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Origine : http://citron-vert.info/article.php3?id_article=62
Psychanalyste, sociologue, mais aussi militant, Gérard Mendel
est mort d’un cancer à l’âge de 74 ans.
Eh oui, encore, mais là le cadavre n’est pas encore
vraiment froid, et le souvenir du vivant illumine depuis et encore
pour longtemps mes (nos) sombres cavernes intérieures, comme
un flambeau de pensée clairvoyante et d’absolue rigueur
éthique...
J’insiste, et j’insisterai encore, car G.Mendel n’était
pas SEULEMENT Psychanalyste ET Sociologue, ce qui ne serait déja
pas si mal !
Le Monde d’hier, dans sa nécro, bien incomplète
et imparfaite comme c’est toujours le cas, a eu raison de
titrer : "le Psychanalyste Militant", car ses articles
parlant de l’homme et des rapports de groupe (tiens !) dans
les organisations politiques ont rempli les colonnes du "Monde"
comme de "Politis", dans les années 80 et 90 en
particulier, et il animait des collectifs de recherche d’intervention
sur les institutions dont l’action eût été
plus que bénéfique sur un Parti en Mouvement comme
le nôtre, si celles/ceux qui étaient aux affaires chez
les Verts n’avaient ces dernières années encore,
preferé des (jeunes) sociologues plus "malléables",
à Bruxelles par exemple ...
Mendel avait crû en le PS ds les années 70, et la
pratique de ce Parti une fois au pouvoir lui avait révélé
ses erreurs et illusions dans les années 80.
Il s’était rapproché des Verts dans les années
90. On ne peut pas dire que les "Verts de gauche" lui
aient rendu la politesse ...
Dans son avant-dernier ouvrage, "Pourquoi la Démocratie
est en panne", sous-titré "Construire la démocratie
participative" (230 p., Ed. La Découverte, sept. 2003,
17€), il constate (quatrième de couverture) qu’aujourd’hui
8% seulement des français attendent de leur vote un changement
dans leur vie quotidienne, les hommes politiques n’ont plus
leur confiance, les partis sont en crise....
Bien loin des explications classiques de ce phénomène,
G.Mendel en explore les causes profondes. Il s’appuie pour
cela, notamment, sur de passionnantes enquêtes/interventions
menées ces dernières années au sein d’organisations
politiques et syndicales de gauche (PS, PC, Verts [voir plus bas],
CFDT...) Cette analyse originale lui permet d’explorer les
pistes d’un possible dépassement du blocage démocratique.
Celui-ci implique à ses yeux, en plus des formes démocratiques
classiques (délégation et ordre hiérarchique),
le développement de la "démocratie participative"
à tous les niveaux.
En mobilisant les résultats de centaines d’interventions
menées dans tout le champ social depuis plus de trente ans,
G.Mendel montre combien cette notion galvaudée peut retrouver
un nouveau sens. Et à quelles conditions elle peut permettre
à chacunE, à l’intérieur des formes existantes,
d’exercer plus de pouvoir sur SES actes. Tout autant que la
description du possible, ce livre est une étude des forces
qui aujourd’hui pèsent sur l’individu : les forces
économiques d’abord, mais aussi celles liées
à la subjectivité, à ses illusions toujours
renaissantes, à ses passions, à son attente de solutions
miracles, qui font également de la démocratie un combat
contre soi.
extrait du sous-chapitre :"le mouvement des Verts, par deux
fois" (p.13) :
Un séminaire "pluricatégoriel" :
« A l’été 1992, l’un des courants
des Verts me demande d’animer le première journée
de son séminaire d’été, près d’Antibes
[1]. Une soixantaine de personnes se trouvent réunies, dont
sept responsables nationaux ou élus locaux.
Je les repartis ("à la force du poignet", la demande
étant plutôt de groupes thématiques et d’une
assemblée générale) en quatre groupes : le
premier composé des responsables [2], les trois autres étant
: les "militants", les "sympathisants", le dernier
avec les femmes, indifféremment de leur situation [3].
Suit une heure et demie de tractations désagréables
.... Finalement, chaque groupe se reunit separèment pendant
deux heures, avec A.G l’apres-midi, où chaque groupe,
sans rapporteur, restitue son travail en "grand groupe",
dans l’ordre imposé suivant : les sympathisants, les
militants, les femmes, les responsables [4].
(........)
Les responsables avaient été pris à contre-pied
par mon dispositif. D’habitude, dans ce genre de réunion,
très peu de voix se font entendre, les participants se contentant
d’offrir une caisse de résonance au discours des leaders.
Au contraire, durant toute la journée, une grande animation
avait régné, tous et toutes avaient parlé,
chacunE avec sa voix propre, des idées étaient nées,
jamais encore exprimées. Bref, une vraie création
collective s’était produite.
L’évaluation finale refléta le contentement
vif d’une très forte majorité de présents.
Mais les invitations provenant toujours du haut de l’appareil,
jamais plus par la suite je ne serais invité. Au moment de
nous quitter, les responsables nationaux me serrèrent à
peine la main en regardant ailleurs. J’avais enfreint un code
tacite : l’intervenant est l’allié de celui qui
l’invite....... Il restait quand même aux dirigeants
le dimanche pour reprendre en main la troupe, et je ne doute pas
qu’ils aient réussi, leur expérience étant
manifestement grande. [5] »
Cet extrait ne comporte qu’une partie de 5 pages du livre
sur les 230, vous aurez compris que ce type d’intervention
n’avait pas pour objet de servir de modèle à
des A-G, même de groupe local (hihi), mais de créer
un moment de véritable démocratie participative permettant
à chacunE de devenir, dans le grand groupe, le SUJET d’une
parole originale et authentique, ce qu’il appelle "l’acte
-pouvoir".
Un vrai cauchemar pour les assoiffés de carrière,
grands pourvoyeurs de montagnes "d’anciens militants"......
!
[1] "Fil-Vert"
[2] i-so-lés, à leur désespoir !
[3] 25% des présents : on est en 92, c’est TOUT sauf
mysogne.
[4] en dernier, devinez pourquoi
[5] En effet, c’est ce qui s’est passé, et plus
vite encore qu’il ne l’écrit, le soir même
la "reprise en mains" fût faite, et énergiquement
faite. Depuis 1992, les "responsables" en question sont
TOUS élus à des "mandats du peuple" régionaux
ou nationaux, et sur la soixantaine des présents au moins
quarante ont quitté les Verts.
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