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L'opposition au principe de gratuité, notamment par les
syndicats, est que cette mesure mettrait de nombreuses personnes
au chômage (contrôleurs, guichetiers…). Outre
le fait que cet argument est du même acabit que " si
il n'y avait plus d'accidents de la route, les urgentistes seraient
au chômage ". C'est également un argument simpliste.
Il est certain que le travail de contrôleur disparaîtra
avec l'arrivée de la gratuité. Mais les expériences
de gratuité dans les transports (Châteauroux, Hasselt…),
montrent toutes un accroissement de la fréquentation des
réseaux (environ 75% dans une ville moyenne dès la
première année). La fréquentation des transports
collectifs d'Ile de France devrait augmenter, nécessitant
plus de conducteurs (bus et métro), plus de métiers
de renseignement et d'aide aux usagers. Plutôt qu'une mise
au chômage, les ex-contrôleurs verraient leur travail
transformé en métiers de contacts et coopération
avec les usagers plutôt qu'en confrontation quotidienne.
Le Réseau pour l'Abolition des Transports Payants milite
depuis plus de 3 ans pour un libre et égal accès de
tou-te-s aux transports collectifs, pour des raisons environnementales
et de justice sociale. Depuis le début de notre lutte, nous
pensons que cet égal accès à la mobilité
ne peut se faire qu'en obtenant la gratuité pour tous sur
l'ensemble des réseaux collectifs de transport. Cette mesure
serait d'autant plus juste que ces transports sont déjà
financés par notre travail à plus de 75% (assiette
transports des entreprises de la région et via nos impôts
pour les collectivités territoriales), les 25% restants étant
assumés par le porte monnaie des usagers via le système
de billetterie. Or, le coût de ce système de billetterie
revient approximativement à remettre à zéro
le gain financier fait par la RATP sur la vente de tickets. (systèmes
de contrôles, guichets, portes anti-fraude, tripodes…).
Un esprit subversif pourrait alors se demander pourquoi la RATP
nous fait payer un ticket qui ne lui rapporte rien financièrement….
La réponse est simple : on ne paie un ticket que pour se
faire contrôler et non pour faire rentrer de l'argent dans
les caisses. Le contrôle des tickets est un moyen de contrôle
de la population qui traverse les couloirs du métro : prétexte
à la demande des papiers, à interpellation, etc…
La vérification des tickets que font peser les contrôleurs
sur les usagers des transports franciliens est un réel contrôle
social caché derrière le billet mauve : comme le scande
une affiche de la RATP, celui qui ne paie pas ne voyage pas.
Dans ces conditions, le métier de contrôleur participe
indirectement au contrôle social des individus. Contrairement
à ce que voudraient nous faire croire les campagnes publicitaires
de la SNCF, personne ne fraude par plaisir, beaucoup par nécessité.
Alors que le droit au déplacement libre de chacun est inscrit
dans de nombreux textes faisant foi devant la communauté
internationale (droits de l'homme, constitutions), ce droit est
constamment bafoué. La conséquence de ces contrôles
est un cloisonnement des plus pauvres dans leurs quartiers (quand
ce n'est pas en prison depuis la loi dite " LSQ " votée
par le gouvernement Jospin). Au vu de ces conséquences, on
est en droit de se demander si la ghettoïsation des plus pauvres
ne résulte pas d'une réelle volonté politique
contrairement aux discours sur le mythe de l'intégration
à la Française ressassé soir après soir
au journal de 20h. En effet, comment se déplacer " librement
" lorsque l'accès aux centres-ville est réservé
aux plus riches ?
Nous sommes persuadés qu'un travail socialement utile est
un travail qui profite à la société, à
l'épanouissement des individus dans leur travail mais aussi
dans leur société. Le métier de contrôleur,
au delà de son aspect policier n'est pas un métier
gratifiant (ni pour l'employé, ni pour la société).
Il faut savoir que 80% des agressions dans le métro ont lieu
lors des contrôles ! La gratuité permettrait donc aux
contrôleurs de changer d'un métier sans réel
épanouissement pour un métier socialement utile et
reconnu tel quel (conducteur, renseignements et aide aux usagers…).
Perspective un peu plus réjouissante que celle promise aux
contrôleurs et contrôlés !
A travers ce texte, le Réseau pour l'Abolition des Transports
Payants veut signifier que s'il est un partisan inconditionnel de
la gratuité et de l'équité, il n'a pas pour but
de stigmatiser les contrôleurs contre les usagers mais bien
au contraire d'accorder à tout le monde son droit de parole
(travailleurs et usagers) afin qu'ensemble on construise les transports
de demain où tous les postes de travail seraient socialement
utiles.
07 07 2004
Réseau pour l'Abolition des transports Payants
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