Date: 2 Novembre 2004
Subject: [cerclesocial] Déclaration du Forum des Peuples
Déclaration du Forum des Peuples
Kita (Mali), 6 au 10 juin 2004
Préambule
En contre-point de la réunion des chefs d’Etat des
huit pays les plus riches (G8) en Géorgie (USA) et pour marquer
le refus de la résignation des peuples africains, des représentants
de mouvements sociaux venus du Bénin, du Burkina Faso, de
Côte d’Ivoire, de Gambie, du Mali, de la Mauritanie,
du Niger, de la République démocratique du Congo,
du Sénégal, du Tchad, du Togo et aussi de Belgique,
du Canada, de France et de la Suisse, se sont réunis à
Kita (Mali) du 6 au 10 juin 2004 dans le cadre du Forum des peuples.
Après Siby en 2002 et 2003, la 3ème Edition du Forum
des Peuples s’est illustrée par la participation massive
des paysans venus des huit régions du Mali.
Au terme de 4 jours de rencontres, d’échanges et de
réflexions dans le cadre de conférences-débats
et d’ateliers, les centaines de participants (es) (plus de
700) conviennent de la déclaration ci-après.
Considérant:
- la gravité des crises économiques, politiques,
sociales et culturelles dans le continent africain du fait de son
insertion dans la mondialisation capitaliste néo-libérale
et ses effets désastreux sur les populations;
- l’absence de visions et de stratégies globales
dans les politiques de développement;
- la destruction du tissu économique et social sous l’effet
d’une dette odieuse, de l’application des Plans d’ajustement
structurel et l’envahissement des marchés locaux par
l’application des règles injustes de l’OMC;
- la privatisation tout azimut des sociétés et entreprises
d’Etat dont le corollaire est le chômage, la dislocation
des foyers, la paupérisation croissante de toutes les couches
sociales avec une accentuation de la féminisation de la pauvreté;
- l’incurie des dirigeants des Etats africains, la gestion
prédatrice des ressources publiques et naturelles (la terre,
les forêts et les mines…) et le mépris des droits
de la personne;
- la non-association des populations à la conception des
politiques de développement et la non-prise en compte de
leurs préoccupations et droits fondamentaux;
Le Forum des Peuples exige:
- le rejet des politiques néo-libérales (Nepad,
ACP-UE, AGOA…) et l’élaboration de stratégies
et politiques fondées sur la satisfaction des besoins des
populations;
- la démocratisation véritable des systèmes
politiques et le respect des droits humains;
- une meilleure implication des peuples africains dans l’élaboration,
la mise en œuvre et le suivi des politiques de développement;
- la prise en compte des alternatives portées par les mouvements
sociauxet notamment la création d’un front de refus
des chefs d’Etat africains face au diktat des institutions
financières internationales (FMI, Banque mondiale) et autres
multinationales créatrices de misères;
- l’annulation inconditionnelle de la dette odieuse de l’Afrique
en particulier et du Tiers-Monde en général et la
mise en place d’un tribunal international sur la dette;
- l’arrêt immédiat des privatisations et la
ré appropriation par les peuples d’Afrique de leurs
patrimoines nationaux bradéspar les dirigeants sous la pression
du FMI et de la Banque mondiale;
- la construction d’un véritable service public par
l’établissement notamment d’un système
éducatif et de santé, accessibles à toutes
et tous et de qualité;
- la reconnaissance pour tous les pays du droit, voire du devoir,
de protéger son agriculture par des taxes à l’importation
sur les produits alimentaires de base;
- le rejet des OGM, la mise en œuvre de politiques de souveraineté
alimentaire dans un cadre sous-régional, et d’une politique
foncière adaptée aux besoins des sociétés
paysannes;
- la cessation du dumping (prix en dessous des coûts de
production) et l’instauration de règles de commerce
international justes et équitables;
- un partenariat horizontal et équitable dans les relations
Nord-Sud;
- le renforcement des liens entre les mouvements sociaux du Nord
et du Sud pour une synergie d’action et un renforcement des
capacités.
Nous décidons d’ici la prochaine édition du
Forum des Peuples:
- de mettre en place un comité international d’organisation
et de suivi de la mise en œuvre des recommandations;
- d’entreprendre des campagnes d’information et de
dénonciation des politiques du FMI et de la Banque mondiale
à l’occasion du 60e anniversaire des ces institutions
qui a lieu cette année.
Nous disons:
Non au pillage de nos ressources et à la dégradation
de l’environnement!
Vive l’unité d’action des mouvements
sociaux dans le combat!
Vive le Forum des Peuples!
Le Forum des Peuples
Fait à Kita (Mali), le 10 juin 2004
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