"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
Gérard Mendel, psychanalyste militant, est mort
lundi 18 octobre 2004.par André Mazaingue

Origine : http://citron-vert.info/article.php3?id_article=62


Psychanalyste, sociologue, mais aussi militant, Gérard Mendel est mort d’un cancer à l’âge de 74 ans.

Eh oui, encore, mais là le cadavre n’est pas encore vraiment froid, et le souvenir du vivant illumine depuis et encore pour longtemps mes (nos) sombres cavernes intérieures, comme un flambeau de pensée clairvoyante et d’absolue rigueur éthique...

J’insiste, et j’insisterai encore, car G.Mendel n’était pas SEULEMENT Psychanalyste ET Sociologue, ce qui ne serait déja pas si mal !

Le Monde d’hier, dans sa nécro, bien incomplète et imparfaite comme c’est toujours le cas, a eu raison de titrer : "le Psychanalyste Militant", car ses articles parlant de l’homme et des rapports de groupe (tiens !) dans les organisations politiques ont rempli les colonnes du "Monde" comme de "Politis", dans les années 80 et 90 en particulier, et il animait des collectifs de recherche d’intervention sur les institutions dont l’action eût été plus que bénéfique sur un Parti en Mouvement comme le nôtre, si celles/ceux qui étaient aux affaires chez les Verts n’avaient ces dernières années encore, preferé des (jeunes) sociologues plus "malléables", à Bruxelles par exemple ...

Mendel avait crû en le PS ds les années 70, et la pratique de ce Parti une fois au pouvoir lui avait révélé ses erreurs et illusions dans les années 80.
Il s’était rapproché des Verts dans les années 90. On ne peut pas dire que les "Verts de gauche" lui aient rendu la politesse ...

Dans son avant-dernier ouvrage, "Pourquoi la Démocratie est en panne", sous-titré "Construire la démocratie participative" (230 p., Ed. La Découverte, sept. 2003, 17€), il constate (quatrième de couverture) qu’aujourd’hui 8% seulement des français attendent de leur vote un changement dans leur vie quotidienne, les hommes politiques n’ont plus leur confiance, les partis sont en crise....

Bien loin des explications classiques de ce phénomène, G.Mendel en explore les causes profondes. Il s’appuie pour cela, notamment, sur de passionnantes enquêtes/interventions menées ces dernières années au sein d’organisations politiques et syndicales de gauche (PS, PC, Verts [voir plus bas], CFDT...) Cette analyse originale lui permet d’explorer les pistes d’un possible dépassement du blocage démocratique. Celui-ci implique à ses yeux, en plus des formes démocratiques classiques (délégation et ordre hiérarchique), le développement de la "démocratie participative" à tous les niveaux.

En mobilisant les résultats de centaines d’interventions menées dans tout le champ social depuis plus de trente ans, G.Mendel montre combien cette notion galvaudée peut retrouver un nouveau sens. Et à quelles conditions elle peut permettre à chacunE, à l’intérieur des formes existantes, d’exercer plus de pouvoir sur SES actes. Tout autant que la description du possible, ce livre est une étude des forces qui aujourd’hui pèsent sur l’individu : les forces économiques d’abord, mais aussi celles liées à la subjectivité, à ses illusions toujours renaissantes, à ses passions, à son attente de solutions miracles, qui font également de la démocratie un combat contre soi.

extrait du sous-chapitre :"le mouvement des Verts, par deux fois" (p.13) :
Un séminaire "pluricatégoriel" :

« A l’été 1992, l’un des courants des Verts me demande d’animer le première journée de son séminaire d’été, près d’Antibes [1]. Une soixantaine de personnes se trouvent réunies, dont sept responsables nationaux ou élus locaux.

Je les repartis ("à la force du poignet", la demande étant plutôt de groupes thématiques et d’une assemblée générale) en quatre groupes : le premier composé des responsables [2], les trois autres étant : les "militants", les "sympathisants", le dernier avec les femmes, indifféremment de leur situation [3].

Suit une heure et demie de tractations désagréables .... Finalement, chaque groupe se reunit separèment pendant deux heures, avec A.G l’apres-midi, où chaque groupe, sans rapporteur, restitue son travail en "grand groupe", dans l’ordre imposé suivant : les sympathisants, les militants, les femmes, les responsables [4].
(........)
Les responsables avaient été pris à contre-pied par mon dispositif. D’habitude, dans ce genre de réunion, très peu de voix se font entendre, les participants se contentant d’offrir une caisse de résonance au discours des leaders. Au contraire, durant toute la journée, une grande animation avait régné, tous et toutes avaient parlé, chacunE avec sa voix propre, des idées étaient nées, jamais encore exprimées. Bref, une vraie création collective s’était produite.

L’évaluation finale refléta le contentement vif d’une très forte majorité de présents. Mais les invitations provenant toujours du haut de l’appareil, jamais plus par la suite je ne serais invité. Au moment de nous quitter, les responsables nationaux me serrèrent à peine la main en regardant ailleurs. J’avais enfreint un code tacite : l’intervenant est l’allié de celui qui l’invite....... Il restait quand même aux dirigeants le dimanche pour reprendre en main la troupe, et je ne doute pas qu’ils aient réussi, leur expérience étant manifestement grande. [5] »

Cet extrait ne comporte qu’une partie de 5 pages du livre sur les 230, vous aurez compris que ce type d’intervention n’avait pas pour objet de servir de modèle à des A-G, même de groupe local (hihi), mais de créer un moment de véritable démocratie participative permettant à chacunE de devenir, dans le grand groupe, le SUJET d’une parole originale et authentique, ce qu’il appelle "l’acte -pouvoir".

Un vrai cauchemar pour les assoiffés de carrière, grands pourvoyeurs de montagnes "d’anciens militants"...... !


[1] "Fil-Vert"

[2] i-so-lés, à leur désespoir !

[3] 25% des présents : on est en 92, c’est TOUT sauf mysogne.

[4] en dernier, devinez pourquoi

[5] En effet, c’est ce qui s’est passé, et plus vite encore qu’il ne l’écrit, le soir même la "reprise en mains" fût faite, et énergiquement faite. Depuis 1992, les "responsables" en question sont TOUS élus à des "mandats du peuple" régionaux ou nationaux, et sur la soixantaine des présents au moins quarante ont quitté les Verts.