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Message Internet
Date: 4 Novembre 2003
À: RESISTONS ENSEMBLE
Objet: [resistons info] un policier trop bronzé et trop arabe
pour la région est renvoyé (Article paru dans Libération)
Dans l'Hérault, un policier trop bronzé pour la région
Le jeune stagiaire, écarté de la police municipale,
porte plainte pour «injures et discrimination».
Par Catherine BERNARD
Mardi 04 novembre 2003
Montpellier correspondance
Le 17 décembre, Djamel, 33 ans, gardien stagiaire de police
municipale, ne sera sans doute pas titularisé par son employeur,
Cyril Meunier, le maire sans étiquette de Lattes, près
de Montpellier (Hérault). Il sera sans doute également
sans logement, le conseil municipal ayant, le 23 octobre, décidé
de mettre fin à son bail. Officiellement, le maire n'a rien
à reprocher à Djamel. Consultée, la commission
paritaire a donné un avis favorable à sa titularisation
et demande des éclaircissements. Djamel les fournit à
sa manière. Il déposera plainte aujourd'hui contre
trois de ses collègues pour «injures et discrimination
raciale». L'association SOS Racisme Indépendant s'est
constituée partie civile. A celle de Djamel, elle a ajouté
une seconde plainte, contre le maire. Le policier est aussi soutenu
par la CGT.
En mai 2002, Djamel, franco-algérien, est reçu au
concours de gardien. Une mairie est prête à l'embaucher,
Lattes. Il y effectue les six mois de son stage pratique. Il est
placé dans une équipe où ses collègues
«commencent à glisser des blagues racistes».
Puis se lâchent. «Dans les rondes de nuit, ils parlent
de se faire des melons.» Djamel retrouve dans son casier des
tracts du Front national. Il encaisse, «ça et le reste»,
part en formation à l'école, en ressort l'été
dernier, bien noté, avec, lors de ses passages dans plusieurs
services de police, des appréciations élogieuses.
«A laissé [...] une image remarquable de qualités
humaines», précise son chef à Palavas, commune
voisine.
A sa grande surprise, la mairie de Lattes n'attend pas la fin de
sa formation à l'école, ni davantage l'avis de la
commission paritaire, pour lui notifier une «prolongation
de six mois de sa période de stage pour travail insatisfaisant».
Djamel n'obtient pas d'explications, mais se tait encore. De retour
au poste de police, la situation ne s'arrange pas. On lui interdit
de conduire le véhicule.
Un jour, il s'oppose aux «contrôles d'identité
de faciès».
Au début de l'automne, Djamel prend le parti de dénoncer,
par écrit, auprès de l'adjoint à la sécurité,
«les pratiques de quelques-uns de ses collègues».
Résultat, il est convoqué le 13 octobre par le maire
qui le met «en congé d'office», et lui demande
de chercher un autre employeur. «Il n'y a pas de problème
de racisme à Lattes, ni à la mairie, ni dans l'équipe
de police municipale. Je ne nie pas, comme c'est de coutume dans
la région, que ses collègues aient pu tenir des blagues
un peu racistes. Rien de plus. Djamel a un problème d'intégration»,
dit le maire. A Lattes, le Front national a fait 33 % des voix au
premier tour de la présidentielle. Trois de ses collègues
ont témoigné par écrit : «Il a été
mis à l'écart par plusieurs collègues, ne pouvant
plus, de ce fait, assurer ses fonctions de policier municipal»,
termine l'un. Sa mise en congé n'a pas calmé ses collègues.
Djamel dit avoir retrouvé sa voiture rayée, et des
messages menaçants sur son répondeur. Au poste de
police, son bureau a été cassé et, dans les
débris, il a retrouvé des tracts du FN.
Et régulièrement, d'ex-collègues en tenue se
plantent devant ses fenêtres et regardent sa femme.
La France est un beau pays !
Réseau RESISTONS ENSEMBLE
+ Pour consulter le site : http://resistons.lautre.net
http://listes.rezo.net/mailman/listinfo/resistons_ensemble
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