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Thierry Simonelli, Günther Anders. De la désuétude de l’homme,
Paris, Éd. du Jasmin, novembre 2004
Note de lecture Angèle Kremer Marietti
(Groupe d’Études et de Recherches Épistémologiques, Paris)

Origine http://dogma.free.fr/txt/AKM-crSimonelliAnders.htm

Avec l’attention scrupuleuse et la rigueur ponctuelle qui le caractérisent, Thierry Simonelli a suivi la carrière de l’écrivain et philosophe Günther Anders (1902-1992) telle qu’elle a été évoquée par cet auteur dans ce que l’on pourrait appeler un roman d’apprentissage : L’obsolescence de l’homme (en allemand : Die Antiquiertheit des Menschen) dont le premier volume parut en 1956.

L’ouvrage auquel se réfère Simonelli renferme le témoignage existentiel d’un Européen qui reçut une éducation philosophique de l’entre-deux-guerres. En effet, comme étudiant de Husserl et de Heidegger, Anders côtoya Hans Jonas et Hannah Arendt dont il fut l’époux de 1929 à 1937.

Simonelli souligne avec perspicacité la modernité originale de la réflexion philosophique de G. Anders sur les différentes révolutions industrielles du XXè siècle et il montre comment se présente la philosophie de la technique qui est celle de Anders : c’est-à-dire comme une ontologie négative.

Günther Anders a poursuivi une analyse très fine, parfaitement mise en valeur par Thierry Simonelli. Issue de la technique, s’est produite l’inversion du sujet de la liberté accompagnée de l’inversion du sujet du travail. Comme l’écrit Simonelli, « Le travail à la machine n’est pas vécu comme une torture, mais ce n’est pas pour autant ce qui le rend moins dangereux et moins lourd de conséquences ».

Ce qui se passe après le travail est aussi une de ses conséquences surtout quand on ne voit plus le monde qu’à la « télé ». La télévision fait partie de la deuxième révolution industrielle qui a pour conséquence le déplacement du sujet du besoin : « Au déplacement du sujet du travail se rajoute donc un déplacement du sujet du besoin ». Première perversité inhérente à la télévision, l’inversion qu’elle entraîne ne laisse pas de traces, en particulier elle occulte son action, entre autres le processus de production par le produit, enfin elle escamote le hiatus entre le monde et son image. La télévision réalise la fusion de la production et de la consommation.

Le début de la dernière étape de la désuétude de l’homme a été marqué par la bombe atomique éclatée à Hiroshima le 6 août 1945. Alors, un « monde sans hommes » est devenu possible. Chose remarquable : Anders découvre qu’a commencé une ère de la fin des idéologies.

Thierry Simonelli analyse la méthode de Anders et sa théorie de l’interprétation, enfin surtout sa méthode de l’interprétation exagérée. Il y reconnaît une double présence heideggerienne et marxienne.