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GRATUITÉ ET CONTRÔLES, DEUX IDÉES QUI S'OPPOSENT
Réseau Rap (Le Réseau pour l'Abolition des Transports Payants) Juillet 2004

L'opposition au principe de gratuité, notamment par les syndicats, est que cette mesure mettrait de nombreuses personnes au chômage (contrôleurs, guichetiers…). Outre le fait que cet argument est du même acabit que " si il n'y avait plus d'accidents de la route, les urgentistes seraient au chômage ". C'est également un argument simpliste. Il est certain que le travail de contrôleur disparaîtra avec l'arrivée de la gratuité. Mais les expériences de gratuité dans les transports (Châteauroux, Hasselt…), montrent toutes un accroissement de la fréquentation des réseaux (environ 75% dans une ville moyenne dès la première année). La fréquentation des transports collectifs d'Ile de France devrait augmenter, nécessitant plus de conducteurs (bus et métro), plus de métiers de renseignement et d'aide aux usagers. Plutôt qu'une mise au chômage, les ex-contrôleurs verraient leur travail transformé en métiers de contacts et coopération avec les usagers plutôt qu'en confrontation quotidienne.

Le Réseau pour l'Abolition des Transports Payants milite depuis plus de 3 ans pour un libre et égal accès de tou-te-s aux transports collectifs, pour des raisons environnementales et de justice sociale. Depuis le début de notre lutte, nous pensons que cet égal accès à la mobilité ne peut se faire qu'en obtenant la gratuité pour tous sur l'ensemble des réseaux collectifs de transport. Cette mesure serait d'autant plus juste que ces transports sont déjà financés par notre travail à plus de 75% (assiette transports des entreprises de la région et via nos impôts pour les collectivités territoriales), les 25% restants étant assumés par le porte monnaie des usagers via le système de billetterie. Or, le coût de ce système de billetterie revient approximativement à remettre à zéro le gain financier fait par la RATP sur la vente de tickets. (systèmes de contrôles, guichets, portes anti-fraude, tripodes…).
Un esprit subversif pourrait alors se demander pourquoi la RATP nous fait payer un ticket qui ne lui rapporte rien financièrement…. La réponse est simple : on ne paie un ticket que pour se faire contrôler et non pour faire rentrer de l'argent dans les caisses. Le contrôle des tickets est un moyen de contrôle de la population qui traverse les couloirs du métro : prétexte à la demande des papiers, à interpellation, etc… La vérification des tickets que font peser les contrôleurs sur les usagers des transports franciliens est un réel contrôle social caché derrière le billet mauve : comme le scande une affiche de la RATP, celui qui ne paie pas ne voyage pas.

Dans ces conditions, le métier de contrôleur participe indirectement au contrôle social des individus. Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les campagnes publicitaires de la SNCF, personne ne fraude par plaisir, beaucoup par nécessité.

Alors que le droit au déplacement libre de chacun est inscrit dans de nombreux textes faisant foi devant la communauté internationale (droits de l'homme, constitutions), ce droit est constamment bafoué. La conséquence de ces contrôles est un cloisonnement des plus pauvres dans leurs quartiers (quand ce n'est pas en prison depuis la loi dite " LSQ " votée par le gouvernement Jospin). Au vu de ces conséquences, on est en droit de se demander si la ghettoïsation des plus pauvres ne résulte pas d'une réelle volonté politique contrairement aux discours sur le mythe de l'intégration à la Française ressassé soir après soir au journal de 20h. En effet, comment se déplacer " librement " lorsque l'accès aux centres-ville est réservé aux plus riches ?

Nous sommes persuadés qu'un travail socialement utile est un travail qui profite à la société, à l'épanouissement des individus dans leur travail mais aussi dans leur société. Le métier de contrôleur, au delà de son aspect policier n'est pas un métier gratifiant (ni pour l'employé, ni pour la société). Il faut savoir que 80% des agressions dans le métro ont lieu lors des contrôles ! La gratuité permettrait donc aux contrôleurs de changer d'un métier sans réel épanouissement pour un métier socialement utile et reconnu tel quel (conducteur, renseignements et aide aux usagers…). Perspective un peu plus réjouissante que celle promise aux contrôleurs et contrôlés !

A travers ce texte, le Réseau pour l'Abolition des Transports Payants veut signifier que s'il est un partisan inconditionnel de la gratuité et de l'équité, il n'a pas pour but de stigmatiser les contrôleurs contre les usagers mais bien au contraire d'accorder à tout le monde son droit de parole (travailleurs et usagers) afin qu'ensemble on construise les transports de demain où tous les postes de travail seraient socialement utiles.

07 07 2004
Réseau pour l'Abolition des transports Payants