Forum Social Libertaire
Salon du Livre Anarchiste
Du 11 au 16 novembre 2003 à Paris et Saint Ouen (93)
Origine :
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page d'accueil http://fsl-sla.eu.org/rubrique.php3?id_rubrique=7
programme http://fsl-sla.eu.org/rubrique.php3?id_rubrique=2
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FSL/SLA 145, rue Amelot 75011 Paris -
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Pour un anti-sexisme révolutionnaire
Débat animé pargroupe Claaaaash (FA), Leila (OLS) et Françoise (OCL)
Vendredi - 18h
Saint Ouen (Salles Eurosites : 31 rue Bodillot (rue du docteur
Bauer) à Saint-Ouen (93))
Nous refusons les rôles dans lesquels l'ordre moral veut nous
enfermer de force. Nous disons non au sexisme millénaire, relayé
par les intégrismes de tous bords ayant imposé la norme et l'anti
norme.
Nous refusons l'invisibilité des genres (lesbiennes, homos, transgenres).
Nous disons non à l'exclusion et la négation des "déviants" :
associaux, drogués, Roms, Sans-papier-e-s...
Au FSL, les anarchistes combattent les violences et le silence
partriarcaux imposés aux individu-e-s.
Pornographie, libération ou asservissement ?
Jocelyne
militante du groupe Louise-Michel de la Fédération anarchiste.
La plupart des dictionnaires définissent la pornographie comme la
représentation complaisante de faits obscènes -qui choquent la pudeur-
concept subjectif et variable selon les époques, les pays et les
cultures. Ce qui était qualifié de pornographique au XVIII e siècle
nous paraît aujourd'hui bien désuet : la vue d'un sein dénudé,
d'une cheville...
La pornographie comporte à la fois une dimension provocante et
mercantile. Il convient cependant de la distinguer de l'érotisme,
lequel peut être également provoquant et poursuivre un objectif
commercial mais il dépeint des expériences affectives et sexuelles
entre partenaires s'y prêtant de leur plein gré et avec réciprocité
dans le but recherché de décupler le plaisir sexuel par des jeux
érotiques pour parvenir à la jouissance.
La pornographie n'exprime aucun affect. Les partenaires sexuels
se scindent en deux catégories : les dominants -hommes- et
les dominées -femmes ou enfants- utilisés comme des objets. La sexualité
sert alors d'alibi pour créer ou renforcer une inégalité. Les femmes
(ou les enfants dans le cas de pédopornographie) sont alors représentées
dans des situations dégradantes, avilissantes, montrant qu'elles
ne peuvent trouver du plaisir que dans la soumission et l'humiliation.
La pornographie fait l'apologie de la violence envers les femmes,
voire les enfants, où l'homme domine par son sexe triomphant.
Indépendamment de l'aspect commercial, la pornographie se différencie
de l'érotisme en cela qu'elle n'a aucune recherche esthétique, ne
faisant appel qu'à une réalité crue, scatologique, limitée aux organes
génitaux, au contraire de l'érotisme qui suggère souvent plus qu'il
n'explique une situation intime. La pornographie ne met en scène
que l'aspect physique du corps, l'érotisme joue avec la personnalité
entière de l'individu.
Le cyberporno
Si la pornographie a évolué au cours des siècles, peintures découvertes
sur les murs des maisons closes de l'Antiquité, écrits et chansons
servant parfois d'exutoire aux écrivains officiels, elle s'est développée
en trente ans de façon exponentielle et son contenu est devenu extrêmement
violent. Internet a fait exploser la pornographie en permettant
l'ouverture de nouveaux marchés. En 1996, on comptait 30 millions
d'internautes, en 2001, on arrivait à 500 millions ! Le commerce
pornographique se fait principalement entre pays à économie développée
mais tend actuellement à s'étendre aux pays en voie d'expansion
économique.
Les sites pornographiques sont évalués à environ 450000 sur l'ensemble
du réseau. Ils proposent des vidéos, des photos, des catalogues
de personnes prostituées, des sex-shops, des magasins de lingerie
provocante dans le but d'exciter le ou les partenaires masculins.
Avec les web-cams, certains sites offrent des relations en direct
avec de très jeunes filles ou des enfants. La communication est
devenue internationale, et, en apportant de nouveaux marchés liés
à l'industrie du sexe, 2,5 % du trafic total d'Internet véhiculeraient
des images pornographiques, laissent aux utilisateurs tout loisir
de visiter de tels sites sans craindre d'être repérés grâce à la
complexité et à la technique du réseau Internet. La clientèle de
ce marché est composée, d'après tous les sondages, d'hommes à 95%.
On peut y voir des scènes de torture, de viol et même des crimes
dont le visionnage ne sera pas sanctionné. Certains sites ont été
démantelés par la police parce qu'ils concernaient des personnes
mineures. Cependant, les propositions de réglementation sont dénoncées
au nom du droit à la liberté d'expression et au respect de la vie
privée. Internet est à ce jour le seul espace de communication qui
dispose d'un vide juridique pratiquement total.
Le contenu de la pornographie est devenu violent depuis plusieurs
décennies.
Déjà en 1976, aux États-Unis, le film Snuff avait provoqué des
manifestations importantes, notamment de féministes, car il montrait
en réel la torture, le meurtre puis le démembrement post mortem
d'une femme. Cette escalade de la violence est expliquée comme une
riposte au mouvement d'émancipation des femmes né dans les années
70 et qui mettrait en danger la suprématie masculine ! Vers
1976, le cinéma porno-graphique réalisait en France près de onze
millions d'entrées dans les salles et tombait à deux millions en
1985 car dans cette période ont fleuri les sex-shops, les peep-shows,
les mirodromes, le minitel rose ainsi que l'explosion de la vente
de cassettes vidéo. La production des films pornographiques est
le fait de grands groupes. En 2001, Vivendi Universal Canal + avait
le monopole du marché de la pornographie au plan mondial.
Le contenu
La pornographie est avant tout une industrie du sexe qui utilise
tous les ressorts commerciaux nécessaires à son expansion. Elle
induit une vision misogyne des relations sexuelles entre les femmes
et les hommes dans un rapport inégalitaire de domination et de violence
de la part des hommes sur les femmes, reflet de la société patriarcale.
Á l'inverse de la littérature érotico-pornographique comme l'Amant
de lady Chatterley, Histoire d'O, Lolita, Emmanuelle, qui laisse
au lecteur, à la lectrice, toute latitude pour transposer les faits
dans son propre imaginaire, les films ne permettent pas à l'inconscient
de se réapproprier les fantasmes qui sont projetés, car l'image
est plus primitive et brutale et trop rapide.
La lectrice, ou le lecteur a une attitude active devant l'écrit
et interprète les mots, les situations en les adaptant en fonction
de sa personnalité et de son vécu et paradoxalement réinvente l'histoire.
Les images projetées sur l'écran ne permettent pas cette distanciation,
cette réappropriation. Elles arrivent trop vite et ne permettent
pas le recul nécessaire ou l'ajustement de l'inconscient et sont
reçues de façon passive.
Le contenu des films porno-graphiques a évolué en quelques années
vers plus de violence, de brutalité envers les femmes (mais aussi
les enfants). En cela, elle est le fidèle reflet de la société capitaliste
qui renforce les inégalités de classes et les inégalités entre les
femmes et les hommes. Les corps de femmes sont montrés comme des
objets sexuels, morceaux de viande, des marchandises, avec abus
de gros plans pour montrer les pénétrations de tous les orifices
et la jouissance finale attribuée à l'émission de la " semence "
du mâle. Le pénis n'est filmé qu'en érection, symbole patriarcal
de la puissance masculine, jamais avant ou après. L'émission du
sperme étant dramatisé comme l'apothéose attendue de l'érection
salvatrice qui inonde le corps abandonné de la femme. Les scénarios
sont généralement absents car ces films ne cherchent qu'à satisfaire
les besoins de domination des hommes sur les femmes, et même en
créant des besoins (comme dans la publicité). Ces films ne montrent
pas la sexualité entre hommes et femmes, laquelle ne se borne pas
à la pénétration et fait intervenir la personne tout entière.
La limiter aux organes génitaux lui ôte une part importante liée
à la jouissance : l'imaginaire.
La jouissance physique est une composante de la sexualité entre
partenaires volontaires qui ne se limite pas à la longueur d'un
sexe, ou à des pénétrations multiples tenant plus de records à battre
que d'une recherche commune du plaisir. Le plaisir sexuel est subjectif
et relatif selon les individus ; bander ne suffit pas pour
parvenir à la réalisation complète de son être.
Une évolution sociale ?
La banalisation de la pornographie, loin de libérer ou d'émanciper
les individus en détruisant les tabous de nos sociétés judéo-chrétiennes,
ne fait que renforcer les fondements de la société capitaliste et
patriarcale.
L'argent est le moteur et le but de la réussite (réussite sociale
face au groupe et non réussite personnelle de l'individu) ;
celle-ci ne peut éclore que dans un contexte social inégalitaire,
où la force domine, où la liberté est réprimée, où les rapports
entre les sexes sont des rapports de forces, lesquels se dégradent,
où la domination des hommes sur les femmes se fait plus prégnante
- recul des droits acquis, retour à l'ordre moral, renforcement
du pouvoir des religions (diktats des intégristes et des fondamentalistes).
L'accès à plus de pornographie donne l'illusion d'une société
libérée. Des femmes artistes revendiquent le droit à disposer de
leur corps quand, en fait, elles investissent le champ accaparé
par les hommes pour disposer, en fait, du corps des autres (tel
le film Baise-moi) comme dans la guerre.
Les changements de comportements sexuels restent liés à la société
libérale qui s'est dotée d'une nouvelle composante aliénante avec
l'envahissement de la pornographie, qui perpétue la domination d'une
minorité possédante sur l'ensemble des individus, l'exploitation
étant la nature même du capitalisme.
Pendant que certains se nourrissent de situations perverses extrêmes
-violences, tortures, viols, meurtres- ils ne participent pas à
l'émancipation des individus et du groupe social.
Malgré l'évolution de la pornographie qui pourrait être perçue
comme un exutoire aux pulsions agressives principalement masculines,
conséquences de la société patriarcale, les crimes sexuels ont augmenté
ainsi que les violences domestiques, les viols n'ont pas diminué,
l'exploitation sexuelle des femmes, des enfants et des hommes, dans
le système prostitutionnel, est grandissante.
Il n'y a pas de réelle libération sexuelle car les esprits n'ont
pas suivi les corps, et cette dichotomie aboutit à un mal-être.
Il ne suffit pas de multiplier les rapports sexuels pour être émancipé.
La sexualité est un moyen pour parvenir à un mieux-être.
La pornographie, loin d'avoir libéré les individus, les tient
en dépendance, et les bénéfices qu'elle génère, renforce la société
capitaliste aux dépens d'une société libertaire composée d'individus
adultes et épanouis.
Allons-nous laisser faire ?
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