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Retour sur le FSL
par des libertaires nantais


Message publié à Nantes
Date: 30 Novembre 2003

Sujet: retour sur le FSL
Retour sur le FSL

Ce texte se veut une contribution de libertaires nantais-es au bilan du FSL. Si l'on pointe certaines choses s'étant passé au FSL ou autour, c'est de notre responsabilité à tou-te-s, si le FSL n'a pas répondu à ce que l'on aurait souhaité et si nous avons manqué d'ambition. Il nous semble nécessaire de réfléchir collectivement pour ne pas retourner dans des querelles de chapelles qui ont si souvent paralysé le mouvement libertaire.

Une fois de plus, après l'expérience de la CLAAAC, le cartel d'organisation montre ses limites. L'initiative du FSL et du salon du livre anarchiste avait été proposé par la FA au mois de juin et si depuis l'ensemble ou presque des organisations et syndicats libertaires, à l'exception de la CNT-AIT, ont rejoint cette initiative, la dynamique est pour autant resté assez limitée. L'organisation générale a essentiellement reposé sur des groupes de la FA, No Pasaran s'occupant plutôt de la cantine, du concert de soutien et des projets d'ouverture de squat. Nous sommes conscient-e-s que l'on ne peut avoir un fonctionnement autogestionnaire satisfaisant sur un événement comme le FSL, du fait de sa courte durée et des subtilités de fonctionnement. Mais nous devons nous efforcer d'être le plus intégratif possible, vis-à-vis des personnes qui cherchent a s'investir (réduire la distinction organisateurs-trices / participants-es).
Le cartel permet aux signataires d'apparaître, de se donner bonne conscience mais pour autant cela ne débouche pas forcément sur de véritables dynamiques collectives. D'autant plus quand cela se passe à Paris avec tout le centralisme qui va avec. D'autre part cela ferme la porte aux personnes qui ne sont pas encartées. C'est bien pour cela que la dynamique du VAAAG reposait sur la création de collectifs locaux d'individu-e-s dont beaucoup étaient par ailleurs membres d'organisations libertaires.

La consommation militante
Les locaux n'étaient pas du tout adaptés à ce que devrait être un forum libertaire. Des couloirs très étroits et des portes qui ferment à 22h30, pas d'espace convivial où les personnes pouvaient se rencontrer, échanger, discuter, boire et manger.... Des locaux flambants neufs avec des vigiles pour nous surveiller en permanence. Pourquoi avaient-ils des badges du FSL ?!!

Beaucoup de monde est passé au FSL, des échanges et des rencontres ont eu lieu et c'est tant mieux. Mais faut-il attendre le FSE pour faire ce genre d'initiative ? Faut-il le faire dans le même temps où d'autres réseaux mènent des actions militantes ? Et puis en terme de remise en cause du capitalisme et de la société marchande, soyons vigileant-e-s pour que l'aspect consommation y compris de livres, brochures... ne prenne le dessus sur d'autres activités.
Cet aspect consommation n'est pas seulement lié à la question économique mais aussi à la conception même de l'engagement dans les activités nécessaires à la réalisation d'une initiative comme le FSL. Si l'on prend la question des cuisines, du bar, de l'espace enfants, de la gestion de la sécurité, on se retrouve dans les mêmes travers que nous dénonçons, à savoir la spécialisation et le manque de prise en charge collective et participative sans parler de la rotation des tâches. Peut-être aurait-il fallu faire des appels à participation plus clairs et accessibles, mettre en place des panneaux d'affichage sur les différents postes à assurer et les tâches à faire ? En outre, il nous semble qu'il aurait été intéressant d'organiser des points de fonctionnement (ce qui aurait tout-à-fait trouvé sa place lors du meeting du vendredi soir par exemple). Comment concevoir l'autogestion sans remise en cause de l'aspect consommateur de ce type d'initiative ?
Expression politique
Au niveau des débats, les formes d'intervention reprennent parfois une organisation classique entre les intervenant-e-s et les auditeurs/auditrices que l'on critique pourtant fortement chez les altermondialistes. Et devrions-nous pas nous poser la question de la finalité et des objectifs de ces débats, pour aller au-delà des constats et définir des axes politiques rupturistes, sinon effectivement la refondation se fera autour des forums sociaux.

Si la manif dans son premier tronçon n'était pas trop mal : comme une manif anar du 1er mai..., son deuxième tronçon lorsqu'elle à rejoint la manif du FSE a été catastrophique.
La manifestation est une expression politique. Elle est une caisse de résonnance aux revendications et propositions. En ce sens, le FSL tenait à affirmer un certain nombre de positions et n'avait aucunement l'intention de « s'affronter » avec le Parti socialiste comme il l'avait encore réaffirmé dans un communiqué le vendredi 14 novembre. Lors de la réunion collective du FSL le vendredi soir, il avait été réaffirmé avec force cette position. Alors que les médias (journaux et radios) annonçaient des incidents, que ne trouve-t-on pas mieux à faire ? A aller se coller comme des moutons (certes noirs et rouges) derrière le Parti socialiste. Cette erreur politique est la cause de tous les dysfonctionnements et donnèrent hélas une triste représentation des libertaires.


Globalement parlant peu d'originalité tant dans la forme que dans les slogans. On aurait dit un enterrement au début (mais bon tant qu'il y a du noir il y a de l'espoir...). Mais il vaut encore mieux ça qu'une marche militaire de fiers à bras. Un peu avant République une partie du SO de la CNT est allé se positionner à la tête de la manif allant se mettre en face de son confrère du PS. Pour quelles raisons ? S'en est suivi ensuite un face à face de deux heures. Pourquoi est-on resté-là ? Et qui a pris la décision ? Soit il fallait rentrer dans la manif soit faire une manif autonome. Cette attente face aux nervis du PS, les slogans anti-PS fusant ne pouvait faire que monter la tension sans que celle-ci débouche sur une pratique intelligente. Au contraire nous avons perdu beaucoup de monde pendant ce temps. Alors que de nombreuses personnes ont suggéré à différentes reprises que l'on trace notre chemin, des organisations du FSL via leurs référent-e-s s'y sont opposé. Pourquoi trouvaient-elles plus judicieux de rester planter là avec une pression de plus en plus forte au sein du cortège libertaire entre différents courants ?

Le fait que la CNT prenne la tête du cortège, avec une sono couvrant largement celle du FSL et des slogans qui ne reflettent pas la diversité des signataires du FSL nous questionne : était-ce une manif de la CNT ? En tous cas, ce fût le sentiment de beaucoup d'entre nous ce jour-là Nous étions pourtant venu-e-s à une manif unitaire

Quant au no man's land entre le PS et le cortège FSL une fois qu'on a bougé, il n'était pas composé que de « totos » mais aussi de petit-e-s jeunes ayant a juste titre la haine contre le PS (et oui « P comme pourri S comme salaud »...)
Bref en terme de visibilité c'est nul. Coincé en toute fin de cortège entre une zone de caillassage et des cars de CRS dans la nuit ce n'est guère réjouissant, le tout en ne sachant pas ce qui se passe lorsqu'il y avait des mouvements de foule suite aux charges et en se faisant hurler des ordres contradictoires aux oreilles : moins vite, plus vite, les camions devant, les camions derrière.
La manifestation n'a donc pas du tout été un moment d'expression politique par rapport au mouvement altermondialiste ; on a contenté la droite et la gauche de la gauche. En effet qui peut se réjouir des incidents intervenus ? Celles et ceux qui au FSE veulent que le Parti socialiste ne puisse prendre une place plus importance et sont contents de voir faire le sale boulôt par d'autre qu'eux/elles

Service d'ordre
Une fois de plus la journée de samedi pose la question du service d'ordre. C'est aussi dans nos pratiques que nous montrerons nos différences. Il faut privilégier l'intelligence collective plutôt que la spécialisation des tâches et la division sexuelle du travail ! Les services d'ordre sont surtout un espace où les mecs peuvent étaler leur virilité et passer outre les mandats collectifs mais ce serait pour le bien et la sécurité des foules...
Nous refusons les diktats policiers ou militaires, ce n'est pas pour les voir réapparaître dans nos milieux. Il ne s'agit pas de nier la question de la violence physique ; il s'agit de la gérer autrement avec d'autres méthodes et d'autres valeurs. Peut-on accepter de voir des libertaires taper à coups de petites matraques sur celles et ceux que l'on désigne sous le vocable de « totos » ? Gérer collectivement et pouvoir maîtriser notre cortège nécessite une conscience collective ; refuser cela c'est remettre comme dans notre société, la question de la sécurité à des spécialistes dont on sait très bien qu'il acquiert très rapidement une autonomie. En restant au contact du Parti socialiste, on créait un espace politique pour que s'exprime fortement le refus de ce dernier. Ce n'est donc pas les totos qui sont responsables de ce qui s'est passé mais nous-mêmes.

Autres initiatives
Au final les libertaires se sont peu investi-e-s ailleurs. Un salon et une manif et puis s'en vont. Exception faite des tentatives d'ouverture de squat. Combien de libertaires ont participé-e-s aux actions contre l'Europe forteresse, à la manifestation LGTB ou à la manif contre les prisons et l'ordre sécuritaire sans compter le peu de réactions face aux 285 arrestations ? Si les libertaires participent depuis de nombreuses années aux contre-sommets et ont développé ces derniers mois une coopération politique et des pratiques alternatives, lors de ce FSL, on ne peut que regretter ce recul. En tirant des bilans collectifs, cela sera un élément positif pour continuer la démarche de convergence nécessaire pour peser dans les prochaines luttes sociales.


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