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Libération divulgue une étude portant sur l'évolution des (très) hauts revenus
INEGALITES DES REVENUS "Certains économistes constatent le retour de Marie-Antoinette"
Le revenu des Français les plus riches progresse plus vite que le revenu moyen

Origine : http://mrc53.over-blog.com/article-6872825.html

Lire l’étude de Camille Landais Les hauts revenus en France 1998-2006. Une explostion des inégalités (pdf)

http://www.inegalites.fr/spip.php?article705

http://www.jourdan.ens.fr/~clandais/documents/htrev.pdf

Des riches encore plus riches, est-ce bien raisonnable ?

L’explosion des inégalités de revenus en France et dans le monde n’est plus à démontrer. Une étude de l’Ecole d’économie de Paris, plus précise que les précédentes, en apporte la preuve. Cela justifierait la mise en place de politiques publiques d’intérêt général, afin d’encadrer le fonctionnement de l’économie. Chacun sait que les dérégulations sauvages sont à l’origine du dérèglement économique.

Mais ce n’est pas la direction prise par les pouvoirs publics issus des élections présidentielle et législatives. La politique Sarkozy-Fillon vise à mettre la France à l’unisson du monde capitaliste libéral anglo-saxon, où la liberté économique est la seule valeur qui compte réellement.

Les Français, dans leur majorité, ont fait un choix politique que certains regretteront dès qu’ils prendront conscience que le président Sarkozy est là pour permettre que se perpétue l’enrichissement des plus riches. Et aussi pour mettre en pièces le modèle social et républicain issu du Conseil National de la Résistance en 1944.

Pour le moment, l’illusion continue mais va se dissiper dès cet été avec la session parlementaire qui commencera mardi. Le « paquet fiscal » du gouvernement est fait, pour l’essentiel, de cadeaux fiscaux à la minorité de contribuables les plus aisés.

Voici l’article paru le 29 juin sur www.liberation.fr sous la signature de Grégoire Biseau.

« Une étude de l’Ecole d’économie de Paris révèle l’envolée des revenus des Français les plus aisés depuis 1998 ».

« On subodorait que les riches se portaient plutôt bien. Même en France, pays que la droite aime caricaturer comme le dernier îlot d’Europe continen­tale qui incite nos belles fortunes à s’exiler. Grâce au travail de l’économiste Camille Landais de l’Ecole d’économie de Paris, on sait désormais que les riches Français n’ont pas grand-chose à envier à leurs homologues anglo-saxons. Plus ils sont riches et plus ils s’enrichissent. Et dans des proportions inédites dans l’histoire sociale française.

Reprenant à son compte les sources fiscales déjà exploitées par l’économiste Thomas Piketty, mais cette fois sur une période récente (1998-2005), Landais s’est concentré sur l’évolution des revenus de la petite population française la plus fortunée (allant même jusqu’au 0,01 % des plus riches). Et que constate-t-il ? Un fort «accroissement des inégalités de revenus depuis huit ans». Ça n’a l’air de rien, mais c’est la première fois qu’un économiste peut établir un tel diagnostic, sachant que les travaux de l’Insee avaient jusqu’à présent conclu à une réduction des inégalités en France. Bref, un travail universitaire qui ne tombe pas très bien pour le gouvernement de François Fillon, juste au moment où il va devoir expliquer aux députés l’impérieuse nécessité de voter des cadeaux fiscaux pour une population qui s’est déjà considérablement enrichie.

Davantage d’inégalités

Les très, très riches Français (disons les 1 % les plus riches, soit un bataillon de 350 000 foyers) ont vu leurs revenus augmenter de 19 % entre 1998 et 2005. Et ce chiffre explose littéralement quand on monte encore plus haut dans la hiérarchie sociale : + 32 % pour les 0,1 % les plus riches (35000 foyers), et carrément + 42,6 % pour le petit club des 0,01 % les plus fortunés (3500 foyers).

Il semble que les riches Français vivent sur une autre planète économique. Car, pendant la même période, le revenu moyen par foyer a connu lui une hausse modeste de 5,9 %, soit une croissance moyenne annuelle de 0,82 %. Soit moins que la croissance du PIB ou même du PIB par habitant.

Ce tableau remet partiellement en cause le diagnostic des inégalités françaises établi par l’Insee. Jusqu’à présent, l’institut national se contentait de mesurer l’écart entre les 10 % les plus riches avec les 10 % les plus pauvres.

Et que constatait l’Insee ? Une réduction importante et constante du fossé depuis la fin des années 70. Sauf depuis le début des années 2000, où la réduction semble marquer le pas. «On ne sait pas encore si cela annonce une remontée des inégalités ou juste un palier», précise Pascal Chevalier, chef de la division revenu et patrimoine de l’Insee. L’institut a tout de même affiné ces mesures en comparant les 5 % les plus riches avec les 5 % les plus pauvres. Et alors ? «On n’a rien trouvé de significatif qui prouverait une explosion des inégalités en France», poursuit Chevalier. Pour autant, l’économiste estime que les conclusions de Landais restent compatibles avec le diagnostic de l’Insee. «Simplement parce qu’on est jamais descendu dans un niveau aussi fin d’analyse chez les hauts revenus», explique l’économiste de l’Insee.

Salaires, revenus du capital : tout augmente

Assez classiquement, plus on est riche, plus la part de son patrimoine placé en valeurs mobilières (actions et autres produits financiers) est importante. Pour les 3 500 des plus riches, la part du revenu du patrimoine peut ainsi représenter jusqu’à 40 % de leur revenu total. «L’évolution de la Bourse n’y est pour rien. Cela s’explique par le fait que les entreprises versent des dividendes de plus en plus importants à leurs actionnaires», assure Camille Landais.

En sus, les très riches ont vu leurs salaires exploser sur la période : entre + 13,6 % et + 51 % pour le top du top de ces happy few. Deux explications justifient ce feu d’artifice. D’abord, les modes de rémunération de cette population intègrent de plus en plus de zakouski du genre bonus de fin d’année, stock-options, actions gratuites et autres joyeusetés indexées sur le cours de Bourse.

L’autre élément d’explication est sectoriel : le versement des primes faramineuses de fin d’année dans le secteur financier et bancaire a boosté la moyenne des plus riches.

«Avec cette hausse des salaires, on est en train de rompre avec trente années de stabilité dans la hiérarchie des salaires en France, estime Camille Landais. Notre modèle est en train de glisser vers le modèle anglo-saxon.» Certes, on est loin des inégalités de revenus de la France des rentiers du début du siècle. Mais, si on regarde ce qui a pu se passer aux Etats-Unis, estime l’économiste, il faudrait peu de temps pour retrouver de tels écarts de revenus et de patrimoine. D’ailleurs, les mesures fiscales que veut faire voter début juillet le gouvernement ne devraient pas contrarier cette course en avant des plus riches contribuables français.

Cette analyse est à rapprocher d’un entrefilet dans le même journal, hier, reproduisant une information de l’agence Reuters concernant l’évolution des grandes fortunes mondiales.

« L’internationale des riches se porte bien »

« Les grandes fortunes financières mondiales ont vu le total de leurs actifs progresser de 11,4 % en 2006, selon une étude réalisée par la banque d’investissement Merrill Lynch et le cabinet de consultants Capgemini. Le total des actifs de ces «super-riches» devrait progresser de 6,8 % par an jusqu’en 2011 pour atteindre 51 600 milliards de dollars, selon le rapport. En 2006, les patrimoines financiers ont progressé à un rythme plus de deux fois plus rapide que la croissance de l’économie mondiale (5,4 %) ».

publié par SORIN Michel


INEGALITES DES REVENUS "Certains économistes constatent le retour de Marie-Antoinette"

NOUVELOBS.COM | 29.06.2007

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/20070629.OBS4350/
certains_economistes_constatentle_retour_de_marieantoin.html

La méthode employée par Camille Landais est-elle pertinente? En quoi diffère-t-elle de celle de l'INSEE, qui compare, au sein de la population, les 10% les plus riches aux 10% les plus pauvres?

- Camille Landais s'est essentiellement intéressé aux 10% les plus riches, pas aux plus pauvres. Si l'on se réfère à ce que l'on observe aux Etats-Unis, les inégalités sont le fait des 10% les plus fortunés. Mais ceux qui font peser la balance sont les 1% les plus riches. Et, finalement, l'essentiel des inégalités se loge dans la catégorie des 0.1% les plus riches. Ce que l'on observe dans tous les pays capitalistes. Aux Etats-Unis, on sait que les 1% les plus riches disposent de 14% du PIB (produit intérieur brut), soit autant que les 40% les plus pauvres de la population.

En France, les données fiscales ne sont pas disponibles librement. C'est le tour de force de Camille Landais de se les être procurées. Les économistes se les voient toujours refusées par la direction générale des impôts. Ainsi, en France, les études sur les inégalités de revenus sont assez rares. Il faudrait permettre une plus grande transparence, les statisticiens garantiraient bien sûr le secret des noms.

Comment expliquer cette hausse des inégalités?

- Il existe plusieurs types de théories. Celle dites du "starsystem": une personne est tellement importante que, compte tenu de la médiatisation et de la mondialisation, elle gagne les gains les plus élevés. C'est le cas des grands sportifs par exemple.

Il existe aussi la théorie de la productivité, théorie économique de base, qui repose sur le fait que ceux qui rapportent le plus, gagnent le plus. Mais cette théorie est démentie par les faits. Un revenu ne suit pas nécessairement la productivité de la personne. Parmi les plus hauts revenus, il y a autant de chefs d'entreprises qui ont mis leur entreprise en difficulté que des personnes qui ont réussi. On peut notamment citer l'exemple de Noël Forgeard ancien patron d'EADS, qui n'a pas vraiment fait la preuve de sa productivité. Ces théories ne sont donc pas convaincantes.

Une troisième théorie semble alors plus pertinente, à savoir la position de rentiers qu'occupent certaines catégories de la population. Certains économistes constatent le retour de Marie-Antoinette. Aux Etats-Unis, la construction de palais, les "mansions" devient de plus en plus courante. Les revenus atteignent des niveaux vertigineux. On l'a constaté aux USA, mais aussi en France, en Italie, en Angleterre, etc… un peu moins en Allemagne. On a un décalage de dix ans avec les Etats-Unis mais il est en train de se combler à pas de géants. En fait, la rémunération des 10% les plus riches n'est pas si élevée. En France, le revenu moyen par foyers s'étend de 48.000 euros par an, pour les classes moyennes supérieures, à l'infini ou presque avec des revenus de plusieurs millions voir un milliard par an.

Comment augmenter les revenus des plus pauvres en France?

- En France, il existe un certain niveau de protection sociale, le SMIC et les minima sociaux. Les revenus des plus pauvres ne baissent pas, ils augmentent. Les revenus des plus riches explosent. Ceux des classes moyennes stagnent.

Propos recueillis par Alain Roux
(le vendredi 29 juin)


Le revenu des Français les plus riches progresse plus vite que le revenu moyen
LEMONDE.FR | 29.06.07

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-929459@51-917423,0.html

Les revenus des ménages les plus riches de France ont crû beaucoup plus vite que les autres entre 1998 et 2005, d'après une étude de l'Ecole d'économie de Paris révélée, vendredi 29 juin, par Libération. Les 1 % les plus riches, soit 350 000 foyers, ont vu leur revenu augmenter de 19 % au cours de la période, contre une hausse de 5,9 % du revenu moyen des ménages français.

L'étude, élaborée par l'économiste Camille Landais à partir de données fiscales fournies par l'administration, fournit un degré de détail inédit de l'évolution des revenus les plus élevés. Plus on s'élève dans l'échelle de la richesse, plus la hausse est importante. Elle atteint 32 % chez les 0,1 % les plus riches, et 42,6 % chez les 0,01 % les plus riches (3 500 foyers), toujours entre 1998 et 2005. Camille Landais analyse : "L'évolution de la Bourse n'y est pour rien. Cela s'explique par le fait que les entreprises versent des dividendes de plus en plus importants à leurs actionnaires."

EN DÉCALAGE AVEC LE DIAGNOSTIC DE L'INSEE

Libération souligne que ce constat est en décalage avec les données fournies par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Cet institut se contente en effet de présenter l'évolution de l'écart entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres de la population française, et conclut à une réduction importante et constante du fossé depuis la fin des années soixante-dix. Pascal Chevalier, chef de la division revenu et patrimoine de l'Insee, constate : "On n'a rien trouvé de significatif qui prouverait une explosion des inégalité en France." Il relève cependant que les conclusions de Camille Landais ne sont pas incompatibles avec les résultats de l'Insee, "simplement parce qu'on n'est jamais descendu dans un niveau aussi fin d'analyse chez les hauts revenus".

En France, 3,6 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2004, selon l'Insee, soit avec moins de 657 euros par mois.


Liberté, Fraternité, Inégalités... et revenus stagnants depuis cinq ans
29 juin 2007

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1149

Depuis 2002, le revenu moyen des français n’a augmenté que de 0,06% par an, et en 8 ans, ils n’a gagné que 5,9%. Mais les 1% les plus riches ne sont pas concernés par cette cure d’austérité : ils ont vu croitre les leurs du triple, soit 19%.

L’étude réalisée par Camille Landais, membre de l’Ecole d’Economie de Paris, analyse l’évolution des revenus à partir des données fiscales, à la suite des travaux de Thomas Piketty.

Elle révèle un fort accroissement des inégalités de revenus depuis 8 ans, du fait d’une augmentation très forte des revenus des foyers les plus riches depuis 1998, tandis qu’au contraire les revenus moyen et médian [1] croissent très modestement sur la période.

Cette explosion des hauts revenus est essentiellement concentrée sur les foyers appartenant au 1% les plus riches, qui voient leur part dans les revenus totaux considérablement augmenter entre 1998 et 2005.

Stagnation du revenu moyen

Passant de 23 205 en 1998 à 24 574 euros [2] en 2006, le revenu moyen a connu une augmentation de 5,9% sur la période, soit une croissance annuelle de 0,8%.

Le revenu médian est passé de 17 568 à 18 345 euros, soit une augmentation moyenne de 0,7% par an.

Jospin vs Chirac

Cette faible croissance moyenne sur la durée masque en fait deux périodes très différentes. Durant les années 1998-2002, la croissance accompagnée par une forte réduction du chômage a créé une embellie économique tirant les revenus vers le haut. Mais depuis 2002, c’est le calme plat. Les revenus augmentent de moins de 0,1% par an.

De 1998 à 2002, le revenu moyen par foyer a cru de 1,4% par an, pour ensuite ne gagner que des miettes avec 0,06% entre 2002 et 2005.

Pour le revenu médian, la croissance depuis 2002 n’est plus que de 0,03% par an.

En rapprochant ces chiffres avec ceux des gains de productivité, Camille Landais s’interroge : « que l’on prenne le PIB par tête,le PIB par actif ou même le PIB par heure travaillée, tous trois ont continué à augmenter en volume après 2002, en moyenne de l’ordre de 0.8 à 1.0% par an. »

Comment expliquer la stagnation des revenus alors que la quantité produite a continué à croitre au même rythme ?

Les hauts revenus à la fête

Réponse de Landais : « On peut avancer deux lignes d’explication, qui s’accordent avec les résultats que nous présentons dans cette étude : tout d’abord une évolution de la répartition capital/travail au sein des revenus défavorable aux revenus d’activité, et en second lieu, qui est en partie une conséquence de cet état de fait, un accroissement très rapide de la part des hauts revenus dans le revenu total. »

- Pour les 5 % des foyers les plus riches, les revenus déclarés ont augmenté de 11% depuis 1998

- Pour les 1 % des foyers les plus riches, ils ont augmenté de 19%

- Pour le 0.1 % du sommet de la pyramide, 35 000 foyers, les revenus ont bondi de 32%

- Et pour les 3 500 happy few qui repésentent 0.01% des foyers fiscaux, de près de 43%.

Accroissement des inégalités

Si la moyenne des revenus a augmenté, en fait la plus grande partie de la population a vu sa part relative décroitre.

La part des 10% les plus riches dans le revenu total a augmenté de 2,7%, mais celle des 90% les moins riches est passée de 68,6% à 67,8%. En d’autres termes, pendant que le gateau grosissait, la part revenant à 9 français sur 10 a diminué de taille.

Evolution à l’anglosaxone

Le rapport note que « la très rapide augmentation des inégalités de salaires a également fortement participé à cette augmentation des inégalités de revenus. De ce point de vue, la France rompt avec 25 ans de grande stabilité de la hiérarchie des salaires. Tout en restant un pays plus égalitaire que les pays anglo-saxons en termes de distribution des revenus primaires, la tendance actuelle n’exclut pas que la France puisse converger vers les modèles anglo-saxons. »

Et il se montre pessisimiste sur l’évolution à venir, en indiquant que sur la période récente « la tendance de croissance des hauts revenus et des hauts salaires se poursuit voire s’amplifie. »

Lire l’étude de Camille Landais Les hauts revenus en France 1998-2006. Une explostion des inégalités (pdf)

http://www.inegalites.fr/spip.php?article705

http://www.jourdan.ens.fr/~clandais/documents/htrev.pdf

Illustration : Parking réservé aux BMW - tous les autres véhicules seront détruits

[1] Le revenu médian est celui qui sépare en deux parties égales la population étudiée. La différence entre salaire médian et moyen est illustrée par une plaisanterie célèbre : quand Bill Gates entre dans un bar, le salaire moyen de l’assistance explose, le salaire médian ne bouge pas.

[2] Chiffre exprimé en Euros constants, corrigés de l’inflation