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Origine : http://www.qut.edu.au/edu/cpol/foucault/eribon.html
"ne pas remplacer la peine de mort par des condamnations à perpétuité"
Contre les peines de substitution ?
Didier Eribon
On trouve d'autres contresens, aussi énormes, dans le livre
de James Miller. Quand il commente, par exemple, un article de Foucault
sur l'abolition de la peine de mort en France en 1981. Le texte de
Foucault dans Libération est intitulé : 'De la necessité
de mettre un terme à toute peine' (Libération, 18 septembre
1981).
Miller commente: 'Foucault urges his readers to consider abolishing
all forms of punishment.' 'Foucault appelle ses lecteurs à
envisager l'abolition de toute forme de châtiment.') Miller
souligne le mot all pour faire partager son étonnement devant
la radicalité d'un tel propos. Et il conclut par cette remarque
: ' Etant donné l'"hypothèse nietzschéenne"
de Foucault sur le rôle du châtiment [...] c'était
peut-être la seule position honnête qu'il pouvait prendre.'
(James Miller (1993),The passion of Michel Foucault, New York, Simon
& Schuster, p. 329.)
Malheureusement pour la belle cohérence de son interprétation,
il s'agit tout simplement d'une magistrale erreur dans la traduction
qu'il donne de ce texte.
Que veut dire Foucault ?
Il a milité en faveur de l'abolition de la peine de mort et
se réjouit qu'elle soit sur le point d'être votée
par le parlement. Mais, il entend combattre l'idée de 'peine
de substitution'. Il écrit, à la fin de son article :
'Poser que toute peine, quelle qu'elle soit, aura un terme...' C'est-à-dire
qu'il faut fixer une fin à toute peine d'emprisonnement et
ne pas remplacer la peine de mort par des condamnations à perpétuité.
Le titre de l'article, sur lequel Miller appuie son interprétation,
n'est pas de Foucault lui-même. Il a été donné
par un rédacteur en chef de Libération et Foucault en
était fort mécontent, car il se demandait si cette formulation
ne risquait pas de prêter à confusion auprès d'esprits
malveillants. On admirera sa clairvoyance.
Dans, les Dits et écrits de Michel Foucault (Paris, Gallimard,
1994), le titre a été remplacé par : 'Contre les
peines de substitution', ce qui est plus exact, mais les éditeurs
auraient dû signaler que l'article avait d'abord été
publié sous un autre titre. (Cf t. 4, texte n°300.)
=>
Contre les peines de substitution Michel Foucault
Dits Ecrits tome IV texte n°300 http://1libertaire.free/MFoucault290.html
Didier Eribon, (1994) Michel Foucault et ses contemporains, Paris:
Librairie Arthème Fayard, p. 27, n.2
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