Syndicat potentiel
NOTE SUR LES RAPPORTS DE GRATUITÉ ENTRE LES ÊTRES
Il existe trois modalités de rapport de gratuité entre
les êtres :
* le rapport fusionnel,
* le rapport d’interchangeabilité sexuelle inconditionnelle
* et le rapport festif.
Dans un rapport de gratuité entre des êtres s’effectuant
sur un mode fusionnel, les transits d’affects entre les êtres
s’effectuent de façon intensive sans attente de retour.
Il n’y a pas d’identités constituées, pas
non plus de vis-à-vis permettant face-à-face et donnant-donnant.
Tobie Nathan décrit quatre modes de relations fusionnelles :
(1) les sensations et les sentiments de l’un sont éprouvés
par l’autre (ta chair est ma chair, et je sens quand tu souffres)
;
(2) ni l’un ni l’autre des partenaires n’est le lieu
de la sensation ou du sentiment, mais un personnage composite qui serait
les deux à la fois ;
(3) l’être de l’un est incorporé par l’autre
;
(4) un être prend la place dans l’être de l’autre
et l’habite (Tobie Nathan, Psychanalyse et copulation des insectes,
La pensée sauvage, 1983).
Sade pose le rapport de gratuité (absence d’échange
ou de rapport donnant-donnant) d’une tout autre manière
: l’égalité des êtres, c’est le droit
de disposer également de tous les êtres, de se donner à
tous ceux qui le désirent et de prendre tout ce que l’on
veut. En envisageant le droit absolu de chacun à disposer sexuellement
de tous les autres on sortirait d’un régime de domination.
Car on peut définir la domination " comme le pouvoir des
uns de disposer des autres, non comme le pouvoir de tous de disposer
de tous. (…) L’interchangeabilité totale détruirait
la substance de la domination et promettrait la liberté "
(Théodor W. Adorno, Prismes - critiques de la culture et de la
société, Payot, 1986, p. 88).
Ces rapports d’interchangeabilité sexuelle trouvent notamment
des manifestations dans les espaces les plus “sauvages”
du tissu urbain : la rive d’un canal en contrebas d’un entrepôt,
les alentours d’une sablière sur un quai de Seine, un tunnel
reliant un terre-plein au RER, un fort militaire désaffecté,
une forêt en banlieue parisienne. Ces espaces associent sexualité,
anonymat et friches urbaines (P. O. de Busscher, R. Mendès-Leite
et B. Proth, Lieux de rencontre et back-rooms, Actes de la recherche
en sciences sociales, juin 1999, n°128, p. 26).
La troisième forme de rapport de gratuité se manifeste
dans la fête et notamment dans les Free parties dont les Travellers
en Angleterre ou les nouveaux nomades en France, ont été
les promoteurs. Ceux-ci mettent en oeuvre des petites communautés
de quelques dizaines de personnes qui se font et se défont au
rythme des affinités et des rencontres, en rupture de toute attache
avec ces instances socialisantes que sont la famille et le travail.
Cela implique souvent pour eux un renoncement volontaire aux droits
de chômeurs, de citoyen ou de mère et corrélativement,
une absence d’inscription et de comptabilisation administrative.
Les Travellers et Nomades invitent à une autre formes de vie
gratuite : la déconnexion du Système et la désafiliation
sociale.
Le lien d'origine : http://syndicatpotentiel.free.fr/gr3.html
vous pouvez également consulter les documents du centre de
recherche sur la gratuité sur l'adresse Université Tangente
:
http://www.universite-tangente.fr.st/