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Origine : http://www.minorites.org/article.php?IDA=86
Les attentats tragiques du 11 septembre 2001 ont eu pour conséquence
d'établir une association entre terrorisme et immigration,
de mettre en avant la sécurité de la patrie et de
soulever la question de l'allégeance des citoyens d'origine
étrangère envers les Etats-Unis. Plus que jamais la
devise nationale « E Pluribus Unum » semble être
défiée. Des rhétoriques sur l'ennemi intérieur
reprenant les métaphores de la cinquième colonne ou
de la tumeur cancérogène [1] reviennent dans les discours
qui font pression sur les communautés pour qu'elles exprimentleur
loyauté envers les Etats-Unis. Le hyphen-American (l'Américain
à trait d'union) qui caractérisait l'identité
américaine [2] semble dorénavant se rabattre sur sa
composante américaine WASP mettant ainsi au défi les
discours sur le multiculturalisme et la diversité.
Avant le 11 septembre, la politique américaine de sécurité
portait essentiellement sur la lutte contre la drogue (War on drugs),
le contrôle des flux migratoires illégaux aux frontières
et la lutte contre la criminalité à l'intérieur
du pays. Dans cette configuration, pour un agent de la Border Patrol
[3] ou de l'INS [4], les ressortissants des pays comme la Colombie,
le Pérou, Cuba, le Salvador et le Mexique constituaient les
figures de l'ennemi du Sud contre lequel il fallait protéger
les Etats-Unis. Quant aux cibles de la « sécurité
domestique » [5], les communautés noires et hispaniques
(essentiellement mexicaines) étaient dans la ligne de mire
aussi bien pour la lutte contre la criminalité, les «
incivilités » que pour les préoccupations de
sécurité identitaire. Cependant, avec l'arrivée
au pouvoir des administrations Bush aux Etats-Unis et Fox au Mexique,
un nouvel élan libéral et relativement moins sécuritaire
voulait être donné à la politique d'immigration
en provenance du Mexique. Les deux présidents s'efforçaient
de contrer les voix dissonantes dans leurs administrations respectives
pour modifier la perception du travailleur mexicain aux Etats-Unis
et pour lui permettre de traverser la frontière en toute
légalité. Une loi d'amnistie prévoyant la régularisation
des milliers de clandestins mexicains était sur le point
d'être signée par le président américain
et le passage des frontières allait être facilitée
pour certaines catégories de Mexicains par l'octroi de nouveaux
documents.
Mais, les attentats du 11 septembre ont profondément modifié
ce paysage mettant au premier rang des préoccupations sécuritaires
la lutte contre le terrorisme, non plus à l'extérieur
du pays comme c'était le cas auparavant, mais à l'intérieur.
C'est le « terrorisme domestique » défini dans
la nouvelle législation antiterroristePatriot Act du 12 octobre
2001 comme « toute activité qui est destinée
à intimider ou à contraindre les populations civiles,
influencer la politique du gouvernement par intimidation, ou coercition
et affecter la conduite du gouvernement par destruction massive,
assassinat ou enlèvement et qui survient essentiellement
à l'intérieur de la juridiction territoriale des Etats-Unis
» [6] qui devint alors l'objet focal autour duquel vont se
déployer les dispositifs de protection et de surveillance.
Dans cet objectif, un concept de sécurité qui était
utilisé jusque-là par les militaires, la « homeland
security » (sécurité de la patrie) fut mis en
avant. Celui-ci signifie non seulement sécurité du
territoire mais aussi de la communauté d'appartenance politique
et culturelle réunissant ainsi les dimensions sécuritaires
culturelles et émotionnelles.
Par sa dimension sécuritaire, la lutte contre le terrorisme
porte sur l'identification (le profiling) et la surveillance d'une
nouvelle catégorie de personnes à risques, la restriction
de la politique d'immigration, le renforcement des contrôles
des frontières et l'augmentation des pouvoirs des polices
fédérales et locales ainsi que des militaires. Elle
se caractérise également par une dimension symbolique
jouant sur les croyances, les émotions et les valeurs [7].
Mais nous verrons que les mesures adoptées dans ce dispositif
ne sont pas vraiment neuves. En effet, certaines avaient déjà
été adoptées dans la législation précédente,
mais non pas appliquées, d'autres étaient en discussion
mais avaient été repoussées par l'administration
Bush qui voulait normaliser ses relations avec le Mexique.
Depuis les attentats, avec l'idée d'un ennemi intérieur
infiltré et silencieux, d'une sorte de cinquième colonne,
l'attention s'est focalisée sur les communautés musulmanes
et les ressortissants des pays du Moyen-Orient arabe et de l'Asie
Centrale. Ceux-ci constituent désormais les nouvelles catégories
à risques à identifier, à déceler, à
surveiller, à contrôler ou à enfermer. Ce changement
de cible semble s'accompagner d'une transformation des critères
d'exclusion et d'inclusion des communautés au sein dela nation
américaine. Dorénavant l'expression de la loyauté
envers la patrie semble constituer un élément important
des critères de l'inclusion. Ainsi, parmi les communautés
celles qui étaient marginalisées jusque-là
comme les Africo-Américains ou les Hispano-Américains
cherchent à témoigner leur solidarité avec
la patrie en s'appropriant des symboles et des rituels du patriotisme
comme le drapeau et les serments de loyauté. Mais, comme
l'affirme Michael Walzer, le patriotisme américain est toujours
tendu et nerveux en raison de la présupposition de déloyauté
envers les « Américains à trait d'union »
(hyphen-Americans) suspectés de double allégeance
(envers leurs pays d'origine et les Etats-Unis) [8]. Ainsi la crainte
d'un manquement de loyauté en terme de trahison [9] s'accompagne-t-elle
d'un renforcement des pressions de patriotisme et de la mise en
place des techniques de mesure et des modalités de sanction
[10].
Dès lors, comment l'association entre les étrangers
et le terrorisme affecte-t-elle les communautés en général
et la communauté mexicaine en particulier ? Quels sont les
effets de la nouvelle définition du terrorisme et de la sécurité
de la patrie sur les pratiques de désignation de l'ennemi
? Comment celles-ci influencent-elles les pratiques de surveillance
? Comment les exigences de loyauté touchent-elles les conceptions
d'allégeance et de citoyenneté ?
Terrorisme et immigration
La loi Patriot établit clairement un lien entre terrorisme
et immigration. Mais il convient de remarquer que cette association
ne vise plus les clandestins comme c'était le cas jusque-là
dans les discours et législations sécuritaires. Cette
fois-ci les cibles sont les étrangers entrés sur le
territoire des Etats-Unis avec un visa en règle fourni par
un des consulats américains au Moyen-Orient ou en Europe.
Les critiques portent non seulement sur les dysfonctionnements du
système d'attribution de visas mettant en cause le département
d'Etat et l'INS, mais aussi sur l'absence de coopération
entre les agences comme la CIA, le FBI et l'INS. Quant aux bénéficiaires
de ces visas, on leur reproche d'abuser de l'hospitalité
et de la tolérance américaines. Cependant cette focalisation
sur les immigrés légaux en provenance des pays du
Moyen-Orient et d'Asie Centrale ne doit pas masquer la poursuite
de la référence à l'immigration clandestine
dans les jeux politiques et électoraux au niveau local. Ainsi,
à la veille des élections du gouverneur, qui auront
lieu en 2002 dans certains Etats, il n'est pas rare de voir des
candidats désigner dans leurs discours les immigrés
clandestins d'origine hispanique comme des terroristes potentiels
dont il faut se protéger [11].
Il faut noter que l'association entre l'immigré et le terroriste
n'est pas neuve. Elle s'inscrit dans le processus de construction
de l'image de l'ennemi intérieur qui prend plusieurs figures
en fonction des contextes et des enjeux différents. Les figures
du démon sont « le subversif », « l'inassimilable
», « l'anarchiste », « le syndicaliste »,
« le communiste » et « le révolutionnaire
» [12]. Sa généalogie est aussi ancienne que
la formation des Etats-Unis et est établie dans la conjonction
de plusieurs législations comme les lois anti-immigrées,
les lois anti-syndicales, les lois anti-communistes et les lois
anti-terroristes. Ainsi, dès les premières lois désignant
les étrangers comme des ennemis dangereux - telles que les
Alien and Sedition Acts de 1798 adoptées pour faire face
aux idées de la Révolution française [13] -
le lien discursif entre l'étranger et le subversif est posé.
Il convient de remarquer que dans l'esprit des autorités
américaines, la notion de subversif n'était pas pourvue
d'une définition précise. Cette indétermination
leur permettait de bénéficier d'une grande marge de
manœuvre dans leur pratiques de désignation et d'énonciation.
Ainsi, le subversif n'avait pas de visage ou pouvait prendre plusieurs
visages. La tâche des autorités consistait donc à
le démasquer, le désigner, le surveiller et le punir.
Cela pouvait aller des lois sur la restriction de l'immigration
comme celles de 1872, 1904 et 1924 aux lois sur la discrimination
des étrangers comme la Chinese Exclusion Actde 1872 et l'enfermement
des Japonais en 1941 après Pearl Harbour. Vers la fin du
XIXe siècle, l'association entre l'immigré, le subversif
et l'anarchiste s'est manifestée dans des lois anti-sociales
et anti-anarchistes de la période de 1845-1929 dont l'aboutissement
tragique a été l'affaire Sacco-Vanzetti. Au XXe siècle,
dans la psychose anti-communiste des années 1950, l'ennemi
c'est le communiste infiltré dans l'administration fédérale
et dans la société civile, c'est le traître
qui agit pour le compte de l'URSS qui veut affaiblir les Etats-Unis
et le monde occidental. Dans cet esprit, sous Reagan, la lutte contre
le terrorisme devient une stratégie politique pour réduire
l'influence de l'URSS. Avec la fin de la guerre froide, l'ennemi
prend la figure du guérillero, de l'insurgé, du révolutionnaire,
du trafiquant de drogue, du trafiquant d'armements, de l'agent des
« Etats-voyous », etc. Il convient de noter que ces
diverses figures ont toutes une historicité particulière
et relèvent de procédés argumentatifs et énonciatifs
différents. Mais, elles ont en commun de construire une représentation
de l'ennemi qui se déplace de l'extérieur vers l'intérieur,
qui s'infiltre pour s'opposer à l'Etat et au corps social.
Dans les années quatre-vingt dix, le lien entre l'immigré
et le terroriste a été établi dès le
premier attentat contre la World Trade Center à New York
en 1993. Les auteurs de cet attentat étaient rentrés
sur le sol américain avec un visa en règle et, de
plus, ils avaient le statut d'étudiant. Ainsi donc, dans
les débats qui avaient suivi cet événement
jusqu'à la loi sur la lutte contre le terrorisme (Antiterrorism
and Death Penalty Act) [14] adoptée en 1996 par l'administration
Clinton, cette association discursive avait constitué un
point focal du dispositif antiterroriste. Par ailleurs, il convient
de rappeler que cette loi avait été adoptée
dans la même année que deux autres lois concernant
les étrangers : la loi sur l'immigration (Illegal Immigration
Reform and Immigrant Responsibility Act)et la loi sur le welfare(Personal
Responsibility and Work Opportunity Act) qui refusait à certaines
catégories d'immigrés le bénéfice des
droits sociaux. Ces législations et les discours qui les
avaient accompagnés avaient donné lieu à l'établissement
d'un « continuum de menaces » reliant un certain nombre
de phénomènes hétérogènes comme
l'immigration, la criminalité, le terrorisme et l'abus des
droits sociaux en instaurant entre eux des liens d'interdépendance
et d'évolution [15].
De même, ces dispositifs avaient créé une nouvelle
catégorie de personnes à risques : les étudiants
étrangers. Quand on compare les législations, nous
pouvons voir que les mesures adoptées par la nouvelle loi
Patriot sur les étudiants étaient déjà
contenues dans la loi de 1996. Comme aujourd'hui, la loi avait prévu
une vigilence accrue sur les visas étudiants ainsi que la
constitution par l'INS d'un fichier portant sur l'inscription des
étudiants étrangers dans les établissements
scolaires et sur les programmes d'échange (Student and Exchange
Visitor Program). Elle avait également prévu la constitution
par l'INS d'une base de données nationale portant sur les
entrées et les sorties de tous les touristes et immigrants
non-résidents à long terme. Comme de nos jours, les
discours qui avaient accompagnés ces lois avaient proposé
l'adoption d'un moratoire sur les visas étudiants et des
quotas par nationalités pour limiter le nombre des étudiants
admis à entrer aux Etats-Unis. Mais après la publication
de la loi, ces mesures n'avaient pas été appliquées
en raison des problèmes budgétaires et des luttes
entre les agences comme l'INS, la Border Patrol et le Département
d'Etat qui n'étaient pas vraiment enclins à partager
ni leurs informations, ni leurs fichiers avec d'autres départements.
Ainsi la base de données portant sur les entrées et
les sorties n'avait été établie qu'à
titre expérimental dans un seul aéroport local et
le fichier des étudiants n'avait pas vu le jour.
Mais il convient de noter que la référence au terrorisme
n'avait pas continué à jouer un rôle pertinent
dans les discours sur le continuum sécuritaire. Malgré
les attentats terroristes de 1993, de 1995 et de 1998, le terrorisme
n'occupait pas une place prépondérante dans les préoccupations
de sécurité intérieure des Etats-Unis. Comme
en témoigne le rapport de 2001 de l'INS au Congrès
sur la stratégie de contrôle de la frontière
du Sud, les termes « terroriste », « terrorisme
» et « terreur » n'étaient nullement mentionnés.
Le terrorisme n'était pas une politique privilégiée
de l'administration Clinton [16] et était plutôt limitée
aux discours de certains agences comme la CIA qui cherchaient à
prouver leur utilité dans le contexte des changements induits
par la fin de la bipolarité. La préoccupation principale
était la lutte contre la drogue et l'immigration clandestine.
Il importe également de rechercher les raisons de la dévalorisation
de ce phénomène par rapport aux autres secteurs de
la sécurité dans la perception américaine du
terrorisme qui prévalait jusqu'à 11 septembre 2001.
En effet, comme le souligne Louise Richardson, les Américains
avaient une conception internationale et non transnationale du terrorisme
c'est-à-dire comme une force délibérément
dirigée par des gouvernements étrangers contre les
Etats-Unis [17]. Ils avaient désigné des Etats voyous
(rogues states) comme la Libye, l'Iran, l'Irak, Cuba, la Syrie,
la Corée du Nord comme pouvant émettre des attaques
terroristes. Mais cette labellisation ne faisait que territorialiser
une menace qui était diffuse, et empêchait de l'appréhender
dans son caractère transnational. Au fond, ils n'avaient
pas porté une attention véritable à la déterritorilisation
des réseaux terroristes qui était devenue un élément
tactique central de la dissémination de la violence. De même,
ainsi que l'ont soulevé de nombreux auteurs comme Amos A.
Jordan, les politiques américaines s'étaient focalisées
sur les possibles attaques terroristes contre les intérêts
américains à l'étranger mais avaient sous-estimé
les actions terroristes qui pouvaient avoir lieu sur le territoire
américain [18]. Car dans la mentalité des autorités
américaines, le territoire des Etats-Unis était une
« île bien protégée que les terroristes
n'oseraient pas attaquer ». Dans cette logique de sanctuarisation,
il fallait plutôt se préoccuper de la protection des
intérêts et des citoyens américains à
l'étranger.
Ceci étant, il convient de noter que dans les pratiques
de face à face impliquant les immigrés ou les américains
non-WASP et les agences de sécurité et même
les agences administratives, cet amalgame discursif entre terroriste/immigré/criminel
avait donné lieu à des comportements discriminatoires
et abouti à des refoulements à la frontière
ou à des expulsions. Comme le rappelle le National Council
of la Raza (NCLR) [19], dans son rapport rendu lors des discussions
précédant l'adoption de la nouvelle loi Patriot, la
législation de 1996 avait eu des conséquences négatives
sur les communautés en général et hispaniques
en particulier [20]. En effet, cette dernière avait été
l'objet des pratiques d'identification discriminatoires basées
sur l'utilisation des critères d'ethnicité. De plus,
ce genre de pratique n'avait pas seulement été l'unique
apanage des polices locales et fédérales mais aussi
des associations privées de citoyens qui s'étaient
auto-déléguées les fonctions d'application
de la loi et de protection du pays en partant à « la
chasse au Mexicain ». Le NCLR dénonce notamment les
actions des groupes armés comme les Bob's Boys à San
Diego ville et Roger's Airport Posse à l'aéroport
de San Diego.
A contrario, la Federation for the American Immigration Reform
(FAIR) [21] connue pour ses positions anti-immigration ne peut que
se réjouir de ce retournement de situation. Aujourd'hui,
elle revendique avec force les propositions qu'elle n'avait cessé
d'émettre sur l'arrêt de l'immigration en provenance
des pays du Sud et les dispositifs à adopter pour contrôler
les frontières et surveiller les personnes [22]. Il est intéressant
de noter que ses propositions ne sont pas différentes des
nouvelles mesures adoptées par l'administration Bush. A titre
d'exemples, on peut citer la demande d'établissement sous
l'égide de l'INS, d'une base de données des entrées
et des sorties des étrangers du sol américain qui
serait accessible par le département d'Etat et la FBI, la
création du fichier des étudiants, l'établissement
d'une coopération plus opérationnelle entre toutes
les agences de sécurité (locales, au niveau de l'Etat
et fédérales). La FAIR propose également l'adoption
du permis de conduire comme carte d'identité, l'établissement
d'un système électronique de vérification d'identité
par l'employeur, le renforcement des dispositifs de contrôle
aux frontières, l'adoption des technologies de surveillance
sophistiquées, l'écoute des conversations téléphoniques
et l'interception des messages électroniques, bref presque
tout ce qui vient d'être adopté par la loi Patriot.
De même, d'autres organismes comme le Center for Immigration
Studies de Mark Krikorian ou l'AmericanImmigration Control Foundationbasée
à Monterey ont ressorti de leurs tiroirs les propositions
de restriction de l'immigration et de la réforme des organismes
qui sont en charge comme l'INS. Ainsi la réforme de cette
dernière ne tarda pas à venir. L'INS a été
divisé en deux bureaux avec deux fonctions différentes.
Les missions de police ont été attribuées au
Bureau of Immigration Enforcement responsable des contrôles
aux frontières, de l'arrestation des clandestins, de leur
détention ainsi que du renseignement. Les missions de naturalisation
et d'intégration des immigrés légaux ont été
attribuées au Bureau of Immigration Services.Ces deux bureaux
ont des personnels différents mais restent liés au
directeur de l'INS.
De la surveillance des frontières à la surveillance
des personnes
La loi Patriot prévoit de renforcer les contrôles
aux frontières ainsi que la surveillance des « personnes
à risques » à l'intérieur du territoire.
Il convient de rappeler que jusqu'à maintenant, quand les
autorités évoquaient la notion de frontière,
ils se polarisaient plutôt sur la frontière avec le
Mexique et n'attribuaient pas de fonction de sécurisation
à la frontière du nord avec le Canada [23]. Contre
9000 agents patrouillant la frontière du sud, la Border Patrol
n'avait déployé que 334 agents à la frontière
du nord. Mais avec les attaques du 11 septembre cette perception
de la frontière canadienne a changé. De frontière
sans dangers jusqu'à lors, elle est devenue frontière
poreuse permettant l'entrée des personnes à risques
sur le territoire américain. La conséquence de ce
changement est non seulement l'envoi des Border Patrol au nord,
mais aussi l'exercice d'une pression sur le gouvernement canadien
pour qu'il modifie sa politique d'immigration considérée
trop laxiste par les Américains.
Par tous les moyens l'Amérique est ainsi à la recherche
des personnes à risques qui porteront atteinte à son
territoire, son intégrité, sa sécurité
et son identité. Seulement, l'identification de cette catégorie
est difficile et peut entraîner une confusion entre les activités
d'antiterrorisme, de surveillance et de lutte contre la criminalité.
La définition large attribuée au terrorisme et à
l'activité terroriste par la loiPatriot, ainsi que le flou
qui entoure la définition exacte des missions de la sécurité
de la patrie (homeland security) risquent de placer dans la catégorie
des personnes à risques de nombreux individus qui a priori
n'ont rien à voir avec ces activités, ainsi que leurs
familles et entourages. Certaines organisations de défense
des libertés et des droits des communautés, n'ont
pas hésité à relever ce risque qui à
coup sûr portera plus sur les étrangers que sur les
Américains WASP. Comme nous l'avons déjà signalée
plus haut, la loi fait des étrangers les principaux suspects
des actions terroristes et adopte des mesures sévères
à leur égard comme la détention préventive.
Dorénavant les étrangers suspectés de terrorisme
pourront être gardés à vue pendant sept jours
sans l'autorisation du juge, et cette période pourra être
étendue à six mois. Ainsi, le National Council of
La Raza, a attiré l'attention sur les conséquences
discriminatoires de cette législation sur les communautés
musulmanes et hispaniques en mettant en garde contre les dangers
du racial profilingdont les Hispaniques ont été des
cibles pendant des années [24]. En effet, cette technique
couramment employée par les agences de sécurité
locales, étatiques et fédérales au motif de
lutte contre la drogue, l'immigration clandestine et la criminalité
a généralisé les pratiques d'identification
par l'ethnicité et la race. Nous dirons avec Gérard
Noiriel que cette « tyrannie de l'apparence » relève
d'une logique ancestrale d'identification où la physionomie
est le seul critère pour distinguer le bon citoyen de l'ennemi
[25]. L'apparence physique, la façon de parler, de se comporter,
les traits du visage sont considérés comme les signes
permettant de déchiffrer la personnalité d'un individu.
C'est ainsi que pour les agents de l'INS, « un comportement
nerveux, un mauvais anglais, une transpiration excessive, etc. »
sont des critères suffisants pour identifier une personne
à risques.
Si pendant longtemps le caractère discriminatoire du profiling
a été dénoncé par les organisations
de défense des communautés et de protection des libertés
civiles, il semblerait que depuis les attentats du 11 septembre,
la généralisation de cette technique est acceptée
par de nombreux acteurs. Quant au vide juridique qui entoure cette
pratique du fait que la Cour Suprême ne se soit pas vraiment
prononcée sur elle, les autorités proposent de se
référer à la proposition de la juridiction
d'instance qui demande à évaluer son utilité
pour le bon déroulement d'une enquête [26]. Ainsi,
il est admis qu'il serait dans l'intérêt du gouvernement
d'utiliser le profiling comme méthode de prévention
des actes de terrorisme dans les aéroports et les lieux publics.
Il convient de remarquer que la légitimation du profilinga
eu pour conséquence de modifier les critères d'identification
des « insiders » et des « outsiders » [27].
Ainsi, avec la désignation des arabo-musulmans comme nouvelle
figure de l'ennemi, il semblerait que le profilingsoit accepté
par les communautés qui en étaient les cibles précédentes
comme un moyen de se transformer en insiders. Selon un sondage Gallup,
71% des Africains-Americans, seraient favorables à la pratique
du profilingcontre les Arabes. De même, ils seraient 64% à
vouloir la création d'une carte d'identité pour les
musulmans [28].
Contrôler les entrées et sorties sur le territoire,
identifier, déceler l'ennemi infiltré, surveiller
les personnes suspectes, protéger l'infrastructure, prévoir
les attaques terroristes de toutes sortes semble faire partie des
missions attribuées à la sécurité de
la patrie. Mise en avant à la hâte au lendemain des
attentats, la homeland securitysemble instaurer un lien entre les
préoccupations de sécurité intérieure
et la défense liée au territoire national. Elleapparaît
ainsi comme un quadrillage sécuritaire du territoire américain
par les militaires, les policiers et les services de renseignement.
Elle implique environ 46 agences de sécurité (locales,
étatiques et fédérales) comme les militaires,
la CIA, le FBI, l'INS, les douanes, les services de renseignement,
etc. dont la mission de coordination est attribuée à
l'ancien gouverneur conservateur de Pennsylvanie, Tom Ridge. La
question qui se pose est de savoir comment des services et des départements
aussi différents ayant des pratiques de travail divergentes
vont pouvoir collaborer ensemble sans mettre en avant des prises
de positions différenciées. De même, comment
cet effort de centralisation ira-t-il de pair avec le renforcement
des pouvoirs du ministère de la justice (et de l'intérieur)
[29] qui semble occuper une place prépondérante dans
la structuration de la politique de lutte antiterroriste ? Déjà
les polices fédérales ont vu renforcer leurs prérogatives.
Ainsi le FBI, dont la tâche est de surveiller les individus
et les groupes sur le sol américain, est amené à
procéder à des écoutes téléphoniques,
intercepter des messages électroniques [30], pénétrer
dans des lieux d'habitation et faire des fouilles. Certaines autorités
locales à l'instar du gouverneur de Californie veulent même
étendre ces prérogatives aux polices locales [31].
Même si la définition exacte de ses missions n'est
pas clairement précisée, la homeland security, n'est
pas un concept nouveau. En effet, si elle n'apparaît pas dans
le Dictionnaire Militaire du Département d'Etat à
la Défense (DoD), elle a été couramment employée
par les militaires et étudiée par de nombreux Think
Tank à Washington comme un moyen de détecter l'ennemi
et de faire face aux menaces possibles à l'encontre du territoire
des Etats-Unis. Elle n'est pas synonyme de la sécurité
nationale portant sur la sécurité des intérêts
américains à l'étranger, mais est employée
au sens de sécurité intérieure. La mission
qui lui est assignée est « la défense des populations
civiles de tout ennemi sur le sol américain et inclut, pour
ce faire, tout ce qui va du contrôle des frontières
à la protection des infrastructures vitales et stratégiques
comme l'électricité, l'eau ou les usines chimiques
» [32] Avec la Homeland security, il s'agit de territorialiser
la sécurité et de lui donner une dimension émotionnelle
et culturelle du fait de sa mission de protéger la patrie.
Plus que la sécurité du territoire, la homeland security
est donc la sécurité de la patrie et joue sur les
ressorts affectifs du patriotisme. C'est d'ailleurs un concept qui
est inscrit dans la constitution américaine et réitéré
dans de nombreux documents de sécurité dont le Joint
Vision 2020 du Pentagone [33] ou le rapport de la Commission sur
la sécurité nationale préparée par les
anciens sénateurs Gary Hart et Warren Rudman [34].
Cette focalisation sur la sécurité de la patrie est
accompagnée par l'adoption des politiques symboliques comme
les cours d'instruction civique ou les propositions pour instaurer
un service militaire à court terme pour les élèves
des collèges et des lycées [35].
La mise en avant d'un processus symbolique est révélateur
pour un pays comme les Etats-Unis où comme le rappelle Michael
Walzer le concept de patrie n'existe pas dans le sens qu'il revêt
en France ou en Europe [36]. Se référant rarement
aux événements historiques, le patriotisme américain
est construit autour de symboles comme le drapeau, l'hymne national
ou la constitution. En nous référant aux travaux de
Philippe Braud, nous dirons que l'intelligibilité de ces
symboles apparaît à travers des processus culturels
de socialisation où les dispositifs de pouvoir interviennent
pour tenter de faire prévaloir les interprétations
particulières [37]. Dans le contexte des attentats tragiques,
les symboles se trouvent investis par des flux affectifs qui sont
fréquemment sollicités pour susciter des émotions
favorables à la défense de la patrie. Cependant ce
processus ne se limite pas à la création d'un sentiment
d'appartenance à la patrie, mais il donne lieu à une
certaine représentation de la loyauté. Il met en place
une série de tests pour vérifier qui est loyal, qui
est déloyal, qui est pro-Américain qui est anti-Américain.
Et ce test se mesure par des critères symboliques de comportement
politique, social et individuel.
Les Mexicains sous pression
Dans ce contexte de suspicion, les discours sur l'ennemi évoquent
plus que jamais les allégeances micro communautaires et soulignent
les menaces qu'elles peuvent faire peser sur l'Etat en terme de
loyauté. Ainsi, les Américains attendent que les minorités
soutiennent sans condition leurs efforts dans la lutte antiterroriste
et qu'elles expriment leurs engagements pour la défense de
leurs valeurs. Pour tester ceci ils construisent des images de loyauté
et d'hostilité.
Dans cet environnement les Mexicains subissent une pression plus
forte du fait de la proximité des Etats-Unis avec le Mexique,
de leur nombre élevé, surtout en Californie, et aussi
de l'ambiguïté de leurs représentations dans
l'imaginaire des Américains.
Comme nous l'avons mentionné dans l'introduction, avant
les attentats du 11 septembre, le président Bush était
sur le point de promulguer une loi d'amnistie libéralisant
la politique d'immigration que les Etats-Unis avaient mené
pendant des décennies vis-à-vis du Mexique. Depuis,
non seulement ce projet est devenu une illusion pour des milliers
de Mexicains mais le renforcement des contrôles de la frontière
et l'adoption des techniques de surveillance pour déceler
l'ennemi les a remplacés dans le champ des politiques de
sécurité d'où ils n'étaient pas vraiment
sortis.
A cela il faut ajouter le test de loyauté auquel ils sont
soumis en tant que ressortissants du pays voisin s'ils sont immigrés,
en tant que citoyens américains s'ils sont naturalisés.
Une grande pression pèse sur eux pour faire preuve de leur
adhésion à la lutte contre le terrorisme. Sur ce point,
les Américains accusent le Mexique de mener une « politique
ambivalente » quant à son engagement auprès
des Etats-Unis. Pour cela, ils énumèrent un certain
nombre d'exemples de manquement à la loyauté. Ainsi,
ils lui reprochent de n'avoir pas observé une minute de silence,
de n'avoir pas exprimé publiquement leur douleur face à
la tragédie. Ils rappellent que les députés
mexicains ont critiqué le soutien de Vicente Fox et de son
ministre des affaires étrangères Jorge Castañeda
à la lutte américaine contre le terrorisme en arguant
que cela mènerait à une perte de la souveraineté
mexicaine [38]. De même, certains journaux ont reproduit des
sondages d'opinion selon lesquels deux tiers des Mexicains seraient
contre le soutien de leur gouvernement à la guerre contre
l'Afghanistan. Bref, c'est une image du Mexique comme « fair-weather
friend » (l'ami des bons jours) qui a commencé à
être diffusée. Face à ces critiques qui ont
parfois pris des proportions virulentes le National Council of La
Raza qui représente les communautés hispaniques et
chicanas a demandé au président Fox d'exprimer son
soutien total à la lutte contre le terrorisme.
Cette pression sur le gouvernement mexicain rend les Mexicains-Americains
plus vulnérables aux demandes de loyauté. Pour manifester
leur solidarité ils déploient des drapeaux, collectent
des fonds pour aider les victimes ou la Croix Rouge, etc. tout comme
les autres communautés qui ressentent cette pression.
Mais, ce sont en fait les clandestins qui souffrent plus de cette
situation. Pendant les mois qui ont précédé
les attentats, dans l'espoir d'une amnistie, ils avaient intensifié
leur processus d'intégration sociale en inscrivant leurs
enfants à l'école, en ouvrant des comptes bancaires,
etc. Mais avec la fabrication de l'association discursive entre
l'immigration et le terrorisme et le renforcement des mesures de
contrôle et de surveillance ils n'ont pas d'autre choix que
de retourner dans la clandestinité. D'autant plus que, profitant
du retournement de situation, les associations anti-immigrées
sortent des chiffres exagérés sur le nombre des clandestins
aux Etats-Unis qui atteindrait des proportions qui n'avaient pas
été mentionnées jusqu'à maintenant.
Alors qu'il y a un an, ce chiffre tournait autour de 4 millions,
aujourd'hui selon les estimations du Center for Immigration Studies,
il serait en fait de 8 millions [39].
La conséquence de toutes ces pressions et constructions
de représentations négatives est d'insécuriser
les rapports avec les personnes d'origine mexicaine ainsi que les
relations avec le Mexique. Dans cette atmosphère, le gouvernement
mexicain s'est empressé de copier la politique sécuritaire
américaine en arrêtant sur son territoire des ressortissants
du Moyen-Orient et d'Asie Centrale et en renforçant les contrôles
à sa frontière du sud avec Guatemala et Belize (Plan
Sur). Il convient de rappeler que cette mesure était depuis
longtemps demandée par les Etats-Unis qui faisaient pression
sur le Mexique pour que celui-ci devienne une première ligne
de défense contre le trafic de drogue en provenance de l'Amérique
du Sud [40]. Mais les autorités mexicaines ne voulaient pas
endosser la responsabilité d'une politique répressive
contre la drogue d'autant plus que les Américains refusaient
de modifier leur politique vis-à-vis du Mexique. Or, il semblerait
que la stratégie de Vicente Fox arrivé au pouvoir
en 2001 après 71 ans de règne du PRI (Parti Révolutionnaire
Institutionnel) est de nouer une coopération avec les Etats-Unis
dont l'objectif final n'est pas de constituer une première
ligne de défense contre le terrorisme ou la drogue mais de
former une communauté de sécurité avec les
Etats-Unis et le Canada à l'image des accords de Schengen
de l'Union Européenne. C'est dans cet objectif qu'il propose
d'adopter les dispositifs de lutte antiterroriste comme le profiling,
la lutte contre le blanchiment d'argent, le partage du renseignement,
le renforcement des contrôles à la frontière
sud et la collaboration policière. Mais au-delà d'une
stratégie de désécurisation des rapports avec
les Etats-Unis, peut-on interpréter ce projet comme s'inscrivant
dans la formation d'une nouvelle configuration mondiale caractérisée
par une coopération en matière de sécurité
intérieure entre des gouvernements (y compris les «
peu fréquentables ») et des agences de sécurité
? Une proposition allant dans ce sens est avancée par Graham
Allison, qui préconise l'établissement d'une coopération
étroite entre les Etats-Unis et l'URSS pour faire face au
terrorisme de masse destruction qu'il appelle « mégaterrorisme
» [41]. Ou bien, n'est-il pas une illusion de synergie qui
apparaît en temps de crise ? En tout cas, on peut relever
avec Ulrich Beck, que les discours sur la coopération transnationale
en matière de lutte contre le terrorisme s'accompagnent d'un
renforcement soudain du rôle de l'Etat au détriment
des politiques néo-libérales de privatisation, de
dérégulation et d'unification par le marché
[42]. L'Etat retrouve sa fonction hobbesienne de garant légitime
de sécurité et intervient dans l'économique
pour faire face à la menace d'effondrement des marchés
après les attentats. Longtemps minimisé par les marchés,
le politique fait son retour. Cependant parviendra-t-il à
se libérer du cadre référentiel de l'Etat territorial
et se transnationaliser comme le souhaite Ulrich Beck ? Cela mènera-t-il
à une invention transnationale du politique à travers
des réseaux d'agences de sécurité et de surveillance
? En tout cas Quoiqu'il en soiton peut dire que le risque immédiat
est la transformation de la coopération transnationale en
matière de sécurité en un dispositif de sécurisation
où des législations d'exception deviendront une norme
et où les libertés civiles et publiques seront profondément
affectées.
Ayse Ceyhan
Sources: http://www.conflits.org/article.php3?id_article=546
Notes:
[1] . Sur ces rhétoriques, voir le n°44 de Cultures &
Conflits : Construire l'ennemi intérieur, Paris, L'Harmattan,
automne 2001.
[2] . Sur le multiculturalisme et le melting pot voir Denis Lacorne,
La crise de l'identité américaine, Paris, Fayard,
1997.
[3] . Police des frontières.
[4] . Immigration et Naturalization Service, organisme fédéral
dépendant du Ministère de la Justice - et de l'Intérieur
- (Department of Justice), dont la mission est de s'occuper des
affaires d'immigration et de naturalisation.
[5] . Rappelons qu'aux Etats-Unis, l'expression sécurité
intérieure n'est pas utilisée, car elle renvoie à
la commission sur la « sécurité intérieure
» créée pendant le maccarthysme pour réprimer
les comportements politiques anti-américains.
[6] . H.R. 3162 Uniting and Streghtening America by Providing Appropriate
Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism (USA PATRIOT
ACT) of 2001, Titre VIII, section 802.
[7] . Voir Daniel Hermant, Didier Bigo, « Les politiques
de lutte contre le terrorisme : enjeux français » in
Fernando Reinares (ed), European Democracies Against Terrorism,
Aldershot, Ashgate 2000 et aussi, Xavier Crettiez, Le terrorisme,
violence et politique, La Documentation Française, coll.
Problèmes politiques et sociaux, n° 859, 29 juin 2001
; Isabelle Sommier, Le terrorisme, Paris, Flammarion, coll. dominos,
2000.
[8] . Pour l'historicité de ces notions aux Etats-Unis,
voir Ayse Ceyhan, « La fin de l'en-dehors : les nouvelles
constructions discursives de l'ennemi intérieur en Californie
», Cultures & Conflits, Construire l'ennemi intérieur,
op. cit.
[9] . Michael Walzer, « What Does It Mean to Be an American
? », Social Research, Fall 90, vol. 57, n°3. Pour une
critique du patriotisme, voir : Martha Nussbaum, For Love of Country.
Debating the Limits of Patriotism, Boston, Mass, Beacon Press, 1996.
[10] . Sur ces questions voir Josepha Laroche (dir.), La loyauté
en relations internationales, Paris, L'Harmattan, 2001.
[11] . L'exemple de la campagne du procureur général
de la Caroline du Sud est particulièrement révélateur.
« Condon's comments concern Hispanic groups », The State,
Columbia S.C., October, 12, 2001.
[12] . Ayse Ceyhan, « La fin de l'en-dehors… »,
op. cit.
[13] . Il s'agit de quatre lois adoptées en 1798 pour contrer
les idées dites subversives de la Révolution française
et pour empêcher la naturalisation et l'installation dans
le pays des étrangers dits « subversifs ».
[14] . Cette loi avait été élaborée
suite à l'attentat du World Trade Center en 1993 qui avait
fait 6 morts et à l'attentat de Murrah Building à
Oklahoma City qui avait entraîné la mort de 168 personnes
en 1995.
[15] . Ayse Ceyhan, « La fin de l'en-dehors… »,
op. cit.
[16] . Ce n'est qu'en 1998 que l'administration Clinton décida
de la nomination d'un coordinateur de lutte antiterroriste (Counter
Terrorism Coordinator) au Conseil de Sécurité Nationale
(NSC).
[17] . Louise Richardson, « Terrorist as Transnational Actors
» Terrorism and Political Violence, London, vol.11, n°4,
Winter 1999. Pour un extrait voir Xavier Crettiez, op. cit.
[18] . Amos A. Jordan, William J. Taylor Jr., and Lawrence J. Korb,
American National Security, Baltimore, The John Hopkins University
Press, 1989, p. 579. Voir également, Sam C. Sarkessian, US
National Security, Boulder, Lynne Rienner, 1995.
[19] . Créée en 1968, la NCLR est un organisme privé
qui représente les communautés hispaniques auprès
du Congrès américain. Doté d'une grande capacité
de lobbying, cet organisme réunit en son sein environ 250
associations locales.
[20] . Statement on Terrorism, Immigration and Civil Rights, October
12, 2001, (http://nclr.policy.net/proactive/newsroom/release).
[21] . Organisation qui prône un moratoire sur l'immigration
ainsi qu'une modification de la loi limitant le nombre d'immigrés
admis sur le sol américain. Fondée en 1979, elle s'inspire
des thèses nativistes et s'oppose à l'immigration
non-européenne pour des raisons culturalistes et identitaires.
Elle est très influente en Californie, auprès des
politiciens, des agences de sécurité et des associations
locales.
[22] . Voir Immigration Control : A handbook of Recommendations.
What Must Be Done in the Aftermath of the New Super Terrorism, September
20, 2001.
[23] . Voir Ayse Ceyhan, « Etats-Unis : frontière
sécurisée, identité(s) contrôlée(s)
», Cultures & Conflits, n°26-27, Paris, L'Harmattan,
1998.
[24] . Statement on terrorism, immigration and civil rights, op.
cit.
[25] . Gérard Noiriel, Etat, nation et immigration. Vers
une histoire du pouvoir, Paris, Belin, 2001, p. 317.
[26] . Audition au Carnegie Endowment for International Peace sur
Terrorism and Immigration, September 24, 2001.
[27] . Pour une analyse sociologique voir Howard S.Becker, Outsiders.
Etudes de sociologie de la déviance, Paris, Métailié,
1985.
[28] . The New Republic, 24. 10. 2001.
[29] . Attorney General.
[30] . Selon la loi Patriot, la durée de validité
de ces provisions est de cinq ans.
[31] . San Francisco Chronicle, 08.01.2002.
[32] . Michael Dobbs, « Homeland Security : New Challenges
for an Old Responsibility », ANSER, November 1st, 2001.Voir
aussi, David Walker, Homeland Security : A Framework for Addressing
the Nation's Efforts, Washington, GAO/01-11581, 2001 et «
Homeland Security, Challenges and Strategies in Addressing Short
and Long Term National Needs », GAO/02-1605, 2001.
[33] . Sur le plan organisationnel, ce document prévoit
une coopération inter agences pour la poursuite des missions
de la défense de la partie. Chairman of the Joint Chiefs
of Staff, Washington, DC, June 2000.
[34] . Statements of Senators Gary Hart and Walter Rudman, US Congres,
15.10.99, et Executive Summary of US Commission on National Security
Report, 10.10.2001.
[35] . Chronicle for Higher Education Daily News, 11.02.2001.
[36] . « What Does it Mean to Be an American ? », op.
cit.
[37] . Philippe Braud, Les jardins de délice démocratique,
Paris, Presses de la FNSP, 1991 et Manuel de sociologie politique,
Paris, L.G.D.J, 1994.
[38] . « Mexico, Fair-Weather Friend », Los Angeles
Times, 14.10.2001.
[39] . Center for Immigration Studies, 25.10. 2001.
[40] . Randy Willoughby, « Immigration, Race and Security
on the California-Mexico Border », in Alan Swedler and James
Scott (eds), Border Region in Functional Transition, IRS, Berlin,
1996.
[41] . « Could Worse be Yet to Come ? », The Economist,
01.11. 2001.
[42] . Ulrich Beck, « Globalization's Chernobyl »,
Financial Times, 05. 11. 2001 (Une traduction de cet article a été
publiée dans Le Monde du 18 novembre 2001).
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