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Origine :
http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=44315:pr-ibrahima-thioub-historien--l-la-pratique-esclavagiste-laisse-des-traces-dans-notre-vie-contemporaine-r&catid=140:actualites
L’Ecole doctorale Etudes sur l’homme et la société (Ethos) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et le Centre international de recherche re : work de l’Université Humboldt de Berlin organisent, depuis hier et ce, jusqu’au 31 janvier prochain, une académie d’été sur « Le travail dans les sociétés post esclavagistes : genre et générations ». La conférence inaugurale a été introduite par le Pr Ibrahima Thioub, historien et recteur de l’Ucad.
« Le travail dans les sociétés post esclavagistes : genre et générations ». C’est le thème de l’académie d’été organisé par l’Ecole doctorale Etudes sur l’homme et la société (Ethos) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et le Centre international de recherche re : work de l’Université Humboldt de Berlin. Cette rencontre de six jours, ouverte hier, a été marquée par la conférence inaugurale du Pr Ibrahima Thioub, historien et recteur de l’Ucad, qui a axé sa communication sur « Les sociétés post esclavagistes : idéologie et travail, l’exemple de la Sénégambie ».
Dans sa communication, M. Thioub a expliqué que des traces et le poids esclavagistes pèsent encore sur les sociétés africaines contemporaines, malgré les politiques abolitionnistes. « La pratique esclavagiste laisse des traces dans notre vie contemporaine. Que ce soit au Sénégal, en Mauritanie, en Guinée, en Gambie, au Niger ou ailleurs dans le reste du monde », a-t-il souligné. Selon lui, dans les sociétés où il y a une division du travail basée sur la servilité, il est difficile d’abolir l’esclavage. « Même quand vous le supprimez juridiquement, sa transmission par le sang laisse des traces encore perceptibles », a-t-il dit.
Donnant l’exemple des sociétés Wolof, l’historien a soutenu que l’esclavage comme idéologie se perpétue, parce que dans beaucoup de villages, il est facile d’identifier les familles serviles. La transmission généalogique, a-t-il ajouté, continue de s’opérer, car le facteur sang utilisé comme idéologie ne permet pas de sortir de l’esclavage, malgré l’abolition juridique. Le recteur a rappelé que des textes législatifs ont été souvent votés pour abolir ou interdire l’esclavage, mais très souvent aussi, des pratiques esclavagistes ont annihilé ces engagements politiques et juridiques. « Quand on a aboli l’esclavage à Saint-Louis du Sénégal en 1848, on a autorisé les maîtres à pouvoir aller à l’intérieur du pays pour racheter des jeunes qui étaient employés comme domestiques. Une fois dans la ville, ces jeunes étaient obligatoirement enregistrés dans le registre des services judiciaires. Cet enregistrement par écriture a donné la notion « mbindaan » (travailleur domestique) », a expliqué le Pr Thioub. Au cours de cette académie d’été, il y aura présentation et discussion de projets de recherche des doctorants, une visite d’unités industrielles (site minier des phosphates de Taïba et Conserveries de Dakar), des cycles de 4 conférences animées par les enseignants et une présentation du livre « Français et Africains ? Etre citoyen au temps de la décolonisation » du Pr Frederick Cooper au Goethe institute.
Aliou KANDE
LA LEÇON DOCTORALE DE L’HISTORIEN IBRAHIMA THIOUB
PERSISTANCE DE L’ESCLAVAGE EN SÉNÉGAMBIE
Abdoul Goudoussy Diallo | Publication 27/01/2015
http://www.seneplus.com/article/la-le%C3%A7-doctorale-de-l%E2%80%99historien-ibrahima-thioub
LA LEÇON DOCTORALE DE L’HISTORIEN IBRAHIMA THIOUB
La question de l’esclavage est toujours d’actualité dans nos sociétés, même s’il subsiste sous d’autres formes. Hier à l’Ucad 2, le recteur Pr Ibrahima Thioub a fait un exposé sur les sociétés post-esclavagistes en Sénégambie, dans le cadre de l’école doctorale Etudes sur l’homme et la société (ETHOS) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD).
"Dans les sociétés où la division du travail est considérée comme servilité, des activités spécialement réservées aux esclaves, comme chez les Poulars, il est difficile d’abolir l’esclavage, même quand les textes juridiques l’abrogent. Pour maintenir l’esclavage, certains utilisent les facteurs naturels ou sacrés".
Le professeur Ibrahima Thioub, recteur de l’UCAD, a présenté hier un exposé sur "les sociétés post-esclavagistes : cas de la Sénégambie". Selon l’historien, l’abolition de l’esclavage dans certaines sociétés est difficile, même quand les textes juridiques le supprime. "Dans la société wolof, explique-t-il, l’esclavage comme idéologie se perpétue, parce que dans beaucoup de villages, il est facile d’identifier les familles serviles. La transmission généalogique continue de s’opérer, parce que le facteur sang utilisé comme idéologie ne permet pas de sortir de l’esclavage." Et, poursuit le Professeur Thioub, cette pratique persiste encore dans des pays comme le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée.
En effet, l’école doctorale Etudes sur l’homme et la société (ETHOS) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et le Centre international de recherche de l’Université Humboldt Berlin organisent une académie d’été de 5 jours sur le thème : "Le travail dans les sociétés post-esclavagistes : genre et génération", à l’UCAD 2. Dans son exposé, le recteur est également revenu sur l’origine du mot "Mbindane" qui signifie domestique de maison, en wolof. Il explique : "Lorsque l’esclavage a été aboli à SaintLouis en 1848, les maîtres ont été autorisés à racheter les jeunes employés comme domestiques à l’intérieur du pays. Ils avaient le droit de les garder jusqu’à 7 ou 14 ans, avant de les affranchir. Et une fois rachetés, ces jeunes étaient obligatoirement enregistrés par leurs maîtres au registre des services judiciaires de Saint-Louis". Selon l’historien, c’est cet de acte d’enregistrement de ces jeunes garçons et jeunes filles, que vient le mot "Mbindane" (avec la racine du verbe écrire : "bind" en wolof ). Si on en croit toujours l’historien, certains maîtres refusaient d’affranchir les jeunes. Ils les prenaient pour aller les revendre en Mauritanie ou dans le Walo qui était considéré comme un Etat à part mais, qui entretenait des liens diplomatiques avec le Sénégal d’alors composé de Saint-Louis, Dakar, Rufisque.
Devant un public composé de nombreux doctorants du Sénégal et de l’étranger, le professeur Ibrahima Thioub a éclairé la lanterne des uns et des autres sur la différence qui existe entre les mots esclave et captif. "Le captif est une personne qui reconnaît encore d’où il vient, sa culture, bref, ses origines, tandis que l’esclave, c’est tout à fait le contraire." Il a rappelé le rôle de l’historien qui est, selon lui, "quelqu’un qui réfléchit sur le passé pour éclairer les difficultés du présent, sans trop de violence, en comprenant les origines des comportements contemporains". "Toutes les sociétés ont connu l’esclavage", a précisé le président de l’Assemblée de l’Université.
Cette rencontre va durer cinq jours avec la participation de l’Institut "Re : work" de l’Université Humboldt.
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