voisins européens
comme l'Allemagne, l'Autriche ou l'Italie. Confiné auparavant,
dans les années 70, à des débats de spécialistes
ou de militants, le thème a envahi la scène politique
au cours des années 80 en changeant quelque peu de nature:
l'approche économiciste (coûts/avantages) ou ouvriériste
(place des immigrés dans le mouvement ouvrier) a cédé
la place à l'approche politique, voire politicienne (maîtrise
des flux, réfugiés, citoyenneté-nationalité,
identité nationale) et culturelle (intégration, islam,
communautarisme, multiculturalisme ou assimilation). La décennie
90 semble, d'ores et déjà, marquée par de nouveaux
enjeux, à dominante plus géopolitique (l'Europe et
l'Islam, demandeurs d'asile dans le monde, allégeances et
ingérences, citoyenneté en Europe) ou au contraire
plus locale et domestique (familles, banlieues, exclusion).
Quelques stéréotypes envahissent les imaginaires
et les représentations collectives: ainsi, la fascination-répulsion
pour les prétendus modèles anglo-saxons ou américains
du ghetto ou du communautarisme à base ethnique ou religieuse.
Des amalgames se font jour autour du musulman, du délinquant
et du clandestin. Peu à peu, le débat politique tend
à fabriquer des prototypes, enfermant les populations concernées
dans des catégories et les assignant à des identités
exclusives et réductrices.
Ces mutations, tant qualitatives que quantitatives, de la place
de l'immigration dans le débat politique, sont révélatrices
de l'orientation des politiques migratoires vers des politiques
d'opinion, où les pouvoirs publics, tant en France qu'à
l'étranger, cherchent à satisfaire des mentalités
inquiètes, voire à donner l'impression de mener des
politiques radicalement différentes de leurs adversaires
tout en faisant sensiblement la même chose car la marge de
manoeuvre est faible. Comment le débat politique s'est-il
laissé progressivement enfermer dans ce cercle vicieux ?
Les années 70 : les travailleurs étrangers
Par delà la pauvreté du débat politique sur
l'immigration durant cette période et la rareté relative
des écrits, les années sont marquées par l'avènement
de la crise et le souci de maîtriser les flux de main d'oeuvre.
Quelques dates-clés caractérisent la période:
circulaire Marcellin-Fontanet du 23 février 1972 mettant
fin à la régularisation de tout étranger entré
sur le territoire sans autorisation de travail ni attestation de
logement, circulaire du 5 juillet 1974 suspendant l'immigration
de travailleurs salariés, rapport Le Pors 1976 sur les coûts
et avantages de l'immigration, mise en place de l'aide au retour
en 1977, débat sur la loi Bonnet relative au statut des étrangers
en 1979, ceux-ci étant régis dans le même temps
par un maquis de circulaires, notes, télex, qualifiés
parfois d'infra-droit. A l'actif du débat public, s'inscrit
cependant la loi de 1972 contre le racisme.
Dans cette toile de fond, les formes d'expression des immigrés,
qualifiés alors plutôt de "travailleurs"
ou d'étrangers, se modifient: les années 70 marquent
en effet l'émergence de conflits durs de l'entreprise (grèves,
lutte contre la résorption des bidonvilles, long conflit
de la Sonacotra entre 1976 et 1980, grèves de la faim des
clandestins et débuts de la mobilisation des "secondes
générations". Confusément, l'opinion et
les hommes politiques prennent progressivement conscience que l'immigration
n'est plus une simple force de travail traitée en haut lieu
en des termes technocratiques visant à dépolitiser
le débat, mais devient peu à peu un thème d'importance
nationale.
Quelques thèmes clés, à travers la presse
et les ouvrages de l'époque donnent la mesure du débat:
immigritude, tiers-mondisme, impérialisme, conscience de
classe, grèves "dures" et "exemplaires"
et luttes "sauvages" dans l'usine, dans la rue, pour le
logement, pour le droit au séjour, contre les expulsions,
contre le racisme, contre la circulaire Fontanet-Marcellin. Cette
effervescence donne souvent lieu à un plus large débat
sur la nature de la participation des immigrés à la
vie politique: expression sociale ou politique ? Renfort du salariat
intégré ou ferment de révolution ? Aliénation
politique ou figure de proue de la classe ouvrière ? Les
interprétations, souvent étayées par le relatif
succès des histoires de vies, vont des plus gauchistes aux
plus technocratiques.
Plusieurs discours s'en dégagent mais, quelles qu'en soient
les tendances et les interprétations, la plupart des univers
de référence qui définissaient alors le "travailleur
étranger", caractérisé à la fois
par sa place sur le marché du travail et son statut de non
national ont aujourd'hui largement disparu du débat politique:
point de musulman, ni de demandeur d'asile ni de clandestin, ni
de "secondes générations" (sauf tout à
la fin de la période), ni de "banlieues ghettos".
Les immigrés sont avant tout perçus comme des travailleurs
en instance de choix, non sans un certain décalage entre
les représentations et les données de fait, car ces
années marquent le développement de l'immigration
familiale et portent en germe la plupart des questionnements des
années 80. Les Portugais occupent souvent le devant de la
scène dans les conflits. On a eu trop tendance à l'oublier
depuis.
Les années 80 : beurs et musulmans
A bien des égards, les années 80 constituent des
années charnières, puisque cette période est
celle du passage du travailleur étranger aux "générations
issues de l'immigration" et d'une approche économique
à une approche politique et socio-culturelle du débat
public sur l'immigration. Des années de mutations profondes
aussi, marquées par la visibilité accrue de l'Islam,
la poussée associative, la mondialisation des flux migratoires,
de l'Est et du Sud et leur diversification (familles, élites,
classes moyennes, demandeurs d'asile, clandestins), sur fond de
chômage et de "galère" des banlieues. Des
années de questionnements enfin, car le modèle intégrationniste
a pour rival l'émergence d'identités collectives à
base communautaire de groupes qui veulent négocier collectivement
leur présence dans la société française.
Mais ces années de double politisation, du débat
sur l'immigration, profondément marqué par l'"effet
Le Pen" et des immigrés ou de leurs enfants comme acteurs
politiques, sont surtout celles d'un affrontement de valeurs, révélateur
d'interrogations profondes sur l'identité française,
la citoyenneté, l'égalité des droits ou le
droit à la différence, l'assimilation individuelle
ou le communautarisme comme outils de l'intégration, l'égalité
d'accès aux services publics ou les discriminations positives,
la place de l'Islam en France et en Europe, la maîtrise des
frontières ou la politique des quotas... non sans contradictions
et divergences de vues perturbant les lignes du clivage droite/gauche.
Le paysage politique qui sous-tend le débat public est lui-même
fort diversifié, à la mesure des avancées,
des revirements, des thèmes exacerbés, des questions
laissées en suspens. En bref, l'immigration a souvent tenu
lieu durant ces années de point central d'affrontement droite/gauche,
dans un contexte d'effritement des clivages idéologiques,
mais aussi de remise en question de ces clivages quand les politiques
publiques affichent un large consensus sur leurs objectifs et moyens.
Les débats de la période s'articulent autour de quelques
thèmes centraux: la liberté d'association, accordée
aux étrangers en 1981 et ses incidences sur le développement
de la "nouvelle citoyenneté", du "passage
au politique et du localisme dans le mouvement beur", la place
de l'Islam dans la société française, les liens
entre nationalité et citoyenneté.
En 1981, lors de l'arrivée de la gauche au pouvoir, la liberté
d'association figure parmi les 110 propositions du programme commun
(avec le droit de vote local des étrangers). Accordée
par la loi du 9 octobre 1981, elle met fin au décret - loi
de 1939 qui soumettait les associations étrangères
à une autorisation préalable du ministère de
l'Intérieur. Cette loi va favoriser le développement
d'un mouvement associatif jeune, où les franco-maghrébins
donnent le ton, inséré dans le tissu social des banlieues
urbaines et qui va promouvoir à la fois le thème de
la nouvelle citoyenneté contre le racisme, de l'intégration
de proximité grâce aux "intermédiaires
culturels", "hommes-frontières" et "personnes-relais",
mais aussi d'identités collectives à base ethnico-religieuse
et communautaire. Ces associations, financées essentiellement
par des fonds publics, ont constitué, avec quelques opérations
plus médiatiques (marches de 1983 et de 1984, fête
des "potes" à la Concorde en juin 1985), l'un des
instruments privilégiés de la culture "beur"
(jeune, métissée), de la promotion d'élites
associatives jouant à la fois sur les thèmes du civisme
et de la citoyenneté laïque et républicaine tout
en s'appuyant sur des réseaux de solidarité plus traditionnels
(ethniques, familiaux, religieux), et de la lutte contre le racisme.
On voit ici poindre l'un des points faibles du débat politique
sur l'immigration durant la période, oscillant entre le droit
à la différence (du début des années
1980) et le droit à l'indifférence (de la fin de la
décennie), entre l'intégration par la citoyenneté
et le communautarisme, sur un fond de durcissement général
du discours sur l'immigration à partir des élections
municipales de 1983.
Un autre événement a profondément marqué
le débat politique durant la décennie 1980-1990: c'est
l'émergence de l'Islam comme seconde religion de France,
un Islam qui désormais s'affiche publiquement et cherche
à asseoir sa présence sur le sol français,
à travers les conflits de l'automobile de 1983-1984, l'apparition
d'une demande d'Islam (salles de prière, marché de
la viande "halal", carrés musulmans dans les cimetières)
et les "affaires" (Rusdhie, foulard, guerre du Golfe).
C'est aussi dans l'opinion le constat qu'une partie importante de
l'immigration en France avait une religion, l'Islam: constat parfois
difficile à admettre pour certains, dans une société
laïque mais sur fond de culture chrétienne, en proie
à une crise d'identité face à une Europe en
construction et à l'effondrement d'une classe ouvrière
qui avait structuré les affrontements partisans pendant près
d'un siècle. Le contexte international, le vieillissement
en France des primo-migrants maghrébins qui ont abandonné
le mythe du retour, la désindustrialisation, la désyndicalisation,
le chômage ont aussi favorisé la recherche de points
de repère que l'Islam se propose d'offrir dans un mouvement
associatif qui a aussi bénéficié de la loi
de 1981. Si l'Islam tranquille domine, des mouvements fondamentalistes
et intégristes largement médiatisés (lors des
affaires Rusdhie en 1988 et du foulard en 1989) suscitent les peurs
et les fantasmes d'une opinion en proie à une idéologie
de plus en plus sécuritaire. De leur côté, les
pouvoirs publics ont reconnu que l'Islam n'était plus une
religion étrangère en France, pratiquée dans
la semi-clandestinité et ont essayé de mettre en place
des structures de dialogue.
Le troisième thème de débat emblématiques
des années 1980-1990 est celui de la citoyenneté et
de la nationalité. Si la revendication du droit de vote local
pour les étrangers résidents connaît un progressif
enfouissement à gauche car il ne fait pas l'unanimité
et est utilisé par la droite comme effet-repoussoir (notamment
lors de l’élection présidentielle de 1988),
elle a néanmoins eu pour mérite de dissocier dans
le débat la nationalité de la citoyenneté,
brèche qui sera confirmée constitutionnellement par
le traité de Maastricht. Quant au thème de la nationalité,
il fait l'objet d'une irrésistible ascension dans le débat
public, porté sur la scène politique par le Front
National dès 1985 ("Etre Français ça se
mérite", les "Français de papier",
les "Français malgré eux"), récupéré
par la droite qui cherche à transformer à partir de
1986, le débat sur l'immigration en un débat sur la
réforme du code de la nationalité par la nomination
d'une Commission des Sages en 1987, dont l'issue sera remise à
plus tard. De son côté, la citoyenneté va connaître
certaines faveurs moins passionnelles dans le discours politique,
mais au prix d'une certaine mystification, à droite comme
à gauche, sur son contenu: nouvelle citoyenneté participative,
dissociée de la nationalité et enracinée dans
la participation locale, chère aux beurs, et localisme des
banlieues, citoyenneté jacobine, citoyenneté de résidence
pour les adeptes du droit de vote local réunis autour du
collectif "J'y suis j'y vote" en lutte contre la démagogie
électoraliste qui se nourrit de l'absence des étrangers
aux urnes, citoyenneté du contrat social "revisité"
à droite autour des droits et des devoirs, suspicieux sur
le "vouloir vivre collectif" des franco-maghrébins.
D'autres thèmes forts, tel que l'anti-racisme ou l'inscription
des secondes générations sur les listes électorales
vont utiliser la citoyenneté comme support, tout en reposant
eux-mêmes sur des valeurs qui font l'objet de débats
de société au cours de la période: multiculturalisme
ou promotion des valeurs universalistes ? Intégration individuelle
ou négociation avec les communautés ?
Les années 1990 : banlieues, exclusion, maîtrise
des flux migratoires
Ces trois thèmes hantent le paysage politique français
des années 90. Les banlieues, d’abord, nouvelles figures
des "classes dangereuses", qui transforment le débat
sur l’immigration en un débat sur la ville, l’exclusion,
la crise de la citoyenneté et la montée des communautarisme.
Très présent sur la scène politique française,
ce thème l’est beaucoup moins chez nos voisins européens
et contribue à enraciner le débat politique dans une
dimensions à la fois locale et sociale. Après les
splendeurs et misères du mouvement beur et les désillusions
du passage au politique chez les leaders associatifs, la banlieue
donne une priorité aux débats concrets, valorise les
"expériences de terrain" et le travail social.
C’est en effet le lieu de toutes les expérimentations
relatives aux politiques de la ville (mises en place à l’aube
des années 90), mais aussi des plus grandes misères:
drogue, délinquance, Islam "dur", violence, morts,
en sans amalgames largement médiatisés. Des peurs
collectives se sont fait jour autour de quelques figures sociales:
le musulman intégriste, l’exclu, le délinquant,
dans un imaginaire nourri par un sentiment croissant d’insécurité
et d’individualisme, sur fond de chômage.
Le thème de l’exclusion, présent dans les débats
des années 70 à propos de la résorption des
bidonvilles, a fait une nouvelle entrée plus remarquée
dans le débat public à partir des années 90
car il est le symbole d’une cassure sociale et la fin de la
société de classes sur laquelle a fonctionné
le débat politique français depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale. Une société de classes moyennes avec,
à ses marges, des exclus, lui aurait ainsi succédé,
comportant son lot d’immigrés, noyés dans un
débat de société plus vaste et plus consensuel,
bien qu’ils servent encore, à l’extrême
droite de boucs émissaires, à en juger par le programme
électoral du candidat du Front National aux présidentielles
de 1995: "Trois millions d’immigrés rapatriés".
Quant au thème de la maîtrise des flux migratoires,
il fait partie de questions restées sans réponse,
à droite comme à gauche, mais il a pris une dimension
plus géopolitique et s'inscrit dans un débat largement
européen: l'Allemagne traversée en 1993 par la réforme
du droit d'asile et aujourd'hui par le débat sur l'ouverture
de sa nationalité aux résidents de longue date, l'Italie,
soucieuse d'afficher une crédibilité face à
ses partenaires européens devant l'afflux de l'immigration
clandestine, l'Autriche, plus récemment, agitée par
la xénophobie et confrontée, comme l'Allemagne à
des flux de l'Est et du Sud dans une Mitteleuropa retrouvée.
En France, les débats politiques se plaisent à répéter
qu'il ne peut y avoir d'intégration s'il n'y a pas maîtrise
des flux migratoires. Aussi, chacun promet de verrouiller les frontières
encore davantage que son adversaire ou prédécesseur,
pour satisfaire une opinion publique inquiète qui se croit
investie du rôle de "contrôler le contrôle":
une situation qui laisse entière la question ambiguë
de l'immigration clandestine, où l'économie est contre
la politique, car elle satisfait une demande structurelle sur le
marché du travail. La politique d'affichage quant à
la fermeture des frontières domine dans le débat politique,
bien que sa mise en oeuvre absolue soit impossible, ce qui continue
à alimenter les discours les plus xénophobes et crée
une fuite en avant dans la dialectique du contrôle et du verrouillage.
Depuis la fin des années 80, ce thème en alimente
un autre, hier peu politisé et aujourd'hui devenu central:
celui des réfugiés et demandeurs d'asile, qui focalise
des franges croissantes de l'opinion autour des "faux réfugiés"
entretenant une suspicion de fraude, de tricherie à propos
de groupes entiers de populations qui peuvent de moins en moins
être pris en compte au titre de l'application de la Convention
de Genève. L'accueil des demandeurs d'asile, intégrée
depuis peu parmi les instruments de maîtrise des flux, et
à tort, fait de surcroît partie aujourd'hui de la politique
d'opinion, qui caractérise le traitement de la question migratoire.
L'immigration, dans le débat politique français mais
aussi européen s'inscrit désormais dans une dimension
symbolique qui transcende largement les réalités:
symbolique de la réforme du code de la nationalité
en 1993, symbolique de la législation sur le séjour
des étrangers, symbolique de la réforme constitutionnelle
relative au droit d'asile fin 1993. Le jeu politique consiste à
suggérer que l'on fait quelque chose dans une logique de
l'offre et de la demande politiques.
Mais d'autres tendances du débat se profilent également,
apparemment contradictoires avec la politique d'opinion: celle du
refus du politique où soit on n'en parle pas (ainsi le thème
de l'immigration a été soigneusement évité
dans la campagne présidentielle pour l'instant), soit "c'est
du social" et les clivages classiques de la politique politicienne
n'auraient plus leur place. Cette évacuation du politique
est particulièrement notoire pour les questions relatives
à l'intégration locale, là où, pourtant
la dimension électorale est encore plus forte.
Enfin, par delà ces évolutions, se profile en filigrane
un thème politique, quoique souvent non-dit et plutôt
suggéré: le débat sur l'appartenance, central
dans la conception française de la citoyenneté, avec
des variantes autour de l'allégeance (code de la nationalité),
de l'ingérence (FIS et CIA, service militaire des franco-algériens),
des frontières intérieures, de l'Islam où l'ordre
externe viendrait contrarier l'ordre politique interne et reposent
la question: quelle citoyenneté?
Si l'immigration, depuis quinze ans a fait irruption dans le débat
politique français et européen, il semble que l'on
assiste aujourd'hui à un certain épuisement de l'utilisation
de ce thème comme enjeu politique. Ne serait-il devenu qu'un
enjeu politique fictif, après avoir tenu lieu de ligne de
clivage idéologique artificiel?
Catherine Withol de Wenden
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