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Un ami a attiré mon attention sur Gunther Anders. Je ne
connaissais pas cet auteur, même de nom. En cherchant à
me documenter, j’ai découvert un penseur de la technique
et une personne à faire connaître. Son apport est original
et fécond. Pour présenter la pensée de Gunther
Anders, j’ai travaillé avec les livres suivants :
§ Gunther Anders, « L’obsolescence de l’homme
» « Sur l’âme à l’époque
de la deuxième révolution industrielle » Encyclopédie
des Nuisances, Paris 2002, 360 pages, 25 Euros.
§ Gunther Anders, « Nous fils d’Eichmann »,
Rivages Poche, Paris 2003, 170 pages, 7 Euros.
§ Gunther Anders, « Et si je suis désespéré,
que voulez-vous que j’y fasse ! » Editions Allia, Paris,
2002, 170 pages, 5,80 Euros.
§ Gunther Anders, « Sur la pseudo concrétude
d’Heidegger» Editions Sonka, Paris, 144 pages, 13,30
Euros.
§ Thierry Simonelli, « Gunther Anders, De la désuétude
de l’homme » Editions du Jasmin, Paris, 2004, 95 pages,
11 Euros.
La présentation de l’oeuvre de Gunther Anders par
Thierry Simonelli est simple et claire. Sa lecture ne dispense pas
de lire les autres ouvrages de Anders disponibles en français.
Se familiariser avec sa pensée demande du temps et du travail.
Au premier abord, ses thèses peuvent surprendre. Certaines
de ses idées sont passées dans le sens commun de la
critique du capitalisme. Sa lecture nous fait remonter le temps.
C’est un penseur qui a été formé dans
l’Allemagne des années vingt du vingtième siècle.
Il a été l’élève de Husserl et
de Heidegger. Gunther Anders est né en 1902 et est mort en
1992. Son vrai nom est Gunther Stern. Il était juif allemand,
il a fuit le nazisme avec Annah Arendt, sa première femme.
Il a été l’ami de Brecht, Adorno, Benjamin,
Horkheimer.
Sa pensée nous place à l’analyse de la modernité,
qui peut se caractériser par le monopole étatique
de la violence, l’administration bureaucratique de l’Etat
et la division du travail. Les analyses d’Enzo Traverso peuvent
nous aider à approcher Anders. Dans ce cadre, Auschwitz est
une usine moderne, dont la spécificité est de produire
des cadavres. Le fonctionnement des camps de la mort implique une
bonne maîtrise de la division du travail et une logistique
impeccable. C’est Eichmann qui s’en chargera.
Hiroshima et Nagasaki sont les deux premiers endroits, où
apparaît pour la première fois la monstruosité
atomique. C’est la première fois dans l’histoire
humaine, que l’on peut détruire l’humanité
et la terre, le monstrueux marque l’humanité à
jamais depuis cette date. Pourtant, cette horreur atomique ne sera
pas mise en œuvre par une idéologie comme l’a
été le nazisme. Il s’agit selon les mots de
Gunther Anders d’un crime d’employés consciencieux.
Avec la bombe atomique, les humains sont devenus des fonctionnaires
de la bombe. Anders insiste sur l’effet déshumanisant
de la bombe.
Face à ces ruptures, faut-il rester dans une acceptation
résignée et impuissante ou se ressaisir dans un sursaut
d’insurrection morale ? Gunther Anders argumente et milite
pour la seconde solution. Il a été un militant anti-nucléaire
dès 1948. Il a participé au Tribunal Russell avec
Primo Lévi. Il a été au Japon pour rencontrer
les rescapé/es de la bombe atomique. Il est intervenu publiquement
de nombreuses fois pour nous mettre en garde contre les conséquences
de la technique.
Pour lui, Auschwitz et Hiroshima, c’est le début d’une
ère nouvelle, dans laquelle l’humanité est en
mesure de s’auto détruire. Gunther Anders pense qu’il
existe une affinité entre la barbarie des chambres à
gaz et celle des bombes atomiques qui ont détruit ces deux
villes et tué tant d’humains et brisé tant de
vies. Ceci marque, pour lui, l’obsolescence de l’homme.
Comme Walter Benjamin, Gunther Anders affirme qu’il faut penser
à partir de la catastrophe. Comme le dit Enzo Traverso, la
rationalité occidentale est en question dans la barbarie
nazie. Le progrès ne conduit pas automatiquement à
une société meilleure, il a conduit à la barbarie.
D’autre part, on peut noter une proximité de la pensée
de Gunther Anders avec celle des penseurs comme Jacques Ellul et
Bernard Charbonneau. Ceux-ci sont maintenant reconnus comme des
précurseurs de l’écologie politique. La question
de la technique est centrale pour ces trois auteurs. La neutralité
de la technique est interrogée. La technique désacralise
tout même si elle apparaît souvent comme magique et
indispensable.
La technique actuelle est très différente des sociétés
antérieures. Les moyens dont nous disposons sont disproportionnés
par rapport à nos capacités d’humains. Les humains
sont vite limités, les machines ne le sont pas. La compréhension
des finalités de nos ensembles techniques est très
difficile.
La technique englobe tout. Notre vie est enserrée dans la
technique, qu’elle soit machinique ou organisationnelle. Dans
notre vie, selon Gunther Anders, il existe deux types de travail,
celui de la journée et celui du soir ou du week-end, du temps
libre. Le premier concerne la production, le second celui de la
consommation. La production des marchandises produit aussi la demande,
l’offre sollicite la demande. Il y a une sorte d’inversion
avec le développement de la science et de la technique. La
publicité est en charge de faire écouler la production
pour que se réalise le capital. Il y a bien un travail humain
au service de la consommation.
Anders parle de l’importance de la télévision
dans ces dispositifs. La télévision a pour fonction
de produire le monde. Elle prend le relais des grands systèmes
religieux et philosophiques. C’est la télévision
qui donne maintenant une vision d’ensemble. La télévision
nous rend consommateur du monde. Gunther Anders a observé
la société américaine, où l’influence
de la télévision était perceptible dès
les années 40.
La télévision va au-delà de la pub, son efficacité
mentale permet de faire comme si l’objet était présent.
On ne peut pas faire comme le propose Heidegger pour sortir de l’aliénation,
s’appuyer sur un retrait pour dévoiler l’être.
L’authenticité ne peut pas être atteinte par
la voie de la déchéance de l’objet. L’information
produite par la télévision est une marchandise pour
la consommation et la jouissance. En préparant cette marchandise,
les médias occulte le processus de fabrication. Le préjugé
est intégré au produit directement consommable. Une
herméneutique de la présence dissimulée ne
sert à rien. Anders rejette la solution d’Heidegger.
Il refusera toujours de le rencontrer après la fin de la
guerre.
Avec la télévision, il n’y a pas de place pour
le dysfonctionnement. La télévision participe à
la création d’un monde construit, qui cache le monde
réel. Elle vise l’harmonisation entre ce monde et ses
consommateurs. La télévision livre le monde prêt
à être consommé. Ce produit ne nécessite
plus d’effort, ni d’interprétation ni de déchiffrage.
Nous sommes contraints à être consommateurs/trices.
L’image de la réalité se constitue comme réalité.
Il y a une inversion entre le réel et le fictif. La télévision
délivre une image, qui devient la matrice du monde. La représentation
ne cherche plus à être juste comme un reflet adéquat
au monde ou pertinent. Le réel du monde n’existe plus
que comme moyen de production de la marchandise finale. L’industrie
du divertissement a une faim universelle, elle absorbe tout. Tout
est dans la télévision, il n’y a plus de champ
hors images, tout est intégré dans la consommation
jouissive. La télévision a transformé le monde
en divertissement.
La télévision produit des schémas, c’est
un pragmatisme, qui produit l’homme de masse. Il en résulte
un conformisme puissant et un accord généralisé.
Le solipsisme face à la lucarne magique va de pair avec la
massification. Plus le pouvoir est total, plus les ordres sont imperceptibles
et plus notre obéissance paraît évidente. Plus
nous nous croyons libres, plus nous avons l’illusion d’être
libres et plus le pouvoir est total.
La télévision est l’aide au développement
du capitalisme pour résoudre le problème de la faim
des marchandises. La télévision est un l’appareil
de production de l’humain consommateur, c’est un moyen
au service des marchandises. La domination passe par la jouissance
et la consommation. Avant, nous n’avions que nos chaînes
à perdre, aujourd’hui nous nous croyons libres du fait
même de nos chaînes.
Cette analyse est banale aujourd’hui, en 1952 elle était
novatrice et unique. D’ailleurs, elle est restée presque
clandestine sur le moment. Elle nous a été transmise
par la critique du spectacle de Guy Debord. Gunther Anders est resté
un penseur quasi inconnu. Son livre sur l’obsolescence de
l’homme a été publié en 1956 et traduit
en français seulement en 2002. Le second tome de 1988 n’est
toujours pas traduit. En lisant Anders, nous sommes conviés
à une sorte d’archéologie des idées.
Nous trouvons la critique de la massification de l’Ecole de
Francfort (Adorno, Horkheimer, ..), nous rencontrons les arguments
des anti-pub sur le rôle de la publicité. Cette archéologie
est justifiée par notre difficulté à comprendre
la postmodernité. Quand Anders constate que la morale est
devenue une question de contexte, il était précurseur,
maintenant c’est une banalité dans la postmodernité
contemporaine.
Quand Anders parle d’obsolescence de l’homme, c’est
la conséquence de l’extension du domaine machinique,
qui refoule l’humain à la marge de la production. Avec
la bombe atomique, la toute puissance est passée du côté
de la technique. La bombe atomique dépasse toute fin imaginable.
La bombe a subvertit la relation entre les moyens et les fins. Avec
la bombe, pour Gunther Anders, qui veut les moyens veut la fin.
A Hiroshima et Nagasaki, les victimes sont restées muettes.
Notre sensibilité ne peut pas fonctionner pour des milliers
de morts, des centaines de milliers de morts ou des millions de
morts. Structurellement les capacités humaines sont largement
dépassées.
Un acte comme le lâcher d’une bombe atomique, est le
résultat d’un travail consciencieux. C’est une
manipulation de machines, la mise en œuvre de machines en lien
avec d’autres machines. Il n’y a plus besoin d’idéologie.
La falsification ou le camouflage des buts de l’activité
suffisent. Le travail rationalisé excède nos possibilités,
le résultat n’est pas visible spontanément.
Il n’est plus possible d’avoir une vision unitaire.
La division du travail fragmente les activités et on ne sait
pas forcément à quoi va servir notre travail. Nous
sommes en pleine schizophrénie, à cause de la division
du travail. Cette schizophrénie est la condition humaine
du 20eme siècle. Nous retrouvons là la base des analyses
de Deleuze et Guattari, notamment dans l’anti-oedipe.
La machine n’est pas neutre, c’est une erreur de penser
que la machine est neutre, selon Anders. L’usage humain est
intégré à la machine, c’est encore plus
vrai depuis que la pensée est intégrée aux
machines dans les ordinateurs et les systèmes des réseaux
de machines. L’utopie était la réalisation d’une
imagination. La bombe, elle, réalise quelque chose que nous
ne pouvons pas imaginer. La répétition de cette catastrophe
est possible.
Contre Heidegger, il affirme la nécessité d’une
analyse anthropologique et non pas d’une ontologie, une théorie
de l’être qui revient toujours à construire une
métaphysique. La philosophie ne doit perdre son temps à
chercher l’être, elle ne doit pas être une herméneutique,
une exégèse ou une interprétation qui voudrait
dévoiler la présence dissimulée de l’être,
mais une analyse concrète de notre espace humain et de ses
problèmes.
Anders estime que la philosophie n’a de sens que si elle
pense pour les humains de notre temps et dans notre situation. La
philosophie, conçue pratiquée comme un exercice de
pensée détaché de la réalité,
serait comparable au boulanger qui ferait des petits pains pour
les autres boulangers.
Il a exercé le métier de journaliste en Allemagne
avant de fuir le nazisme. C’est à ce moment là
que son nom est devenu « Anders ». Son nom de famille
est « Stern ». Son directeur de journal trouvait que
ce nom apparaissait trop souvent dans le journal en pleine montée
du nazisme. Il a répondu par une boutade « appelez
moi « autrement » » et voilà comment il
est devenu Gunther Anders, « anders » voulant dire «
autrement » en allemand.
Il a été le premier mari de Annah Arendt, comme elle,
il a été l’élève de Heidegger.
Il a écrit un livre contre lui en 1943 aux USA. Ce livre
n’est pas connu, ni à l’université ni
ailleurs et c’est dommage, car il déboulonne Heidegger
de son socle de plus grand philosophe du 20eme siècle. Il
s’intitule « Sur la pseudo concrétude de Heidegger
». Anders articule la critique de la démarche philosophique
avec les choix politiques. Anders va de la critique de philosophie
d’Heidegger à la politique et non l’inverse comme
l’a fait Bourdieu.
En philosophie, Gunther Anders propose d’utiliser la méthode
de l’exagération. Elle est nécessaire, parce
que si on n’intensifie pas certains phénomènes,
il est impossible de les aborder. Les machines ont pris de l’avance
sur nous et il est très difficile de penser le progrès
et le développement de nos productions. Il existe un écart
important entre l’homme et ce qu’il produit. Pour Anders,
l’origine du problème est là. Il existe un écart
entre nos possibilités de production ou de destruction et
nos capacités humaines de représentation et d’imagination.
Les facultés humaines du corps et du cerveau sont bien plus
faibles que les capacités de nos machines. Anders écrivait
cela dans les années cinquante, avec la puissance des ordinateurs
d’aujourd’hui ce constat est indéniable. Gunther
Anders nous invite à une prise de conscience des limites
de l’homme. C’est pour cette raison qu’il parle
de la honte prométhéenne. Cette honte s’empare
de l’homme, quand il regarde ses créations. Face aux
machines et à la complexité de l’organisation
sociale que nous avons créée, l’humain est bien
petit. Le sentiment d’infériorité des humains
face aux machines et dispositifs collectifs n’est pas contestable
aujourd’hui. L’ordinateur a battu l’homme aux
échecs il y a déjà plusieurs années.
Les machines sont partout, nos boîtes à lettres sont
remplies de lettres écrites par les machines, sans les machines
nous aurions du mal à nous déplacer, à vivre
tout simplement. Le phénomène machinique est devenu
irréversible.
Gunther Anders pense que la production des moyens est devenue une
fin en soi, la fin contenue dans les moyens est devenue autonome.
L’homme est plus petit que lui-même, bien plus faible
que sa production. Il existe un décalage entre les résultats
de notre rationalité et notre sensibilité, notre imagination.
C’est cet écart qui est à la source de nos problèmes,
selon Anders. C’est pour cela qu’il parle d’obsolescence
de l’homme. Il milite pour remettre l’humain au premier
plan, ce que nous faisons de multiples façons aujourd’hui
face aux dégâts du capitalisme post-moderne.
Dans la pensée commune marquée par les Lumières,
le progrès était synonyme de mieux-être. Avec
la bombe atomique et la mort industrielle des camps nazis, le progrès
est devenu synonyme de catastrophe. La croyance dans le progrès
pose donc problème depuis 1945.
Cette méthode de l’exagération est un passage
à la limite, qui opère un déplacement du sujet.
Chez Anders, les machines et les marchandises deviennent des sujets
à part entière. Quand Gunther Anders se demande si
nous ne sommes pas esclaves des machines ou si les marchandises
ont faim, c’est de cela qu’il s’agit. Il parle
des machines, qui se reproduisent toutes seules. Son exagération
permet de constater qu’effectivement les machines sont toujours
plus perfectionnées et qu’à chaque nouvelle
génération, les machines deviennent plus fonctionnelles
et plus performantes. Sa façon de présenter le système
des machines nous montre un ensemble, qui tend à devenir
totalitaire. L’agrégation des réseaux lui donne
raison. Anders est mort avant le triomphe d’Internet, et force
est de constater qu’il avait raison. On peut appréhender
la notion de « méga machine » de Serge Latouche
de la même manière. Paul Virilio insiste, lui, sur
la notion de vitesse et de catastrophe possible, Anders l’avait
précédé depuis longtemps. Quand René
Riesel et d’autres parlent de la technique comme d’un
rapport social, nous sommes chez Anders. D’ailleurs, ce n’est
pas pour rien que c’est l’Encyclopédie des nuisances
qui publie Anders.
Anders défini le prolétaire en partant de l’absence
de liberté au lieu de partir de l’exploitation économique,
il remet la domination politique au premier plan. Il a travaillé
en usine aux USA. Il a connu Hollywood depuis les décors,
il connaît la fabrication des images industrielles dans l’usine
à rêves. Quand il dit que l’ouvrier sert la machine,
il fait référence, entre autres, au travail à
la chaîne qu’il a vécu de l’intérieur.
La machine devance l’homme. L’impératif catégorique
de Kant, « Agis de façon universelle, ce qui est valable
pour toi doit pouvoir l’être pour tout le monde ! »,
est devenu chez Anders « Agis pour être en phase avec
la machine, dont tu fais partie ! ». Ce qui était la
pierre angulaire de la philosophie occidentale depuis le 18eme siècle,
ne peut plus fonctionner. Anders part de l’anthropologie concrète,
il nous aide à penser notre situation. Anders a écrit
sur Kafka, il s’interroge sur la machine à dominer
les humains qu’est devenu la modernité.
Il pense que ce n’est pas sous l’angle de la manipulation
qu’il faut aborder les médias. Pour lui, il n’existe
pas de manipulation dans les médias, enfin pas plus qu’ailleurs.
Les « medias-workers » ne sont pas spécialement
malhonnêtes. C’est le travail lui-même du média
qui fabrique l’information et le divertissement, c’est
le fonctionnement des médias qui est en cause. Quand on reçoit
l’information comme consommateur/trice, il n’ y a pas
de mise en perspective. Nous n’avons pas besoin de faire un
effort pour comprendre, il n’y a pas besoin de prendre un
temps très long pour saisir ce que nous recevons. L’immédiateté
et l’émotion ont chassé l’esprit critique
de la télévision et des journaux.
Les lettres au fils d’Eichmann sont une tentative pour remettre
la question de la morale au premier plan. Il pose la question du
fonctionnaire compétent, efficace, qui ne se pose pas la
question des finalités de son action. Eichmann père
se défendait d’avoir fait quelque chose de mal lors
de son procès à Jérusalem. La responsabilité
des actes incombait, selon lui, à ceux qui donnaient les
ordres. Eichmann était comme une personne « nommée
à », dont le rôle consistait seulement à
obéir. Il s’était identifié à
son rôle et n’en a pas bougé.
Gunther Anders a entretenu une correspondance avec l’un des
pilotes, qui a participé au largage de la bombe atomique
à Hiroshima. Celui-ci s’est rendu compte des effets
de la bombe atomique. Ceci l’a rendu malade, il n’a
pas compris quand ses compatriotes l’ont accueil en héros
aux USA. Il a fait de longs séjours en hôpital psychiatrique.
Pour Anders, ce pilote est l’exemple type du fonctionnaire
de la bombe. Celui-ci a essayé d’assumer ses actes
au contraire d’Eichmann et c’est en cela qu’il
était respectable.
La marchandise idéale pour Anders ce sont les armes et leurs
munitions. Les balles et les bombes ne servent qu’une fois,
il faut immédiatement les renouveler. Ce propos peut paraître
scandaleux, mais il a le mérite de mettre en pleine lumière
l’un des aspects mortifère du capitalisme.
Gunther Anders est très pessimiste, il termine son livre
de souvenir « Et si je suis désespéré,
que voulez-vous que j’y fasse ! » en disant que ce qu’exigent
moralement le monde et l’homme ne peut pas être fondé,
mais il ajoute aussitôt : « s’il y a une chance
que l’on puisse faire quelque chose, il faut le faire ! »
Philippe Coutant, Nantes le 28 Mars 2006
§ Gunther Anders, « L’obsolescence de l’homme
» « Sur l’âme à l’époque
de la deuxième révolution industrielle » Encyclopédie
des Nuisances, Paris 2002, 360 pages, 25 Euros.
§ Gunther Anders, « Nous fils d’Eichmann »,
Rivages Poche, Paris 2003, 170 pages, 7 Euros.
§ Gunther Anders, « Et si je suis désespéré,
que voulez-vous que j’y fasse ! » Editions Allia, Paris,
2002, 170 pages, 5,80 Euros.
§ Gunther Anders, « Sur la pseudo concrétude
d’Heidegger» Editions Sonka, Paris, xx pages, 13,30
Euros.
§ Thierry Simonelli, « Gunther Anders, De la désuétude
de l’homme » Editions du Jasmin, Paris, 2004, 95 pages,
11 Euros.
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