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Que faut-il pour financer les RETRAITES ?
Par François Thonier
Se libérer de la monnaie privée !

Avant d’aborder ce sujet je veux préciser dans quelle perspective je vais le traiter, perspective tout à fait différente de celle dans laquelle il est traité d’habitude et qui passe sous silence l’escroquerie fondamentale sur laquelle est fondée la société capitaliste : l’argent n’est pas « FOU » comme le prétend Alain Minc, il est FAUX.

Je veux aussi parler des motifs qui m’ont poussé à choisir cette perspective. Il s’agit nullement d’un choix idéologique : je me sens lié à aucune idéologie de droite ou de gauche, ni à aucune croyance définie.

Mais j’ai Foi en la Vie et dans les valeurs humaines universelles qui vont avec : liberté, compréhension et amour. J‘ai eu la chance de découvrir à la fin des 60 des sociétés traditionnelles encore assez préservées de la domination par le système destructeur de « la pensée unique » (oasis du Sahara), puis la chance - perçue comme une dure épreuve dans un premier temps - de me retrouver licencié économique, donc au chômage.

Cinq fois j’ai repris un emploi et cinq fois j’ai été amené à le quitter pour ne pas travailler à l’encontre de nos convictions ; chaque fois cela fait progresser vers plus d’exigence de liberté et d’autonomie.

Il n’est pas possible, me semble-t-il, de parler lucidement d’un problème économique sans aborder la question de la monnaie. Qu’est-ce que la monnaie ? Quel est son rôle économique et social ? La monnaie a toujours été un moyen d’échange : mesure de la valeur des choses et représentation de cette valeur. La monnaie n’est donc pas en soi une richesse, elle est seulement représentation d’une richesse à laquelle elle doit correspondre.

La création de monnaie, pour remplir son rôle économique doit donc :

- être fondée sur une richesse reconnue et réelle,

- être créée par consensus entre les acteurs économiques,

- ne pas pouvoir être utilisée indépendamment de sa présentation d’une richesse réelle;

Il est aisé de voir qu’actuellement la création ne répond plus du tout à ces critères : 95% de la monnaie créée est « scripturale », c’est à dire créée à partir de rien sous forme de « prêt » ou pour employer un mot encore plus trompeur, plus hypocrite de « crédit » que l’on doit rembourser avec intérêts (ceux-ci doublant - voire plus que doublant - la somme à rembourser dans le cas d’un emprunt pour la construction d’une maison individuelle) et ceci sans aucun souci de l’utilité de leur affectation mais uniquement de la capacité de rembourser. Fondé sur l’escroquerie, ce système encourage l’escroquerie dans tous les secteurs : il faut bien rembourser plus que ce qui a été emprunté et au niveau global plus que ce qui a été créé d’où l’endettement des citoyens et aussi des entreprises - sauf celles qui se mettent à participer à cette duperie qu’est la création d’argent à partir d’argent.

Les 3% de monnaie fiduciaire (billets de banque) fabriqués par la Banque de France et la monnaie divisionnaire (moins de 2% en pièces de monnaie) créée par l’Etat n’échappent guère à ce système car ils sont créés essentiellement en fonction des banques d’affaires.

Dans son opuscule « Pourquoi nous manquons de crédits ? » Jacques DUBOIN décrit avec clarté le mécanisme monétaire du capitalisme, critique tout à faut radicale faite avec un ton serein, modéré et plein d’humour (présentation de certaines déclarations du pape PIE XI comme plus « révolutionnaires que les siennes »). En moins de 80 pages il explique aussi comment ce système s’est peu à peu mis en place à partir du « droit régalien » du pouvoir de création monétaire qui appartenait à l’autorité publique - au Roi - en tant que qu’arbitre entre les intérêts divers des citoyens.

La création monétaire était alors fort coûteuse : exploitation des mines d’or et d’argent et fonte des pièces de monnaie. C’est pour subvenir à ce coût qu’ont été créés les impôts.

Aujourd’hui la création monétaire est essentiellement scripturale donc n’a plus aucun rôle et donc les impôts cotisations sociales n’ont plus aucune raison économique d’être (bien au contraire). Leur fonction réelle est d’alimenter les profits financiers, d’accroître le pouvoir des financiers et de la faire accepter par la population en se servant des organismes publics et en redistribuant une partie de ce qui a été légalement volé.

Car en huit siècles de ruses, de tromperies, de chantages et de désinformation les banquiers ont peu à peu dépossédé l’autorité politique du droit régalien du pouvoir de création monétaire.

Nous vivons actuellement la dernière étape de ce processus, c’est ce qu’on appelle généralement par un euphémisme trompeur « la mondialisation de l’économie », en fait l’achèvement de l’asservissement des organismes publics aux escrocs de la finance (quelques centaines de familles) par le moyen de la monnaie et des multinationales.

Quelle économie ? Il n’y a plus d’économie capitaliste pas plus qu’il n’a existé au XX° siècle d’économie communiste. La réalité c’est un système d’oppression et de gaspillage qui détruit les ressources naturelles et humaines et pourvoit de moins en moins bien aux besoins essentiels (nourriture, logements, ...) et aux droits fondamentaux (liberté, amour, compréhension, ...) de des humains. Les prétendues activités économiques sont pour la plupart tellement inutiles et plus ou moins nuisibles, la minorité remplissant son rôle à un coût réel (coût en travail, en énergie, en matières premières et en ... pollution) beaucoup trop élevé.

Pour cinq à dix fois moins de travail humain dans les activités industrielles, commerciales et administratives, les besoins correspondants pourraient être beaucoup mieux couverts ...

Créer du travail c’est créer de la pauvreté, du gaspillage et de la pollution. Le sens de tout progrès technique est de diminuer la quantité de travail nécessaire à la production tout en améliorant cette production. Quant à la création d’emplois salariés, ce n’est nullement un bien mais la création d’asservissement, de dépendance et de déresponsabilisation.

Le travail autonome est difficile, il demande l’acceptation du passage par une période de pauvreté au terme de laquelle il donne accès à une vraie richesse et avant ce terme à une qualité de vie et à la possibilité d’accéder à un bonheur qu’est la liberté inconditionnelle.

Je voudrais parler d’un autre aspect de la création monétaire actuelle : l’intérêt sur l’argent. Celui-ci ainsi que les phénomènes qui lui sont liés (dévaluations, taux de change, ...) est une absurdité : la valeur d’une unité de mesure ne peut varier en fonction de l’intérêt de certains, c’est de l’escroquerie !

L’interdiction par l’Islam et par le Christianisme, ainsi que par d’autres traditions, du prêt à intérêt n’a rien de suranné, c’est une simple mesure de bon sens, à la fois ’efficacité économique et de justice sociale.

Venons-en au problème des retraites proprement dit. Le système actuel des retraites, système des retraites par répartition au moyen de cotisations est une escroquerie. Les cotisations de retraite sont un moyen de mettre les travailleurs dans davantage de dépendance à l’égard du système financier en utilisant la peur de l’avenir et les sentiments de solidarité du peuple.

Tout citoyen doit avoir droit à un revenu qui lui permette de vivre dans l’aisance jusqu’à la fin de sa vie, ceci sans verser aucune cotisation monétaire car la seule cotisation nécessaire est le travail socialement utile, l’activité créatrice de richesses est la seule contribution nécessaire si la création monétaire se fait de manière juste et démocratique.

Par rapport à ce système de retraites par répartition, le système de retraite par capitalisation est une escalade dans l’exploitation capitaliste, car il permet aux organismes financiers d’augmenter leurs profits et surtout leur pouvoir sur les individus. L’attitude juste me semble donc être de s’opposer à cette escalade de l’oppression financière, mais aussi de dénoncer les cotisations de retraite comme une escroquerie.

Que proposer à la place ? Cela ne peut se concevoir que dans le cadre d’une transformation radicale de la société avec des étapes acceptables par la majorité des citoyens.

Pour ma part je vois trois étapes essentielles :

1 / La fin de la dépendance salarial par l’établissement d’un revenu social (avec un service social libre), la reconnaissance des activités libres et le travail salarial à temps choisi (pour ceux qui en voudront encore !).

Cela implique une économie de type créditiste (économie dont le les principes ont été établis par Cliff Hugh DOUGLAS vers 1920) pour l’essentiel : abolition de l’intérêt de l’argent.

2 / La fin du salariat et économie fondée sur l’échange d’un service social avec un revenu social de la naissance à la mort et des activités libres occupant l’essentiel du temps d’activité. Cette étape d’abolition du salariat doit s’accompagner de l’abolition de la monnaie capitalisable. C’est donc une étape fondée sur une économie de type distributif (Jacques DUBOIN).

3 / La dernière étape doit être celle de l’abolition de l’argent et l’établissement d’une société vraiment libertaire (donc vraiment solidaire) fondée sur la libre création et le don réciproque.

Dans le cadre de la première étape nous pouvons proposer un revenu social de la naissance à la mort d’un montant égal au SMIC BRUT (environ 7 000 francs par mois), financé monétairement par création monétaire d’un organisme public et économiquement par un service social librement choisi par les personnes parmi le les travaux utiles (par exemple 60 heures - soit deux semaines - par an).

Dans ce cadre il serait possible de diviser par deux le montant des retraites tout en augmentant les revenus de l’immense majorité des retraités.

Mais avant que cette proposition ait des chances d’être adoptée nous pouvons utiliser notre temps notre argent pour acquérir notre autonomie économique :

- auto-construction de notre maison,

- autonomie d’énergie,

- production alimentaire en utilisant des réseaux de solidarité.

François Thonier Novembre 2000