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Date: 28 Octobre 2003
Objet: [cerclesocial] DU "G-MONDE" A ANGERS
Dans la revue Echanges n° 106 automne 2003,
Echanges, BP 241 75866 Paris cedex 18
abonnement 15 euros pour 4 N° et les brochures publiées
dans l'année.
Sur internet: www.mondialisme.org
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L'IDEOLOGIE DE L"ECONOMIE POLITIQUE" ET DU "CITOYENNISME"
Ce texte venu d'Angers (Maine et Loire) plus connu récemment
pour la grève d'ACT (voir n° 104 d'Echanges ) ne concerne
pas seulement un fait divers local mais se veut une critique des
"altermondialistes"(puisque l'altermondialisme est un
patchwork d'idéologies)
DU "G-MONDE" A ANGERS
De plus en plus de groupes se préoccupent de l'environnement,
de la pollution, des nuisances diverses, en grande majorité
de façon spécifique, sur telle ou telle question particulière.
C'est l'expression double d'un même processus: l'accumulation
des nuisances et de la pollution, et l'incapacité, ou plutôt
le refus d'en nommer le déterminant central commun, et qui
les contient toutes. Quand tout l'éventail politique, jusqu'aux
"glapisseurs de dieu" viennent se servir des questions
de l'environnement et des nuisances abordées les unes à
côté des autres, se réalise le succès,
le rendement de l'écologie politique (I'écologisme)
comme part de la gestion politique de l'économie et de la
société Marchandes. La plupart de ces groupes environnementalistes,
qui traitent des problèmes réels de manière
séparée, sans aller à la racine, partagent
par là-même évidemment deux comportements idéologiques:
L'écologie politique et le "citoyennisme".
Le marché présente toute une gamme idéologique
à l'intérieur de l'écologie politique.
D'aucuns, comme Unabomber ("Manifeste: l'avenir de la société
industrielle") souhaiteraient une régression de l'histoire
du mouvement des forces productives.
C'est ne pas connaître le processus, l'histoire de l 'économie
marchande. Il ne peut y avoir de retour en arrière. Avec
la fétichisation de la planète en Gaïa est atteint
le plus haut pic de pollution idéaliste, l'idéalisme
qui couvre et justifie toutes les exploitations, une régression
dans la "communauté", maladif rejet an-historique
de l'individuation, D'autres trouvent consolant d'imaginer que c'est
la production en elle-même qui serait génératrice
de pollution, l'économie marchande n'étant pour eux,
en sorte, qu'une excroissance de la production. La critique doit
se porter non sur la production en elle-même, mais sur le
mode de production marchand, de ce qui y est produit et échangé,
et comment cela est produit et échangé.
En traitant des problèmes de l'environnement sans pouvoir
en dire le déterminant central, l'écologie politique
où se sert toute la politique pour tenter de masquer sa propre
pollution, exerce ainsi une fonction- écran, un leurre, qui
dissimule la question sociale comme totalité.
Les écologistes politiques contestent le libéralisme,
le néo-libéralisme, parfois même un capitalisme
par eux mal décrit, mal défini, jamais ils ne nomment
la société spectaculairemarchande. Ils sont les porte-paroles
idéologiques des nouvelles strates sociales issues de la
classe moyenne, de l'intellocratie, des gauchistes recyclés,
qui appellent de leurs voeux une économie marchande mieux
gérée, mieux "équilibrée",
sans ses expectorations polluées. Cette manière de
voir vise à persuader la classe dominante que la pollution
et les dégradations lui sont nuisibles du point de vue de
ses propres intérêts marchands. De même que le
libéralisme à l'époque de son premier recul
(au XIX) en appelait de la monarchie mal informée à
la monarchie qu'il fallait mieux informer, l'écologie politique
en appelle de la classe du pouvoir mal conseillée à
la classe du pouvoir qu'il faut instruire. L'écologie politique
ne critique pas l'économie spectaculaire-marchande, ce qui
s'exprime idéologiquement dans sa croyance en une société
marchande qui aurait la durée éternelle des "lois
de la nature". Le marché idéologique n'a plus
à proposer que des denrées périmées.
L'écologie politique est volontiers "citoyenne".
Le citoyen est une abstraction politique, réelle et mutilante,
tant pour l'homme réel qui doit se vendre pour survivre et
risque d'être licencié, que pour la réalisation
de l'homme en ses potentialités, pour sa libération
en dépassant les conditions sociales qui génèrent
l'aliénation. Dans le spectacle de démocratie le citoyen
veut une "démocratie participative", de "citoyens";
sans bien sûr pouvoir en avoir les moyens ce désir
se clôt dans une urne ou dans la résignation, aux basques
de la classe du pouvoir, comme "armée de réserve"
de celle-ci. D'ailleurs l'Etat incite lui-même l'idéologie
citoyenniste. Les pseudo-solutions véhiculées par
le citoyennisme se montrent dès lors pour ce qu'elles sont,
un moyen de maintenir, un peu repeint, l'ordre existant.
C'est de la fausse-conscience, une impasse en regard des réels
problèmes de ce temps.
Ce samedi 26, les altermondialistes défilent sous la banderole:
" L'environnement n'est pas une marchandise ".Ils publient
et affichent " Le monde n'est pas une marchandise ", "
L'homme n'est pas une marchandise . Evidemment, dans les faits c'est
exactement le contraire. Que dans la société marchande
la marchandise règne partout, que les hommes se vendent pour
survivre dans le monde marchand où tout s'achète et
se vend, voilà qui ne surprend personne. Mais l'altermondialiste
citoyen ne peut que dénier la réalité, car
il veut négocier autrement la gestion marchande de tel aspect
du monde, En déniant que l'homme, le monde, l'environnement
soient marchandises, il produit, une position idéologique
qui se développe à partir d'un mensonge et d'une dissimulation
sociales qui ont une fonction d'écran de leurre, quant à
la cause réelle et centrale des pollutions et des nuisances,
à commencer par le salariat: l'économie marchande.
La pollution c'est la marchandise qui fait sous elle. Le projet
altermondialiste de l'écologie politique citoyenne c'est
la marchandise propre. Bien qu'elle se présente elle-même
mue par des motifs humanitaires, I'idéologie écologiste
sert d'alibi à nombre d'industries qui, après avoir
largement pollué et encombré la planète d'ordures,
s'occupent désormais de la nettoyer avec les profits d'une
rentabilité nouvelle, et ce, jusqu'à ce que le processus
s 'inverse à nouveau. Cette " nouveauté "
c'est la vieille société marchande qui fait sa toilette.
Pour vendre leurs programmes les altermondialistes n'ont qu'un moyen:
leur rôle social reconnu ils entendent conseiller la classe
du pouvoir (voir plus haut), classe du pouvoir que les plus experts
d'entre eux rejoignent, vont rejoindre, renforçant ainsi
l'état dans sa centralisation comme dans sa " démocratisation
" (la régionalisation), Il n'y a pas d'autre mondialisation,
c'est toujours celle de l'économie marchande, le marché
mondial, quelles que soient les différences dans sa gestion
aménagée.
A Gênes, un tract signé par des prolétaires
des associations Precari Nati, Kolinko, workers against work, disait
:"Nous ne sommes pas venus ici pour nous laisser impressionner
par des émeutes spectaculaires (.) nous sommes venus ici
pour échanger nos propres expériences, comme les dépossédés
du monde entier"C'est des rencontres, des luttes là
où nous sommes, sur les lieux de travail, les quartiers,
que peut se revivifier le mouvement prolétarien, incluant
les associations dont nous avons besoin, la lutte nous faisant nous
réapproprier notre histoire de classe, et actualiser la théorie
critique.
La critique matérialiste a toujours porté sur l'environnement:
en 1867 Karl MARX disait : " La dissémination des travailleurs
agricoles sur de plus grandes surfaces brise leur force de résistance,
tandis que la concentration augmente celle des ouvriers urbains.
Dans l'agriculture moderne, de même que dans l'industrie des
villes, l'accroissement de productivité et le rendement supérieur
du travail s'achètent au prix de la destruction et du tarissement
de la force de travail. En outre, chaque progrès de l'agriculture
capitaliste est un progrès non seulement dans l'art d'exploiter
le travailleur, mais encore dans l'art de dépouiller le sol:
chaque progrès dans l'art d'accroÎtre sa fertilité
pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables
de fertilité. Plus un pays, les Etats-Unis du nord de l'Amérique,
par exemple, se développe sur la base de la grande industrie
plus ce procès de destruction s'accomplit rapidement. La
production capitaliste ne développe donc la technique et
la combinaison du procès de production sociale qu'en épuisant
en même temps les deux sources d'où jaillit toute richesse:
" La terre et le travailleur. " (Le Capital)
C'est très actuel. Face à la mondialisation marchande,
I'autonomie de classe et l'internationalisme sont nos leviers. Quand
une nouvelle forme d'aliénation naturelle (nuisances, pollution
de I'environnement, de la viande) est portée, est induite
par l'aliénation sociale que génère l'économie
marchande, nous ne pouvons raisonnablement faire reculer de manière
conséquente ces pollutions qu'en abolissant ce qui les produit,
en dépassant le mode de production spectaculaire-marchand.
Angers, le 26 avril 2003
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