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Pensées sur le foot
Daniel Psenny

Origine : http://www.europrofem.org/02.info/22contri/2.07.fr/4fr.viol/04fr_vio.htm

GRAIN DE PHILO.
Trois philosophes amoureux du ballon rond débattent sur les relations que le football entretient avec la violence et la guerre.
Passionnant

Le football est-il la continuation de la guerre selon d'autres moyens? " C'est en paraphrasant la célèbre formule de Clausewitz que trois philosophes passionnés de ballon rond - Alain Etchegoyen, André Pessel, inspecteur général de philosophie, et Christian Bromberger, ethnologue du sport et notamment des supporters - ont accepté de débattre du sujet dans le magazine " Grain de philo ", animé par Alexandre Baloud.

A quelques semaines du coup d'envoi de la Coupe du monde, il est très intéressant d'écouter leurs réflexions sur les relations que le sport entretient avec la violence et la guerre. Pour introduire le débat, les responsables de l'émission ont eu la bonne idée de rediffuser les extraits du magazine " Lecture pour tous ", de Pierre Dumayet (1962), dans lequel Raymond Aron compare déjà le football et la guerre. Fin connaisseur du ballon rond et de ses règles, l'ancien directeur politique de L'Express évoque la surprenante victoire de l'Allemagne sur la Hongrie en 1954.

Une victoire capitale, qui dépassa le strict cadre sportif, puisqu'elle permit symboliquement à l'Allemagne de faire son retour dans le grand concert des nations, moins de dix ans après sa défaite face aux Alliés. Devenu un grand pays du football, l'Allemagne est d'ailleurs souvent au centre du débat, avec le problème du nationalisme et surtout celui de la violence, illustrée par l'agression du gardien de but Harald Schumacher contre Patrick Battiston, lors de la demi-finale de la Coupe du monde, en 1982, à Séville. "J'étais très en colère envoyant cette agression, et il m'a fallu lutter contre le discours que je tenais à l'époque, confie André Pessel. Ces images rappellent la guerre, mais finalement cela n'a rien à voir. "

Pourtant, la violence est-elle si différente lorsqu'elle se déroule sur un pré de stade plutôt que sur un champ de bataille ? " Tout comme la guerre, le football a son lexique guerrier, avec ses fanfares, ses hymnes, ses clubs de supporters aux noms barbares, souligne Christian Bromberger. Mais le football nécessite surtout une tactique et une stratégie capables de - taire la différence et de créer le déséquilibre. Ce sont les règles d'un match qui assurent l'équilibre." Et, depuis quelques années, le déséquilibre s'est déplacé sur un plan financier, qui oblige les clubs à se livrer une véritable guerre économique.

"Auiourd'hui, la guerre passe par le Marché, les transferts des joueurs et le budget des clubs, relève Christian Bromberger. Une société se lit bien dans son football. Pour gagner, il faut du mérite, de la chance, de la triche et un peu d'injustice. Et c'est sans doute pour tout cela que le football est la vraie vie. "

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Le Monde 5.05.98
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Note du gestionnaire du site : le foot comme analyseur de la société ?