Michel Foucault est un philosophe français du 20e siècle,
il commence sa carrière comme psychologue avec pour spécialité
les maladies mentales. Dans ces premières œuvres Foucault
va vite mettre en avant le rapport qui existe selon lui entre la connaissance
des sciences humaines et sociales et les changements profonds du siècle
des lumières. Dans son ouvrage Surveiller et punir paru en
1975 Foucault va analyser la prison née après la révolution
en relation avec le savoir des Sciences humaines. En effet au cours
du XVIIIe siècle un changement de point de vue radical sur
les peines est apparu. Auparavant les peines devaient être afflictives,
il s’agissait de véritables supplices. Il faut voir dans
l’abolition de cette forme de punition, une évolution
idéologique du pouvoir.
Selon Foucault, vérité et pouvoir sont liés ;
le pouvoir ne pouvant exister sans la vérité et inversement.
Dans Pouvoir et savoir, il donne sa définition du pouvoir :
‘’ la vérité est chose du monde, elle est
produite sous l’effet de multiples formes de contrainte. (…)
chaque société à son régime de vérité,
sa ‘’politique’’ de vérité :
c'est-à-dire les types de discours qu’elle accepte pour
vrais’’.
Michel Foucault a déclaré en 1977 : ‘’ je
crois qu’il y a eu, au cours du XVIII e siècle, non seulement
une rationalisation économique (…) mais également
une rationalisation des techniques politiques, des techniques de pouvoir
et des techniques de domination. La discipline c'est-à-dire
des systèmes de surveillance continuelle et hiérarchisée
aux mailles très serrées, la discipline est une grande
et importante découverte de la technologie politique. ‘’
On peut alors se demander comment, selon Michel Foucault, pouvoir
et technologie politique du corps sont-ils liés. Ces deux notions
sont-elles complémentaires, ou l’une permet-elle à
l’autre d’exister et de se développer ?
Selon Michel Foucault, dans l'Etat il n’y a pas de centre unique
de pouvoir, le pouvoir s’exerce partout et se déploie
dans toutes les relations sociales. Il est partout car il vient de
partout (micro physique du pouvoir). Dans ce cas, si le pouvoir vient
de partout on peut alors se demander quelles sont les conséquences
de cette omniprésence du pouvoir sur les individus. Comment
le pouvoir se met-il en œuvre dans notre société
et quelles sont ses conséquences sur les individus ?
Alors qu’il ne nous étonne pas vraiment que le pouvoir
soit un élément omniprésent de la société
(I), la technologie politique du corps nous est bien plus méconnue
alors qu’elle n’est pas sans effet sur les individus
qui composent la société (II) .
I - Le pouvoir, élément omniprésent
de toute société : la microphysique du pouvoir
Foucault parle de micro physique du pouvoir, c'est-à-dire
que dans la société le pouvoir ne serait pas juste
présent dans les organes institutionnels de l'Etat mais dans
chaque couche de la société dans les relations sociales.
Quel est le but de cette micro physique du pouvoir sur les individus,
et comment se met-elle en œuvre ?
A - Dans la vie quotidienne : Emergence d’une société
disciplinaire.
- Michel Foucault souligne que le pouvoir est omniprésent
dans nos sociétés, et notamment dans les relations
sociales de tous les jours. Sans même nous en rendre compte
nous sommes soumis à des multitudes de ‘’micros
pouvoirs’’
- L’école est un lieu de pouvoir, ou les enseignants
ont un pouvoir sur leurs élèves. L’école
est aussi un lieu de pouvoir en ce qu’elle impose un emploi
du temps à ces élèves, un examen, des notes.
- les entreprises : relation Patron/salarié. Temps de travail,
horaires…
- la restauration imposant un uniforme,
- la sphère familiale => l’autorité des parents
sur leurs enfants comparable à un pouvoir. Ce pouvoir permettant
de régir les rapports entre les différents individus
de la sphère familiale.
Michel Foucault fonde son analyse sur les structures pénitentiaires
qui sont pour lui un véritable modèle de l’expression
du pouvoir dans notre société.
B - Dans les structures pénitentiaires :
- Foucault constate dans son ouvrage que la prison détient
le monopole du pouvoir de punir dans nos sociétés
occidentales.
- Dans ces structures le pouvoir est omniprésent puisque
l’individu est totalement privé de sa liberté
: il n’a pas la possibilité d’organiser son temps
comme il l’entend puisqu’il est soumis à un emploi
du temps très stricte. Tout dans les moindres détails
de sa journée est planifié et ce indépendamment
de sa volonté.
Ex : Règlement rédigé par Léon Faucher
‘’ pour la Maison des jeunes détenus à
Paris’’ que l’on trouve dans l’ouvrage Surveiller
et punir de Michel Foucault : ‘’ article 28 : A sept
heures et demie en été, à huit heures et demie
en hiver, les détenus doivent être rendus dans la cellule
après le lavement des mains et l’inspections des vêtements
faite dans les cours ; au premier roulement de tambour, se déshabiller,
et au second se mettre au lit. (…) ‘’
- Le détenu sait qu’il est vu à tout moment,
il n’a aucune marge de manœuvre. Les prisons ont été
conçu de façon à ce que les détenus
ai toujours l’impression d’être surveillé
et ce grâce à la structure du panoptique. Ce panoptique
nous montre bien à quel point le pouvoir veut se montrer
comme étant partout, présent à chaque instant
de la journée.
Après avoir observé la présence systématique
du pouvoir dans notre société, il faut s’intéresser
aux conséquences de cette présence sur les individus.
II - Les effets de cette omniprésence sur le corps
: la technologie politique du corps au service du pouvoir
L’une des conséquences de l’omniprésence
du pouvoir est le ‘’ dressage des corps’’,
il faut alors analyser pourquoi cette présence engendre ce
type de réaction de la part de l’individu. Cette machine
de contrôle que constitue le pouvoir va créer une société
disciplinaire.
A - des individus influencés jusque dans leurs gestes.
:
Le pouvoir disciplinaire a une influence sur le corps, les gestes.
A l’école le fait d’être constamment surveillé
vise à corriger, conformer le corps dans ses moindres faits
et gestes de manière à ce qu’il convienne à
ce que la société attend de lui.
- Cette instrumentation du corps par l’omniprésence
du pouvoir se fait de manière inconsciente, sans même
que l’individu en ai conscience puisque depuis sa naissance
le pouvoir étant partout, il ne le voit plus.
- Cette connaissance, ce savoir de l’individu par le pouvoir
est une véritable arme qui va pénétrer l’âme
en la manipulant mais aussi et plus encore finir par s’imprégner
dans le corps de l’individu lui-même.
Les individus sont donc influencés par le pouvoir jusque
dans le corps, l’on peut se demander pourquoi les individus
se conforment ils ? Quels avantages y trouvent-ils ?
B - une conformisation des individus : pour intégrer
la société
Dans la sphère pénitentiaire l’omniprésence
du pouvoir a pour conséquence de corriger l’individu
et de faire en sorte qu’il se conforme comme l’attend
la société. La prison a mis en place une multitude
de pouvoirs disciplinaires visant à rééduquer
l’âme. Ce que l’on voit notamment par le travail
obligatoire, mais aussi par des modèles d’écriture,
de comportements militaires.
Selon Michel Foucault la prison ‘’ est instrument et
vecteur du pouvoir sur le corps ‘’
- la technologie politique du corps est une instrumentation de celui-ci
par le pouvoir politique.
- Le cursus scolaire est réglé et l’individu
pour y réussir doit se conformer.
Chaque individu à une place dans la société
et un rang. Celui qui n’entre pas dans cette société
disciplinaire (le fou, le délinquant) sera traqué.
- C’est dans le souci d’être accepté par
la société que l’individu va chercher à
se conformer aux normes édictées par le pouvoir et
ainsi éviter d’être en marge de la société.
Pour conclure la technologie politique du corps est une connaissance,
manipulation de l’individu permettant au pouvoir de s’affirmer
et à la société de se développer. Le
corps reçoit le pouvoir en lui-même et c’est
pourquoi il en est son objet prépondérant. Même
si avant le 18e on voyait clairement que le corps était l’objet
du pouvoir notamment par les supplices, il faut bien se rendre compte
qu’aujourd’hui même, si les conséquences
physiques du pouvoir ne sont plus présentes de manière
aussi flagrante, il y a tout de même une influence du pouvoir
sur le corps.
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