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Origine : http://www.ac-versailles.fr/PEDAGOGI/ses/ecjs/ressources/doc/text1.htm
“ Le mouvement par lequel un homme seul, un groupe, une minorité
ou un peuple tout entier dit : “ Je n’obéis plus
”, et jette à la face d’un pouvoir qu’il
estime injuste le risque de sa vie – ce mouvement me paraît
irréductible. Parce qu’aucun pouvoir n’est capable
de le rendre absolument impossible : Varsovie aura toujours son
ghetto révolté et ses égouts peuplés
d’insurgés. Et parce que l’homme qui se lève
est finalement sans explication ; il faut un arrachement qui interrompt
le fil de l’histoire, et ses longues chaînes de raisons,
pour qu’un homme puisse, “ réellement ”,
préférer le risque de la mort à la certitude
d’avoir à obéir.
Toutes les formes de liberté acquises ou réclamées,
tous les droits qu’on fait valoir, même à propos
des choses apparemment les moins importantes, ont sans doute là
un point dernier d’ancrage, plus solide et plus proche que
les “ droits naturels ”. Si les sociétés
tiennent et vivent, c’est-à-dire si les pouvoirs n’y
sont pas “ absolument absolus ”, c’est que, derrière
toutes les acceptations et les coercitions, au-delà des menaces,
des violences et des persuasions, il y a la possiblité de
ce moment où la vie ne s’échange plus, où
les pouvoirs ne peuvent plus rien et où, devant les gibets
et les mitrailleuses, les hommes se soulèvent. ”
Michel Foucault : “ Inutile de se soulever ? ”, Le Monde,
11-12 mai 1979
“ Est toujours périlleux le pouvoir qu’un homme
exerce sur un autre. Je ne dis pas que le pouvoir, par nature, est
un mal ; je dis que le pouvoir, par ses mécanismes est infini
(ce qui ne veut pas dire qu’il est tout-puissant, bien au
contraire). Pour le limiter, les règles ne sont jamais assez
rigoureuses ; pour le dessaisir de toutes les occasions dont il
s’empare, jamais les principes universels ne sont assez stricts.
Au pouvoir il faut toujours opposer des lois infranchissables et
des droits sans restrictions. ”
Michel Foucault : “ Inutile de se soulever ? ”, Le Monde,
11-12 mai 1979
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