Origine http://dogma.free.fr/txt/AKM-crSimonelliAnders.htm
Avec l’attention scrupuleuse et la rigueur ponctuelle qui
le caractérisent, Thierry Simonelli a suivi la carrière
de l’écrivain et philosophe Günther Anders (1902-1992)
telle qu’elle a été évoquée par
cet auteur dans ce que l’on pourrait appeler un roman d’apprentissage
: L’obsolescence de l’homme (en allemand : Die Antiquiertheit
des Menschen) dont le premier volume parut en 1956.
L’ouvrage auquel se réfère Simonelli renferme
le témoignage existentiel d’un Européen qui
reçut une éducation philosophique de l’entre-deux-guerres.
En effet, comme étudiant de Husserl et de Heidegger, Anders
côtoya Hans Jonas et Hannah Arendt dont il fut l’époux
de 1929 à 1937.
Simonelli souligne avec perspicacité la modernité
originale de la réflexion philosophique de G. Anders sur
les différentes révolutions industrielles du XXè
siècle et il montre comment se présente la philosophie
de la technique qui est celle de Anders : c’est-à-dire
comme une ontologie négative.
Günther Anders a poursuivi une analyse très fine, parfaitement
mise en valeur par Thierry Simonelli. Issue de la technique, s’est
produite l’inversion du sujet de la liberté accompagnée
de l’inversion du sujet du travail. Comme l’écrit
Simonelli, « Le travail à la machine n’est pas
vécu comme une torture, mais ce n’est pas pour autant
ce qui le rend moins dangereux et moins lourd de conséquences
».
Ce qui se passe après le travail est aussi une de ses conséquences
surtout quand on ne voit plus le monde qu’à la «
télé ». La télévision fait partie
de la deuxième révolution industrielle qui a pour
conséquence le déplacement du sujet du besoin : «
Au déplacement du sujet du travail se rajoute donc un déplacement
du sujet du besoin ». Première perversité inhérente
à la télévision, l’inversion qu’elle
entraîne ne laisse pas de traces, en particulier elle occulte
son action, entre autres le processus de production par le produit,
enfin elle escamote le hiatus entre le monde et son image. La télévision
réalise la fusion de la production et de la consommation.
Le début de la dernière étape de la désuétude
de l’homme a été marqué par la bombe
atomique éclatée à Hiroshima le 6 août
1945. Alors, un « monde sans hommes » est devenu possible.
Chose remarquable : Anders découvre qu’a commencé
une ère de la fin des idéologies.
Thierry Simonelli analyse la méthode de Anders et sa théorie
de l’interprétation, enfin surtout sa méthode
de l’interprétation exagérée. Il y reconnaît
une double présence heideggerienne et marxienne.
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