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Envisager la modernité et le machinisme autrement avec Gunther Anders
Note de lecture et présentation de l'oeuvre d'Anders
Mars 2006

Un ami a attiré mon attention sur Gunther Anders. Je ne connaissais pas cet auteur, même de nom. En cherchant à me documenter, j’ai découvert un penseur de la technique et une personne à faire connaître. Son apport est original et fécond. Pour présenter la pensée de Gunther Anders, j’ai travaillé avec les livres suivants :

§ Gunther Anders, « L’obsolescence de l’homme » « Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle » Encyclopédie des Nuisances, Paris 2002, 360 pages, 25 Euros.

§ Gunther Anders, « Nous fils d’Eichmann », Rivages Poche, Paris 2003, 170 pages, 7 Euros.

§ Gunther Anders, « Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ! » Editions Allia, Paris, 2002, 170 pages, 5,80 Euros.

§ Gunther Anders, « Sur la pseudo concrétude d’Heidegger» Editions Sonka, Paris, 144 pages, 13,30 Euros.

§ Thierry Simonelli, « Gunther Anders, De la désuétude de l’homme » Editions du Jasmin, Paris, 2004, 95 pages, 11 Euros.

La présentation de l’oeuvre de Gunther Anders par Thierry Simonelli est simple et claire. Sa lecture ne dispense pas de lire les autres ouvrages de Anders disponibles en français. Se familiariser avec sa pensée demande du temps et du travail. Au premier abord, ses thèses peuvent surprendre. Certaines de ses idées sont passées dans le sens commun de la critique du capitalisme. Sa lecture nous fait remonter le temps. C’est un penseur qui a été formé dans l’Allemagne des années vingt du vingtième siècle. Il a été l’élève de Husserl et de Heidegger. Gunther Anders est né en 1902 et est mort en 1992. Son vrai nom est Gunther Stern. Il était juif allemand, il a fuit le nazisme avec Annah Arendt, sa première femme. Il a été l’ami de Brecht, Adorno, Benjamin, Horkheimer.

Sa pensée nous place à l’analyse de la modernité, qui peut se caractériser par le monopole étatique de la violence, l’administration bureaucratique de l’Etat et la division du travail. Les analyses d’Enzo Traverso peuvent nous aider à approcher Anders. Dans ce cadre, Auschwitz est une usine moderne, dont la spécificité est de produire des cadavres. Le fonctionnement des camps de la mort implique une bonne maîtrise de la division du travail et une logistique impeccable. C’est Eichmann qui s’en chargera.

Hiroshima et Nagasaki sont les deux premiers endroits, où apparaît pour la première fois la monstruosité atomique. C’est la première fois dans l’histoire humaine, que l’on peut détruire l’humanité et la terre, le monstrueux marque l’humanité à jamais depuis cette date. Pourtant, cette horreur atomique ne sera pas mise en œuvre par une idéologie comme l’a été le nazisme. Il s’agit selon les mots de Gunther Anders d’un crime d’employés consciencieux. Avec la bombe atomique, les humains sont devenus des fonctionnaires de la bombe. Anders insiste sur l’effet déshumanisant de la bombe.

Face à ces ruptures, faut-il rester dans une acceptation résignée et impuissante ou se ressaisir dans un sursaut d’insurrection morale ? Gunther Anders argumente et milite pour la seconde solution. Il a été un militant anti-nucléaire dès 1948. Il a participé au Tribunal Russell avec Primo Lévi. Il a été au Japon pour rencontrer les rescapé/es de la bombe atomique. Il est intervenu publiquement de nombreuses fois pour nous mettre en garde contre les conséquences de la technique.

Pour lui, Auschwitz et Hiroshima, c’est le début d’une ère nouvelle, dans laquelle l’humanité est en mesure de s’auto détruire. Gunther Anders pense qu’il existe une affinité entre la barbarie des chambres à gaz et celle des bombes atomiques qui ont détruit ces deux villes et tué tant d’humains et brisé tant de vies. Ceci marque, pour lui, l’obsolescence de l’homme. Comme Walter Benjamin, Gunther Anders affirme qu’il faut penser à partir de la catastrophe. Comme le dit Enzo Traverso, la rationalité occidentale est en question dans la barbarie nazie. Le progrès ne conduit pas automatiquement à une société meilleure, il a conduit à la barbarie.

D’autre part, on peut noter une proximité de la pensée de Gunther Anders avec celle des penseurs comme Jacques Ellul et Bernard Charbonneau. Ceux-ci sont maintenant reconnus comme des précurseurs de l’écologie politique. La question de la technique est centrale pour ces trois auteurs. La neutralité de la technique est interrogée. La technique désacralise tout même si elle apparaît souvent comme magique et indispensable.

La technique actuelle est très différente des sociétés antérieures. Les moyens dont nous disposons sont disproportionnés par rapport à nos capacités d’humains. Les humains sont vite limités, les machines ne le sont pas. La compréhension des finalités de nos ensembles techniques est très difficile.

La technique englobe tout. Notre vie est enserrée dans la technique, qu’elle soit machinique ou organisationnelle. Dans notre vie, selon Gunther Anders, il existe deux types de travail, celui de la journée et celui du soir ou du week-end, du temps libre. Le premier concerne la production, le second celui de la consommation. La production des marchandises produit aussi la demande, l’offre sollicite la demande. Il y a une sorte d’inversion avec le développement de la science et de la technique. La publicité est en charge de faire écouler la production pour que se réalise le capital. Il y a bien un travail humain au service de la consommation.

Anders parle de l’importance de la télévision dans ces dispositifs. La télévision a pour fonction de produire le monde. Elle prend le relais des grands systèmes religieux et philosophiques. C’est la télévision qui donne maintenant une vision d’ensemble. La télévision nous rend consommateur du monde. Gunther Anders a observé la société américaine, où l’influence de la télévision était perceptible dès les années 40.

La télévision va au-delà de la pub, son efficacité mentale permet de faire comme si l’objet était présent. On ne peut pas faire comme le propose Heidegger pour sortir de l’aliénation, s’appuyer sur un retrait pour dévoiler l’être. L’authenticité ne peut pas être atteinte par la voie de la déchéance de l’objet. L’information produite par la télévision est une marchandise pour la consommation et la jouissance. En préparant cette marchandise, les médias occulte le processus de fabrication. Le préjugé est intégré au produit directement consommable. Une herméneutique de la présence dissimulée ne sert à rien. Anders rejette la solution d’Heidegger. Il refusera toujours de le rencontrer après la fin de la guerre.

Avec la télévision, il n’y a pas de place pour le dysfonctionnement. La télévision participe à la création d’un monde construit, qui cache le monde réel. Elle vise l’harmonisation entre ce monde et ses consommateurs. La télévision livre le monde prêt à être consommé. Ce produit ne nécessite plus d’effort, ni d’interprétation ni de déchiffrage. Nous sommes contraints à être consommateurs/trices. L’image de la réalité se constitue comme réalité. Il y a une inversion entre le réel et le fictif. La télévision délivre une image, qui devient la matrice du monde. La représentation ne cherche plus à être juste comme un reflet adéquat au monde ou pertinent. Le réel du monde n’existe plus que comme moyen de production de la marchandise finale. L’industrie du divertissement a une faim universelle, elle absorbe tout. Tout est dans la télévision, il n’y a plus de champ hors images, tout est intégré dans la consommation jouissive. La télévision a transformé le monde en divertissement.

La télévision produit des schémas, c’est un pragmatisme, qui produit l’homme de masse. Il en résulte un conformisme puissant et un accord généralisé. Le solipsisme face à la lucarne magique va de pair avec la massification. Plus le pouvoir est total, plus les ordres sont imperceptibles et plus notre obéissance paraît évidente. Plus nous nous croyons libres, plus nous avons l’illusion d’être libres et plus le pouvoir est total.

La télévision est l’aide au développement du capitalisme pour résoudre le problème de la faim des marchandises. La télévision est un l’appareil de production de l’humain consommateur, c’est un moyen au service des marchandises. La domination passe par la jouissance et la consommation. Avant, nous n’avions que nos chaînes à perdre, aujourd’hui nous nous croyons libres du fait même de nos chaînes.

Cette analyse est banale aujourd’hui, en 1952 elle était novatrice et unique. D’ailleurs, elle est restée presque clandestine sur le moment. Elle nous a été transmise par la critique du spectacle de Guy Debord. Gunther Anders est resté un penseur quasi inconnu. Son livre sur l’obsolescence de l’homme a été publié en 1956 et traduit en français seulement en 2002. Le second tome de 1988 n’est toujours pas traduit. En lisant Anders, nous sommes conviés à une sorte d’archéologie des idées. Nous trouvons la critique de la massification de l’Ecole de Francfort (Adorno, Horkheimer, ..), nous rencontrons les arguments des anti-pub sur le rôle de la publicité. Cette archéologie est justifiée par notre difficulté à comprendre la postmodernité. Quand Anders constate que la morale est devenue une question de contexte, il était précurseur, maintenant c’est une banalité dans la postmodernité contemporaine.

Quand Anders parle d’obsolescence de l’homme, c’est la conséquence de l’extension du domaine machinique, qui refoule l’humain à la marge de la production. Avec la bombe atomique, la toute puissance est passée du côté de la technique. La bombe atomique dépasse toute fin imaginable. La bombe a subvertit la relation entre les moyens et les fins. Avec la bombe, pour Gunther Anders, qui veut les moyens veut la fin. A Hiroshima et Nagasaki, les victimes sont restées muettes. Notre sensibilité ne peut pas fonctionner pour des milliers de morts, des centaines de milliers de morts ou des millions de morts. Structurellement les capacités humaines sont largement dépassées.

Un acte comme le lâcher d’une bombe atomique, est le résultat d’un travail consciencieux. C’est une manipulation de machines, la mise en œuvre de machines en lien avec d’autres machines. Il n’y a plus besoin d’idéologie. La falsification ou le camouflage des buts de l’activité suffisent. Le travail rationalisé excède nos possibilités, le résultat n’est pas visible spontanément. Il n’est plus possible d’avoir une vision unitaire. La division du travail fragmente les activités et on ne sait pas forcément à quoi va servir notre travail. Nous sommes en pleine schizophrénie, à cause de la division du travail. Cette schizophrénie est la condition humaine du 20eme siècle. Nous retrouvons là la base des analyses de Deleuze et Guattari, notamment dans l’anti-oedipe.

La machine n’est pas neutre, c’est une erreur de penser que la machine est neutre, selon Anders. L’usage humain est intégré à la machine, c’est encore plus vrai depuis que la pensée est intégrée aux machines dans les ordinateurs et les systèmes des réseaux de machines. L’utopie était la réalisation d’une imagination. La bombe, elle, réalise quelque chose que nous ne pouvons pas imaginer. La répétition de cette catastrophe est possible.

Contre Heidegger, il affirme la nécessité d’une analyse anthropologique et non pas d’une ontologie, une théorie de l’être qui revient toujours à construire une métaphysique. La philosophie ne doit perdre son temps à chercher l’être, elle ne doit pas être une herméneutique, une exégèse ou une interprétation qui voudrait dévoiler la présence dissimulée de l’être, mais une analyse concrète de notre espace humain et de ses problèmes.

Anders estime que la philosophie n’a de sens que si elle pense pour les humains de notre temps et dans notre situation. La philosophie, conçue pratiquée comme un exercice de pensée détaché de la réalité, serait comparable au boulanger qui ferait des petits pains pour les autres boulangers.

Il a exercé le métier de journaliste en Allemagne avant de fuir le nazisme. C’est à ce moment là que son nom est devenu « Anders ». Son nom de famille est « Stern ». Son directeur de journal trouvait que ce nom apparaissait trop souvent dans le journal en pleine montée du nazisme. Il a répondu par une boutade « appelez moi « autrement » » et voilà comment il est devenu Gunther Anders, « anders » voulant dire « autrement » en allemand.

Il a été le premier mari de Annah Arendt, comme elle, il a été l’élève de Heidegger. Il a écrit un livre contre lui en 1943 aux USA. Ce livre n’est pas connu, ni à l’université ni ailleurs et c’est dommage, car il déboulonne Heidegger de son socle de plus grand philosophe du 20eme siècle. Il s’intitule « Sur la pseudo concrétude de Heidegger ». Anders articule la critique de la démarche philosophique avec les choix politiques. Anders va de la critique de philosophie d’Heidegger à la politique et non l’inverse comme l’a fait Bourdieu.

En philosophie, Gunther Anders propose d’utiliser la méthode de l’exagération. Elle est nécessaire, parce que si on n’intensifie pas certains phénomènes, il est impossible de les aborder. Les machines ont pris de l’avance sur nous et il est très difficile de penser le progrès et le développement de nos productions. Il existe un écart important entre l’homme et ce qu’il produit. Pour Anders, l’origine du problème est là. Il existe un écart entre nos possibilités de production ou de destruction et nos capacités humaines de représentation et d’imagination. Les facultés humaines du corps et du cerveau sont bien plus faibles que les capacités de nos machines. Anders écrivait cela dans les années cinquante, avec la puissance des ordinateurs d’aujourd’hui ce constat est indéniable. Gunther Anders nous invite à une prise de conscience des limites de l’homme. C’est pour cette raison qu’il parle de la honte prométhéenne. Cette honte s’empare de l’homme, quand il regarde ses créations. Face aux machines et à la complexité de l’organisation sociale que nous avons créée, l’humain est bien petit. Le sentiment d’infériorité des humains face aux machines et dispositifs collectifs n’est pas contestable aujourd’hui. L’ordinateur a battu l’homme aux échecs il y a déjà plusieurs années. Les machines sont partout, nos boîtes à lettres sont remplies de lettres écrites par les machines, sans les machines nous aurions du mal à nous déplacer, à vivre tout simplement. Le phénomène machinique est devenu irréversible.

Gunther Anders pense que la production des moyens est devenue une fin en soi, la fin contenue dans les moyens est devenue autonome. L’homme est plus petit que lui-même, bien plus faible que sa production. Il existe un décalage entre les résultats de notre rationalité et notre sensibilité, notre imagination. C’est cet écart qui est à la source de nos problèmes, selon Anders. C’est pour cela qu’il parle d’obsolescence de l’homme. Il milite pour remettre l’humain au premier plan, ce que nous faisons de multiples façons aujourd’hui face aux dégâts du capitalisme post-moderne.

Dans la pensée commune marquée par les Lumières, le progrès était synonyme de mieux-être. Avec la bombe atomique et la mort industrielle des camps nazis, le progrès est devenu synonyme de catastrophe. La croyance dans le progrès pose donc problème depuis 1945.

Cette méthode de l’exagération est un passage à la limite, qui opère un déplacement du sujet. Chez Anders, les machines et les marchandises deviennent des sujets à part entière. Quand Gunther Anders se demande si nous ne sommes pas esclaves des machines ou si les marchandises ont faim, c’est de cela qu’il s’agit. Il parle des machines, qui se reproduisent toutes seules. Son exagération permet de constater qu’effectivement les machines sont toujours plus perfectionnées et qu’à chaque nouvelle génération, les machines deviennent plus fonctionnelles et plus performantes. Sa façon de présenter le système des machines nous montre un ensemble, qui tend à devenir totalitaire. L’agrégation des réseaux lui donne raison. Anders est mort avant le triomphe d’Internet, et force est de constater qu’il avait raison. On peut appréhender la notion de « méga machine » de Serge Latouche de la même manière. Paul Virilio insiste, lui, sur la notion de vitesse et de catastrophe possible, Anders l’avait précédé depuis longtemps. Quand René Riesel et d’autres parlent de la technique comme d’un rapport social, nous sommes chez Anders. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que c’est l’Encyclopédie des nuisances qui publie Anders.

Anders défini le prolétaire en partant de l’absence de liberté au lieu de partir de l’exploitation économique, il remet la domination politique au premier plan. Il a travaillé en usine aux USA. Il a connu Hollywood depuis les décors, il connaît la fabrication des images industrielles dans l’usine à rêves. Quand il dit que l’ouvrier sert la machine, il fait référence, entre autres, au travail à la chaîne qu’il a vécu de l’intérieur.

La machine devance l’homme. L’impératif catégorique de Kant, « Agis de façon universelle, ce qui est valable pour toi doit pouvoir l’être pour tout le monde ! », est devenu chez Anders « Agis pour être en phase avec la machine, dont tu fais partie ! ». Ce qui était la pierre angulaire de la philosophie occidentale depuis le 18eme siècle, ne peut plus fonctionner. Anders part de l’anthropologie concrète, il nous aide à penser notre situation. Anders a écrit sur Kafka, il s’interroge sur la machine à dominer les humains qu’est devenu la modernité.

Il pense que ce n’est pas sous l’angle de la manipulation qu’il faut aborder les médias. Pour lui, il n’existe pas de manipulation dans les médias, enfin pas plus qu’ailleurs. Les « medias-workers » ne sont pas spécialement malhonnêtes. C’est le travail lui-même du média qui fabrique l’information et le divertissement, c’est le fonctionnement des médias qui est en cause. Quand on reçoit l’information comme consommateur/trice, il n’ y a pas de mise en perspective. Nous n’avons pas besoin de faire un effort pour comprendre, il n’y a pas besoin de prendre un temps très long pour saisir ce que nous recevons. L’immédiateté et l’émotion ont chassé l’esprit critique de la télévision et des journaux.

Les lettres au fils d’Eichmann sont une tentative pour remettre la question de la morale au premier plan. Il pose la question du fonctionnaire compétent, efficace, qui ne se pose pas la question des finalités de son action. Eichmann père se défendait d’avoir fait quelque chose de mal lors de son procès à Jérusalem. La responsabilité des actes incombait, selon lui, à ceux qui donnaient les ordres. Eichmann était comme une personne « nommée à », dont le rôle consistait seulement à obéir. Il s’était identifié à son rôle et n’en a pas bougé.

Gunther Anders a entretenu une correspondance avec l’un des pilotes, qui a participé au largage de la bombe atomique à Hiroshima. Celui-ci s’est rendu compte des effets de la bombe atomique. Ceci l’a rendu malade, il n’a pas compris quand ses compatriotes l’ont accueil en héros aux USA. Il a fait de longs séjours en hôpital psychiatrique. Pour Anders, ce pilote est l’exemple type du fonctionnaire de la bombe. Celui-ci a essayé d’assumer ses actes au contraire d’Eichmann et c’est en cela qu’il était respectable.

La marchandise idéale pour Anders ce sont les armes et leurs munitions. Les balles et les bombes ne servent qu’une fois, il faut immédiatement les renouveler. Ce propos peut paraître scandaleux, mais il a le mérite de mettre en pleine lumière l’un des aspects mortifère du capitalisme.

Gunther Anders est très pessimiste, il termine son livre de souvenir « Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ! » en disant que ce qu’exigent moralement le monde et l’homme ne peut pas être fondé, mais il ajoute aussitôt : « s’il y a une chance que l’on puisse faire quelque chose, il faut le faire ! »

Philippe Coutant, Nantes le 28 Mars 2006


§ Gunther Anders, « L’obsolescence de l’homme » « Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle » Encyclopédie des Nuisances, Paris 2002, 360 pages, 25 Euros.

§ Gunther Anders, « Nous fils d’Eichmann », Rivages Poche, Paris 2003, 170 pages, 7 Euros.

§ Gunther Anders, « Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ! » Editions Allia, Paris, 2002, 170 pages, 5,80 Euros.

§ Gunther Anders, « Sur la pseudo concrétude d’Heidegger» Editions Sonka, Paris, xx pages, 13,30 Euros.

§ Thierry Simonelli, « Gunther Anders, De la désuétude de l’homme » Editions du Jasmin, Paris, 2004, 95 pages, 11 Euros.