Dans larticle « Squats : lutter ou se légaliser ? »
de la revue Cette Semaine #80 (mai-juin 2000), il est question du défunt
squat du 3, rue Saumaise, à Dijon. Entre le 10 octobre 1999 et
le 4 avril 2000, ce squat aura vécu de grands moments, des hauts
et des bas, une expérience mémorable pour plusieurs dentre
nous. Cette expérience est réduite en quelques lignes peu
représentatives dans larticle précité. Il est
question de « dérives » (pas au sens situationniste
du terme, mais de glissement dun radicalisme vers un réformisme
qui serait propre aux squats de Dijon - ??? -), de respect du code de
procédure pénale et de pacifisme, le tout regroupé
dans une « illusion réformiste »
Lauteur sait-il bien de quoi il parle ? Le Saumaise, cétait
environ une dizaine de personnes, pas forcément toutes sur la
même longueur dondes. Un collectif hétéroclite
constitué de personnalités bien différentes les
unes des autres. A partir de là, si les tracts et affiches du
Saumaise étaient réalisés collectivement, ils létaient
rarement par tou-te-s en même temps (surtout que plusieurs dentre
eux ont été faits dans le speed, donc sans beaucoup beaucoup
de concertation, on peut le déplorer mais cest quand même
vachement vachement mieux que si on navait rien fait faute de
temps ceci dit, vive la démocratie directe quand même
!).
Tout cela signifie quinévitablement, sur plus dune
dizaine de tracts et affiches signés des habitant-e-s du 3, rue
Saumaise, on peut trouver des contradictions (notamment dans nos réactions
rapides aux brutalités policières, à la justice
bourgeoise et aux calomnies médiatiques, période située
entre le 20 mars et fin avril, où nous nous sommes efforcé-e-s
de réagir en conséquence dune répression
assez intense).
Rédigé dans lurgence (après que lun
dentre nous se soit fait péter la gueule par les flics),
la première version du tract sur les brutalités policières
du 20 mars évoque en effet le fait que nous respections «
le code de procédure pénale ». Ceci a ensuite été
très vite discuté puisque dans les heures/jours qui ont
suivi, une deuxième version du même tract est parue sans
cette précision (cest dailleurs celle-ci qui a été
la plus diffusée). Par contre, les deux versions disent que «
les squatteurs et squatteuses de Dijon se sont toujours montré-e-s
pacifiques ». Doctobre 1999 jusquau tabassage policier
du 20 mars 2000, cela était vrai. Nous navions offensé
physiquement aucun membre des forces de lordre. Cela pouvait être
intéressant de le signaler à la population. Mais contrairement
à ce qui est écrit dans larticle de Cette Semaine,
nous navons jamais dit être « pacifistes » (et
soyons clair-e-s, nous ne le sommes pas !).
Il suffit de se reporter aux tracts et affiches que nous avons fait
depuis octobre 1999 pour lire que nous nous sommes toujours revendiqué-e-s
squatteuses et squatteurs (entre autres !), que nous remettons en question
la propriété privée, que nous essayons de vivre
nos idées, de critiquer le système actuel par la pratique,
etc.
Les tensions avec la police ne datent pas du 20 mars, nous y sommes
confronté-e-s depuis louverture du squat (et cela encore
maintenant car lacharnement policier ne sest pas miraculeusement
envolé après lexpulsion
) et dans notre tract
annonçant les manifs, fêtes et débats que nous organisions
entre le 16 et le 20 mars, nous naffirmions pas par hasard que
« ni la police ni les juges ne [feraient] taire les occupant-e-s
du Saumaise ».
Quant à la légalisation, les négociations, «
lillusion réformiste » ou autre logique dintégration,
il nen a jamais été question pendant lexistence
du squat du 3, rue Saumaise. Si la police, la justice, le proprio et
les mass-media locaux nous ont autant fait chier, cest sûrement
parce que nous leur posions problème quelque part, non ?
Comme nous lécrivions fin mars dans notre texte relatif
aux violences policières : « Squatter est une pratique
en rupture radicale avec la vie que nous propose le système capitaliste
et patriarcal. Il semble que la police veuille nous écraser,
pour nous empêcher de diffuser nos idées, et parce que
nos pratiques sont la preuve que lon peut sorganiser nous-mêmes,
sans chefs, sans institutions ni subventions ».
Face à lhostilité étatique, beaucoup de
gens se sont montré-e-s solidaires du Saumaise, nous aurions
aimé que Cette Semaine se montre solidaire également plutôt
que de se lancer dans des approximations peu constructives
Ceci
étant, bonne continuation !
UNE EXPULSION = PLEIN DOUVERTURES !
Dijon, juin 2000
Des habitant-e-s du défunt 3, rue Saumaise et des solidaires
mécontent-e-s
P.S. : Précisons juste (histoire quon ne nous fasse pas
de procès dintention) que nous ne sommes pas seulement
contre les violences policières, nous pensons que « lexistence
même de la police est intolérable » (extrait du tract
« Il est chargé ton pistolet, monsieur le policier ? »,
fin avril 2000).