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Origine : liste Escape : http://listes.samizdat.net/wws/arc/escape
«Je suis un ministre, je suis un musicien, mais avant tout je
suis un hacker», a déclaré Gilberto Gil à
Porto Alegre.
Ci dessous, l'article de Thierry Noisette dans ZDNet.fr [FL]
lundi 31 janvier 2005
*Forum social mondial: les altermondialistes célèbrent
le logiciel libre*
Un Forum équipé en logiciels ouverts, un ministre
de la Culture qui vante la révolution du "libre"
et les licences Creative Commons... Pour les militants de Porto
Alegre, le manchot de Linus Torvalds est devenu un symbole de l'économie
solidaire.
PORTO ALEGRE (Brésil) - Ce n'est pas une surprise, le Brésil
et les altermondialistes adhèrent au principe et à
la philosophie du «logiciel libre». En témoignent
les débats politiques sur ce thème, comme les équipements
informatiques déployés, à l'occasion de ce
cinquième Forum social mondial <http://www.forumsocialmundial.org.br/
(FSM), qui s'achève ce lundi.
En termes d'équipements, les 700 ordinateurs disposés
à travers l'immense Forum (onze espaces thématiques
déployés sur des kilomètres, le long du fleuve
Gaibal), sont tous exclusivement sous logiciels libres. Système
d'exploitation KDE Linux, bureautique OpenOffice, Mozilla pour la
navigation internet, Gimp pour le traitement et la retouche d'images...
Les 120 ordinateurs de la salle de presse ne faisaient pas exception
(environ 5.000 journalistes accrédités). La connexion
internet, à haut débit et par fibre optique, a subi
quelques coupures de réseau, heureusement très sporadiques.
La ville a investi massivement et l'équipement restera en
place définitivement.
Les débats étaient au diapason de cette débauche
de moyens. Le Brésil, surtout depuis l'élection de
son président Lula en octobre 2002, est particulièrement
en pointe pour promouvoir les logiciels libres. Témoin, le
zèle avec lequel le fondateur de Microsoft, Bill Gates a
cherché, dix jours avant, à obtenir une audience officielle
avec le président brésilien lors de l'"autre
Forum", celui de Davos. Gates et Lula se sont bien exprimés
ensemble lors d'une table ronde, mais ils n'ont pas eu, à
proprement parlé, d'entretien en tête à tête.
A Porto Alegre, parmi les débats et les ateliers organisés,
une vingtaine étaient liés au sujet, tels que "Economie
solidaire et logiciel libre, deux faces d'une autre économie",
ainsi que deux réunions autour de la "révolution
numérique" qui leur étaient entièrement
dédiées.
Lors de la première, vendredi dernier, était attendue
l'intervention de Sergio Amadeu da Silveira, président de
l'Institut national des technologies de l'information, un organe
officiel qui a en charge la migration de l'informatique de l'administratioin
fédérale vers les logiciels libres. Il y a un an,
c'est lui qui avait vertement apostrophé Microsoft, en comparant
la multinationale à un dealer de drogue qui offre gratuitement
accès à Windows pour mieux rendre accros les jeunes
utilisateurs. L'éditeur américain avait porté
plainte en diffamation, avant de se rétracter... «N'utilisez
pas de logiciels illégaux, utilisez des logiciels libres
et répandez-les!», a-t-il scandé cette année.
«Le logiciel libre, c'est un logiciel de partage. Et le logiciel,
c'est comme le savoir, il peut être copié et répandu
sans appauvrir celui qui le fait.»
*Moins de 10% des Brésiliens ont accès à un
ordinateur*
De son côté, le Brésilien Marcelo Branco (du
/Projet Software Livre <http://www.softwarelivre.org//) a mis
l'accent sur la démocratisation de l'accès à
l'internet dans le pays: aujourd'hui moins de 10% des habitants
ont accès à un ordinateur, avec les logiciels libres
cela contribuera à combler le fossé plus rapidement.
Diego Saravia, de l'ONG Hipatia, a même lancé avec
lyrisme: «Un autre monde est possible, et les logiciels libres
sont des outils pour ce monde...» Georg Greve, venu en tant
que président de la Free Software Foundation Europe, a salué
les travaux concrets réalisés au Brésil en
faveur des plus défavorisés. Comme l'illustre avec
vigueur le projet "Telecentros" à Sao Paulo, qui
consiste à équiper les fameux favelas (les bidonvilles),
de centres multimédias ouverts à tous.
Si seulement une centaine de personnes assistaient à cette
première réunion, elles étaient un bon millier
le lendemain samedi pour une seconde rencontre avec d'autres VIP
d'envergure internationales. Étaient présents le sociologue
Manuel Castells, le juriste Lawrence Lessig (qui en a fait part
sur son blog <http://www.lessig.org/blog/archives/002411.shtm),
mais aussi l'un des vétérans du militantisme /new
age/, John Perry Barlow, cofondateur de l'Electronic Frontier Foundation
(sa formule «Windows doesn't dance!» a fait un triomphe...).
À leurs côtés, Gilberto Gil, monstre sacré
de la musique brésilienne et actuel ministre de la Culture.
Espérant voir fleurir des «révolutions françaises
du 21e siècle» dans le logiciel et le commerce, le
ministre-musicien a promis un soutien accru aux logiciels libres
et aux licences "Creative Commons" (dont Lessig en a été
l'un des plus fervents promoteurs <http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39184091,00.htm).
Dans son élan, Gil a même lancé: «Je suis
un ministre, je suis un musicien, mais avant tout je suis un hacker».
Cette semaine-là, aucun doute, Bill Gates a bien fait de
choisir Davos à Porto Alegre.
Pour en savoir plus : Vienne entamera sa migration vers Linux au
printemps 2005
http://www.zdnet.fr/actualites/informatique/0,39040745,39202170,00.htm?feed
Thierry Noisette, correspondance spéciale, ZDNet France
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