communique charters (Cimade-Gisti)
Date: 8 Jul 2005
Objet: [zpajol] communique charters (Cimade-Gisti)
CIMADE - GISTI
communiqué 8 juillet 2005
Des charters à la dette
Derrière les bonnes intentions du G8, le mépris des
pays riches à l’égard des populations d’Afrique
Au moment où le G8 s’apprête à prendre
des mesures destinées à soulager la dette des pays
les plus pauvres, notamment ceux d’Afrique, les ministres
de l’Intérieur du G5 veulent mettre en place des «
charters » européens pour expulser des hommes, femmes
et enfants venus en quête d’une vie meilleure de ces
même pays ravagés par la misère ou la violence.
Outre la contradiction flagrante entre les bonnes intentions exprimées
en Ecosse par les chefs d’Etat des pays les plus riches et
la réalité des mesures policières désormais
prises à l’échelon industriel pour renvoyer
manu militari des dizaines de milliers de personnes décrétées
indésirables, les « charters » constituent une
violation flagrante des règles éthiques et juridiques
que ces mêmes pays ont élaborées naguère
pour interdire les expulsions collectives et les traitements inhumains
et dégradants.
En 2003, la Cimade et le Gisti avaient pris l’initiative
d’une campagne internationale de pétitions pour s’opposer
aux projets de l’Union Européenne d’organiser
les « vols groupés européens », nouvel
euphémisme pour nommer les « charters de l’humiliation
». Des dizaines de parlementaires, des centaines d’organisations
et d’associations, des milliers de citoyens, en Europe, en
Afrique et dans les pays du bassin méditerranéen avaient
répondu à cet appel en demandant au Parlement Européen
de s’opposer à ce projet.
Parce que les « charters » d’expulsés
violent la Convention Européenne des Droits de l’Homme,
parce qu’ils constituent un danger tant pour les libertés
que pour les relations actuelles et futures entre les populations
d’Europe et d’Afrique, parce qu’ils symbolisent
une dérive sécuritaire et populiste aussi inutile
que démagogique, la Cimade et le Gisti appellent tous les
signataires, individus, associations, élus, en Europe comme
en Afrique, à exprimer publiquement leur opposition à
la décision du G5, à interpeller leurs gouvernements
espectifs et à faire pression sur les membres du G5 afin
qu’ils renoncent à l’organisation de charters.
Contacts : campagne (at) cimade.org
Ci-après : le texte de la pétition signée
en 2003
Contre les charters de l’humiliation
« Notre opposition résolue à ces moyens de
renvoi collectif d’étrangers est motivée par
la conviction qu’ils symbolisent et encouragent une logique
incontrôlable et dangereuse tant pour le respect de l’intégrité
et de la dignité des individus, pour les démocraties
européennes, que pour l’avenir des relations entre
les peuples.
Les expulsions collectives par charters amènent nécessairement
les autorités qui en sont responsables à négliger
l’examen de la situation de chaque personne concernée,
au risque de mal estimer les conséquences individuelles du
renvoi et de porter ainsi atteinte à l’institution
de l’asile et aux droits fondamentaux des personnes concernées.
De plus, l’exécution de ces renvois collectifs par
la contrainte est irréalisable sans l’utilisation de
moyens et de techniques policières particulièrement
coercitives, pouvant à tout moment déraper vers les
brutalités, les violences et l’atteinte à l’intégrité
physique des expulsés, voire la mort.
Au delà des atteintes à la dignité des personnes
concernées, les expulsions par charters symbolisent et consacrent
une politique européenne centrée sur les réponses
policières et sécuritaires. Il est désormais
temps d’affirmer et d’expliquer aux opinions publiques
que la politique du « toujours plus de contrôles »
constitue une impasse et une menace pour les démocraties.
Une impasse car tant que les écarts économiques et
démocratiques seront aussi grands entre les pays du Nord
et du Sud, il est illusoire de penser que des mesures sécuritaires
pourront décourager et empêcher les candidats à
l’émigration ou à l’asile de chercher
ailleurs des conditions de vie meilleures ou un refuge.
Une impasse car cette croyance erronée dans l’efficacité
du contrôle policier ne peut- comme le montre depuis 20 ans
le durcissement continu des législations européennes-
qu’affaiblir sans cesse un peu plus les libertés fondamentales
et les principes constitutifs de l’Etat de Droit, et conduire
par la généralisation des mesures répressives
à l’élaboration étape par étape
d’un nouveau régime policier à l’échelle
européenne.
Enfin, ces renvois collectifs sont lourds de conséquences
pour la paix.
Le symbole des charters, que les Gouvernements européens
utilisent comme signal de dissuasion à l’égard
des populations tentées par l’émigration, véhicule
surtout un message d’humiliation. Les images de dizaines d’étrangers
encadrés par d’autres dizaines de policiers européens,
les nombreux témoignages sur les pratiques brutales employées,
le sentiment d’injustice et la peur que peuvent ressentir
les personnes expulsées résonnent dans les pays d’origine
des migrants comme autant de camouflets et d’actes de mépris
à l’égard de l’ensemble des populations.
Cette indifférence hautaine avec laquelle le Nord montre
comment il traite encore les émigrés des pays frappés
par des conflits ou par la pauvreté prolonge et ravive, dans
les représentations collectives, la mémoire des siècles
de domination, d’exploitation, d’humiliation. Cette
mise en scène dévastatrice, en ce qu’elle alimente
le ressentiment, la colère et la haine, provoquera tôt
ou tard des mouvements de révolte et de nouveaux conflits.
Par les menaces qu’elle représente pour les personnes
expulsées, pour la démocratie et pour les relations
entre les peuples, la politique des charters doit être abandonnée.
Nous condamnons fermement cette décision et demandons au
conseil de l’Union européenne d’y renoncer. »
novembre 2003
la liste des signataires est en ligne
http://www.gisti.org/doc/actions/2003/charters/
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