Les éditions ACL ont publié une brochure où Philippe
Garnier a écrit un article. Voici la présention qui en faite
et les notes qui ont suivi cette parution. La brochure a été
rééditée. Tout vient du site des ACL
http://www.ateliber.lautre.net/
COLLECTIF
Psychanalyse et anarchie
La psychanalyse, qu'elle soit freudienne, lacanienne ou reichienne, dépasse
de beaucoup les techniques auxquelles on la réduit parfois. Elle offre
de la vie une vision plus large, plus ample, qui ne se réduit pas à l'enveloppe
dans laquelle on enferme l'individu, mais le relie par sa parole et par
son corps à ceux qui l'entourent et qui l'ont précédé. L'individu, ou
du moins cette entité fragile qu'on nomme ainsi, ne peut que rencontrer
le autres et, pour sa propre expansion, désirer qu'eux aussi soient plus
« libre ». Non pas de cette liberté qui enferme, mais de celle qui élargit
notre sphère vitale, et à laquelle s'opposent les structures rigides et
l'injustice. Et, au-delà, il s'agit bien ainsi de retrouver la possibilité
d'une harmonie avec l'univers tout entier.
Ce sont ces préoccupations, cette vie, les questions sur la façon dont
elle circule, les questions aussi sur tout ce qui s'y oppose, qui font
qu'une réflexion à propos de la psychanalyse ne peut laisser les anarchistes
indifférents. Bien qu'il paraisse pourtant loin de ces préoccupations,
Archinov écrit, à la fin de la Révolution makhnoviste : « Prolétaires
de tous les pays, descendez dans vos propres profondeurs et cherchez-y
la vérité, vous ne la trouverez nulle part ailleurs ! »
Contributions de : Roger Dadoun, Philippe Garnier, Jacques Lesage de la
Haye.
Le lien d'origine :
http://www.ateliber.lautre.net/article.php3?id_article=74
Psychanalyse et anarchie
LE JOURNAL DES PSYCHOLOGUES n° 133, décembre 195 - janvier
1996
Depuis de nombreuses années, un mouvement politique, l'anarchisme,
interroge la psychanalyse avec beaucoup d'intensité comme s'il
y avait la découverte possible d'un lointain cousinage. Il est
vrai que l'anarchisme est aussi une sorte d'art de vivre qui accorde
au sujet une place centrale, toujours et par définition, irréductible
à n'être qu'un morceau indifférencié du collectif.
Cette question du sujet dans sa rencontre avec les autres est bien celle
qui permet la discussion entre anarchie et psychanalyse.
Le lien d'origine :
http://www.ateliber.lautre.net/article.php3?id_article=223>
Psychanalyse et anarchie
LIEN SOCIAL n° 326, 2 novembre 1995
l'Atelier de création libertaire (Lyon) publie un petit ouvrage
consacré aux liens possibles entre psychanalyse et anarchie.
(Psychanalyse et Anarchie, 1995, par Roger Dadoun, Jacques Lesage de
la Haye, Philippe Carnier, présentation par Alain Thévenet).
Le thème est tout à fait intéressant ; I depuis
de nombreuses années, un mouvement politique, l'anarchisme, interroge
la psychanalyse avec beaucoup d'intensité comme s'il y avait
la découverte possible d'un lointain cousinage ; il est vrai
que l'anarchisme n'est pas seulement un courant politique, mais aussi
une sorte d'art de vivre qui accorde au sujet une place centrale toujours
et par définition irréductible à n'être qu'un
morceau indifférencié du collectif. Cette question du
sujet dans sa rencontre avec les autres est bien celle qui permet la
discussion entre anarchie et psychanalyse.
L'ouvrage commence par une présentation d'Alain Thévenet
qui montre que si la révolte politique trouve bien ses racines
dans la puissance de l'inconscient, il importe pourtant de se démarquer
des déviations normalisantes et des perversions que la psychanalyse
a subies dans son histoire.
Le texte de Roger Dadoun est à inscrire dans un mouvement de
pensée que l'on pourrait, en empruntant le titre de l'un de ses
ouvrages, appelé psychanalyse politique. Il met en évidence
les contradictions historiques de la psychanalyse, tout en développant
de façon particulièrement intéressante l'idée
de Freud selon laquelle la psychanalyse est la « troisième
révolution culturelle » (après les révolutions
copernicienne et darwinienne).
L'article de Jacques Lesage de la Haye est très différent.
D'une part l'auteur est de formation reichienne, d'autre part sa contribution
est très concrète et analyse particulièrement les
conflits de pouvoir existant dans les groupes (même anarchistes).
Ce texte tend à montrer qu'il serait dangereux pour un «
mouvement » d'ignorer que des problèmes psychologiques
peuvent être à la base de prises de position politiques
et, d'une certaine façon de « militer ». A l'inverse,
la réduction du politique au psychologique serait particulièrement
pernicieuse.
La contribution de Philippe Carnier s'appuie sur les travaux de Lacan
et de Legendre. Elle est d'une très grande richesse et d'une
particulière densité. A plusieurs reprises, traitant de
la « fonction paternelle », l'auteur fait allusion au texte
de Lacan : »L'inconscient, c'est le Père, c'est la religion.
Une psychanalyse montre que du Père, on peut s'en passer, à
condition de s'en servir ». A notre sens, le grand mérite
du travail de Philippe Garnier est de tenter d'élucider le lien
psychanalyse-anarchie, en approfondissant cette distinction entre «
s'en passer » et « s'en servir ».
Voici donc un ouvrage qu'il faut avoir lu.
Le lien d'origine : http://www.ateliber.lautre.net/article.php3?id_article=225
Psychanalyse et anarchie
CANAL PSY n° 20, septembre-octobre 1995
L'Atelier de création libertaire (Lyon) publie un petit ouvrage
consacré aux liens possibles entre psychanalyse et anarchie (Psychanalyse
et Anarchie, 1995, par Roger Dadoun, Jacques Lesage de la Haye, Philippe
Garnier, présentation par Alain Thévenet).
Le thème est tout à fait intéressant ; depuis
de nombreuses années, un mouvement politique, l'anarchisme, interroge
la psychanalyse avec beaucoup d'intensité comme s'il y avait
la découverte possible d'un lointain cousinage ; il est vrai
que l'anarchisme n'est pas seulement un courant politique, mais aussi
une sorte d'art de vivre qui accorde au sujet une place centrale toujours
et par définition irréductible à n'être qu'un
morceau indifférencié du collectif. Cette question du
sujet dans sa rencontre avec les autres est bien celle qui permet la
discussion entre anarchie et psychanalyse.
L'ouvrage commence par une présentation d'Alain Thévenet
qui montre que si la révolte politique trouve bien ses racines
dans la puissance de l'inconscient, il importe pourtant de se démarquer
des déviations normalisantes et des perversions que la psychanalyse
a subies dans son histoire.
Le texte de Roger Dadoun est à inscrire dans un mouvement de
pensée que l'on pourrait, en empruntant le titre de l'un de ses
ouvrages, appelé psychanalyse politique. I1 met en évidence
les contradictions historiques de la psychanalyse, tout en développant
de façon particulièrement intéressante l'idée
de Freud selon laquelle la psychanalyse est la « troisième
révolution culturelle » (après les révolutions
copernicienne et darwinienne).
L'article de Jacques Lesage de la Haye est très différent.
D'une part l'auteur est de formation reichienne, d'autre part sa contribution
est très concrète et analyse particulièrement les
conflits de pouvoir existant dans les groupes (même anarchistes).
Ce texte tend à montrer qu'il serait dangereux pour un «
mouvement » d'ignorer que des problèmes psychologiques
peuvent être à la base de prises de position politiques
et, d'une certaine façon, de « militer ». À
l'inverse, la réduction du politique au psychologique serait
particulièrement pernicieuse.
La contribution de Philippe Garnier s'appuie sur les travaux de Lacan
et de Legendre. Elle est d'une très grande richesse et d'une
particulière densité. À plusieurs reprises, traitant
de la « fonction paternelle », l'auteur fait allusion au
texte de Lacan : « L'inconscient, c'est le Père, le Père,
c'est la religion. Une psychanalyse, de réussir, montre que du
Père, on peut s'en passer, à condition de s'en servir.
» À notre sens, le grand mérite du travail de Philippe
Garnier est de tenter d'élucider le lien psychanalyse-anarchie,
en approfondissant cette distinction entre « s'en passer »
et « s'en servir ».
Voici donc un ouvrage qu'il faut avoir lu. La question du pouvoir au
centre de l'anarchisme (ni Dieu ni maître) est analysée
par des auteurs très différents, sous l'éclairage
de la problématique psychanalytique, notamment par rapport à
la question de la pulsion.
Paul FUSTIER Professeur à l'Université Lyon 2
Le
lien d'origine : http://www.ateliber.lautre.net/article.php3?id_article=224
Psychanalyse et anarchie
LE LIBERTAIRE n° 158, juillet-août 1995
La psychanalyse, qu'elle soit freudienne, lacanienne ou reichienne,
dépasse de beaucoup les techniques auxquelles on la réduit
parfois. Elle offre de la vie une vision plus large, plus ample, qui
ne se réduit pas à l'enveloppe dans laquelle on enferme
l'individu, mais le relie par sa parole et par son corps à ceux
qui l'entourent et qui l'ont précédé.
L'individu, ou du moins cette entité fragile qu'on nomme ainsi,
ne peut que rencontrer les autres et, pour sa propre expansion désirer
qu'eux aussi soient plus « libres ». Non pas cette liberté
qui enferme, mais de celle qui élargit notre sphère vitale,
et à laquelle s'opposent les structures rigides et l'injustice.
Et, au-delà, il s'agit bien aussi de retrouver la possibilité
d'une harmonie avec l'univers tout entier.
Ce sont ces préoccupations, cette vie, les questions sur la façon
dont elle circule, les questions aussi sur tout ce qui s'y oppose, qui
font qu'une réflexion à propos de la psychanalyse ne peut
laisser les anarchistes indifférents. Bien qu'il paraisse pourtant
loin de ces préoccupations ; Archinoff écrit, à
la fin de la révolution makhnoviste : « Prolétaires
de tous les pays, descendez dans vos propres profondeurs et cherchez-y
la vérité, vous ne la trouverez nulle part ailleurs !
»
Le
lien d'origine : http://www.ateliber.lautre.net/article.php3?id_article=222
Psychanalyse et anarchie
LE MONDE LIBERTAIRE n° 1013 du 19 au 25 octobre 1985
Aux premiers abords, il pourrait paraître quelque peu paradoxal
de vouloir rapprocher la psychanalyse de l'anarchisme, ou l'anarchisme
de la psychanalyse. Pour certains, même le titre de la brochure
parue à l'Atelier de création libertaire (ACL) sonne comme
une véritable provocation. Cependant, ce sentiment ne peut qu'émaner
d'une certaine méconnaissance du sujet, méconnaissance
que cette brochure comblera sûrement !
Si l'on s'arrête à la psychanalyse comme étant
une « science bourgeoise », réservée aux «
nantis » et aux « intellos », et/ou comme une technique
normative, réadaptive, inscrite dans des rapports sociaux déterminés,
il est vrai qu'une telle entreprise de réhabilitation [1] est
alors vouée à l'échec.
Mais « la psychanalyse, qu'elle soit freudienne, lacanienne ou
reichienne, dépasse de beaucoup les techniques auxquelles on
la réduit parfois. ». C'est alors qu'apparaissent les «
points de nouages et de débat » entre les deux démarches.
De fait, les régimes totalitaires ont souvent assimilé
la psychanalyse à l'anarchie. Mais c'est surtout parce qu'elle
représente une grille explicative, une façon de lire le
monde, originale dans laquelle existent véritablement des «
passerelles » avec cette autre grille qu'est l'anarchisme que
cette approche prend tout son sens.
Ce sont ces « passerelles » que nous présentent,
tout au long de cette brochure, les auteurs Roger Dadoun, Jacques Lesage
de la Haye et Philippe Garnier. Une relation existe du fait même
que la psychanalyse s'est placée sous le signe de la révolution
-révolution qui remet en cause la domination du Moi à
l'intérieur du psychisme (annihilant de fait la notion judéo-chrétienne
de libre-arbitre) -et du fait de l'existence d'une pulsion d'emprise
appelée aussi pulsion de pouvoir (Roger Dadoun) ! Cela ne peut
que nous interpeller quelque part...
D'autant plus que le milieu libertaire (lui-même oserai-je dire
?) n'est pas exempt d'exemples du type « guerre des chefs ».
Ce qui fait dire très justement à Jacques Lesage de la
Haye qu'on ne peut pas être profondément anarchiste «
si on n'a pas fait la révolution jusqu'au plus profond de ses
profondeurs ». Roger Dadoun, pour ainsi dire, enfonce le clou
puisqu'il écrit que la psychanalyse pourrait fonctionner comme
« anarchie critique », c'est-à-dire comme «
un moyen efficace d'empêcher la clôture de la pensée
anarchiste ».
C'est en cela, s'accordent les auteurs, que la convergence entre la
psychanalyse et l'anarchisme se situe de manière la plus enrichissante
: « Si la psychanalyse, par son questionnement radical du désir
et du langage humain peut conduire en un point complexe d'où
peut surgir ce qu'on peut appeler l'invention de sa propre vie, ou une
dynamique créative, l'anarchisme peut aussi amener, par exemple,
par sa critique extrême de tout pouvoir, en un point limite où
chacun est paradoxalement mis en demeure d'inventer son propre chemin
» (Philippe Garnier).
Il est impossible, dans le cadre étroit de cet article de présenter
l'étendue des richesses que recèle cette brochure ; riche,
je le répète, autant en apport d'informations qu'en ouvertures
vers des questionnements, des débats nouveaux (sur la prise conscience
de la psychanalyse de la dimension sociale, sur la pulsion d'emprise,
sur la transmission, le langage, l'institution, la création,
etc.).
Une surprise néanmoins – in cauda venenum – peut
apparaître lorsqu'on achève la lecture de cette brochure
: l'absence de référence au psychanalyste Erich Fromm
(que Gaston Levai tenait en haute estime, parait-il). Bien que critiquable,
Fromm a merveilleusement décrit le phénomène de
soumission-domination qui ne peut qu'intéresser les libertaires.
Par cette brochure, l'ACL continue son « œuvre de salubrité
publique » en impulsant de nouveaux débats, dont l'anarchisme
ne peut en sortir qu'enrichi.
BATKO
[1] C'est, je crois, le mot juste. II suffit de considérer les
querelles qui émanaient des révolutionnaires comme des thérapeutes
dans les années 70. Cf. l'article de Jacques Lesage de la Haye.
Le lien d'origine : http://www.ateliber.lautre.net/article.php3?id_article=221
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