Avant d’aborder ce sujet je veux préciser dans quelle
perspective je vais le traiter, perspective tout à fait différente
de celle dans laquelle il est traité d’habitude et
qui passe sous silence l’escroquerie fondamentale sur laquelle
est fondée la société capitaliste : l’argent
n’est pas « FOU » comme le prétend Alain
Minc, il est FAUX.
Je veux aussi parler des motifs qui m’ont poussé à
choisir cette perspective. Il s’agit nullement d’un
choix idéologique : je me sens lié à aucune
idéologie de droite ou de gauche, ni à aucune croyance
définie.
Mais j’ai Foi en la Vie et dans les valeurs humaines universelles
qui vont avec : liberté, compréhension et amour. J‘ai
eu la chance de découvrir à la fin des 60 des sociétés
traditionnelles encore assez préservées de la domination
par le système destructeur de « la pensée unique
» (oasis du Sahara), puis la chance - perçue comme
une dure épreuve dans un premier temps - de me retrouver
licencié économique, donc au chômage.
Cinq fois j’ai repris un emploi et cinq fois j’ai été
amené à le quitter pour ne pas travailler à
l’encontre de nos convictions ; chaque fois cela fait progresser
vers plus d’exigence de liberté et d’autonomie.
Il n’est pas possible, me semble-t-il, de parler lucidement
d’un problème économique sans aborder la question
de la monnaie. Qu’est-ce que la monnaie ? Quel est son rôle
économique et social ? La monnaie a toujours été
un moyen d’échange : mesure de la valeur des choses
et représentation de cette valeur. La monnaie n’est
donc pas en soi une richesse, elle est seulement représentation
d’une richesse à laquelle elle doit correspondre.
La création de monnaie, pour remplir son rôle économique
doit donc :
- être fondée sur une richesse reconnue et réelle,
- être créée par consensus entre les acteurs
économiques,
- ne pas pouvoir être utilisée indépendamment
de sa présentation d’une richesse réelle;
Il est aisé de voir qu’actuellement la création
ne répond plus du tout à ces critères : 95%
de la monnaie créée est « scripturale »,
c’est à dire créée à partir de
rien sous forme de « prêt » ou pour employer un
mot encore plus trompeur, plus hypocrite de « crédit
» que l’on doit rembourser avec intérêts
(ceux-ci doublant - voire plus que doublant - la somme à
rembourser dans le cas d’un emprunt pour la construction d’une
maison individuelle) et ceci sans aucun souci de l’utilité
de leur affectation mais uniquement de la capacité de rembourser.
Fondé sur l’escroquerie, ce système encourage
l’escroquerie dans tous les secteurs : il faut bien rembourser
plus que ce qui a été emprunté et au niveau
global plus que ce qui a été créé d’où
l’endettement des citoyens et aussi des entreprises - sauf
celles qui se mettent à participer à cette duperie
qu’est la création d’argent à partir d’argent.
Les 3% de monnaie fiduciaire (billets de banque) fabriqués
par la Banque de France et la monnaie divisionnaire (moins de 2%
en pièces de monnaie) créée par l’Etat
n’échappent guère à ce système
car ils sont créés essentiellement en fonction des
banques d’affaires.
Dans son opuscule « Pourquoi nous manquons de crédits
? » Jacques DUBOIN décrit avec clarté le mécanisme
monétaire du capitalisme, critique tout à faut radicale
faite avec un ton serein, modéré et plein d’humour
(présentation de certaines déclarations du pape PIE
XI comme plus « révolutionnaires que les siennes »).
En moins de 80 pages il explique aussi comment ce système
s’est peu à peu mis en place à partir du «
droit régalien » du pouvoir de création monétaire
qui appartenait à l’autorité publique - au Roi
- en tant que qu’arbitre entre les intérêts divers
des citoyens.
La création monétaire était alors fort coûteuse
: exploitation des mines d’or et d’argent et fonte des
pièces de monnaie. C’est pour subvenir à ce
coût qu’ont été créés les
impôts.
Aujourd’hui la création monétaire est essentiellement
scripturale donc n’a plus aucun rôle et donc les impôts
cotisations sociales n’ont plus aucune raison économique
d’être (bien au contraire). Leur fonction réelle
est d’alimenter les profits financiers, d’accroître
le pouvoir des financiers et de la faire accepter par la population
en se servant des organismes publics et en redistribuant une partie
de ce qui a été légalement volé.
Car en huit siècles de ruses, de tromperies, de chantages
et de désinformation les banquiers ont peu à peu dépossédé
l’autorité politique du droit régalien du pouvoir
de création monétaire.
Nous vivons actuellement la dernière étape de ce
processus, c’est ce qu’on appelle généralement
par un euphémisme trompeur « la mondialisation de l’économie
», en fait l’achèvement de l’asservissement
des organismes publics aux escrocs de la finance (quelques centaines
de familles) par le moyen de la monnaie et des multinationales.
Quelle économie ? Il n’y a plus d’économie
capitaliste pas plus qu’il n’a existé au XX°
siècle d’économie communiste. La réalité
c’est un système d’oppression et de gaspillage
qui détruit les ressources naturelles et humaines et pourvoit
de moins en moins bien aux besoins essentiels (nourriture, logements,
...) et aux droits fondamentaux (liberté, amour, compréhension,
...) de des humains. Les prétendues activités économiques
sont pour la plupart tellement inutiles et plus ou moins nuisibles,
la minorité remplissant son rôle à un coût
réel (coût en travail, en énergie, en matières
premières et en ... pollution) beaucoup trop élevé.
Pour cinq à dix fois moins de travail humain dans les activités
industrielles, commerciales et administratives, les besoins correspondants
pourraient être beaucoup mieux couverts ...
Créer du travail c’est créer de la pauvreté,
du gaspillage et de la pollution. Le sens de tout progrès
technique est de diminuer la quantité de travail nécessaire
à la production tout en améliorant cette production.
Quant à la création d’emplois salariés,
ce n’est nullement un bien mais la création d’asservissement,
de dépendance et de déresponsabilisation.
Le travail autonome est difficile, il demande l’acceptation
du passage par une période de pauvreté au terme de
laquelle il donne accès à une vraie richesse et avant
ce terme à une qualité de vie et à la possibilité
d’accéder à un bonheur qu’est la liberté
inconditionnelle.
Je voudrais parler d’un autre aspect de la création
monétaire actuelle : l’intérêt sur l’argent.
Celui-ci ainsi que les phénomènes qui lui sont liés
(dévaluations, taux de change, ...) est une absurdité
: la valeur d’une unité de mesure ne peut varier en
fonction de l’intérêt de certains, c’est
de l’escroquerie !
L’interdiction par l’Islam et par le Christianisme,
ainsi que par d’autres traditions, du prêt à
intérêt n’a rien de suranné, c’est
une simple mesure de bon sens, à la fois ’efficacité
économique et de justice sociale.
Venons-en au problème des retraites proprement dit. Le système
actuel des retraites, système des retraites par répartition
au moyen de cotisations est une escroquerie. Les cotisations de
retraite sont un moyen de mettre les travailleurs dans davantage
de dépendance à l’égard du système
financier en utilisant la peur de l’avenir et les sentiments
de solidarité du peuple.
Tout citoyen doit avoir droit à un revenu qui lui permette
de vivre dans l’aisance jusqu’à la fin de sa
vie, ceci sans verser aucune cotisation monétaire car la
seule cotisation nécessaire est le travail socialement utile,
l’activité créatrice de richesses est la seule
contribution nécessaire si la création monétaire
se fait de manière juste et démocratique.
Par rapport à ce système de retraites par répartition,
le système de retraite par capitalisation est une escalade
dans l’exploitation capitaliste, car il permet aux organismes
financiers d’augmenter leurs profits et surtout leur pouvoir
sur les individus. L’attitude juste me semble donc être
de s’opposer à cette escalade de l’oppression
financière, mais aussi de dénoncer les cotisations
de retraite comme une escroquerie.
Que proposer à la place ? Cela ne peut se concevoir que
dans le cadre d’une transformation radicale de la société
avec des étapes acceptables par la majorité des citoyens.
Pour ma part je vois trois étapes essentielles :
1 / La fin de la dépendance salarial par l’établissement
d’un revenu social (avec un service social libre), la reconnaissance
des activités libres et le travail salarial à temps
choisi (pour ceux qui en voudront encore !).
Cela implique une économie de type créditiste (économie
dont le les principes ont été établis par Cliff
Hugh DOUGLAS vers 1920) pour l’essentiel : abolition de l’intérêt
de l’argent.
2 / La fin du salariat et économie fondée sur l’échange
d’un service social avec un revenu social de la naissance
à la mort et des activités libres occupant l’essentiel
du temps d’activité. Cette étape d’abolition
du salariat doit s’accompagner de l’abolition de la
monnaie capitalisable. C’est donc une étape fondée
sur une économie de type distributif (Jacques DUBOIN).
3 / La dernière étape doit être celle de l’abolition
de l’argent et l’établissement d’une société
vraiment libertaire (donc vraiment solidaire) fondée sur
la libre création et le don réciproque.
Dans le cadre de la première étape nous pouvons proposer
un revenu social de la naissance à la mort d’un montant
égal au SMIC BRUT (environ 7 000 francs par mois), financé
monétairement par création monétaire d’un
organisme public et économiquement par un service social
librement choisi par les personnes parmi le les travaux utiles (par
exemple 60 heures - soit deux semaines - par an).
Dans ce cadre il serait possible de diviser par deux le montant
des retraites tout en augmentant les revenus de l’immense
majorité des retraités.
Mais avant que cette proposition ait des chances d’être
adoptée nous pouvons utiliser notre temps notre argent pour
acquérir notre autonomie économique :
- auto-construction de notre maison,
- autonomie d’énergie,
- production alimentaire en utilisant des réseaux de solidarité.
François Thonier Novembre 2000
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