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Il serait donc évident que Le Corbusier et Heidegger ne seraient
pas "nazo-fachos" etc.
L'auteur qui utilise cette formule ne peut parler que pour lui-même
même si c'est au nom d'une partie de la république
des philosophes. Et en tentant de couvrir Heidegger par l'artiste-architecte
Le Corbusier.
Ne font cependant pas partie de ce "il" un certain nombre
de penseurs antérieurs à la recherche de Faye. Günther
Anders, par exemple, a soutenu dés 1948 la thèse d'une
affinité entre Etre et Temps et la barbarie nazie.
Jaspers, qui n'a pourtant jamais trahi l'ami - mais qui du ruser
pour protéger sa femme d'origine juive - recommandait la
plus extrême prudence à l'égard de Heidegger.
Il est suffisamment "fort" pour perservérer dans
une forme trés sophistiquée et séductrice de
prosélytisme pro-nazi. Cela a été dit après
la seconde guerre. Jaspers a attendu en vain une clarification qui
lui aurait permis de participer avec Heidegger à la régénérescence
spirituelle de l'Allemagne.
A l'occasion d'un colloque strasbourgeois sur Heidegger G. Bensoussan
rappelait à quel point le silence du philosophe, aprés
la guerre, était plus insupportable encore que son discours
du rectorat.
Quant à Hannah Arendt... Je suis plutôt ignorant en
psychiatrie. Mais l'amie fidèle de Heidegger a eu des mots
trés durs. C'est "un meurtrier en puissance" a-t-elle
dit à propos du fait que Heidegger aurait accepté
de signer une circulaire administrative faisant mention de l'interdiction
de Husserl, d'origine juive et maître initiateur de Heidegger,
à l'Université. Elle a dénoncé le menteur.
Mais elle a parlé de pathologie. Il y a là une piste,
piste qui rendrait compte des "raisons" pour lesquelles
Hannah Arendt est demeurée une fidèle amie autant
qu'une lectrice de l'oeuvre philosophique de Heidegger.
L'hypothèse serait donc qu'il y aurait effectivement
une phathologie heideggerienne.
Quand on parle de philosophie on a nécessairement une philosophie
de la philosophie. En ce sens on peut et doit toujours s'interroger
sur ce que philosophie veut dire. Dans la perspective de la "Destruktion"
Heidegger a pu envisager une fin de la philosophie, un au-delà
de la philosophie.
Cela ne fait-il pas signe d'une pathologie ? Heidegger, philosophe
ET nazi. Et donc élaborant, en nazi, une fin de la philosophie.
(Sous couvert d'un dépassement d'une métaphysique
réalisée en l'espèce de la techno-science "Gestellisée".)
Mais, aussi, philosophe OU nazi, les deux épithètes
étant effectivement inconciliables...
Cela dit, et malgré le beau mot de monstre - quoique Le
Corbusier me paraisse enrôlé pour secourir l'image
de Heidegger - Benoît Goetz opte pour une vision "aseptisée"
de Heidegger. Il tente, mais vainement de toutes façons,
d'en faire un objet philosophiquement pur... monstrueusement pur...
purement monstrueux ?
En tous les cas les agrégatifs devront étudier des
textes dont certains ont été trafiqués par
Heidegger et son clan. Trafiqués pour effacer la "pathologie"
d'un philosophe qui s'est obstiné jusqu'au bout à
imaginer que son "nazisme" à lui était suffisamment
fondé "éthiquement" pour l'autoriser à
ne rien dire, ou presque - et alors de quelle manière! -
du nazisme réel qu'il a pourtant soutenu, notamment à
l'université, de tout le poids de sa renommée.
Propos inacceptables ? Je demande seulement qu'on accepte d'envisager
l'hypothèse d'une "introduction du nazisme dans la philosophie"
et tout ce que cela implique d'équilibrisme et de "schizophrénie"
tactique. Tactique ?
Comme philo-sophe - et non comme Philosophe - je veux savoir ce
qu'il en est de Heidegger et du nazisme, d'une éventuelle
pathologie, de l'étendue de la manipulation des textes etc.
Certaines défenses sont contre-productives car elles apparaissent
comme dirigées contre la liberté de recherche... et
contre la philosophie elle-même.
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