"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google

NOTE SUR LES RAPPORTS DE GRATUITÉ ENTRE LES ÊTRES


Syndicat potentiel

NOTE SUR LES RAPPORTS DE GRATUITÉ ENTRE LES ÊTRES

Il existe trois modalités de rapport de gratuité entre les êtres :
* le rapport fusionnel,
* le rapport d’interchangeabilité sexuelle inconditionnelle
* et le rapport festif.

Dans un rapport de gratuité entre des êtres s’effectuant sur un mode fusionnel, les transits d’affects entre les êtres s’effectuent de façon intensive sans attente de retour.

Il n’y a pas d’identités constituées, pas non plus de vis-à-vis permettant face-à-face et donnant-donnant. Tobie Nathan décrit quatre modes de relations fusionnelles :
(1) les sensations et les sentiments de l’un sont éprouvés par l’autre (ta chair est ma chair, et je sens quand tu souffres) ;
(2) ni l’un ni l’autre des partenaires n’est le lieu de la sensation ou du sentiment, mais un personnage composite qui serait les deux à la fois ;
(3) l’être de l’un est incorporé par l’autre ;
(4) un être prend la place dans l’être de l’autre et l’habite (Tobie Nathan, Psychanalyse et copulation des insectes, La pensée sauvage, 1983).

Sade pose le rapport de gratuité (absence d’échange ou de rapport donnant-donnant) d’une tout autre manière : l’égalité des êtres, c’est le droit de disposer également de tous les êtres, de se donner à tous ceux qui le désirent et de prendre tout ce que l’on veut. En envisageant le droit absolu de chacun à disposer sexuellement de tous les autres on sortirait d’un régime de domination. Car on peut définir la domination " comme le pouvoir des uns de disposer des autres, non comme le pouvoir de tous de disposer de tous. (…) L’interchangeabilité totale détruirait la substance de la domination et promettrait la liberté " (Théodor W. Adorno, Prismes - critiques de la culture et de la société, Payot, 1986, p. 88).

Ces rapports d’interchangeabilité sexuelle trouvent notamment des manifestations dans les espaces les plus “sauvages” du tissu urbain : la rive d’un canal en contrebas d’un entrepôt, les alentours d’une sablière sur un quai de Seine, un tunnel reliant un terre-plein au RER, un fort militaire désaffecté, une forêt en banlieue parisienne. Ces espaces associent sexualité, anonymat et friches urbaines (P. O. de Busscher, R. Mendès-Leite et B. Proth, Lieux de rencontre et back-rooms, Actes de la recherche en sciences sociales, juin 1999, n°128, p. 26).

La troisième forme de rapport de gratuité se manifeste dans la fête et notamment dans les Free parties dont les Travellers en Angleterre ou les nouveaux nomades en France, ont été les promoteurs. Ceux-ci mettent en oeuvre des petites communautés de quelques dizaines de personnes qui se font et se défont au rythme des affinités et des rencontres, en rupture de toute attache avec ces instances socialisantes que sont la famille et le travail. Cela implique souvent pour eux un renoncement volontaire aux droits de chômeurs, de citoyen ou de mère et corrélativement, une absence d’inscription et de comptabilisation administrative. Les Travellers et Nomades invitent à une autre formes de vie gratuite : la déconnexion du Système et la désafiliation sociale.


Le lien d'origine : http://syndicatpotentiel.free.fr/gr3.html

vous pouvez également consulter les documents du centre de recherche sur la gratuité sur l'adresse Université Tangente :
http://www.universite-tangente.fr.st/