"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
La création monétaire - analyse du site <fauxmonnayeurs.org>

Origine : http://www.fauxmonnayeurs.org/articles.php?lng=fr&pg=24

En 1971, la Banque de France éditait un opuscule dénommé « la Monnaie et la Politique monétaire » dans lequel elle précisait : « Les particuliers - même paraît-il certains banquiers - ont du mal à comprendre que les banques aient le pouvoir de créer de la monnaie ! Pour eux, une banque est un endroit où ils déposent de l'argent en compte et c'est ce dépôt qui permettrait à la banque de consentir un crédit à un autre client. Les dépôts permettraient les crédits. Or, cette vue n'est pas conforme à la réalité, car ce sont les crédits qui font les dépôts ».

Il faut donc rejeter complètement cette idée, sans doute enfouie au fond de votre esprit que, pour qu'un banquier puisse vous proposer un crédit, il FAUT qu'un épargnant soit passé avant vous à la banque pour y déposer des économies correspondantes au prêt que vous allez demander, et qu'en fin de compte, c'est l'épargne d'un autre que le banquier vous prête, en prélevant sa commission au passage (l'intérêt)… En réalité c'est l'inverse qui se passe : c'est l'argent emprunté par les uns et les autres, qui se retrouve ensuite en partie en épargne. D'ailleurs, avez-vous déjà entendu votre banquier vous annoncer : « Désolé, votre compte est vide, j'ai prêté son montant à un autre client » ? Votre épargne ne disparaît pas de votre compte, elle reste là, disponible immédiatement ou dans des délais plus ou moins longs, selon le type de placement que vous avez choisi, alors que si vous prêtez de l'argent à vos enfants, vous n'en n'avez plus la disponibilité.

Alors, d'où vient cet argent que les banques nous prêtent ? Elles le créent à partir de rien – ex nihilo – un système extrêmement obscur que l'on veille à maintenir dans l'ombre, soit que l'on pense qu'il est affaire de spécialiste que l'esprit du commun des mortels ne saurait appréhender, soit que le mettre en pleine lumière risquerait de pousser les esprits « éclairés » à se rebeller. Sans doute est-ce ce qui à fait dire à Henry Ford (1863-1947) : « Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin. »

Peu importent les raisons, nous estimons que les citoyens ont le droit de savoir ce qu'ils mangent, aussi vous invite-t-on à visiter « les cuisines » pour mieux comprendre la popote de l'argent. D'avance pardon pour la complexité de certaines recettes, mais nous vous promettons que nous allons tout faire pour rendre le plat digeste. Toutefois, avant de mettre notre nez dans les casseroles, précisons encore une chose qu'il faut bien avoir à l'esprit. Si la plupart d'entre nous croient que les choses sont autres que ce qu'elles sont, c'est qu'il règne un flou artistique savamment entretenu. Est-il volontaire ? Allez savoir !…

Flou, par la dénomination des établissements. Banque de France ! Banque Centrale Européenne ; mais aussi par exemple, Banque Nationale de Paris. Autant de noms qui laissent supposer qu'il s'agit d'organismes publics. Or il n'y pas de « banque nationale » ; il n'y a que des banques privées, dites « secondaires », au regard de la « première », la Banque Centrale. En Europe par exemple, il n'y a qu'un édifice pyramidal avec à son sommet la Banque Centrale Européenne – B.C.E -, émanation des Banques Centrales des États membres.

Flou, par le fait que c'est la Banque Centrale Européenne - dans l'Euroland ou zone euro - qui est la seule pourvoyeuse des billets de banque, dont elle confie l'impression à chaque banque centrale des Etats membres. Mais, si l'émission est une chose, la création en est une autre ! Notons d'une part que les billets et pièces ne représentent guère plus de 15 % de la masse monétaire M1 et que, d'autre part, ce sont les banques commerciales qui induisent l'émission des billets à la B.C.E dans la mesure où ce sont elles qui « en passent commande », sachant que statistiquement une proportion de 15 % de la monnaie qu'elles créent par le crédit leur sera demandée sous forme d'argent liquide. Les billets de banque sont ainsi consécutifs au mécanisme de création monétaire exercé par les banques privées. C'est ce qui permet à Denis Clerc de dire « Le principal émetteur de monnaie, ce sont les banques. Pas la Banque centrale européenne (BCE), via la Banque de France qui, dans ce domaine, n'est en quelque sorte qu'un de ses établissements nationaux, comme les autres banques centrales des pays qui constituent la zone euro. La BCE émet les billets, pour lesquels elle a d'ailleurs un monopole légal et sévèrement respecté. Mais les moyens de paiement dont nous nous servons ne se réduisent pas aux billets. Nous utilisons quotidiennement des pièces (frappées par le Trésor public qui possède l'Hôtel des Monnaies) et surtout des chèques ou des cartes de paiement par lesquels nous transmettons au bénéficiaire une somme d'argent prélevée sur un compte bancaire que nous possédons.

Flou, par le fait qu'on entend également que la BCE assure les refinancements des banques secondaires… mais ce que l'on appelle « refinancement » est le processus par lequel les banques secondaires alimentent en monnaie centrale le compte qu'elles ont à la Banque Centrale. C'est à partir de ce compte qu'elles paient à la Banque Centrale ce qu'elle leur débite pour la fourniture de la monnaie fiduciaire dont elles ont besoin ; c'est encore à partir de ce compte qu'elles règlent ce qu'elles se doivent entre elles. Lorsqu'elles n'ont plus assez de monnaie centrale sur leur compte, elles en obtiennent en cédant des titres à la Banque Centrale. C'est en faisant payer les billets qu'elle fournit aux banques secondaires, en leur débitant un intérêt sur les sommes avancées contre des titres de créances, et en leur demandant un dépôt de garantie , que les Banques Centrales exercent un contrôle sur la création monétaire. Le terme de « refinancement » laisse entendre que les banques ont besoin de refinancer les crédits auxquels elles procèdent, alors qu'il n'en n'est rien. On laisse croire de la sorte que la Banque Centrale est en fin de compte celle qui crée la monnaie, ce qui n'est pas le cas. Elle ne fait que définir les règles du jeu, autrement appelées « règles prudentielles » et contrôler leur application.

Allez ! suivez-nous en cuisine pour continuer à découvrir comment le système bancaire crée la monnaie.

Première recette – Le crédit à l'économie ou « la pêche miraculeuse »

Voilà le moyen le plus courant pour créer de la monnaie scripturale . Bien sûr, tout doit commencer par une demande de crédit. Mais qui n'en n'a pas un aujourd'hui ? Le système se charge bien de nous y inciter, en faisant chanter les sirènes de la publicité, histoire de faire craquer les quelques indécis qui ne souhaitaient pas spécialement vivre à crédit . Vous voilà donc en besoin de 1000 euros, prêt que votre banquier vous consent. A quoi cela se résume-t-il ? A une simple écriture comptable dans les livres de la banque : à l'actif de son bilan une créance de 1.000, et au passif la contrepartie, les 1000, portés au crédit de votre compte de dépôt à vue (DAV) . Et voici 1000 euros créés ! Vous allez les utiliser pour vos achats, voire en épargner une partie ; bref ils vont circuler dans la communauté jusqu'à échéance, quand vous aurez remboursé la totalité du crédit. Alors ? Tout disparaîtra ; la monnaie sera totalement détruite, sauf les intérêts, mais nous y reviendrons. Ainsi l'augmentation de l'actif bancaire - créances sur l'économie - entraîne un accroissement de la masse monétaire - en dépôt à vue -, tandis qu'une diminution de l'actif bancaire – le remboursement des créances - entraîne au contraire une réduction de la masse monétaire. On peut donc dire qu'une demande de crédit des agents non bancaires conduit à une augmentation de la masse monétaire lorsqu'elle est satisfaite.

Deuxième recette - la monétisation d'actifs non monétaires ou « l'eau changée en vin »

Dans l'exemple précédent, vous aurez compris que les 1000 euros que vous auriez pu demander sous forme de monnaie sonnante et trébuchante si vous l'aviez souhaité et qui, dans tous les cas, sont du « vrai et bon argent » pour vous, n'existaient pas préalablement dans votre banque ni dans l'ensemble du système bancaire. D'où viennent-ils ? Pour obtenir ce prêt vous avez dû signer un acte de prêt, outre les garanties que votre banquier vous aura peut-être demandé de donner. C'est le bout de papier que vous avez signé – l'acte de prêt - qui, entre les mains de votre banquier, se transforme en monnaie.

Supposons maintenant qu’une Banque « B » fasse l’acquisition d’un immeuble à une société « X ». Elle inscrit la valeur du bâtiment dans l’Actif de son bilan à la rubrique « immobilisations », car l'immeuble vient enrichir son patrimoine. En même temps, pour s’acquitter de sa dette envers la Société « X », vendeuse de l’immeuble, elle ouvre un compte à son nom sur lequel elle porte le même montant, celui de la transaction, par exemple : 100. Ce compte constituant une dette, la Banque « B » l'inscrit au Passif de son bilan. L’équilibre comptable est réalisé. La société « X » dispose maintenant d’un compte courant de 100 à la Banque « B », à partir duquel elle peut régler des dépenses. A-t-il fallu de l'argent à la banque pour le mettre sur le compte de la société « X » ? A-t-elle payé l'immeuble avec « ses économies » ? Non ! Il lui a suffi d'enregistrer un actif patrimonial d’un côté et sa valeur de l’autre. Les spécialistes disent que « les banques créent de la monnaie en “monétisant” - en transformant en argent - des actifs non monétaires ».

Mais à ce titre, nous direz-vous, une banque peut acheter la terre entière sans dépenser un sou ! Non ; c'est là qu'interviennent les règles prudentielles, celle du « coefficient de fonds propres et de ressources permanentes », entre autres, qui prévoit que les fonds propres d'une banque doivent représenter au moins 60 % de ses participations et de ses investissements. Cela réduit donc considérablement les possibilités. Il n'en reste pas moins qu'elles ont l'extraordinaire privilège de pouvoir financer leurs pertes et dépenses, pratiquement sans trésorerie. A l'occasion, c'est ce qui permet de masquer des situations catastrophiques, lorsque l'actif des banques repose sur un trop grand nombre de créances irrécouvrables, ce qui a été à l'origine du crack japonais ou du Crédit Lyonnais. Ainsi que le souligne André Chaineau « les banques jouissent de l’exorbitant privilège de créer à partir de rien un titre de créance pour régler leurs obligations (aux fuites près ) », et Maurice Allais de surenchérir : « Dans son essence la création de monnaie ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique… à la création de monnaie par des faux monnayeurs. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents ».

Troisième recette – les effets multiplicateurs ou « la multiplication des pains »

Vous aurez sans doute remarqué que lorsque vous déposez un chèque sur votre compte en banque, vous n'êtes pas immédiatement crédité. Votre banque se réserve en effet un délai pour compenser les sommes qu'elle doit aux autres banques avec ce que les autres lui doivent. En moyenne elle prend entre un et trois jours pour les chèques « sur place » et entre cinq et sept jours s'il s'agit de chèques "hors place". Pendant ce délai la banque s'approprie, d'une certaine manière, les sommes portées en compte, qu'elle va pouvoir prêter.

Imaginons maintenant que les règles prudentielles en vigueur prévoient que les banques ne peuvent prêter qu'à hauteur de 90 % des dépôts qu'elles détiennent, ce qui est actuellement le cas.

L'exemple qui va suivre se joue dans un système de 4 banques privées (B1, B2, B3, B4, mais vous pouvez remplacer ces sigles par les noms de quatre banques que vous connaissez).

Vous venez de vendre à un ami une voiture d'occasion pour la somme de 1000 euros qu'il vous remet en chèque. Ces 1000 euros proviennent-ils d'une épargne ou d'un crédit ? Allez savoir, mais peu importe ; pour vous, c'est du bon et bel argent que vous déposez sur votre compte à la banque « B1 ». Voilà donc un dépôt de 1000 euros qui ouvre à votre banque la possiblité de prêter 1000 x 90 % = 900 euros.

Or, Monsieur B a justement besoin de 900 euros pour effectuer quelques travaux chez lui. Il s'adresse à la banque B1 qui lui accorde ce prêt. Monsieur B établit un chèque de 900 euros à son maçon, Monsieur C, qu'il dépose sur son compte à la banque B2. Les 900 euros prêtés à Monsieur C par la banque B1 deviennent ainsi dépôt à la banque B2. B2 peut dès lors prêter 900 x 90 % soit 810 €.


Monsieur D entre dans sa banque, la banque B2. Vous savez pourquoi ? Il a besoin d'un prêt de 810 euros… Il lui est octroyé et Monsieur D peut ainsi régler son fournisseur, Monsieur E, de cette même somme qu'il dépose à sa banque, la banque B3, qui peut maintenant prêter 810 x 90 % = 729 euros

Est-ce nécessaire d'aller plus loin ? Allez, encore une fois pour le « fun ». Monsieur F obtient un crédit de 729 euros à la banque B3, qui trônent en belle place sur un chèque que Monsieur G, à qui il devait cette somme, porte sur son compte à la banque B4, que cette dernière prête à Monsieur H à hauteur de 90 % soit 656 euros, et ainsi de suite.

Que s'est-il passé en réalité ? Votre dépôt initial, dont on ne sait d'ailleurs s'il provenait d'un prêt, a créé et mis en circulation, "en plus"des 1000 euros de départ et dans le cadre de cet exemple limité à 4 échanges : 900+810+729+656 = 3095 euros.

Le dépôt s'est transformé en crédit, qui redevint dépôt, puis crédit, puis dépôt… au point que l'on s'y perd et que l'on peut se demander « qui de l'oeuf ou de la poule est venu en premier ? » Une chose est certaine, c'est qu'en 1960, la monnaie en circulation en France - ou masse monétaire - convertie en euros, était équivalente à 14 milliards et qu'en 2000 elle était passée à 378 milliards d’euros sous l'effet de l'inflation et de l'augmentation de la production. Ce sont 364 milliards supplémentaires, donc 27 fois la masse monétaire initiale qui ont été créés en 40 ans grâce aux mécanismes que nous décrivons !

Quatrième recette – l'intérêt ou « la cerise sur le gâteau »

Il y a une chose que nous n'avons pas précisée dans notre exemple précédent ; les prêts consentis à messieurs B, D, F et H ont été assortis dun intérêt à 10 % l'an. Imaginons qu'ils aient tous remboursé leur prêt en une fois au bout d'un an. Ils auront remboursé : 990 + 891 + 802 + 721 = 3404 contre, rappelez-vous, 3095 euros créés, soit une différence de 309 euros versée au système bancaire sur de la monnaie qui ne lui appartient pas. Mais pourquoi dire que l'intérêt est de la création monétaire ? N'est-il pas tout simplement une charge que le banquier prélève sur notre richesse ?

Nous n'insisterons jamais assez sur ce fait ! Depuis que la monnaie n’est plus gagée sur l’or, elle n’existe plus que sous forme de crédit. L'argent qui circule dans la communauté mondiale n'est que la différence qui existe entre la masse de l'argent prêté et celle de l'argent remboursé ; chaque jour de nouveaux prêts consentis viennent grossir la masse monétaire, chaque jour des crédits sont remboursés, partiellement ou totalement et font diminuer d'autant la masse monétaire. Alors imaginez… Imaginez que tout le monde, particuliers, entreprises, collectivités locales et Etats décident pour en finir une bonne foi, de rembourser l'intégralité de leurs dettes. Et bien, selon le principe que nous venons d' énoncer, il n'y aurait plus un sou vaillant sur cette terre. Plus encore ! Nous serions dans l'impossibilité de le faire car, par le biais de l'intérêt, il nous est demandé de rembourser plus que ce qui a été mis en circulation !

Bien sûr, cela ne saute pas aux yeux, à moins de faire un « arrêt sur image » comme nous venons de le faire, car l'existence de la monnaie est la conséquence d'un cycle permanent. Mais la question reste posée : comment payer un intérêt dont le montant n'a pas été créé au préalable, sans assécher complètement la masse monétaire au fil du temps ? Est-il possible de récupérer plus d'eau que celle versée dans le bassin ? Il y a là une impossibilité arithmétique que le système résout en entraînant tout simplement la communauté dans du « toujours plus » de crédits, pour pouvoir créer la monnaie nécessaire au remboursement des intérêts .

Comprenez-vous maintenant les « vraies raisons » de l'invitation à la « croissance » déclinée sur tous les tons et répétée tel un mantra ? Comprenez-vous aussi pourquoi, au lendemain (ou surlendemain ?) du 11 septembre 2001, dans l'un de ses premiers discours, G.W Bush a déclaré : « il faut soutenir la consommation… ayez confiance ! » Eh oui, si la confiance disparaît, on est beaucoup moins enclin à s'endetter, donc moins de crédits… moins de masse monétaire… On ne peut plus rembourser les échéances à moins de s'appauvrir… et c'est tout le système bancaire et économique qui s'écroule ! Pour enfoncer le clou, il a aussi fait diminuer les taux d'intérêts histoire de « pousser à la consommation ».

Voilà en quoi l'intérêt est créateur de monnaie. Mais c'est bien là « son moindre défaut ». Les « dommages collatéraux » qu'il provoque, pour plagier l'élégance verbale que l'on se plait à utiliser pour édulcorer l'horreur, sont bien pire :

• Il est la cause principale de l'inflation, puisque avec un crédit à 5 % par an par exemple, c'est le double de la somme empruntée qui doit être remboursée sur 15 ans, par le jeu des intérêts composés . Etrange qu'un système qui dénonce l'inflation comme « ennemi public numéro un » et en assigne la chasse à son autorité centrale - puisque telle est la mission première et quasi unique de la BCE - en soit le principal responsable !

• Il est la cause profonde de la course à la croissance qui, si elle se conçoit lorsque l'on considère les choses sous l'angle exclusif de l'économie, devient mortifère lorsqu'on élargit le panorama à l'homme et à la nature.

• Il est le premier responsable de la pauvreté dans le monde et de l'élargissement de la fracture sociale. Puisque les prix que vous payez sont constitués à 40-45 % du seul poids des intérêts, comme l'ont mis en évidence dans leurs études Magrit Kennedy et Ralph Becker cités en notes, vous imaginez la somme colossale qui est transférée du monde économique au monde financier ! Il contribue à l’asphyxie du premier et à la congestion du second ; il provoque surtout le transfert de la richesse des plus démunis vers les plus nantis. Magrit Kennedy, dans l'étude qu'elle présente dans son livre « Libérer l'argent de l'inflation et des taux d'intérêts » aux éditions Vivez Soleil, met en évidence que pour la population allemande, classée en 10 tranches de revenus, lorsque l'on fait la balance entre les intérêts créditeurs, versés à l'épargne, et les intérêts débiteurs prélevés au crédit, le solde n'est positif que pour la 10e tranche, celle des plus riches, équilibré pour la 9e et négatif pour les 8 autres. Elle souligne aussi que le solde est d'autant plus négatif que l'on est pauvre et d'autant plus positif que l'on est riche !


 

Notes:

1 - Rappelons que tous les pays constituant à ce jour l'Union Européenne n'ont pas encore adopté l'euro. L'Euroland ou zone euro sont des termes qui désignent l'ensemble des pays qui ont adopté l'euro, regroupés dans « l 'Eurosystème » qui comprend la Banque Centrale Européenne et les banques centrales des Etats membres.

2 - M1 est l'appellation technique utilisée pour désigner « l'agrégat » à l'intérieur duquel est contenu l'ensemble de la monnaie en circulation, fiduciaire et scripturale, et qui sert aux transactions. Ces agrégats sont au nombre de 5 et répertorient les actifs selon leur liquidité. On appelle actif tout objet matériel ou immatériel qui a pour son propriétaire une valeur monétaire actuelle et/ou future. Une voiture ou un kilo de tomates est en ce sens un actif, mais un litre d'eau de mer ou une invention non brevetée n'en est pas. Quant à la « liquidité », on désigne par là la rapidité avec laquelle on peut réaliser un actif. L'argent que l'on a sur un compte courant en banque est immédiatement réalisable, donc très liquide, mais la maison que l'on possède est un actif peu liquide dans la mesure où sa vente peut prendre de longs mois. Les agrégats, classés de M0 à M4 s’emboîtent comme des poupées russes, chacun contenant tous les précédents.

M0 est la base monétaire constituée par la monnaie centrale possédée par les banques sur les livres de la banque centrale.
M2 à M4 contiennent en plus de M1, précédemment cité, les comptes d’épargne de plus en plus longue, c’est-à-dire de moins en moins liquide. Par exemple, M2 contient l’épargne à vue (livrets d’épargne), tandis que les SICAV monétaires et les plans d’épargne logement sont dans M3.

Pour la zone euro, en novembre 2005, l'agrégat M1 était de 3385,6 G€ alors que le montant des pièces est billets était de 519,6 G$­. Cette masse M1 augmente, dans la zone euro, de 10 à 11 % par an. Mal distribuée elle alimente l'inflation. Pour plus de précisions nous vous recommandons les « fiches » rédigées par Gabriel Galand et Alain Grandjean, auteurs de La monnaie dévoilée (L'Harmattan, 1996) que vous trouverez sur www.chomage-et-monnaie.org

3 - Denis Clerc est fondateur et conseiller de rédaction de « Alternatives Economiques », agrégé d'économie et de gestion, agrégé de sciences sociales, auteur de Déchiffrer l'économie (éditions Syros).

4 - De la même manière que nous avons un compte dans une banque secondaire, et pouvons faire circuler la monnaie qui y est inscrite vers le compte d’une autre personne, les banques secondaires ont un compte courant à la Banque Centrale, sur lequel est inscrit leur avoir. Cet avoir est libellé en euros, comme la monnaie ordinaire, mais il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas de la même monnaie que celle qui circule entre les agents économiques. La monnaie dans les comptes courants de la Banque Centrale est appelée « monnaie centrale » ou « base monétaire ». Elle ne peut circuler qu’entre banques secondaires, par débit ou crédit de leur compte courant en Banque Centrale (www.chomage-et-monnaie.org – fiche 4).

5 - C'est ce que vous entendez appeler le « taux directeur ». Plus la Banque Centrale l'augmente, plus elle rend la création monétaire coûteuse et donc la freine, plus elle le baisse plus elle la favorise.

6 - Il faut comprendre que la Banque centrale exerce un contrôle « indirect » par pression financière. Le principe est de rendre la création monétaire de plus en plus coûteuse, pour éviter que les banques créent de l'argent à l'infini. Comme on sait statistiquement que 15 % environ de la masse monétaire sont demandés en billets, plus une banque crée de la monnaie par le crédit, plus elle a besoin de billets, plus elle a besoin de monnaie centrale pour les acheter. La Banque Centrale estimant insuffisant ce seul moyen de pression, elle oblige aussi les banques à détenir, sur leur compte en monnaie centrale, une proportion de la monnaie créée. A notre connaissance, elle est de 2 % à l'heure de l'écriture de ces pages, mais elle peut varier à tout moment. C'est ce qu'on appelle les « règles prudentielles. »

7 - Il s'agit de l'ensemble des règles auxquelles les banques doivent se soumettre, dans le but d'éviter les excès. De façon générale : - surveillance par la Banque de France et la Commission de contrôle des banques, qui veillent à la bonne organisation administrative et comptable, - justification par l'établissement bancaire de sa "bonne santé" financière (montant minimal de fonds propres, limitation des participations non financières, ratio de solvabilité), - secret professionnel, sous réserve des dispositions en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux (obligation de surveillance à l'égard des clients, notamment lors de l'ouverture d'un compte et en cas de transaction d'un montant supérieur à 15 000 €, et obligation d'information auprès des autorités lorsqu'une opération paraît suspecte).

8 - Rappelons que l'on distingue trois sortes de monnaie : - Les pièces, ou monnaie divisionnaire (environ 1 % de l'ensemble de la monnaie en circulation) ; - les billets, ou monnaie fiduciaire (environ 15 % de la toute la monnaie en circulation en France, 18 % pour l'Euroland) ; - et la monnaie circulant par jeu d'écritures ou monnaie scripturale. Elle représente 85 % environ de la masse monétaire.

9 - On suppose que les conditions de solvabilité sont toujours remplies. 10 - L'Actif d'une société regroupe les créances qu'elle détient, quant le passif représente l'ensemble de ses dettes, donc les sommes qu'elle doit. En comptabilité on ne peut constater une dette sans mettre en face, en contrepartie, une créance ou un actif matériel, ou sans diminuer une autre dette. Tout s'équilibre toujours à zéro.

11 - Pourquoi au passif de la banque ? Il faut bien comprendre que les comptes des clients d'une banque représentent pour elle des dettes car elle détient quelque chose qui ne lui appartient pas. Ses clients peuvent en effet lui demander à tout moment de leur restituer les sommes qui y figurent.

12 - André Chaineau, Mécanisme et politique monétaire, aux Presses Universitaires de France.

13 - On appelle « fuites » la monnaie fiduciaire que les banques doivent « acheter » à la Banque Centrale ou à d'autres banques, pour répondre à ce que les titulaires de comptes en banque transforment en espèces, soit en moyenne 15 %.

14 - Maurice Allais : Prix Nobel de Sciences Economiques en 1988 (Biographie Allais : http://allais.maurice.free.fr/Biographie.htm) La crise mondiale aujourd'hui, Ed. Clément Juglar 1999. Bernard Maris dans son livre Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles (Albin Michel 1999), ne fait guère de cadeaux aux économistes en général. Mais il écrit (pages 136/137) : " On va chercher Allais en 1987, après le krach, on le coiffe d’un chapeau pointu de devin, et on le ressort en 1998. Il dit la même chose, de bon sens, "que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel". Il ne prévoit rien : il fait de remarquables comparaisons historiques, point. Il donne la même analyse limpide de la crise de 1929, mais peu importe ; ce n’est pas sa capacité d’analyse historique que l’on met en scène, mais son coté vieux sage, vaguement sorcier et un peu loufoque : museler le système bancaire, interdire aux banques de créer de la monnaie, dire que la monnaie bancaire est de la "fausse monnaie", empêcher les banques de prêter à plus long terme que leurs fonds… si les gens lisaient vraiment ce qu’à écrit Allais, ils seraient stupéfaits ! Allais n’est pas un expert, mais un grand économiste… ".

15 - Certains économistes excluent les 15 % de monnaie fiduciaire (billets et pièces), considérée comme « monnaie permanente », au regard de la "monnaie temporaire" (monnaie de crédit, qui "s'efface" quand le crédit est remboursé). Nous, nous les incluons dans la mesure où la monnaie fiduciaire n'est qu'une partie convertie en numéraire de la monnaie scripturale créée par le crédit.

16 - Cela ne vaut qu'aussi longtemps que vous êtes éligible au crédit. Sinon, vous êtes acculé à la faillite personnelle ou d’entreprise, car dans ce cas on perd bien un patrimoine qui avait une valeur, au profit d’une tierce personne, mais toujours en final pour le paiement d’intérêts.

17 - Trois informations pour imager l'effet de l'intérêt :

A : Dans une étude des années 1985 l'économiste allemande Margrit Kennedy démontre qu'il y a en moyenne 40 % d'intérêts cumulés dans les prix hors taxes de TOUTES les consommations, en analysant des comptabilités en cascade (donc y compris celles des fournisseurs). Elle arrivait par exemple à : - 12 % d'intérêts financiers cumulés dans le ramassage public des ordures - 38 % dans le prix de vente de l'eau - 77 % dans le prix des loyers des habitations sociales. Dans une autre étude plus récente (2001), Ralf Becker, par une méthode totalement différente, celle de l'analyse des postes des comptes nationaux allemands, arrive à une moyenne de 46 % !

B : Si vous empruntez maintenant, en 2006, 100 euros à 5 %, vos descendants devront rembourser 13150 euros en 2106. S'ils attendent 2506, ce sera 4 000 milliards d'euros, et dans 2000 ans, un montant s'écrivant 240 suivi de 42 zéros !

C : La dette de l'Etat français était en 1980 de 206 G€ en valeur 2004. Elle s'élevait à 1067 G€ fin 2004. C'est une augmentation de 861 G€ dont seulement 212 G€ en capital et 649 G€ en intérêts.