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Origine : http://www.penelopes.org/xarticle.php3?id_article=5367
La mixité dans le sport a-t-elle jamais existé passées
les premières pratiques scolaires ? Quand elle sortit le
sujet du placard, Marie-Georges Buffet entendait en finir avec le
mythe d'un sport neutre, en dénonçant le virilisme
en vigueur dans ce domaine. Non pas intégrer des femmes dans
un monde réglementé et régi par les hommes,
mais faire bouger ce monde vers une vraie mixité, à
double sens.
Derrière une poignée de championnes surmédiatisées,
des milliers de jeunes filles et de femmes pour lesquelles l'accès
aux pratiques sportives, à quelque niveau que ce soit, reste,
pour le moins, difficile. Le constat n'est pas nouveau, et si l'on
en croit un récent rapport ministériel, la situation
ne va pas en s'arrangeant. Mais pose-t-on les vrais problèmes
de fond ?
a France a exercé d'avril 2002 à avril 2004 la présidence
du réseau européen "Femmes et sport " qui
regroupe 41 pays (http://www.ews-online.com). Présidence
qui s'est achevée sur une 6e conférence européenne
à Paris, au titre très prometteur "Femmes, Sport
et Démocratie", associé à un slogan qui
sonne bien : "Les femmes, un enjeu pour le sport. Le sport,
un enjeu pour les femmes.". Le rapport d'un groupe de travail
interministériel (Jeunesse, Sports et Vie associative+ Parité
et égalité professionnelle) y a été
présenté.
Performances médiocres
Tout cela se place dans le cadre de la politique "volontariste"
du Ministère, inaugurée par la loi du 16 juillet 1984,
qui affirmait "la nécessité d'un accès
égal des femmes et des hommes tant à la pratique des
activités physiques et sportives qu'à tous les niveaux
de responsabilité au sein des associations sportives."
Mais à comparer les chiffres communiqués sur le site
du ministère (http://www.jeunesse-sports.gouv.fr) et ceux
rendus publics en 1998 par ce même ministère alors
occupé par Marie-Georges Buffet, on constate que la situation
évolue extrêmement lentement. Avec 33% des sportifs
de haut niveau reconnus, 11% des conseillers techniques et sportifs,
9% des entraîneurs nationaux, 15% des titulaires du BE du
2e degré, 3,5% des présidents de fédérations,
les femmes restent peu représentées dans la compétition
comme dans l'encadrement et les instances dirigeantes.
Course d'obstacles
Il y a pire. Dans les chiffres 2004, apparaît un nouveau
souci d'inquiétude : l'exclusion galopante des filles dans
les "quartiers sensibles". Ce point constituait l'un des
deux axes du rapport (l'autre étant l'accès des femmes
aux instances dirigeantes).
Les chiffres, donc, sont éloquents : 51 % des filles pratiquent
le sport hors zones d'éducation prioritaire (ZEP) et 32 %
en ZEP. Fautif désigné : "le développement
de nouveaux freins culturels d'ordre communautaire". De là
viendrait exclusivement le net recul de la mixité dans les
temps extra-scolaires.
Certes, on ne niera pas la réalité des pressions
exercées sur les jeunes filles de familles musulmanes –
puisque c'est d'elles qu'il s'agit, cela semble aller sans le dire.
Toutefois, le rapport note aussi l'existence de freins financiers.
Qu'en conclure ? Les familles pauvres le sont-elles devenues davantage
encore avec le temps ? Ou le coût des pratiques sportives
a-t-il augmenté ? Il constate aussi que les installations
sportives sont prévues pour les garçons. Et là,
à moins que tous les "quartiers sensibles" soient
dotés d'équipements récemment conçus
par des architectes acquis au séparatisme des sexes, le fait
ne peut constituer une nouveauté.
La mixité dans le sport a-t-elle jamais existé passées
les premières pratiques scolaires ? Quand elle sortit le
sujet du placard, Marie-Georges Buffet entendait en finir avec le
mythe d'un sport neutre, en dénonçant le virilisme
en vigueur dans ce domaine. Non pas intégrer des femmes dans
un monde réglementé et régi par les hommes,
mais faire bouger ce monde vers une vraie mixité, à
double sens.
Faute de quoi, les "nouveaux freins culturels" de tous
poils ne rencontreront jamais d'obstacles sur ce terrain.
Dominique Foufelle - août 2004
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