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Vu la défaite de 2003 sur les retraites, les difficultés
à se défendre au boulot, ou tout simplement à
s’organiser, dans une période difficile pour tout le
monde, nous pensons qu’il est indispensable aujourd’hui
d’être critique sur ce que nous faisons.
Nous ne sommes pas satisfaits de l’habituel cycle, projet
de loi (ou mauvais coup de la direction)-négociations-manifs,
et au final : pas grand chose, voir rien. Même aujourd’hui,
et il ne s’agit pas de décourager qui que ce soit,
mais on se demande pourquoi on en est là ? La loi Fillon
sur l’éducation (loi d’orientation pour l’avenir
de l’école), qui va pousser les profs à bourrer
un peu plus le crâne à nos gamins sur l’importance
de la nation, de la citoyenneté active et des valeurs républicaines
(donc à ne surtout pas être critique sur notre société),
qui parle de remplacer les bourses sur critères sociaux par
des bourses au mérite, qui parle de contenu du bac évalué
en fonction des besoins des entreprises, cette loi est en train
de passer en ce moment même où nous marchons. Cette
loi Fillon est liée à celle sur la décentralisation
(13 août 2004), et elles sont un grand pas vers la privatisation
du système éducatif (donc mainmise de groupes de pression
sur l’école, marchandisation, aggravation des inégalités,
etc.) Quelle information, quelle riposte à cela ? La manif
d’aujourd’hui ? Il aurait au moins fallu qu’elle
ait eu lieu avant, et qu’elle permette d’organiser des
actions d’information dans les écoles et les lycées,
en vue de luttes si possible : cela fait trop longtemps qu’on
nous appelle juste à manifester.
La loi sur les 35H continue de nous être présentée
comme un acquis social, mais que contient-elle réellement
? La loi fixait l’horaire légal à 35 heures
hebdomadaires sur l’année … tout en introduisant
la variabilité des horaires, non plus définis sur
une base hebdomadaire mais annualisés ; les pauses acquises
n’étaient plus comptabilisées comme temps du
travail ; on instituait plusieurs SMIC ; on donnait davantage de
liberté aux entreprises pour négocier des accords
spécifiques ; le nombre d’heures supplémentaires
payées avec un taux majoré diminuait ; les patrons
recevaient l’autorisation de fixer les dates de congés
en fonction des exigences de la production ; la négociation
s’est faite boîte par boîte, ce qui est une remise
en cause des conventions collectives, et ne permet pas d’unité
des travailleurs (on sait bien que c’est plutôt dans
le public que cette loi a pu être favorable aux travailleurs,
et encore, à court terme et surtout au niveau des RTT, ce
qui renforce encore la division privé-public dans la tête
de trop de salariés).
On pourrait vous parler du RMA et autres nouveaux contrats, des
travailleurs jetés après usages, de notre quotidien,
au boulot comme en dehors, mais arrêtons là. Les coups
pleuvent, le patronat et les dominants continuent leur lutte des
classes, et chacun se demande comment on va reprendre notre propre
lutte. On ne va pas vous livrer de solution miracle, mais nous remettons
en cause ce qui se fait, car nous constatons comme vous que cela
ne marche pas. Nous participons aux luttes, avec nos petits moyens,
tout en regardant dans le présent et le passé ce qui
fonctionne pour s’en resservir.
Voici quelques constats, questions et idées. Faut-il favoriser
la direction de nos mouvements par des intersyndicales, au détriment
de l’unité plus large des travailleurs, chômeurs,
étudiants, lycéens, au sein d’assemblées
générales démocratiques ? Nous avons bien vu
que jamais les bureaucraties syndicales n’ont appelé
à la grève générale en mai-juin 2003,
ce qui signifie que, comme toujours, c’est à nous d’organiser
les choses, y compris avec tous les syndiqués sincères
et les sections syndicales vraiment dans la lutte. Les services
publics sont privatisés. Est-ce uniquement la faute de la
droite, alors que la gauche a signé des accords au niveau
européen allant dans ce sens ? Est-ce qu’un service
public étatique c’est forcément mieux pour nous
(La Poste vient encore d’augmenter le prix des timbres) ?
Un service public qui doit être rentable, c’est un service
public qui augmente le prix du timbre contre l’intérêt
de tous les travailleurs et chômeurs quand la concurrence
l’exige. Nous sommes pour défendre le statut des travailleurs
du public, mais nous pensons qu’un service public aux mains
de l’Etat ce n’est pas vraiment un service public. Le
syndicalisme a-t-il eu raison d’abandonner la critique du
capitalisme qu’il menait au début du siècle
? Pour les entreprises du privé, un capitalisme à
visage humain est-il vraiment possible quand on travaille à
la chaîne ? Ne sommes-nous pas stressés au bureau ?
Quand un travailleur coûte 10 fois moins cher à l’autre
bout de la planète, ou quatre fois moins cher en Europe de
l’est, il est clair que c’est la rentabilité
des entreprises qui pousse à licencier, que c’est le
fonctionnement de cette société malade qui démolit
tant de vies humaines. Est-ce que ce sont les prochaines élections,
les référendums ou un nouveau gouvernement qui vont
remplacer ce que nous n’arrivons pas à faire nous-mêmes
sur nos lieux de travail ou dans la rue ? Une lutte qui ne s’attaque
pas au bénéfice patronal, ou qui ne s’en prend
pas aux lieux de décisions, est-ce une lutte ? Nucléarisation
de la société, OGM, effet de serre, multiplication
des cancers…, on en arrive à un stade où la
planète va être inhabitable : la société
du profit n’aurait rien à voir là-dedans ?
Nous savons bien qu’il faut partir de ce que nous vivons
au quotidien, que les luttes ne se décrètent pas.
Mais il faudrait que nous commencions par cesser les manifs isolées
et à répétition : descendre dans la rue doit
permettre des prises de contact, de se réunir pour voir ce
que nous pouvons faire ensemble, de reconstruire de vrais syndicats
de lutte, d’agir directement sans élus sur nos lieux
de travail ou en dehors… Reconstruisons l’unité
entre tous les secteurs d’activité, faisons grève
en même temps, bloquons les transports, refusons de laisser
un collègue seul face à sa direction, épaulons-nous,
n’hésitons pas à séquestrer les stocks
ou des machines en cas de délocalisation, à bloquer
une administration et se barrer dès que la police arrive,
à saboter la production, à trouver des moyens de distribuer
le fruit de son travail gratuitement pour rendre une lutte plus
sympathique… Si cela vous intéresse, vous pouvez toujours
vous faire votre opinion sur nous par notre journal, mais le plus
important c’est de construire patiemment les conditions de
la lutte par un travail d’information, et le moment venu ne
pas s’enfermer dans les manifs, mais plutôt passer au
blocage direct des entreprises et administrations. A bientôt
dans l’action !
Organisons-nous et passons à l’action en unissant
nos luttes, en bloquant directement entreprises et administrations,
par la grève générale…
Groupement d’Action et de Réflexion AnarchoSyndicaliste
- Nantes - Tract 10 mars 2005
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Tract 10 mars 2005
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