Objectifs de la sociopsychanalyse
Origine http://www.sociopsychanalyse.com/html/presentation/objectifs.htm
Afin de contribuer à l’étude et au développement
de la psychosocialité individuelle et collective, la sociopsychanalyse
propose un cadre théorique et méthodologique concernant
l’approche du pouvoir et de l’autorité dans les
lieux sociaux de travail et de formation.
La sociopsychanalyse se définit sur deux plans
1) Une méthode d'intervention (depuis 1971)
dans l'ensemble du champ social : entreprises, établissements,
organisations, associations.
Elle utilise un dispositif particulier qui vient s’ajouter
à l’organisation du travail existante. Quatre à
six fois par an, des groupes se réunissent sur la base du
volontariat : groupes homogènes de métier, encadrement,
direction ; la concertation intra-groupe sur l’acte de travail
s’associe à une communication indirecte (écrite
ou orale) entre ces groupes.
Loin d’être une application de la Psychanalyse (aucune
interprétation psychologique n'est faite), son objectif est
double :
- créer les conditions d’une meilleure appropriation
de leur acte de travail par tous les acteurs, et, par là,
favoriser le développement de la partie sociale de leur personnalité.
- participer à l'élaboration d'une psychologie sociale
rigoureuse, qui pourrait s'articuler aux apports de la Psychanalyse
dans le champ individuel, sans réduction de l'une à
l'autre.
2) Une contribution au développement d’une
anthropologie générale (depuis les années
60) par Gérard Mendel, contribution qui se retrouve aussi
dans les fondements théoriques de la méthode d'intervention.
La sociopsychanalyse a été amenée à
développer des concepts psychosociaux nouveaux :
Acte-pouvoir, mouvement d'appropriation de l'acte, socialisation
non-identificatoire, division institutionnelle, clivages complémentaires.
Recherche et interventions sont le fait de " groupes "
de sociopsychanalyse. Il en existe actuellement quatre (Paris :
AGASP ; Nice : ADRAP ; Buenos-Aires, groupe de B-A ; Montréal
: collectif désisyphe).
Gérard Mendel d’une part, les membres des groupes
d’autre part, publient leurs travaux depuis 1968.
La sociopsychanalyse : quelques aspects théoriques
Origine http://www.sociopsychanalyse.com/html/presentation/theorie.htm
La théorie sociopsychanalytique, élaborée
pour l’essentiel par Gérard Mendel, s’est construite
dans un rapport étroit aux interventions de terrain menées
les groupes de sociopsychanalyse, en premier l’Agasp-Groupe
Desgenettes . Le travail collectif d’analyse et de compréhension
du matériel recueilli a contribué, en retour, à
nourrir la recherche théorique et à développer
des formes méthodologiques d’intervention de mieux
en mieux adaptées à la diversité des institutions.
L’institution (le terme d’organisation peut être
aussi utilisé) désigne pour nous toute structure ayant
pour objet la réalisation de finalités sociales et/ou
économiques, et dont le mode de fonctionnement, habituel
dans notre société, découle, notamment, de
deux principes majeurs : la division technique et la division hiérarchique
du travail.
L’enjeu essentiel, pour toute organisation, c’est la
construction et la mise en œuvre d’une collaboration
nécessaire et efficace entre les différents métiers,
les fonctions, les niveaux hiérarchiques…pour réaliser
ses finalités, quelle qu’en soit la nature : produire
des biens matériels, proposer des services, offrir des soins
aux malades, dispenser un enseignement et préparer des diplômes
etc. L'Agasp-Groupe Desgenettes, durant les trois décennies
de son existence, a acquis une connaissance approfondie de la dynamique
du fonctionnement institutionnel, grâce à la multiplicité
des interventions – plusieurs dizaines- menées dans
des secteurs très variés du champ social : entreprises,
institutions éducatives, de la Maternelle à l’Université,
secteurs médical, médico-social et socio-éducatif,
instances syndicales et politiques, collectivités locales…
Les autres groupes, plus récents, oeuvrent dans le même
sens
Quels sont les éléments théoriques qui sous-tendent
nos démarches de terrain ?
Notre approche s’attache à comprendre les effets du
fonctionnement des institutions (lieux où l’individu
rencontre le social) sur le développement d’une dimension
importante de la personnalité des individus concernés.
Cette influence du social sur le psychologique commence très
tôt dans notre société où la plupart
des jeunes enfants sont accueillis dans des institutions éducatives
(crèche, école maternelle) et, donc confrontés,
hors de leur famille, à des cadres structurels, des règles,
des modes de fonctionnement, des rapports d’autorité
et de pouvoir…qui orienteront grandement leur évolution
personnelle. Celle-ci, plus tard, sera tributaire d’autres
institutions, notamment les organisations de travail, dont le fonctionnement
conditionne la manière dont chacun peut exercer ses activités
et, ce faisant, développer ce registre de la personnalité
nommé par G.Mendel le « Moi psychosocial », qui
se construit dans les rapports de l’individu aux réalités
de son environnement organisationnel et social.
Ainsi, est-il pertinent de distinguer deux dimensions complémentaires
de la personnalité :
d'une part le mode d’organisation et de fonctionnement psychologique
(auquel il est fait référence le plus souvent) issu
du cadre familial et des rapports intersubjectifs vécus et
mis en forme durant la petite enfance, et dont la psychanalyse,
notamment, a su explorer les fondements. Ce registre est celui que
G.Mendel nomme « psychofamilial »,avec l’instance
psychique correspondante, le « Moi psychofamilial ».
A ce versant se rattache la question de l'autorité, à
laquelle G.Mendel a apporté un éclairage décisif
dans son oeuvre (cf notamment : Mendel Gérard (2002) Une
histoire de l'autorité, Paris, La Découverte).
d'autre part, le domaine de la « psychosocialité "
, dont nous avons commencé à évoquer ci-dessus
certains déterminants liés aux rapports individu-organisation,
et domaine de l’instance du « Moi psychosocial ».
Nos interventions de terrain visent donc à permettre le
développement de la personnalité psychosociale, et
nous nous appuyons sur deux concepts nouveaux pour rendre compte
du sens de cette pratique.
Ier concept : l’acte-pouvoir
L'acte-pouvoir spécifie le lien consubstantiel entre l'acte
et le pouvoir qu'il produit ; toute activité humaine modifie
son environnement et, de ce fait, crée tout à la fois
un pouvoir sur cet environnement et un rapport psychologique spécifique
à cette réalité sur laquelle l’acte donne
prise, contribuant ainsi au développement du « Moi
psychosocial ».
L’acte-pouvoir a le plus souvent une double composante, individuelle
et collective :
- individuelle : le développement psychomoteur, langagier
et cognitif du jeune enfant lui assure, progressivement, une certaine
maîtrise de ses rapports au monde réel qui l’entoure.
Cet acte-pouvoir individuel recouvre aussi l’exercice de nombreuses
activités de la vie d’adulte (culture, sport, loisirs,
bricolage…) y compris dans le champ social : toutes les professions
exercées à titre individuel (artisanat, professions
libérales…) en sont de bons exemples ;
- collective : la plupart des activités sociales s’exercent
dans le cadre d';institutions dont le fonctionnement implique des
formes collectives d’organisation et d’activité
en vue de finalités précises, par exemple construire
des bâtiments ou des voitures, former de futurs diplômés,
soigner des malades, produire un journal…
Par ailleurs, l'acte-pouvoir comporte deux dimensions :
- le pouvoir sur l'acte, qui rend compte du degré de maîtrise,
très variable selon les circonstances, dont peut disposer
un individu sur son activité, en fonction par exemple de
son niveau d'information, de ses marges d'action;
- le pouvoir de l'acte : l'acte produit toujours des effets sur
l'environnement, d'ampleur variable selon sa nature. Une question
se pose en corollaire : jusqu'à quel point l'auteur (ou les
auteurs) est-il en mesure d'identifier les effets de son acte, de
suivre leur progression et, le cas échéant, d'en bénéficier
dans son développement psychologique ?
Dans un contexte organisationnel favorable (assez rare aujourd’hui)
permettant au sujet de disposer d’une certaine maîtrise
sur son activité professionnelle, le plaisir, la motivation,
la créativité, le sens des responsabilités
se développent en corollaire à l’acte-pouvoir.
A l’inverse, l’absence de pouvoir entraîne l’insatisfaction,
le désintérêt, voire la souffrance au travail.
2ème concept : le mouvement d’appropriation
de l’acte
Il complète le premier.
Le mouvement d'appropriation de l'acte, qui exprime la dynamique
de la relation du sujet à son acte-pouvoir. Ce concept désigne
la manifestation d’un mouvement anthropologique fondamental,
porteur du besoin, pour chaque sujet social, de s'approprier et
de préserver, à propos de ses activités sociales,
notamment professionnelles, le maximum possible du pouvoir de son
acte, dans sa triple composante – les conditions de réalisation
(notamment l’organisation du travail), le contenu, les effets
extérieurs ; de ses actes.
Le mouvement d'appropriation de l'acte, se manifestant individuellement
et collectivement, est le « moteur » du fonctionnement
de notre dispositif d'intervention ; il lui imprime sa dynamique.
Ce mouvement sous-tend le développement des processus psychosociaux
spécifiques à l’œuvre dans nos interventions.
C’est son expression, inscrite dans le cadre structurant de
notre démarche, qui permet aux acteurs d’éprouver
une plus grande satisfaction au travail, une motivation et un sentiment
de responsabilité accrus, ainsi que la nécessité
de coopérer plus efficacement avec les autres acteurs pour
mener à bien la finalité de leur travail via celle
de l’organisation concernée.
Notre dispositif d';intervention a donc pour objectif, en agissant
sur l'organisation du travail, de permettre et de renforcer, selon
des modalités précises, l’expression du mouvement
d'appropriation de l'acte, en tant que support d'une plus grande
maîtrise de leur acte-pouvoir par chacun des acteurs concernés.
La possibilité d'inscrire ce processus dans une certaine
durée (au moins quelques mois) permettra aux participants
de ressentir les effets d'un enrichissement de leur personnalité
sociale.
Il faut noter que les conditions d'émergence et de maintien
de ce processus dépendent pour l'essentiel de deux facteurs
qui se situent sur deux plans différents : d'une part, les
possibilités (organisation du travail, fonctionnement de
la voie hiérarchique) propres à l'institution considérée,
d'autre part, pour les acteurs, la capacité de dépassement
(avec l’aide de nos intervenants) d’un sentiment inconscient
de culpabilité lié à la manifestation du mouvement
d’appropriation de l’acte.
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