Origine : http://paris.indymedia.org/IMG/rtf/doc-35843.rtf
Sans prétendre à l'exhaustivité, le présent
Vademecum tente de donner un éclairage sur les procédures
pouvant aboutir à une interpellation au cours ou en marge
d'une manifestation, et sur les suites judiciaires qui peuvent y
être réservées.
Les indications succinctes qui sont données ne sauraient
se substituer aux conseils des professionnels du droit au premier
chef des avocats, intervenant dans le cadre des différentes
procédures.
Manifester, une liberté publique fondamentale :
Le droit de manifester est une liberté fondamentale. Toutefois
il s'agit d'un droit encadré par la loi (les manifestations
doivent être déclarée auprès de la Préfecture
etc...)
Après avoir procédé à des « sommations
» les forces de l'ordre ont le pouvoir de disperser les attroupements
« qui menacent l'ordre public ». La loi permet aux agents
d'utiliser la force (non seulement pour se défendre personnellement
mais aussi pour défendre « le terrain qu'ils occupent
»). Cet usage doit cependant être strictement proportionné.
Le fait de ne pas se disperser après les sommations est
considéré comme un délit. Le fait que des personnes
soient armées aggrave la répression possible de l'attroupement.
Vos droits :
Vous êtes libre de porter des banderoles ou des insignes
ou autocollants. La police n'a pas le droit de vous ordonner de
les ôter.
Sur la voie publique, vous avez le droit de filmer ou de photographier
la manifestation, y compris les policiers. Ils n'ont pas le droit
de confisquer ou détruire les images ou votre matériel,
sauf à procéder à une véritable saisie,
dans le cadre d'une enquête.
LE CONTRÔLE D'IDENTITÉ :
C'est une des modalités les plus fréquentes d'interpellation.
Les motifs du contrôle d’identité (art 782 du
code de procédure pénale CPP) :
Outre les contrôles spécifiques relatifs au séjour
des étrangers, les forces de l'ordre peuvent contrôler
votre identité s’il existe des raisons plausibles de
soupçonner qu’une personne a commis ou a tenté
de commettre une infraction, se prépare à commettre
un crime ou un délit, est susceptible de fournir des renseignements
sur une enquête pénale en cours, ou fait l’objet
de recherches judiciaires. Mais le Procureur peut aussi requérir
des contrôles d’identité pour les infractions
qu’il précise (recherches de stupéfiants, ports
d'armes...).
Enfin l’identité peut être contrôlée
pour « prévenir une atteinte à l’ordre
public »
Les motifs du contrôle sont donc très larges, mais
ils doivent répondre à l'un de ces critères,
et pouvoir être justifiés de manière circonstanciée,
sous peine de nullité du contrôle. En pratique les
contrôles sont cependant rarement annulés par les tribunaux
.
Vos droits :
Si vous êtes de nationalité française, vous
pouvez établir votre identité par tout moyen, il n’est
pas obligatoire d’avoir sur vous une pièce d’identité.
Si vous êtes de nationalité étrangère,
vous devez, toujours avoir avec vous le titre ou les documents vous
autorisant à circuler ou à séjourner en France
(une carte de séjour, un passeport avec un visa datant de
moins de 3 mois, un récépissé de demande de
titre de séjour ou encore une convocation à la préfecture
etc...). En effet, la police peut à tout moment, contrôler
la régularité de leur séjour en France des
étrangers. Les mineurs étrangers peuvent prouver par
tout moyen leur identité.
Conseils :
Restez toujours calme et poli. Ne tutoyez pas les policiers ou
gendarmes, même s'ils vous tutoient, ne faites aucun geste
violent à leur égard. Ne tentez pas de vous soustraire
par la force à un contrôle d’identité.
Dans le cas contraire, vous risqueriez de vous voire reprocher les
délits d'outrage, rébellion, violence envers une personne
dépositaire de l'autorité publique. Des peines d'emprisonnement
sont encourues et fréquemment prononcées. La procédure
de comparution immédiate (flagrants délits) est souvent
utilisée.
Si les policiers sont agressifs lors d’un contrôle
d’identité, restez aussi calme que possible et ne répliquez
pas. Prenez les coordonnées de toutes les personnes qui peuvent
témoigner de la scène.
Lors de l’interpellation pour un contrôle d'identité,
la police peut seulement accomplir sur vous une palpation de sécurité.
Il s’agit d’une recherche extérieure, à
travers les vêtements, d’objets dangereux pour la sécurité
du porteur ou d’autrui. Cela ne peut en aucun cas consister
en des attouchements ou une fouille à corps. En théorie,
vous restez parfaitement libre pendant les opérations de
contrôle d'identité. Vous pouvez notamment parfaitement
téléphoner ou communiquer avec des tierces personnes.
Si vous on emmène au commissariat, demandez à des
personnes présentes de prévenir vos proches.
La rétention en vue de vérifier votre identité
(art 783 du code de procédure pénale) :
Si vous n’avez pas de preuve de votre identité, vous
pouvez être retenu par la police (sur place ou dans un local
de police) pendant 4 heures maximum à partir de début
du contrôle.
Exceptionnellement, il peut être procédé à
la prise d'empreintes digitales et de photographies, lorsque la
personne contrôlée refuse de justifier de son identité
ou donne des informations « manifestement inexactes ».
Un procès verbal est dressé et transmis au procureur
de la république.
Si vous refusez de vous soumettre à cette mesure, vous pouvez
être punis de 3 mois de prison et 3750 euros d‘amende
(art 78 –5 du CPP)
Vos droits :
Vous avez le droit de faire aviser le procureur de la république
de votre rétention à tout moment. Si vous êtes
mineur, le procureur de la République doit être informé
dès le début de la rétention. Exercez le droit
de faire prévenir le procureur. Vous avez le droit de prévenir
votre famille ou toute personne de votre choix. Si vous êtes
mineur, vous devez être assisté par votre représentant
légal, sauf si c’est impossible.
Une copie du procès verbal de contrôle d’identité
doit vous être remise (s’il n’y a pas de garde
à vue à la suite). Exigez ce document.
Lorsque la procédure de vérification n'est suivie
d'aucune enquête ou autre suite judiciaire, les pièces
doivent être détruites (dans un délai maximum
de 6 mois). Le procureur de la République doit le vérifier.
La procédure ne doit faire l'objet d'aucun fichage. Notamment,
elle ne doit pas être mentionnée dans le fichier STIC.
La garde à vue :
Un officier de police peut décider de vous retenir au poste
48 heures maximum (96h lorsque des stupéfiants sont en cause)
s’il soupçonne que vous avez commis ou tenté
de commettre une infraction. Si vous êtes mineur, vous pouvez
être retenu seulement 24h sauf en cas d’infraction punie
de 5 ans d’emprisonnement. La prolongation d’une garde
à vue de 24h à 48h doit être autorisée
par le procureur. Si la garde à vue fait suite à un
contrôle d’identité, la durée de la garde
à vue se calcule à partir de l'heure de votre interpellation
par la police (les 4 heures de vérification incluses).
Vos droits :
Vous devez être immédiatement informé de vos
droits dans une langue que vous comprenez, si besoin, avec l'aide
d'un interprète ou à l'aide d'un formulaire écrit.
Dès le début de la garde à vue, le procureur
doit être informé par l’officier de police judiciaire
de votre placement en garde à vue.
Vous avez le droit de savoir quelle infraction vous est reprochée.
Vous devez demander que ce soit écrit sur le procès
verbal.
Vous avez le droit de voir un avocat que vous avez choisi ou un
avocat qui est mis à votre disposition si vous n’en
connaissez pas. Vous pouvez le rencontrer tout au début de
la garde à vue et à la 20ème heure (72ème
heure en cas de stupéfiants), pendant 30 mn de manière
confidentielle. En cas de prolongation de la garde à vue
au delà de 24h, autorisée par le procureur vous pouvez
encore voir l’avocat à la 36ème heure.
Dès le début de la garde à vue « sans
délai », vous pouvez faire prévenir par téléphone,
un proche (la personne avec qui vous vivez habituellement, l’un
de vos parents, l’un de vos frères ou sœurs, ou
votre employeur etc...).
A tout moment lors de la garde à vue, à votre demande
ou à celle d’un membre de la famille, vous avez le
droit de demander d’être examiné par un médecin
qui vient sans délai. Après 24h de garde à
vue, vous avez le droit de demander une seconde fois à vois
un médecin. Si vous avez moins de 16 ans, un médecin
est désigné dès le début de la garde
à vue pour vous examiner.
Lorsque l’infraction concerne les stupéfiants, un
médecin vous examine toutes les 24h, en plus des examens
que vous pouvez personnellement demander.
Il est possible que vous subissiez une fouille à corps afin
de rechercher des indices en rapport avec l’infraction constatée.
Il s’agit alors non seulement de fouiller vos vêtements
mais aussi l’intérieur de votre corps. Mais la fouille
de l’extérieur de votre corps peut être effectuée
uniquement par un policier de même sexe que vous. Des examens
impliquant une intrusion à l'intérieur de votre corps
ne peuvent être effectués que par du personnel médical.
Vous avez le droit de vous taire et de refuser de répondre
aux agents.
Conseils :
Vous pouvez choisir de vous taire lors des interrogatoires. Demandez
conseil à votre avocat à ce sujet.
Relisez très attentivement le procès verbal (documents
décrivant les conditions de garde à vue et des auditions).
Le procès verbal doit retranscrire vos propos sans les trahir,
ainsi que les questions qui vous ont été posées.
Vous pouvez refuser de le signer Si vous n’êtes pas
d'accord avec son contenu, mieux vaut ajouter vous-même des
précisions à la fin du document avant de le signer.
Au cas extrême mieux vaut ne pas le signer. Attention, cette
attitude est souvent considérée comme une preuve de
mauvaise foi par les tribunaux... Ce choix ne doit donc pas être
fait à la légère.
Si vous n’avez pas les moyens de payer les frais d’un
avocat, vous pouvez demander à l’Etat français
de prendre en charge totalement ou partiellement ces frais selon
le montant de vos revenus mensuels. C’est l’aide juridictionnelle.
Les policiers n’ont pas le droit de vous faire subir des
violences, ni physiques, ni morales. Si vous subissez des violences
(coups, insultes, humiliations, refus de repas…) parlez en
à votre avocat et demandez un examen médical afin
que ces violences soient constatées dans un établissement
hospitalier afin qu’un certificat médical précisant
la durée de l’arrêt de travail soit établi.
Vous pouvez porter plainte auprès du procureur de la république.
Cependant ces plaintes sont souvent classées. Il est aussi
possible de porter plainte devant un juge d’instruction avec
constitution de partie civile.
Si des violences contre des biens ou des personnes vous sont reprochées,
il est très important d’avoir pris les coordonnées
des personnes pouvant témoigner en votre faveur.
Vous avez des droits que les policiers ne peuvent vous refuser,
comme ceux de voir un interprète, un avocat, un médecin.
S’ils vous ont été refusés, faites noter
sur le procès verbal que vous les avez demandés ou
bien noter le vous-même avant de le signer. Parlez en impérativement
à votre avocat, car le non respect de vos droits rend toute
la procédure nulle.
Il peut être utile d'avoir avec soi les coordonnées
d'un avocat choisi à prévenir, plutôt que l'avocat
de permanence.
La sortie de garde à vue :
Vous pouvez être immédiatement informé de poursuites
judiciaires ou libéré sans être informé
de la suite qui sera donné à la garde à vue.
Dans ce cas, vous avez le droit de demander au procureur de la République
à être informé à l'issue d'un délai
de 6 mois suivant la garde à vue.
C'est le procureur de la République qui décide des
suites de la garde à vue : classer la procédure, vous
faire donner immédiatement une convocation en justice, vous
faire conduire devant lui pour un jugement immédiat. Quelles
que soient les suites de la garde à vue, sachez que vous
serez inscrits comme « mis en cause » dans le STIC (système
de traitement des infractions constatées). Il s'agit du fichier
tenu par la police. La plupart des inscriptions de ce fichier y
restent pendant 20 ans. Elles peuvent être consultées
par la police à l'occasion d'autres enquêtes.
Demandez au policier quelles sont les mentions portées dans
ce fichier. Si vous n'êtes pas d'accord vous pouvez demander
au procureur de faire rectifier ou effacer ces informations.
La comparution immédiate :
La comparution immédiate est une procédure qui permet
de faire juger quelqu’un immédiatement après
la garde à vue par le tribunal correctionnel.
Cette procédure peut-être utilisée si vous
encourez une peine de prison égale ou supérieure à
6 mois comme c'est le cas pour la plupart des délits fréquemment
commis en marge de manifestations.
La procédure de comparution immédiate permet de prononcer
une peine d'emprisonnement ferme qui peut être mise à
exécution immédiatement (on parle de mandat de dépôt
ou de maintien en détention).
Si le tribunal ne peut être réuni le jour même,
vous pouvez être placé en détention provisoire.
Vous devez être jugé dans ce cas au plus tard le troisième
jour ouvrable suivant.
Vos droits :
Vous avez le droit de refuser d’être jugé le
jour même lorsque le juge vous demande si vous acceptez la
comparution immédiate. Mais vous risquez d’aller en
prison en attendant, pour une durée de deux à six
semaines, même si vous avez un domicile, une famille ou un
travail. Demandez donc conseil à votre avocat à ce
sujet.
En comparution immédiate, l'assistance d'un avocat est obligatoire.
C'est lui qui peut vous conseiller sur les risques encourus et l'attitude
qu'il convient d'adopter. Ses honoraires seront pris en compte au
titre de l'aide juridictionnelle si vos revenus sont globalement
inférieur au SMIC. Questionnez l'avocat à ce sujet.
Vous avez le droit de faire appel contre la décision du
juge qui vous condamne. Toutefois, si vous avez été
placé en détention, vous resterez détenu jusqu'au
jugement en appel.
Les autres modalités de poursuites :
Le procureur de la République dispose de nombreuses autres
possibilités de poursuite. Dans la plupart des cas elles
donnent lieu à une convocation différée.
Il est cependant possible que le procureur ouvre immédiatement
une information judiciaire et qu'un juge d'instruction soit désigné
à cet effet. Vous pourrez dans ce cas être immédiatement
présenté devant le juge ou convoqué par ce
dernier ultérieurement. Le juge d'instruction peut envisager
votre placement sous contrôle judiciaire ou en détention
provisoire.
Depuis la loi Perben II, le parquet peut aussi envisager une procédure
de « plaider coupable » (comparution sur reconnaissance
préalable de culpabilité). Cette procédure
n'est possible que si vous avez avoué les faits. Une peine
est proposée au prévenu qui peut l'accepter ou la
refuser. Il peut s'agir d'une peine d'emprisonnement ferme. Elle
peut être mise à exécution immédiatement
avec l'accord du condamné. Le concours d'un avocat est obligatoire.
Il est possible de solliciter un délai de 10 jours avant
d'accepter la peine. Toutefois, vous pouvez être placé
en détention provisoire en attendant si vous avez été
présenté au parquet au sortir de la garde à
vue.
La rétention administrative :
Si vous êtes étrangers en situation irrégulière,
le préfet peut décider de vous reconduire à
la frontière. Dans ce cas, le préfet peut vous placer
en rétention administrative pendant 48h pour préparer
votre renvoi. Au delà de ces 48h, vous pouvez être
maintenu en rétention pendant encore 15 jours au maximum
sur décision du juge des libertés, puis une nouvelle
fois 5 ou 15 jours selon les cas.
Vos droits :
Vous devez être informés de vos droits dès
le début de votre rétention dans une langue que vous
comprenez.
Vous avez le droit de faire un recours contre la décision
de reconduite à la frontière mais le recours n’est
pas suspensif (vous restez en rétention)
Vous avez le droit de demander l’assistance d’un médecin
Vous avez le droit de demander l’assistance d’un avocat
Vous avez le droit de demander l’assistance d’un interprète
Vous pouvez communiquer avec votre consulat et avec une personne
de votre choix
Vous avez le droit de faire appel contre la décision du
juge de prolonger la durée de votre rétention
Comme en garde à vue, vous avez le droit d’être
bien traité en rétention ( ne subir aucun violence
ni physique, ni morale)
Conseils :
Une association, la CIMADE se trouve sur le lieu de votre rétention
afin de pouvoir vous aider, notamment à contester la décision
de reconduite à la frontière. Demandez à la
rencontrer au plus vite (Siège : 01 45 55 15 77) Pour une
information sur les droits des étrangers, contacter aussi
le GISTI (01 43 14 84 89) ou l’ANAFE (01 42 08 69 93)
L a fouille d’un véhicule :
Sauf lorsqu’il s’agit d’un véhicule d’habitation
(caravanes …), la police peut fouiller un véhicule
y compris le coffre, si elle a des « raisons plausibles »
de soupçonner qu’un crime ou un délit flagrant
a été commis par l’un des occupants.
La police peut aussi immobiliser un véhicule pendant 30mn
et le fouiller avec l’accord du conducteur (ou à défaut
le procureur) « pour prévenir une atteinte grave à
a sécurité des personnes et des biens ».
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