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Texte extrait de " L’autoritarisme dans les organisations
libertaires, Formes et remèdes "
brochure publiée par Le Syndicat Intercorporatif Anarchosyndicaliste
de Caen
Voilà une préoccupation qui pourra paraître inutile,
ou trop gênante, pour certains, et pourtant l'autoritarisme
est bien ce que cherchent à combattre les anarcho-syndicalistes
et les anarchistes. Je m'intéresse uniquement dans cet article
aux manifestations concrètes du pouvoir, afin de savoir précisément
de quoi on parle.
Le tableau " Les chefs, comment s'en débarrasser
? ", que nous reproduisons en annexe de cet article, aborde
pas mal d'aspects de l'autorité dans les groupes autogérés.
Bien souvent les anarchistes déclarent que le pouvoir
n'existe qu'à partir du moment où il est accepté.
Cela est vrai, mais ne solutionne pas le problème. Le problème
c'est justement que le pouvoir existe et. se met en place très
rapidement au sein des relations, .entre, les individus.
Ensuite, quand le pouvoir est en place, il devient très
difficile de le dénoncer pour tout un ensemble de raisons
sur lesquelles je reviendrai dans un autre article. Voici quelques
exemples de ce que l'on peut parfois (souvent ?) observer.
§ Un premier problème est celui de la division entre ceux
qui s'occupent de la marche de l'organisation (l'interne), et les
autres.
Cette division dans une organisation qui a pour but d'intervenir
sur les lieux de travail pose le problème des disponibilités
de chacun. Il est clair qu’un ouvrier dans le secteur privé
aura moins de temps à consacrer à la marche de son
organisation qu'un chômeur, une personne au travail moins
pénible, ou un étudiant. L'activité salariée
n'est pas le seul facteur qui intervient, mais joue pour beaucoup
dans une division qui se met vite en place, puisque certaines personnes
peuvent se désintéresser complètement de la
marche de leur organisation. Le manque de vigilance de chacun ouvre
alors la porte aux manœuvres politiciennes que tous ne comprennent
pas, pour orienter l'organisation sans poser les débats ouvertement.
On peut même voir des personnes tout à fait sincères
aller jusqu'à dire que seule l'action sur le terrain compte,
au détriment de la cohérence" de leur organisation
et de la démocratie directe. Ce point mériterait à
lui tout seul d'être abordé beaucoup plus longuement,
mais ce n'est pas le but de cet article.
§ Un fait concret peut permettre de repérer l'existence
d'une autorité au sein d'un groupe : l'acharnement (pratiques
discriminatoires, attaques répétées, mensonges
contre ceux qui sont considérés comme des rivaux par
les personnes en vue dans le groupe (alors qu'il y a simplement
différence de point de vue), ou contre ceux qui ne suivent
pas simplement ce qui s'est toujours fait et posent des questions.
On cherche à isoler un individu pour le marginaliser, le
mettre mal à l'aise et le forcer à partir de lui-même
pour éviter une exclusion trop visible et risquant de poser
des débats.
Il faut cependant faire la différence entre des divergences,
qui peuvent revenir de manière répétée
et provoquer des débats parfois passionnés, et l'acharnement,
qui vise à mettre un individu mal à l'aise, à
le déstabiliser.
§ Utiliser l'argument de l'âge pour faire valoir son point
de vue est à coup sûr un signe d'autoritarisme. Le
problème de l'expérience est plus ambigu, car parfois
elle peut faire la différence. Elle ne peut cependant être
un prétexte pour remettre en question le principe de la décision
collective, comme celui de l'égalité politique (tout
le monde a le même poids dans le processus de décision).
Même si un individu est persuadé d'avoir raison à
cause de son vécu, il ne peut imposer son point de vue. Cela
peut paraître évident, mais dans la pratique ça
l'est beaucoup moins.
§ La main mise sur des mandats jugés important sur un
plan politique est aussi le signe d'une volonté de contrôle.
Par exemple, la presse est un mandat important, puisqu'il s'agit
de l'expression politique de l'organisation vers l'extérieur
: le mandat tourne-t-il ? Y a-t-il des incontournables ? Sur un
plan matériel, avoir un accès privilégié
au local, aux archives du syndicat, ou à un quelconque outil
collectif révèle une volonté de main mise sur
le groupe. La trésorerie, les signatures et représentations
légales, peuvent également attirer les personnes désirant
s'assurer un pouvoir sur une structure.
§ Dans les signes un peu plus évidents, mais avec le pouvoir
rien n'est évident pour ceux qui ont décidé
d'accepter et de ne rien voir, on a les divers passes droits dans
la marche courante du groupe pour les plus autoritaires. Ceux- ci
devraient d'ailleurs être systématiquement stoppés
en posant le problème collectivement. Citons le non-respect
des tours de parole, lorsqu'ils existent, le fait d'engueuler les
autres et de se permettre les mêmes abus...
§ Je n'ai pas la prétention d'avoir été
exhaustif, mais je ne peux pas terminer sans avoir abordé
le caractère informel du pouvoir chez les libertaires.
L'autorité est plus difficile à dénoncer
dans des structures autogérées, car on ne met pas
en place de postes de pouvoirs clairs. On déclare refuser
l'autorité, on prétend que les mandats sont révocables,
on dit qu'il n’y a pas de chefs, mais dans la réalité
c'est très souvent une autre musique. Il peut exister un
véritable pouvoir d'influence, qui peut aller jusqu'à
de la manipulation. Nous touchons là à un problème
qui mériterait lui aussi de plus amples développements,
car les chefs les plus efficaces du milieu anars sont justement
ceux qui ont compris qu'il est inutile d'affirmer son pouvoir ouvertement,
puisque cela ne passerait pas, ou mal. Si on peut considérer
que nous nous influençons tous les uns les autres, quand
peut-on dire que commence la manipulation ? Comment dénoncer
un pouvoir immatériel qui s'en prend directement aux consciences
? Comment ne pas vexer quelqu'un dont on pense qu'il se fait manipuler
? Une des solutions est de faire un travail de longue haleine sur
soi, ainsi que de manière collective dans son organisation,
car je vois mal comment contrer le problème du pouvoir autrement.
Pour finir, je vous renvoie à la lecture du tableau qui suit,
qui provient d'un bulletin dont le nom est Sans-Titre.
Sans-Titre est un réseau d'individus et de collectifs
pratiquant l'autogestion de diverses manières. Comme nous
avons trouvé ce bulletin dans un squat rennais, l'Elkuserie,
nous vous donnons leurs coordonnées (on va pas reproduire
toute la liste quand même) : L'Elkuserie 138 bd Magineot 35000
Rennes. Bonne lecture. <
Le Syndicat Intercorporatif Anarchosyndicaliste de Caen a publié
une brochure sur " L’autoritarisme dans les organisations
libertaires, Formes et remèdes "
Leurs coordonnées :
Syndicat Intercorporatif Anarchosyndicaliste
B P 257
1403 Caen Cedex
s.ia at laposte.net
Plusieurs textes sont issus des travaux du GARAS
Groupe d’Action et de Réflexion Anarcho-Syndicaliste
Garas c/o Sarthe Libertaire
Maison des Associations
Salle n° 23
4, Rue d’Arcole
72000 Le Mans
garas_tours at hotmail.com
D’autres textes émanent des groupes de squatteurs/euses dont
les adresses sont indiquées à la fin des textes
L’Infokiosque de la Charade, place du 8 février 1962, 38400
Saint Martin d'Hères.
charade at squat.net
http://charade.squat.net
Sans-Titre est un réseau d'individus et de collectifs pratiquant
l'autogestion de diverses manières. Comme nous avons trouvé
ce bulletin dans un squat rennais, l'Elkuserie, L'Elkuserie 138 bd
Magineot 35000 Rennes.
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