Forum Social Libertaire
Salon du Livre Anarchiste
Du 11 au 16 novembre 2003 à Paris et Saint Ouen (93)
Origine :
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Environnement et productivisme
Débat animé par Jean-Pierre (FA) et Jean-Pierre (OCL).
Samedi - 9h30
Saint Ouen (Salles Eurosites : 31 rue Bodillot (rue du docteur
Bauer) à Saint-Ouen (93))
Le capitalisme tente de faire croire qu'il est en
mesure de maîtriser la situation, de résoudre les problèmes écologiques
qui se posent chaque jour de manière de plus en plus évidente.
La seule question pertinente aujourd'hui est donc
la suivante : la résolution des problèmes écologiques peut-elle,
oui ou non, s'effectuer dans le cadre existant du système capitaliste ?
Les OGM : instruments de la domination capitaliste
Olivier
Groupe Spartacus de la Fédération Anarchiste (Clermont-Ferrand)
Les tenants de l'écologie politicienne , les Verts,
entre autres, nous rebattent les oreilles avec la supposée dangerosité
des OGM pour l'environnement. Depuis maintenant deux ans, il ne
se passe pas un mois sans qu'un événement ne s'y rapporte. Les
débats télévisés foisonnent, tous posent la même question :
les OGM constituent-ils un danger pour l'environnement ?
Les opposants aux OGM s'affrontent aux « experts »
plus ou moins aux ordres. Tout cela au nom d'un sacro-saint principe
de précaution qui ne laisse pas d'interroger, dès lors qu'il est
bafoué par ses promoteurs même ! En effet, qui a autorisé
la mise en culture des OGM ?
Qui refuse de donner le nom des communes et les
parcelles où sont cultivées des plantes issues du génie génétique ;
sous prétexte que cela entraînerait des troubles à l'ordre public ?
La verte Dominique Voynet
Il est assez comique de constater que les défenseurs
de la démocratie participative refusent l'information aux citoyens,
comme ils disent. Auraient-ils peur du choix de ces mêmes citoyens ?
C'est toute la contradiction de l'exercice du pouvoir…
Un écran de fumée « écologique » Mais l'argument écologique
n'est qu'une vaste fumisterie : les connaissances sur les
interactions des différents organismes dans l'environnement ne
permettent pas, actuellement, de se prononcer de manière sérieuse
sur le « risque » introduit par les OGM.
Le maïs Bt serait toxique pour le papillon monarque ?
Les OGM modifieraient la flore bactérienne des sols sur lesquels
ils sont cultivés ? Et alors !
Ces conséquences directes ne préjugent en aucun
cas de ce qui pourrait se passer à plus grande échelle. Le débat
écologiste autour des OGM est donc un faux débat, et il masque,
volontairement ou non, le fond du problème.
Une volonté d'hégémonie économique
Celui-ci est économique. En effet, les semenciers,
par l'adjonction d'un gène « étranger » à l'espèce,
acquièrent un droit de propriété sur la nouvelle souche ainsi
créée (contrairement à ce que certains prétendent, il n'y a pas
création d'une nouvelle espèce : une souche sauvage, c'est
à dire naturelle, et une souche transgénique restent théoriquement
inter-reproductibles). Ils utilisent ce droit pour empêcher les
paysans de garder une partie des semences qu'ils ont produites
pour planter leur prochaine récolte.
Monsanto, par exemple, dépense des milliers de dollars
pour payer détectives, huissiers et autres fouineurs pour s'assurer
que les cultivateurs ne replanteront pas de graines issues de
la récolte précédente. Et malheur au contrevenant. Le paysan est
donc intégré dans un processus de concentration verticale digne
des heures de gloire de la famille Wendel.
L'industrie agro-alimentaire fournit les semences
au paysan, lui achète le produit de sa récolte et le vend aux
grandes surfaces.
Par ailleurs, on ne peut que constater les relations
qu'entretiennent les semenciers et l'industrie chimique. Il est
de notoriété publique que Monsanto est à l'origine un des fleurons
de l'industrie chimique nord-américaine, qui n'a développé un
maïs transgénique que pour augmenter ses marges sur son herbicide
total : le Round-Up.
On sait moins, par contre, que Novartis est issue
de Sandoz, firme de Bâle tristement célèbre pour la pollution
du Rhin, qui ne s'en est pas encore tout à fait remis. Outre l'intégration
du paysan dans une filière qui fait de lui un ouvrier de la terre,
comme au bon vieux temps du servage et du métayage, la mise sous
tutelle du paysan par le semencier s'accompagne souvent de l'obligation
d'acheter ses produits d'entretien (engrais, pesticides) chez
un fournisseur bien précis, quand ce n'est pas chez le semencier
lui-même.
Chasse gardée sur les brevets
Il y a donc une volonté hégémonique de ces boîtes.
Le génie génétique, à cet égard, n'est qu'un moyen.
En effet, le fait de créer une nouvelle souche par l'adjonction
d'un « transgène », permet de breveter la souche entière.
Ce qui signifie que tout usage d'une plante transgénique, même
s'il n'implique pas forcément l'utilisation des nouvelles propriétés
données par le nouveau gène, est soumis à redevance. Cela illustre
la tendance actuelle du débat sur la brevetabilité du vivant.
Ainsi, si un nouveau principe actif d'intérêt médical,
par exemple, est découvert chez une plante, un insecte, une éponge…
l'espèce elle-même peut-être brevetée. Et toutes les applications
issues de la bestiole, de la plante entraînera la perception de
droits d'auteurs par la firme à l'origine de la découverte de
l'espèce. Le fait que les autres utilisations n'aient rien à voir
avec la première n'a aucune importance.
Bien sûr, c'est valable dans l'agro-alimentaire
où certains gènes d'insectes (pesticides « naturels »)
ou de poisson (résistance au froid) sont allégrement utilisés,
mais aussi dans l'industrie biomédicale. En effet, de nombreux
organismes (plantes, insectes et métazoaires primitifs comme les
éponges et les méduses), produisent des molécules qui peuvent
se révéler intéressantes d'un point de vue médical. Quand on connaît
la durée d'un brevet sur un médicament (trente ans), on mesure
tout de suite l'enjeu. Un brevet sur un organisme donné pourra
donc générer des profits sur l'agro-alimentaire, les cosmétiques,
la médecine…
En gros, y a de la thune à se faire.
Et les capitalos ne s'y sont pas trompés :
si le paysan est intégré dans une chaîne de production, les transnationales,
elles, se regroupent de façon à couvrir tous les champs de l'exploitation
du vivant : industries pharmaceutiques, agro-alimentaires
et chimiques fusionnent joyeusement (Hoechst-Marion-Roussel et
Rhône-Poulenc Rohrer ont donné Aventis ; Boehringer-Mannheim
et Roche ont fusionné en Roche Diagnostics).
Le fric, toujours le fric
Dans un tel contexte, on peut se faire du souci :
de là à payer pour respirer il n'y a, d'un point de vue logique,
pas très loin.
Le concept « tout s'achète, tout se vend »
est d'ailleurs sous-jacent aux « permis de polluer ».
Loin de se contenter de critiquer, comme d'autres, la volonté
hégémonique des firmes biotechnologiques sans remettre en question
le système, il faut dans le domaine scientifique et industriel,
remettre en question la notion même de propriété intellectuelle.
À qui appartient une espèce de plante ?
À qui appartient l'air que nous respirons ?
À personne.
Dans la recherche comme dans les autres activités
humaines, seule l'utilité sociale du travail doit avoir droit
de cité. À cet égard, les OGM peuvent être un outil pour produire
des molécules à usage thérapeutique qui ne pourraient être obtenues
autrement. Cependant la course au profit est actuellement la seule
raison de l'existence des OGM dans l'agro-alimentaire.
En effet, quel besoin y aurait-il d'augmenter les
rendements quand l'Union européenne brûle chaque année 1,5 à 2
millions de tonnes de céréales pour soutenir les prix ?
Juguler la famine et la malnutrition dans le monde ?
Me faites pas rigoler.
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